Entretien avec une étudiante en Mobilité Internationale de Crédits à l’UB – 2016/2017

Lisa Touzani est une étudiante en M2 à l’Université de Toulouse 2 qui était en mobilité internationale de crédits à l’Université de Belgrade au premier semestre. Rentrée, elle partage avec vous ses impressions.

 


Quelles sont tes impressions jusqu’à présent sur cette expérience internationale ?
Mes impressions concernant cette expérience sont assez mitigées, tout d’abord parce qu’il y a eu un problème lors du versement de ma bourse, je me suis retrouvée dans une situation financière délicate, due à une erreur de saisie de mon RIB. J’ai moi-même contacté le service comptable, pour savoir ce qui se passait, car au pôle international, personne n’a su me donner d’explications si ce n’est « d’attendre ». Je regrette aussi que les étudiants Erasmus ne puissent pas avoir accès au logement universitaire. Quand vous ne parlez pas la langue, et que très peu de propriétaires parlent anglais, cela devient plus compliqué de trouver un logement. C’est une rencontre dans un hôtel qui m’a permis de trouver une colocation. Par contre la bienveillance et l’accueil de Jana Pavlović, secrétaire au département d’études françaises, a été d’une grande aide, elle a su me conseiller sur les lieux et les activités culturels de Belgrade. Mais aucune structure d’accueil n’a été mise en place à l’université pour favoriser l’intégration des étudiants étrangers. Cette capitale possède une richesse incroyable, tant au niveau musical que culturel. C’est un pays bercé par de multiples influences, il y a toujours quelque chose à faire, à découvrir. J’ai rencontré des gens chaleureux, qui avaient envie d’échanger et de partager leur culture. Cet échange m’a permis de découvrir leur histoire, et d’en connaître davantage sur le pays.

Comment s’est passée l’adaptation à la langue et culture, à la vie universitaire et au système d’enseignement ?
Les débuts ont été difficiles, et le temps d’adaptation assez long, je me suis sentie réellement intégrée trois mois après mon arrivée. Belgrade est une ville où la jeunesse et la culture sont en ébullition, ce qui a favorisé les rencontres, mais pas dans le milieu universitaire. Je n’ai pratiquement noué aucun contact avec les gens de la faculté. Seule une personne est venue m’aborder, c’est la seule que j’ai vue en-dehors des cours. L’université n’a pas été un vecteur de rencontres, et le système d’enseignement ne m’a pas facilité la tâche non plus. Les cours ont commencé très tard (fin octobre / début novembre) et les programmes de lectures ont été fourni tardivement. Concernant la langue, il est difficile d’apprendre le serbe en six mois, mais j’ai pu améliorer mon anglais, ce qui est un atout non négligeable. Les serbes ont une créativité incroyable, il est facile de rencontrer des gens dans un café, ou même dans la rue. Ils éprouvent une réelle curiosité pour ceux qui viennent de l’étranger. J’ai pu assister à des concerts de musique classique gratuits, découvrir des artistes, des musiciens. Même s’il n’y a pas beaucoup de musées, la vie culturelle est effervescente, il y a des galeries partout, et qu’importe votre style de musique, vous pouvez écouter des concerts de jazz, de rock, même lorsque l’hiver est rude.

Quels sont les avantages et inconvénients du système serbe par rapport au système français ?
Le système d’enseignement serbe a été un désastre concernant mon cursus, le fait que les cours commencent tardivement, et que les programmes de lectures soient trop chargés n’ont pas facilité la rédaction de mon mémoire. Devant la charge de travail demandée, ce fut impossible de me concentrer sur mon sujet de recherche. J’ai dû rédiger un autre mémoire, pour une matière, ce qui a doublé la charge de travail. Sachant que les cours étaient pratiquement inexistants concernant la littérature française, et la littérature francophone (matière que j’ai dû abandonner, car il était demandé de rédiger un autre mémoire). Le travail demandé était colossal, beaucoup d’envois de mails, avec des romans et des lectures critiques. Même si le programme a été allégé, cela n’a pas été suffisant pour me permettre de me focaliser sur mon mémoire de recherche. De plus, comment permettre à un étudiant d’approfondir ses connaissances sans bases théoriques ? Le but de l’enseignement est de guider l’étudiant dans ses réflexions, pas de l’assommer avec des mails. J’ai eu à peine deux entrevues concernant la littérature du 19ème siècle, et trois pour la littérature française du 20ème siècle, il y a un manque de pédagogie et de structure. Je n’appelle pas cela des cours. Il ne faut pas simplement donner des lectures aux étudiants, et les laisser se débrouiller. Le but d’un cours théorique est de déblayer les enjeux philosophiques et littéraires d’une œuvre, pour permettre une meilleure approche et compréhension de l’objet étudié. J’ai été très déçue par la qualité de l’enseignement. D’ailleurs, j’ai pu constater que je ne suis pas la seule dans ce cas. Le système français, même s’il n’est pas irréprochable, permet d’approfondir les connaissances de l’étudiant car il y a une réelle interaction entre l’enseignant et l’élève. Ce qui n’a pas été le cas ici. La seule matière qui m’a plu, c’est la Théorie linguistique du texte, la professeure a su faire preuve de pédagogie même si les sujets étudiés étaient parfois complexes. J’ai senti un réel investissement, et une approche de la linguistique différente de celle enseignée en France. Il y avait une réelle volonté d’impliquer l’élève, et de transmission. Chaque document envoyé par mail était traité en cours, pour favoriser la compréhension du sujet. Ce qui n’a pas été le cas des autres cours. Je me suis retrouvée à faire un oral, sans avoir eu aucun cours sur un sujet demandé, aucun mail. J’ai apprécié le fait qu’à Belgrade, ils se focalisent beaucoup plus sur la linguistique et la grammaire, ce qui n’a pas été le cas des autres cours. Je me suis retrouvée à faire un oral sans avoir eu aucun cours sur un sujet demandé, aucun mail.

As-tu eu l’impression de profiter de tout ce qui est proposé ? tout essayé ?
J’ai réellement pu profiter, même si on a toujours l’impression de ne pas avoir tout essayé, j’ai quand même pu savourer la vitalité et l’énergie de Belgrade. C’est une capitale qui regorge d’activités, les choix sont vastes. Je regrette de ne pas être allée à Novi Sad, j’ai exploré les environs de Belgrade, tels que Zlatibor ou Tara, j’ai pu visiter aussi Bucharest, et Budapest. Il y a tellement de choses à voir qu’il est impossible en six mois d’en faire le tour.

Quels conseils donnerais-tu aux étudiants qui envisagent de faire une mobilité internationale ?
Je conseillerais aux étudiants de ne pas partir en Master 2, c’est une année décisive. Le temps d’adaptation à une nouvelle ville est long, et il y a tellement de choses à découvrir qu’il est parfois difficile de se concentrer exclusivement sur les cours ou sur la recherche. De plus, six mois c’est bien trop court, le mieux c’est de partir pendant une année pour pouvoir apprendre la langue et découvrir en profondeur la Serbie.

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