Bilan 2003/2006

A- RECHERCHE

Maintien des thèmes fondamentaux de l’équipe

Il nous paraît indispensable de maintenir et, si possible, d’intensifier l’effort de réflexion sur le concept d’histoire immédiate, sur ses méthodes et ses sources spécifiques (sources audiovisuelles, médiatiques, sources orales). Nous souhaitons développer les travaux dans deux domaines insuffisamment explorés jusqu’à ce jour :

a- Les sources orales :

La présence dans l’équipe de plusieurs spécialistes de ce type de sources (D. Amrane, S. Chaperon, S. Chapeu…) devrait permettre de lancer des recherches dans trois directions :

  • Les questionnaires de pré-collecte des témoignages
  • L’étude préalable du groupe interrogé
  • La valeur du témoignage oral (confronté à l’écrit).

b- Mémoire collective et histoire dans l’enseignement de l’histoire immédiate

Un effort –plus soutenu que durant la période précédente- doit être fait en matière de réflexion sur les particularités de l’enseignement de l’histoire immédiate. Pour cela, nous avons l’intention de nous appuyer sur les membres qui enseignent à l’IUFM. Une table ronde, organisée en avril 2002, sur « Mémoire et Histoire », avec le concours d’un professeur de l’IUFM de Nantes, a été très prometteuse et devrait encourager les initiatives dans cette direction.
Il s’agit de montrer, par des études exemplaires, combien la mémoire collective tend à instrumentaliser l’histoire, en imposant des visions très manichéennes, tantôt positives, tantôt négatives ; ce qui peut réduire l’histoire enseignée soit à une galerie de portraits et d’événements édifiants, soit, au contraire, à un musée des horreurs. L’historien de l’immédiat doit, sans tarder, dénoncer ce processus pervers qui tend à faire de l’histoire enseignée une histoire à trous (« les oubliés de l’histoire »), une histoire sélective (qui, selon l’humeur du temps, met l’accent sur telle ou telle période, tel ou tel événement), une histoire reconstruite. Des mémoires de maîtrise et de DEA peuvent être facilement proposés sur les rapports souvent antagonistes entre histoire savante, histoire scolaire et mémoire collective.

Approfondissement de thèmes abordés dans la période précédente

Plusieurs thèmes ont particulièrement suscité des recherches et des actions lors de la période contractuelle précédente (cf. notre « bilan ») :

  • l’étude des processus de mutation (mutations sociales, culturelles, politiques). Après avoir exploré les mécanismes généraux des mutations, lors du contrat précédent, il serait utile de procéder à des études plus pointues : étude comparée des processus de mutation en matière politique et en matière économique ; étude comparée des mutations et de leurs représentations dans deux zones géographiques voisines (régions, départements, pays) ; étude sur l’enchaînement des mutations dans une situation donnée (mutations politiques, sociales, économiques..)
  • l’histoire comparée –jusque-là surtout traitée dans le cadre des pays communistes- devrait trouver un nouveau terrain avec l’arrivée dans l’équipe de Fabien Terpan, spécialiste de l’Union européenne. Des recherches sur la question de la « sécurité » en Europe (avec la participation de nos collègues polonais et roumains) sont d’ores et déjà prévues.
  • Le questionnement à propos des Nouvelles Techniques d’Information et de Communication, auquel nous avons procédé au cours de la précédente période contractuelle doit permettre de lancer plusieurs études, notamment sur le rôle des NTIC, en particulier d’Internet, dans le développement des ONG et des grandes associations du type ATTAC.

Un nouveau thème de recherche

les rapports entre l’Algérie et la France au XXème siècle. Notre équipe, en effet, compte dans ses rangs un nombre élevé (six) de hauts spécialistes de l’Algérie, qui, à partir de 2002, seront regroupés dans un même « axe ». Leurs recherches devraient porter notamment sur : les regards historiographiques des historiens algériens et français ; les représentations de la Guerre d’Algérie dans les deux opinions ; le rôle respectif des élites (politiques, culturelles, religieuses) dans ces conflits.

Un ouvrage pourra servir de « charte » à cette recherche, celui d’un membre de l’équipe, Guy Pervillé : Pour une histoire de la guerre d’Algérie (Picard, 2002). Pour ce spécialiste, en effet, « le temps est venu de procéder à une histoire sereine des rapports entre l’Algérie et la France. En effet, les archives de l’État français ont commencé à s’ouvrir plus largement aux chercheurs au bout de trente ans, sauf cas particuliers, conformément à la loi de janvier 1979. Les archives militaires de Vincennes ont montré l’exemple à partir du le 1er juillet 1992 : une masse de documents (représentant 85% de ces fonds) est venue s’ajouter aux énormes ressources à peine exploitées des témoignages publiés, de la presse, des archives privées et des sources orales. Le risque véritable n’est donc pas le manque de sources, mais leur surabondance.

Un tiers de siècle d’évolution séparée des deux pays a suffi pour mettre en lumière des conséquences imprévues de la guerre d’Algérie et de son dénouement, qui invitent les acteurs et les témoins de tous les camps à remettre en question leurs certitudes et leurs espérances de l’époque. Et l’interprétation des origines du conflit franco algérien a été profondément renouvelée par les travaux des historiens français et algériens sur l’histoire de l’Algérie coloniale.

L’objection du manque de sérénité paraît la plus sérieuse, si l’on admet que la passion partisane est incompatible avec l’impartialité méthodique d’un historien. Il est pourtant vrai que certains acteurs ou témoins ont su dépasser leurs partis pris de l’époque en présentant leur « témoignage pour l’histoire », ou plus rarement une interprétation historique visant à expliquer plutôt qu’à justifier ou condamner. Mais un grand nombre de ceux qui ont souffert ou qui se sont engagés avec toute leur foi campent sur leurs positions et restent irréconciliables. Peut on donc espérer un dépassionnement complet de la guerre d’Algérie avant la disparition totale des anciens adversaires ? Ce ne serait même pas une garantie suffisante qu’ils ne transmettraient pas leurs passions à leurs descendants, comme le font craindre les polémiques suscitées par les commémorations des bicentenaires de la Révolution française et des massacres de Vendée.
Une histoire de la guerre d’Algérie est donc non seulement possible, mais nécessaire ».

B- ACTIONS

Poursuite et intensification de la politique de publication

  • Notre revue semestrielle –les Cahiers d’Histoire immédiate- pourrait devenir trimestrielle. Outre un amoindrissement des frais d’affranchissement, cette formule permettrait de mieux fidéliser les lecteurs. Mais cela devrait entraîner un investissement humain beaucoup plus important et une hausse des frais de vacations.
  • Nous souhaitons remodeler notre site internet pour qu’il devienne une véritable banque de données sur l’histoire très contemporaine.

Intensification de la coopération internationale

Nous devrions –grâce à des initiatives de certains membres- renforcer nos liens (signatures de conventions, échanges d’enseignants et d’étudiants, co-tutelles de thèses) avec l’Argentine, l’Algérie, la Pologne et la Roumanie. Deux universitaires étrangers devraient être invités durant le prochain contrat quadriennal, si nous obtenons les crédits nécessaires.

Intensification de la collaboration avec des groupes de recherche de notre Université et des Universités voisines

Déjà, des collaborations ponctuelles ont lieu avec les groupes GRESOC, Simone/SAGESSE (de l’Université de Toulouse-Le Mirail) et avec le Centre Morris Janowitz (de l’Université des Sciences Sociales). Nous souhaiterions collaborer avec une équipe bordelaise et une équipe montpellieraine.

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