Bilan 1998/2001

Bilan scientifique des années 1998-2001

1- RECHERCHE

a) Premier axe : les caractères spécifiques de l’histoire immédiate (du point de vue épistémologique, méthodologique et didactique)

Concernant ce premier axe, trois préoccupations ont été les nôtres depuis 1998, toutes trois liées à notre volonté de délimiter et de légitimer un champ de recherche neuf, encore mal connu et, parfois contesté :

1- Nous situer sur le plan international

Le point a été fait sur la situation et la pratique de l’histoire immédiate en Europe occidentale, en Amérique centrale, à Haïti et en Argentine.

Il s’avère que, dans ces pays, notamment en Amérique latine, la place réservée à l´Histoire Immédiate est très variable. On remarque que, dans un contexte où l’on cherche à réaffirmer la culture démocratique, les problématiques concernant les dernières décennies gagnent en importance. C´est ainsi que dans les universités argentines, on organise des séminaires, cycles de conférences, tables rondes et congrès afin que des spécialistes des différentes sciences sociales puissent expliquer les crises (politiques, économiques) des dernières décennies. D´autre part, et malgré l´absence de chaires portant la dénomination d´Histoire Immédiate ou du Temps Présent, les développements historiques actuels sont analysés dans les cours d´Histoire générale. L´intérêt croissant des jeunes diplômés et des étudiants d´histoire et de sciences sociales en général pour ces questions du passé récent, se reflète dans la quantité -chaque année plus importante- de travaux et de recherches qui portent sur cette période. L’historien-chercheur ultra-contemporanéiste latino-américain se heurte aux mêmes problèmes que ses collègues européens. Du point de vue méthodologique, il doit faire face aux difficultés soulevées par l’utilisation d’un type de source pour lequel il n’a pas trop d’expérience, tel est le cas des sources provenant des moyens de communication massive, tant sous leur forme imprimée qu’audiovisuelle. S’y ajoutent tous les problèmes de l’interdisciplinarité et le besoin de repenser la collaboration avec les autres spécialistes des sciences sociales et les journalistes.

2- Etablir une distinction claire entre l’histoire immédiate et les disciplines voisines : la sociologie, la médiologie, le journalisme, la géopolitique

Des tables rondes avec la participation de Régis Debray et de sociologues ont permis de mieux établir les convergences (outils, pratiques…) avec la Médiologie et la Sociologie. Utiles également pour mieux cerner les spécificités de l’histoire immédiate se sont révélés des échanges directs avec des historiens du très contemporain (Claude Liauzu, Jean-Paul Brunet, Jean-Luc Einaudi, Pierre et Bruno Cabanes, Karel Bartosek…) et avec des géographes (J-F Pérouse, Michel Roux…) ; ainsi qu’une série de travaux sur des journalistes : grands reporters (René Mauriès, Jules Roy), rédacteurs en chef (Claude Julien, Jean-François Kahn)
La fréquentation de ces disciplines permet, en premier lieu, à l’historien de l’immédiat de se dégager du triple carcan dans lequel on l’enferme volontiers : celui de l’événementiel, du particulier et du politique. Sociologie et anthropologie l’incitent d’une part, à insérer les événements et les épisodes particuliers dont il est le témoin, au sein d’une réalité plus complexe et plus durable : la société; et, d’autre part, à inscrire ces mêmes événements et épisodes isolés dans un cadre structurel sous-jacent qui les relient aux siècles passés. Ce double ancrage dans ce que Ferdinand Braudel dénomme le « temps géographique » et le « temps social » atténue fort heureusement certains aspects fragmentés et isolés de l’histoire immédiate. Telle étude sur la catastrophe de Tchernobyl dépasse le cadre d’une simple monographie si on lui confère une double dimension : dimension systémique, en cherchant dans l’événement un reflet des dysfonctionnements du système socio-politique; et dimension structurelle en repérant dans le passé des catastrophes de même résonance.
En outre, sociologie, anthropologie et politologie proposent à l’historien de l’immédiat un large éventail d’outils et de méthodes qui lui permettent , à la fois, de corriger les insuffisances de ses sources et d’exploiter celles-ci avec davantage de rigueur. Dans la difficile -et fondamentale- maîtrise de la source orale, par exemple, les sociologues, les anthropologues et les psychologues ont beaucoup apporté aux historiens. Leurs enquêtes sur le terrain, leur expérience des groupes sociaux, leur réflexion sur les mécanismes de la mémoire et les formes d’implication du chercheur dans l’objet de son étude, ont permis de forger une méthode de l’entretien qui sert de base aux investigations des historiens. Ces derniers doivent également être redevables aux sciences sociales pour leur apport en matière de techniques de quantification. Toute recherche sur le passé récent de nature démographique, économique ou sociale, toute étude des partis politiques et des élections empruntent la plupart de leurs concepts et de leur arsenal technique aux sciences sociales et économiques.

Déjà fondamentaux, les emprunts des historiens aux démarches des autres disciplines du temps présent auraient, nous semble-t-il, tout intérêt à s’amplifier encore. Sans rechercher une osmose totale qui ferait perdre toute spécificité à l’histoire, il paraîtrait judicieux de s’inspirer des démarches corrélatives, systémiques, voire modélisantes que pratiquent déjà depuis longtemps les sociologues, les géographes ou les économistes.
Depuis Durkheim, et son étude exemplaire sur le suicide, on sait, par exemple, ce que peut apporter, dans la caractérisation d’un phénomène, une corrélation systématique entre différents éléments. L’historien, s’il définit une problématique très précise, choisit des indicateurs appropriés, et établit une échelle de mesure simple permettant de comparer les résultats, aboutit à des typologies très significatives. L’utilisation de cette méthode pour tenter de comprendre les processus de la désatellisation des pays de l’Est-européen en 1989 nous a convaincus de son intérêt.
De même, l’application de la systémique au champ de l’histoire, notamment de l’histoire du temps présent, mériterait d’être intensifiée. Cantonnée d’abord aux sciences « dures » -comme les mathématiques, la physique, la cybernétique et la biologie- la démarche systémique s’est étendue plus récemment à l’anthropologie, à l’ethnologie, à la sociologie, à la politologie et à la géographie. Sa pratique, si elle est considérée non pas comme une fin mais comme un moyen de faire émerger des relations et des problèmes qui ne seraient pas perçus autrement, se révèle féconde, en particulier dans l’approche des phénomènes de société et d’organisation du pouvoir politique. La définition préalable d’un cadre conceptuel -du type société officielle-société civile- permet, par exemple, d’analyser de manière cohérente les rapports de forces existant dans les régimes totalitaires, d’établir des comparaisons à diverses périodes entre les régimes, et de dresser des typologies. Bien entendu, il ne s’agit que de représentations schématiques d’une réalité historique infiniment plus complexe, mais cette modélisation permet de faire surgir des ensembles, des convergences et des divergences qui n’apparaissent pas, ou très mal, si le chercheur ne recourt pas à ces méthodes.

3- Affiner notre méthodologie par rapport à deux de nos sources majeures :

Les membres de l’équipe ont plus spécialement travaillé –ou fait travailler (mémoires de maîtrise et de DEA) sur deux sources majeures de l’histoire immédiate : la presse, les sources iconographiques et audiovisuelles.
Que la source médiatique -tant dans sa version écrite que dans sa version audiovisuelle- soit l’une des plus usuelles de l’historien du temps présent est une réalité. Une réalité, par ailleurs, tout à fait avouable. On ne voit vraiment pas pourquoi l’historien de l’immédiat aurait à rougir de recourir à ce type de documentation, qui vaut bien les manuscrits anonymes ou apocryphes utilisés par les Médiévistes. Tout dépend, pour les médias comme pour l’ensemble des documents historiques, de la qualité du regard critique de l’historien. Si celui-ci est défaillant ou nul, l’histoire immédiate se borne -pour le plus grand plaisir de ses détracteurs- à n’être qu’une simple revue de presse, qui « résume » les informations diffusées par les journaux. Si, au contraire, l’historien utilise sa panoplie méthodologique complète, c’est-à-dire recoupe la source médiatique principale avec d’autres sources (médiatiques ou non), la soumet à une analyse et à une critique très serrée, tenant compte des conditions tout à fait particulières de l’élaboration du « produit » médiatique, il n’existe aucune raison valable de se priver d’informations aussi variées et abondantes. Pour cette raison, mais aussi pour le rôle qu’ils jouent dans le façonnement de l’opinion, les médias méritent beaucoup d’intérêt. Leur traitement n’est cependant pas aisé. Le foisonnement de la presse écrite et la spécificité de l’« écriture » audiovisuelle requièrent des méthodes particulières auxquelles l’historien est mal préparé. L’analyse morphologique et quantitative de la presse a été habilement codifiée en France, dès les années soixante, par Jacques Kayser. Depuis, la numérisation continue des journaux, et la progression des ordinateurs invitent à concevoir une informatisation de la « méthode Kayser », soulageant l’historien des servitudes du calcul, et lui permettant des analyses thématiques et linguistiques aussi approfondies que rapides. A cet égard, pleine de promesse se révèle la mise au point, par l’un des étudiants de notre équipe, Guénaël Amieux, d’un programme utilisant le langage Visual Basic et le moteur de recherche de bases de données JetSQL de Microsoft au format Access. Appliqué à l’étude des représentations des marchés financiers dans le quotidien français Le Monde, entre 1987 et 1995, il s’est révélé un outil pratique, efficace et performant .

Le traitement de la source audiovisuelle a été facilité en France par certains aménagements juridiques (loi du 20 juin 1992 sur le « dépôt légal » rendant obligatoire pour l’ensemble des médias publics et privés, le versement des archives à l’Institut National de l’Audiovisuel) et techniques. Des inventaires informatisés (IMAGO 2 pour la période 1975-1996; MIOR, magazines de 1947 à 1974; MIFA, actualités cinématographiques des années 1939-1969…) sont à la disposition des chercheurs, ainsi que des Stations de Lecture Audiovisuelle (SLAV) leur permettant de lire les bandes sur un micro ordinateur. Le problème principal reste méthodologique. Certes, les sémiologues et les historiens du cinéma ont mis au point des techniques d’analyse des documents audiovisuels, mais les objets de ces disciplines ne sont pas les mêmes que ceux de l’histoire. De plus, les volumes traités ne sont pas du même ordre, car l’historien est conduit à brasser une documentation massive. Il faut donc que ce dernier invente une méthode appropriée pour dégager les caractères dominants (associant son et images) des thèmes qui l’intéressent, et aboutir à des typologies significatives. Notre équipe a conduit différents travaux de recherche sur le « documentariste » Brian Lapping, sur le cinéma italien d’après-guerre, sur le cinéma britannique), le cinéma espagnol. Une table ronde rassemblant des spécialistes de l’histoire du cinéma s’est tenue le 7 janvier 2000.

Par ailleurs, pour donner une juste place aux documents photographiques, l’équipe a décidé de publier dans les Cahiers d’histoire immédiate (depuis le numéro 14, en 1998), des dossiers photographiques : sur les camps de réfugiés palestiniens, sur l’Inde, sur l’Afrique du Sud et le Swaziland, sur l’Iran.

b) Second axe : les processus de mutation

Ce thème, qui était au cœur de notre projet de 1998, a été largement exploité :

1- D’un point de vue géo-politique

• Mutations mondiales : Deux membres de l’équipe ont rédigé un manuel chez Armand Colin sur l’évolution du monde depuis la fin des années soixante.
• Mutations politiques : Trois champs géo-politiques ont été plus spécialement étudiés : l’ Europe (très nombreux articles de Fabien Terpan) ; l’Amérique latine; et, surtout, l’Algérie à trois moments de son histoire : pendant la période de Vichy (thèse de J. Cantier, publiée) ; la Guerre de libération (Ouvrages et articles de Guy Pervillé : ) ; les troubles depuis 1988 .

2- D’un point de vue socio-culturel

• Mutations sociales : Le rôle des sociétés civiles a fait l’objet de nombreuses recherches et publications : un ouvrage, des articles, des communications et des tables rondes
• Mutations culturelles : L’évolution de la condition et de la représentation féminines a été tout spécialement analysée par D. Amrane et Sylvie Chaperon
• Les mutations des mentalités religieuses ont inspiré trois importantes publications : une thèse sur « La Mission de France et la Guerre d’Algérie » (Sybille Chapeu) ; un ouvrage sur « Le clergé basque face à la question basque » (Coll. GRHI 10) ; un livre de synthèse : « Vers une France sans Dieu ? Le paysage religieux français depuis les années 60 »
Même si un bilan n’a pu être encore dressé, compte tenu du nombre et de la diversité des recherches, quelques résultats généraux s’imposent :
1. L’extrême complexité du processus de « mutation », qui exige notamment la nécessité de distinguer clairement le simple « événement » de la « mutation » ; et qui oblige d’identifier avec précision les « agents mutagènes »
2. La difficulté pour l’historien d’établir une échelle des mutations tenant compte, à la fois, de la réalité objective, et des représentations de cette réalité
3. La représentativité exceptionnelle de certaines mutations particulières (intéressant par exemple le religieux, la laïcité, la sexualité…) pour éclairer des mutations globales (d’une société ou d’un système politique)

c) Autres axes de recherche

• L’histoire comparée a donné lieu à relativement peu de travaux, dus notamment à J-F Soulet sur la soviétisation de l’Europe de l’Est, et à J.Cantier et L.Jalabert sur des biographies croisées, mais a confirmé son intérêt, notamment dans le domaine de l’histoire politique. La démarche comparatiste paraît particulièrement appropriée dans le cas de l’histoire européenne ou de l’histoire du communisme. Dans ce dernier cas, c’est, en effet, un même système qui a été proposé -souvent imposé- à des Etats de culture et de traditions très différentes ; aussi, l’historien peut-il forger et utiliser pour son analyse une “grille de lecture” cohérente et homogène, permettant des typologies suggestives à chaque moment historique clef, notamment lors de la mise en place des régimes entre 1945 et 1949, lors de leur désintégration à la fin des années quatre-vingt, mais aussi durant les crises internes (1956-1961). De plus, l’étude comparée met remarquablement en évidence les rivalités inextinguibles à l’intérieur du “bloc” entre les trois “Etats-phares” : l’URSS, la Chine et la Yougoslavie, et leurs conséquences délétères. On perçoit beaucoup mieux que les solutions retenues par chaque Etat, pour faire face, à la fois, au schisme et aux problèmes économiques, se recoupent et se répartissent, en fait, en deux ou trois grandes “familles”de pensée : du réformisme libéral (Hongrie, Tchécoslovaquie…) au dogmatisme (Chine, Cambodge…), en passant par le nationalisme (Cuba, Albanie, Corée, Roumanie…). Le jeu comparatif permet aussi, et surtout, de prendre conscience de la similitude des types de réactions des sociétés civiles confrontées à un pouvoir totalitaire: du Vietnam à l’Albanie, on les découvre plusieurs fois brisées, mais jamais anéanties; prêtes, pour moins mal vivre, à des compromis, mais jamais définitivement soumises et acquises.

• En ce qui concerne les Nouvelles Techniques d’Information et de Communication (NTIC), la thèse d’Eric Castex n’étant pas terminée, les contributions majeures ont été apportées par une table ronde sur Internet et un colloque sur « L’histoire et l’informatique » qui a permis de réunir les meilleurs spécialistes et de publier leurs communications. De cette vaste concertation, il est résulté une série de questions, que l’Historien de l’immédiat devra résoudre à faible échéance. Ce dernier, en effet, est appelé désormais à traiter des informations, stockées, codées, triées, dès qu’elles ont été collectées, dans des bases de données informatiques par des administrations, des entreprises publiques ou privées… Comment y accéder, les conserver, les rendre accessibles… Quel crédit leur accorder ? Comment les compléter par d’autres données qui n’ayant pas bénéficié d’un tel traitement, risquent d’échapper à une investigation aussi rationnelle ou appellent des traitements spécifiques (banques d’images, archives sonores…) Quelles méthodes mettre en oeuvre pour les exploiter et les confronter, selon des problématiques historiques qui n’étaient pas celles de leurs concepteurs ?

• L’histoire des représentations se confirme également comme un champ très prometteur, qui devrait continuer durant les prochaines années à faire l’objet de nombreux travaux dans notre équipe. Depuis 1998, le concept de représentations a été utilisé pour éclairer deux thématiques : l’histoire de la sexualité (par Sylvie Chaperon (dont nous exposerons la problématique dans la partie prospective de ce dossier), et l’histoire de conflits contemporains : en Tchétchénie, au Liban, en Palestine.
Outre les journaux, ces études ont utilisé la documentation offerte par Internet, qui permet d’accéder à des sources souvent très engagées et fournit des images très contrastées du conflit. Tel est le cas du conflit tchétchène. Les sites tchétchènes regroupent des articles de quotidiens nationaux de tous les pays du monde et dans toutes les langues, tous sélectionnés pour leurs tendances pro-tchétchènes. Ils développent des arguments en faveur de l’indépendance de la petite république (en s’appuyant tant sur la richesse de son sous-sol -qui lui permet de maintenir à flot l’économie sans aucune aide extérieure- que sur l’adoption de sa Constitution en 1992 et le fonctionnement démocratique de ses institutions politiques). Sont aussi présents les témoignages retraçant la souffrance quotidienne des populations civiles – et donc les nombreuses exactions des Russes – ainsi que les actes de bravoure des combattants tchétchènes.
Les sites russes, quant à eux, ne sont pas tous du même type. Hormis les sites officiels favorables à la guerre, les autres sont bien plus réservés sans être trop critiques. Plus de la moitié de la presse russe écrite et audiovisuelle dépeint l’intervention armée en Tchétchénie comme irréfléchie et l’oeuvre d’un homme qui voulait faire oublier les griefs s’élevant contre lui, Pavel Gratchev. Le ton est généralement contre la guerre et les interrogations portent sur les conséquences économiques de cette intervention. Les Russes vivant en Tchétchénie ont aussi créé un site pour soutenir les plus malchanceux d’entre eux qui n’ont pu se réfugier dans les montagnes. Malgré des témoignages décrivant des expériences singulières, tous ces Russes sont pro-tchétchènes et se retrouvent dans le refus d’un conflit absurde et meurtrier. Avec le site du Comité des Mères de Soldats Russes, les témoignages sur les violations russes abondent. Mais la plupart d’entre eux relatent des faits uniques et isolés, difficiles à vérifier. Le site le plus riche au niveau des informations apportées est celui de l’ASF (Andreï Sakharov Foundation) puisqu’il abrite le rapport que Sergueï Kovalev, le défenseur russe des droits de l’homme, avait rendu à Boris Eltsine début 1996, au sujet de la situation des droits de l’homme en Tchétchénie. Ce dossier, riche de témoignages vérifiés par une commission composée de Russes et de Tchétchènes, constitue une source importante sur les violations commises par les agresseurs mais aussi les agressés. Il fournit également des détails sur les camps de filtration que Sergueï Kovalev a pu visiter contrairement aux journalistes de la presse occidentale.
Grâce à ces sources documentaires variées, l’historien parvient à reconstituer les dérives de l’ « information », et à comprendre comment se constituent dans l’opinion les images déformées de ces grands conflits contemporains. Dans le cas de la Tchétchénie, la « couverture » par les médias français de la première guerre de Tchétchénie en stigmatisant –non sans raisons mais sans nuances- le comportement de la Russie a contribué de manière décisive à déconsidérer le régime de Moscou. Pour la plupart des journalistes français, la Russie revient, au pas de charge, à ses anciens démons des époques tsariste et stalinienne. Elle dérive vers l’autocratie ; le chaos est partout. La Fédération devient menaçante, l’image de démocrate de Boris Eltsine vole en éclats, et son pouvoir est décrit comme marqué du double sceau de l’obscurantisme et de l’anarchie. En une représentation très manichéenne, les Tchétchènes, à l’opposé des Russes, ont fait, quant à eux, figure d’un peuple noble, à l’irrédentisme séculaire, d’une valeur guerrière remarquable, toujours opprimé par le géant despotique russe. Nul n’a cherché à savoir s’ils étaient dans leur bon droit en proclamant l’indépendance de leur république. Il est vrai que la question est épineuse et dérangeante. C’est peut-être pour cela que les chancelleries occidentales se sont bornées à un silence qui a indigné la presse dans son ensemble.
L’intérêt offert par ce type de recherche sur les représentations des conflits est évident. D’ores et déjà, l’équipe est d’avis de les multiplier

2. ACCUEIL ET ENCADREMENT DES ETUDIANTS

a) Nombre de maîtrises soutenues : 200

b) Nombre de DEA soutenus : 30

c) Nombre de thèses soutenues : 10

3. PUBLICATIONS

a. Parution de 8 numéros des Cahiers d’Histoire Immédiate (N° 13 à 20), revue publiée par l’équipe.

b. Publication de 4 ouvrages dans la collection Sources et travaux d’Histoire immédiate qui s’ajoutent aux 6 ouvrages parus avant 1998.

  • N°7 Guénaël AMIEUX, Méthode d’analyse informatisée d’une source documentaire numérisée, 1998.
  • N°8 Pierre LACASSAGNE, René Mauriès, journaliste et grand reporter, 2000
  • N°9 Laurent JALABERT, Le Grand Débat. Les universitaires français –historiens et géographes- et les pays communistes de 1945 à 1991, 2001
  • N°10 Mathieu ELGOYHEN, Le clergé du diocèse de Bayonne face à la question basque 1964-1998, 2001

c. Publication de 8 numéros du Bulletin interne de l’équipe –« Le Signet »- entièrement rédigé par les étudiants du Groupe

d. Mise à jour régulière du Site Internet : http://www.univ-tlse2.fr/grhi/

4. DEBATS SCIENTIFIQUES

12 Tables rondes d’une journée:

  • Historiens-géographes et l’outil Internet (11 mars 1998)
  • Acteurs et chercheurs (2 avril 1998)
  • L’édition et la recherche universitaire (22 janvier 1999)
  • Les nouveaux programmes d’histoire en classe terminale (3mars 1999)
  • Armée, pouvoir, politique et société civile. De la conscription à -l’armée de métier (19 mai 1999)
  • La transition en Amérique latine (11 décembre 1999)
  • Histoire, cinéma, télévision (7 janvier 2000)
  • La biographie (13 avril 2000)
  • Rencontre avec Régis Debray à propos de Médiologie (10 mai 2000)
  • L’histoire du communisme en Tchécoslovaquie avec Karel Bartosek (6 décembre 2000)
  • Journalistes et historiens engagés (23 mars 2001)
  • Le développement de la société civile et du phénomène associatif en France (18 octobre 2001)

3 Colloques

  • L’Histoire et l’informatique (3-4 novembre 1998) avec le concours de l’Association française pour l’Histoire et l’Informatique
  • L’anarchisme a-t-il un avenir ? Histoire de femmes, d’hommes et de leurs imaginaires (27-29 octobre 1999)
  • Apprentissage à la citoyenneté et à l’identité européenne (12 mars 2000) colloque organisé dans le cadre du projet CONNECT de la Commission Européenne en collaboration avec l’Association des enseignants d’histoire (VVLG) de Belgique

5. CYCLES DE FORMATION CONTINUE

• L’équipe a assuré deux cycles de formation culturelle destinée au personnel du Secrétariat aux Anciens Combattants de la Région Midi-Pyrénées, l’un en 1998, l’autre en 1999.
• Deux cycles de conférences d’histoire immédiate aux élèves de l’Ecole Nationale d’Aviation Civile (ENAC)
• Elle assure également depuis 1999 un cycle annuel d’une douzaine de conférences à l’Université du Temps Libre

6. COOPERATION INTERNATIONALE

Depuis 1998, nous avons réussi à établir des relations avec des chercheurs et des groupes étrangers travaillant sur l’histoire du monde contemporain.

a) Objectifs

  • mieux situer notre démarche d’historien de l’immédiat dans le contexte de la recherche internationale et comparer nos problèmes et nos résultats (Cf. plus haut, page 2, point 1)
  • susciter des échanges d’enseignants et d’étudiants
  • parvenir à des travaux en commun

b) Pays contactés

  • Argentine (Université de Bahia Blanca)
  • Pologne (Institut d’Histoire et de Sciences Politiques de l’Université de Torun)
  • Algérie (Université de Béjaïa)
  • Roumanie (Institut universitaire de Iasi)

c) Résultats

  • Une convention a été signée, en novembre 1998, avec les responsables de la section d’Histoire et du département des Humanités de l’Université de Bahia Blanca (Argentine) (complétant l’accord signé entre l’Université du Mirail et celle de Bahia Blanca au printemps 1994) prévoyant des activités conjointes : publications, échanges d’étudiants et d’enseignants, co-tutelles de thèse
  • Des missions d’enseignants ont été effectuées : un enseignant du GRHI a assuré des cours et des séminaires à l’Université de Torun (en juin 1999) ainsi qu’à l’Université de Bahia Blanca en novembre 1998. Une enseignante de cette dernière université a été invitée durant un mois par notre équipe en janvier 2002. Une enseignante-chercheuse de notre équipe donne régulièrement des cours à l’Université de Béjaïa (Algérie)
  • Cinq doctorants de notre équipe ont effectué un séjour à l’Université de Bahia Blanca. Une co-tutelle de thèse a été mise en place avec un enseignant de l’Université de Sofia.
  • En matière de publication, les contacts se sont révélés très fructueux :

Des articles écrits par des chercheurs argentins et toulousains ont été publiés dans notre revue (Cahiers d’Histoire Immédiate) et dans la revue de l’Université de Bahia Blanca
Deux ouvrages collectifs ont permis des collaborations avec les Universités de Torun (Pologne), Iasi (Roumanie) et notre équipe de recherche : Manuel de théorie politique (sous la direction de Cristian Bocancea), Iasi, Roumanie, (à paraître 2002) ; L’Europe puissance militaire, Politique européenne de défense et gestion des crises (sous la direction de Fabien Terpan, Bruxelles, à paraître 2002).
Dans une collection dirigée par deux membres de l’équipe (« Le monde en transition », L’Harmattan), trois ouvrages ont paru (sur la Roumanie, la Bulgarie et la Pologne) rédigés par des enseignants-chercheurs appartenant aux universités avec lesquelles nous avons noué des relations privilégiées.

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