Isabelle MARCHESSOU

Doctorante en littérature anglaise rattachée au laboratoire LISAA , occupant un poste d’ATER à l’Université Paris-Est Marne-la-Vallée, ses recherches s’intéressent aux différences de représentation, de fonction et de symbolique du personnage du fantôme tel qu’il existe dans les littérature anglaise médiévale et victorienne.

isabelle.marchessou@univ-paris-est.fr

Pour citer cet article : Marchessou, Isabelle, « Le fantôme à la fin du Moyen Âge : un personnage chargé de rassembler les vivants et les morts », Litter@ Incognita [En ligne], Toulouse : Université Toulouse Jean Jaurès, n°8 « Entre-deux : Rupture, passage, altérité », automne 2017, mis en ligne le 19/10/2017, disponible sur <https://blogs.univ-tlse2.fr/littera-incognita-2/2017/09/17/le-fantome-a-la-fin-du-moyen-age-un-personnage-charge-de-rassembler-les-vivants-et-les-morts/>.


Résumé

Cet article se propose de démontrer que la représentation et la conception des fantômes et des revenants qui peuplent la littérature anglaise entre les XIIe et XVe siècles sont modifiées par la notion de responsabilité. Les défunts qui reviennent du Purgatoire deviennent progressivement idéalement responsables, ce qui leur confère l’autorité nécessaire pour influencer les vivants.

Mots-clés : revenant – Moyen-âge – responsabilité – purgatoire – autorité sur les vivants.

Abstract

This article intends to demonstrate that the representation and the understanding of ghosts and revenants in England between the 12th and the 15th centuries are modified by the growing importance of the notion of responsibility. The dead coming back from the developing Purgatory become progressively more responsible, thus gaining the authority to influence the living.

Keywords: revenants – middle ages – responsability – purgatory – influence on the living.


Sommaire

Introduction
1. De mauvais revenants partiellement responsables
2. Repentance et réparation
3. Plus qu’un passeur, un directeur de conscience
Conclusion
Notes
Bibliographie

Introduction

En Angleterre au Moyen Âge, les fantômes, esprits désincarnés des morts, coexistent avec les revenants, des défunts dotés d’un corps tangible, et il n’est pas toujours aisé de les distinguer1. Toutefois, cette différence n’entrave en rien leur capacité à franchir la frontière entre le monde des morts et celui des vivants, qu’ils exercent dans un nombre croissant de récits à partir du XIIe siècle. À cette période, la géographie des royaumes de l’au-delà chrétien dans lesquels les âmes des défunts attendent le Jugement dernier, se transforme progressivement pour inclure, à la frontière entre le Paradis et l’Enfer, un « au-delà intermédiaire2 », le Purgatoire, auquel des personnages de l’entre-deux comme les revenants et les fantômes ne peuvent qu’appartenir.

Le Purgatoire est la destination de ceux qui ne méritent pas l’Enfer car leur âme n’est pas damnée, mais qui ne peuvent pas non plus entrer au Paradis, car ils ont commis des péchés qui leur en barrent l’accès immédiat. C’est donc un système dans lequel les âmes des défunts subissent des peines expiatoires proportionnelles à leurs péchés, et qui est officiellement inclus dans la doctrine de l’Église chrétienne lors du second concile de Lyon en 1274. Le Purgatoire devient aussi le lieu où s’accomplit cette pénitence, à partir des années 1170-1180 lorsque le nom latin purgatorium remplace les expressions « peines purgatoires » ou « feu purgatoire3 » .

Les peines subies dans ce lieu de pénitence sont aussi terribles que celles de l’Enfer4, mais elles ne sont pas éternelles et leur durée peut être réduite grâce à une pratique ancienne qui trouve un nouveau sens dans le système du Purgatoire, les suffrages. Les vivants accomplissent des œuvres de piété dont le bénéfice spirituel est transféré aux âmes des défunts afin d’abréger leur peine. Plusieurs études sur la mort montrent que les suffrages prennent des formes diverses, mais la pratique la plus populaire est d’offrir des messes en l’honneur des morts, et c’était une provision inscrite dans de nombreux testaments5.

Amanda McKeever remarque qu’à partir du XIIIe siècle, les récits de revenants participent à promouvoir l’efficacité des suffrages, et donc le Purgatoire6. Revenants et Purgatoire prospèrent donc de concert en renforçant leur crédibilité mutuelle. En effet, ce dernier offre une « première explication logique de l’existence des revenants7 », en créant un territoire intermédiaire dont on peut revenir, tandis que les revenants sont une preuve concrète de l’existence de ce dernier. C’est dans cette optique qu’à partir du XIIe siècle les histoires de revenants du Purgatoire se multiplient jusqu’à être rassemblées dans des recueils d’exempla, à l’usage des prêtres et des prêcheurs pour ponctuer leurs sermons d’exemples et leur donner plus de poids.

Ronald C. Finucane établit trois catégories de revenants et fantômes médiévaux : ceux qui insistent sur l’importance des enseignements de l’Église ; ceux qui cherchent à réparer des injustices sociales ou personnelles ou qui enjoignent aux vivants à être moralement bons, et dont Finucane nous dit qu’ils ne sont pas aussi liés à l’Église que les premiers ; et enfin des revenants qui ne semblent avoir aucun but spécifique8. Mais il nous semble que cette catégorisation ne rend pas compte d’une conception sous-jacente du revenant qui lui permet d’être utilisé tant dans une perspective religieuse que légale ou éthique, et ce non seulement dans des textes aux genres différents, mais aussi issus de différents siècles comme ceux de notre corpus.

La troisième catégorie de Finucane, correspond bien au revenant dangereux et à l’apparence horrible de l’anecdote du chapitre XXVII de la distinction II du De Nugis Curialium écrit par le clerc de la cour d’Henri II, Walter Map (c. 1140-c. 1209) ou à ceux des chapitres XXII, XXIII et XXIV du livre V de l’Historia Rerum Anglicarum écrits par l’historien et chanoine de Bridlington William de Newburgh (1136-1198). C’est aussi le cas du mauvais revenant mentionné dans une anecdote du chapitre consacré à l’année 1295 de la Chronique de Lanercost, un manuscrit en latin relatant l’histoire du nord de l’Angleterre et de l’Ecosse entre le XIIIe et la première moitié du XIVe siècle dont l’édition est attribuée à un moine augustin du prieuré de Lanercost. Les deux anecdotes de William de Newburgh indiquent clairement que ces revenants ont mené une mauvaise vie avant de détailler leur aspect et leur méfait. Dès lors on peut se demander si les vivants ne voient pas un lien entre l’état de l’âme du défunt et son apparence et son attitude. Si tel est le cas, ces revenants, bien qu’ils n’aient pas de but propre, illustrent peut-être eux aussi la vérité naissante du Purgatoire et sont peut-être plutôt les précurseurs d’une des deux autres catégories.

Finucane nous dit que les revenants de la seconde catégorie sont moins liés aux objectifs de l’Église, pourtant, certains de ceux présents dans les anecdotes collectées par un moine cistercien de l’abbaye de Byland dans le Yorkshire, à la fin du XIVe siècle, promeuvent à la fois les bienfaits des suffrages pour les morts et les vivants, et donc les enseignements de l’Église, et l’importance de réparer ses crimes, et donc d’être moralement bon. Ces revenants appartiennent donc à la fois à la première et à la seconde catégorie de Finucane. Enfin, les fantômes du poème allitératif « The Awntyrs Off Arthur », et du roman moyen anglais Sir Amadace, tous deux composés à la fin du XIVe siècle promeuvent directement ou non les bienfaits des suffrages et des œuvres pieuses, et ce bien que leur forme et leur contenu les éloignent grandement des recueils d’exempla.

On peut donc se demander ce qui confère au revenant ou au fantôme sa capacité à porter un message à la fois religieux, légal voire éthique, et ce quels que soient sa nature, son apparence, son attitude, ou même la forme du récit qu’il hante. Quelle est la conception sous-jacente des mauvais et des bons revenants, et des fantômes médiévaux qui leur confère l’autorité nécessaire pour influencer les vivants ? Jacques Le Goff explique, dans le chapitre 7 de son livre, que toute l’idéologie et la logique du Purgatoire se calquent sur un idéal de justice qui met l’accent sur la notion de « responsabilité personnelle9 » . Le Dictionnaire culturel en langue française définit le mot « responsable » comme celui ou celle « qui doit accepter et subir les conséquences de ces actes et en répondre10  ». Si cette notion influence la conception du Purgatoire, il nous semble qu’elle doit aussi avoir joué un rôle dans la conception des revenants puisque ces deux phénomènes sont liés. Cette analyse va donc s’attacher à démontrer qu’en Angleterre entre les XIIe et XIVe siècles, le revenant, comme le fantôme, est idéalement responsable, ce qui lui donne l’autorité nécessaire pour influencer les vivants. Nous commencerons par établir que les mauvais revenants de notre corpus, dont les récits sont antérieurs aux autres, sont déjà perçus comme subissant les conséquences de leurs péchés, ce qui indique une intégration progressive de la notion de responsabilité dans leur conception. Nous montrerons ensuite que les autres, que nous appellerons les bons revenants ou fantômes, sont devenus entièrement responsables car ils répondent à tous les critères énoncés dans la définition précédente. Nous conclurons cette analyse en décrivant le rôle de directeur de conscience que le revenant et le fantôme endossent auprès des vivants afin de leur enseigner l’art de bien vivre ensemble.

1. De mauvais revenants partiellement responsables

Il semble, de prime abord, que les mauvais revenants, ne sont en rien des personnages responsables : rien n’indique qu’ils acceptent leurs erreurs, ou qu’ils soient prêts à répondre de leurs actes. Ils sont uniquement un danger mortel pour la communauté des vivants comme celui de Buckingham décrit au chapitre XXII de la chronique de William de Newburgh qui « terrorise [sa femme] mais en plus l’écrasa presque sous son poids intolérable11 », ou bien le revenant gallois du De Nugis Curialium de Walter Map qui « appell[e] un par un et nommément les villageois qui sans rien faire se retrouvent affaiblis et meurent sous trois jours12 ». Dans ces anecdotes un lien est établi entre les péchés du défunt et l’apparence et le comportement effrayant du revenant, comme si ces caractéristiques étaient un aveu involontaire de la mauvaise vie qu’ils ont menée. Cette corrélation entre l’apparence et la nature de l’être est soutenue et renforcée par la conception médiévale que l’âme et le corps fonctionnent en harmonie, ce qui implique notamment que l’aspect extérieur du corps reflète l’état intérieur de l’âme13.

Cette correspondance explique que les mauvais revenants de notre corpus aient une apparence bien plus terrifiante que les bons revenants. Puisque, contrairement à ces derniers, ils ne se repentent pas de leurs péchés, leur âme est plus corrompue par ceux-ci, ce qui se reflète dans leur apparence. La différence est flagrante lorsque l’on compare la description du bon revenant du chapitre XXX de la Distinction II du De Nugis Curialium avec celle donnée dans la chronique latine de Lanercost pour l’année 1295. La première raconte le retour du père excommunié d’un chevalier de Northumberland qui recherche le pardon, tandis que la seconde présente un prêtre excommunié impénitent. La description physique du père du chevalier se limite à mentionner qu’il apparait « entouré d’une pièce d’étoffe en haillons14 ». Cette description ne concerne que la tenue du revenant et l’expression « en haillons », traduite du latin « pannosoque », souligne l’état de délabrement du tissu, mais elle ne révèle rien sur l’éventuel état de décomposition du corps. La description physique à proprement parler du revenant n’a rien d’effrayant ou de répugnant. Pourtant, le fils, « croyant que celui-ci est le diable15 », le repousse jusqu’à la porte de sa demeure. Cette association avec le diable témoigne de la terreur du chevalier face à cette apparition, mais rien ne relie directement ce sentiment à l’apparence du défunt. La crainte du chevalier pourrait être due à la croyance, soutenue par l’Église, que les revenants, sont en fait des démons prenant possession des corps des morts pour tromper les vivants16. Ainsi, en voyant le corps de son père s’animer, le chevalier pense d’abord avoir à faire au Diable. Toutefois, cette peur n’est exprimée que dans les quatre premières lignes de l’anecdote, et le chevalier l’oublie bien vite pour mieux écouter son père. L’apparence du prêtre excommunié est bien plus terrible. Tout d’abord, il est décrit comme le « fils des ténèbres17 », ce qui l’associe lui aussi au Diable dont les ténèbres sont le domaine. Mais le revenant n’est pas seulement terrifiant. Son corps est décrit comme « repoussant » et « grossier18 », deux termes qui soulignent bien le dégoût que ressentent les habitants du village. L’apparence du prêtre évoque donc l’horreur, une peur mêlée de répulsion, et ces sentiments ne se dissipent pas au cours du récit puisque l’anecdote décrit ensuite comment le prêtre « épouvant[e] » et « bris[e] [les] articulations [des villageois]19 », et renforce donc l’effroi qu’il provoque. L’auteur de la chronique de Lanercost insiste plus longuement et offre plus de détails sur l’aspect et l’attitude du prêtre malveillant que Walter Map n’en donne sur le père du chevalier de Northumberland, ce qui indique bien que ces éléments sont essentiels non seulement dans la représentation, mais aussi dans la construction de ce qu’est un mauvais revenant.

L’auteur de la chronique donne de plus amples informations sur ce dernier point lorsqu’il débute son anecdote en expliquant que ce qu’il s’apprête à raconter est un « exemple de damnation20 ». En d’autres termes, le mauvais revenant de cette anecdote est un exemple de ce qui arrive lorsque l’âme a commis des péchés impardonnables : l’aspect physique est drastiquement altéré, toute volonté propre est perdue et le défunt est un danger pour les vivants. Ainsi, ce qui ressort de cette anecdote collectée en 1295, une période ou le Purgatoire est mieux défini qu’à la fin du XIIe siècle, c’est que la notion de proportionnalité des peines propre au système du Purgatoire, est mise de côté au profit d’une relation de causalité établie entre l’apparence et l’attitude du mauvais revenant et sa mauvaise vie. Cette relation est plus proche de la notion de responsabilité telle que nous l’avons présentée dans l’introduction dans la mesure où le revenant est amené à subir les conséquences de ses péchés en revêtant une apparence horrible qui rend manifeste l’état de son âme. Ce qui n’est pas clairement exprimé en revanche, c’est dans quelle mesure les habitants de Clydesdale connaissaient les travers du prête excommunié, et il est donc difficile d’affirmer avec certitude dans ce cas que l’apparence du défunt est une forme d’aveu involontaire des péchés commis qui viendrait entacher sa réputation, ajoutant par la même une autre conséquence de ses actes que le défunt devrait subir. Ce phénomène d’aveu est toutefois bien plus clair dans les anecdotes collectées par William of Newburgh dans les chapitres XXIII et XXIV de la Distinction II de son Historia Rerum Anglicarum. La structure de ces anecdotes est assez similaire à celle de la chronique de Lanercost. On retrouve bien dans le corps de l’anecdote le sentiment d’horreur rattaché au revenant : dans le chapitre XXIII, les habitants de la ville de Berwick sont assaillis par un « monstre funeste », un « cadavre pestilentiel » qui « empoisonn[e] et corromp[t] les alentours21 ». L’adjectif « pestiferi » indique le dégout provoqué par l’odeur nauséabonde du revenant, tandis que le verbe « inficio » et le supin « infectus » soulignent le danger à la fois sanitaire et mortel qu’il représente. William of Newburgh mentionne au début de l’anecdote que les habitants ont découvert plus tard que le revenant était en fait un homme « extrêmement malveillant22 »  comme l’indique l’emploi de « pessimus », superlatif de « malus ». Le processus de réflexion qui les amène à cette conclusion est clairement exposé au travers de la conjonction « ut » qui prend le sens de « suite à » lorsqu’elle est suivie d’un verbe à l’indicatif. Or elle est ici suivie du verbe « claruit » qui veut dire « devenir clair » à l’indicatif parfait, et on comprend donc bien que c’est suite aux évènements que raconte l’anecdote, que la malveillance de l’homme est « devenue évidente ». Le même parallèle est établi entre l’apparence et la malveillance du revenant du chapelain de Melrose au chapitre XXIV, et sa mauvaise vie. William of Newburgh explique qu’« après [sa] mort les évènements ont rendu évidents ses péchés23 ».

Ces récits témoignent de la causalité qui existe pour les vivants entre l’apparence et l’attitude du mauvais revenant et ses péchés. Dans cette conception du revenant, ce dernier est contraint d’assumer publiquement ses fautes et d’en subir les conséquences sur son nom et sa réputation. Cette manière de comprendre le retour du défunt atteste de l’intégration progressive de la responsabilité de chacun dans le salut de son âme et ce alors même que le Purgatoire n’a pas tout à fait atteint sa forme finale.

2. Repentance et réparation

Deux choses différencient les mauvais revenants que nous venons d’étudier de ceux qui les suivent dans la chronologie de notre corpus. La première, c’est que les bons revenants reconnaissent volontairement leur part de responsabilité dans leur sort. La seconde, c’est qu’ils ne se contentent pas de « subir » les conséquences de leurs erreurs, ils les « assument », et sont prêt à « répondre de » leurs actes. En somme, ils sont parfaitement responsables.

La très large majorité des revenants de notre corpus reconnaissent avoir commis des fautes de leur vivant. Dans « The Awntyrs Off Arthur », le fantôme de la mère de Guenièvre reconnait qu’elle a pris de nombreux amants24, tandis que le revenant de l’histoire II des contes de Byland, explique qu’il a fait « comme ceci et comme cela » et qu’il a été « excommunié pour ce crime25 »  des expressions qui, si elles manquent de détails, insistent bien par leur répétition sur l’importance d’admettre ses erreurs. Le revenant de l’histoire VI de Byland lui aussi, n’hésite pas à admettre avoir volé des cuillères en argent. Enfin, la revenante de l’histoire XII, la sœur d’un homme appelé Adam de Lond, explique à William Trower qu’elle subit un châtiment car elle a donné à son frère des chartes qui revenaient de droit à son mari et ses enfants. Le verbe confiteor utilisé par le moine dans sa forme imparfaite « confitebatur26 » pour décrire les aveux de ces revenants est très révélateur. Le premier sens de ce verbe, est celui de « se confesser ». Il s’agit bien là de la confession religieuse dont l’importance grandit avec le développement du Purgatoire jusqu’à devenir obligatoire pour tous les chrétiens une fois par an27. Le second sens de ce verbe est celui d’« avouer sa faute » qui n’est pas sans rappeler les aveux des criminels face à la justice légale, et le dernier sens, est celui de « faire connaître » ou « révéler ». Si le premier et le second sens reflètent les considérations didactiques mentionnées en introduction qui visaient à utiliser le revenant comme un instrument d’instruction sur le salut de l’âme et une certaine dimension juridique, le troisième sens montre que le défunt est aussi individuellement responsable. En effet, en faisant connaitre ses fautes, c’est-à-dire en les révélant publiquement, son nom et sa réputation peuvent se trouver entachés, comme c’est le cas pour son ancêtre malveillant, et il subit donc comme ce dernier les conséquences de ses actes. Mais les bons revenants de notre corpus ne s’arrêtent pas là. Lorsque Guenièvre s’interroge sur la raison pour laquelle des « bêtes maléfiques » tourmentent sa mère, cette dernière répond qu’elles « [sont] l’amour charnel28 » dans lequel elle s’est enivrée de son vivant. En indiquant ainsi le lien entre leurs péchés et les châtiments qu’ils subissent, et en ne contestant pas leur châtiment, ces revenants acceptent leur responsabilité.

Cette reconnaissance des péchés peut aussi s’exprimer dans le désir de certains revenants de réparer les dommages qu’ils ont causés. La sœur d’Adam de Lond, en plus d’admettre sa faute, souhaite que son frère « restitu[e] à son époux et ses enfants ces mêmes chartes et [qu’il leur] rend[e] les terres29 » dont ils ont été privés. Le voleur des cuillères en argent veut que « le vivant […] a[ille] à l’endroit indiqué » récupérer les cuillères puis qu’il « rapporte au Prieur30 » toute l’affaire. Le verbe employé par le revenant « reporto » à la forme génitive, signifie à la fois « ramener » et « rapporter », on peut donc en conclure qu’il veut non seulement que le vivant raconte toute l’histoire au Prieur, mais qu’il ramène aussi l’objet du délit. Le revenant de l’histoire I des contes de Byland rentre aussi dans ce schéma : il donne au vivant « la cause31 » de sa détresse et propose son aide à l’homme auquel il apparait. Le verbe latin employé « adiuuare32 »  a non seulement le sens d’« aider » mais aussi de « seconder quelqu’un » donc de lui être utile. En souhaitant réparer ou compenser les répercussions que leurs péchés ont pu avoir sur la communauté des vivants, ces bons revenants montrent qu’ils sont conscients des conséquences de leurs péchés et donc de leur responsabilité.

Enfin, le Dictionnaire culturel en langue française donne comme définition de « répondre de ses actes » « être garant par un engagement volontaire […] devant la loi, la société, la morale33 ». Par extension, donc être responsable signifie aussi« tenir ses engagements », comme le fait le revenant du roman Sir Amadace. Dans cette œuvre, le défunt, qui revient sous la forme d’un chevalier blanc, offre d’apporter à Amadace, un chevalier désargenté, un soutien financier qui lui permettra d’entrer dans un tournoi et d’éventuellement retrouver sa fortune et son honneur perdus en échange de la moitié de tout ce qu’il gagnera. Le terme moyen-anglais « forwart34 », employé pour désigner la nature de l’aide que le revenant offre au chevalier, désigne à la fois un « contrat » qui lie les deux parties devant la loi, et une « alliance » qui les associe devant Dieu. Ce terme dénote bien le caractère officiel et solennel de ce qui lie les deux parties. Dans son article « Béances de la terre et du temps : la dette et le pacte dans le motif du ‘Mort reconnaissant’ au Moyen Age », Danielle Bohler mentionne que le mort reconnaissant qui revient est une « figure qui incarne la Loi35 » et qui a donc un certain pouvoir sur le vivant. Elle ne mentionne pas d’où le revenant tire son autorité, mais il nous semble évident que le chevalier blanc de Sir Amadace tire la sienne du fait qu’il a respecté sa part du « contrat » : il a donné à Amadace les moyens d’entrer dans le tournoi et de le gagner. Le revenant a tenu son engagement. Jean-Claude Schmitt rapporte un autre exemple plus précoce de ce motif. Dans l’œuvre du XIIIe siècle Otia imperialia du clerc Gervais de Tilbury (1155-1234), il est fait mention d’un mort qui revient tuer sa veuve car elle n’a pas respecté sa promesse de ne pas se remarier36.

Ainsi, alors que les mauvais revenants ne sont que partiellement responsables dans la mesure où ils ne font que subir les conséquences de leurs actes, les bons revenants eux, le sont parfaitement puisqu’ils acceptent, subissent et répondent des répercussions de leurs fautes.

3. Plus qu’un passeur, un directeur de conscience

Une fois devenu parfaitement responsables, les revenants des XIVe et XVe siècles de notre corpus ont toute autorité pour influencer le monde des vivants et leur inculquer la meilleure manière de vivre ensemble. Lorsque le chevalier blanc de Sir Amadace réclame la moitié du corps de l’épouse du héros comme convenu dans leur contrat, il ne fait qu’éprouver la capacité de ce dernier à respecter sa part de leur engagement. L’attitude parfaitement responsable du revenant lui donne donc l’autorité nécessaire pour exiger du vivant le même comportement. Élargi à tous les personnages de notre corpus, il semble que le retour du défunt responsable, crée pour le vivant qui le rencontre une occasion d’être responsable à son tour en menant à bien la mission qui lui est confiée. Le revenant n’est donc pas seulement une illustration du système du Purgatoire, ou un exemple d’orthodoxie, il est aussi un véritable directeur de conscience.

De fait, malgré la terreur qu’ils ressentent, les vivants se montrent à la hauteur de ce qui est attendu d’eux. Dans l’histoire I du moine de Byland, l’homme qui rencontre le revenant est « glacé d’épouvante37 », et Guenièvre « prend peur et gémit38 » face au fantôme de sa mère. Toutefois, la peur s’estompe, et, pour écourter le séjour au Purgatoire de ces revenants et leur venir en aide, les vivants les écoutent et les aident en faisant donner des messes, en distribuant des aumônes ou en accomplissant leurs volontés, comme William Trower qui transmet le message de la sœur d’Adam de Lond dans l’histoire XII des contes du moine de Byland, ou l’histoire I dans laquelle l’homme accepte que le revenant porte son sac. Ils font preuve eux aussi d’une bonne volonté exemplaire.

Le revenant exprime aussi son influence sur le mode de vie des vivants lorsque son retour devient une occasion de renforcer les liens sociaux entre vivants. En effet, dans l’histoire XI des contes du moine de Byland, Richard Rowntree rencontre son enfant mort-né. Richard et son fils ne se sont jamais vus, mais le revenant est capable de reconnaitre son père. La force du lien marital est affirmée dans l’anecdote du chapitre XXII relayé par William de Newburgh, puisque le revenant revient d’abord hanter son épouse. Mais les relations qu’il sollicite peuvent être bien plus larges que l’unité familiale ou l’union maritale. C’est le cas dans l’histoire II des contes de Byland où le revenant explique au tailleur Snowball qu’il peut lui apparaître parce que ce dernier n’a pas « entendu la messe ni l’évangile de Saint-Jean, sans doute ‘Au Commencement …’, ni participé à la communion du corps et du sang du Christ39 ». Ce qui se dessine ici en creux, c’est l’existence de la communauté paroissiale du village, à laquelle Snowball n’a pas réaffirmé son appartenance. Au cœur de chacune de ces histoires il y a des liens sociaux qui, s’ils sont suffisamment forts pour continuer par-delà la mort, ne peuvent que réunir les vivants. En plus d’apparaître à des vivants auxquels ils sont liés, les revenants ravivent aussi ces liens par le contenu des messages et des missions qu’ils confient. Lorsque Guenièvre voit revenir sa mère d’entre les morts, c’est encore le lien de filiation qui entre en jeu, mais l’importance de la famille est renforcée par le message qu’elle porte. Alors qu’elle se lamente, la mère de Guenièvre regrette d’être « plongée, loin de toute famille, dans des tourments glacés40 », ce qui implique que ses souffrances seraient moins pénibles si elle avait une famille pour la pleurer. La mission que la sœur d’Adam de Lond confie à William dans l’histoire XII des contes de Byland met aussi en avant les liens familiaux puisqu’elle désire réparer le tort qu’elle a causé à son mari et ses fils. Il en va de même pour le voleur de cuillères en argent qui souhaite les voir rendues à son maître. Même les mauvais revenants offrent une occasion de rassembler les vivants. L’anecdote du chapitre XXII de l’Historia Rerum Anglicarum illustre la façon dont il peut rapprocher toute la communauté d’un village. En effet, il commence par s’en prendre à son épouse, qui se prémunit contre ses attaques en faisant appel à la « communauté41 » pour l’aider à se défendre. Non content de solliciter le lien marital, le revenant, par son retour, a poussé sa veuve à faire appel au cercle plus large de ses connaissances, mais l’anecdote ne s’arrête pas là. Après son épouse, le défunt assaille son frère, puis le voisinage de son ancienne demeure, et ce sont finalement tous les habitants des environs qui s’allient pour se débarrasser de lui. En élargissant son cercle de victimes, le mauvais revenant, à l’instar du bon, renforce donc la cohésion entre les membres de la communauté. En tant que personnages responsables, ces défunts qui reviennent désirent, par-delà la mort, réparer des liens sociaux disjoints, qu’il s’agisse de ceux entre maître et serviteur, de ceux de la famille, ou de la communauté toute entière. Cette attitude idéale leur confère l’autorité pour guider les vivants en leur servant d’exemples.

Conclusion

L’évolution du personnage du revenant établie dans cette analyse témoigne du rôle essentiel que joue la notion de responsabilité dans son exemplarité, c’est-à-dire dans sa capacité à être un modèle pour les vivants, qu’il soit religieux, judiciaire ou tout simplement éthique. Mais cette notion n’est pas seulement mise en avant au cœur des récits de revenants. En effet, face à la responsabilité individuelle dont le revenant se fait l’exemple, il y a une responsabilité collective qui lie les vivants autour de ces mêmes récits. Jean-Claude Schmitt explique que :

Une apparition ne met […] jamais en scène deux personnes seulement, un mort et un vivant, mais toute une chaîne de témoins, d’intermédiaires, d’informateurs, de scribes, de prédicateurs et d’auditeurs […]42.

L’expression « chaîne de témoins » indique clairement que tous les acteurs qui participent à la diffusion de ces histoires sont liés. Le fait divers du revenant Gui de Corvo est un autre exemple du lien entre les témoins d’une apparition. En 1323, ce bourgeois d’Alès revient hanter son domicile huit jours après son décès. Le prieur dominicain Jean Gobi (13..?-1350) va à la rencontre du revenant et lui fait subir un interrogatoire qui sera pris en note par un notaire de la ville. Dans son étude de ce dialogue entre le prieur et le fantôme, Marie-Anne Polo de Beaulieu note que Jean Gobi prend soin de faire noter les noms de ceux qui assistent à l’entretien : « Cette liste de personnages importants, authentifiée par la mention de leur noms et/ou de leurs fonctions, leste ce récit d’un poids social très fort43 ». Si ces personnes donnent « un poids social » au récit, c’est parce que leur réputation garantissait à l’audience l’exactitude de ce qui était raconté. Jean Gobi n’est donc pas la seule personne à se porter garant de la véracité du récit : il partage cette responsabilité avec les autres témoins présents. Nous pensons que le même raisonnement peut facilement être appliqué aux récits de revenants et de fantômes de notre corpus puisque plusieurs prennent la peine de détailler leurs sources. Ainsi, Walter Map mentionne qu’une de ses anecdotes vient d’un chevalier « fort et vaillant et ayant prouvé sa valeur44 » qui l’a racontée à l’évêque de Hereford. La description du chevalier et de sa valeur, la fonction ecclésiastique de l’évêque, et le rang de Richard de Puttes sont autant de garants de la précision du récit et de sa validité. Simpson remarque que William de Newburgh, lui aussi, tient ses anecdotes d’ « informateurs fiables45 ». Ainsi, tous les maillons de la « chaine » prennent en charge le récit et se retrouvent rassemblés à l’occasion du retour du mort, de la propagation orale de l’histoire, de sa mise en récit et, bien entendu, de sa lecture. En définitive, les récits de revenants, tant par l’évolution de la représentation et de l’attitude du défunt qui revient parmi les vivants, que par leur mode de diffusion, attestent de l’importance croissante que la notion de responsabilité revêt pour l’ensemble de la société anglaise du Moyen Âge.


Notes

1–  Sur les débats autour de la nature des défunts dans les récits médiévaux voir notamment : CACIOLA Nancy, « Wraiths, Revenants, and Ritual in Medieval Culture », Past &P resent, Août 1996, n°152, p. 3-45., et SIMPSON Jacqueline, « Debatable Apparitions in Medieval England », Folklore, Vol. 114, n°3, Décembre 2003, p 389-402. Dans cet article, nous emploierons le terme « revenant », lorsque la nature tangible du défunt a été attestée ou nous semble évidente, et le terme « fantôme » dans les cas plus incertains.

2 – LE GOFF Jacques, La naissance du purgatoire, Paris, Gallimard, 1981, p. 14.

3 – Dans le chapitre 5 de son livre, Jacques LE GOFF étudie les termes employés pour parler du Purgatoire et leur influence sur le développement de celui-ci. Voir LE GOFF Jacques, op. cit., p.209-240.

4 – Ralph HOULBROOK et Jacques LE GOFF remarquent et analysent cette tendance à insister sur les caractéristiques infernales du Purgatoire à l’opposé de l’image optimiste que dresse Dante dans La Divine Comédie : HOULBROOK Ralph, Death, Religion and the Family in England 1480-1750, Oxford, Clarendon Press, 1998, p. 35. et LE GOFF Jacques, op. cit., p. 387-448.

5 – Sur les pratiques des suffrages et notamment les provisions des testaments voir : DANIELL Christopher, Death and burial in medieval England, 1066-1550, London ; New York, Routledge, 1997, p. 1-64., HOULBROOK Ralph, Death, Religion and the Family in England 1480-1750, Oxford, Clarendon Press, 1998, p. 110-146 et p. 331-371.

6 – Voir MCKEEVER Amanda J., The Ghost in Early Modern Protestant Culture: Shifting Perceptions of the Afterlife, 1450-1700, Thèse, Histoire, Brighton, University of Sussex, Mai 2011, p. 39-76.

7 – LECOUTEUX Claude, Fantômes et revenants au Moyen Âge, Paris, Imago, « L’Arbre à mémoire », 1996, p. 10.

8 – FINUCANE Ronald C., Ghosts: Appearances of the Dead and Cultural Transformation, New York, Prometheus Books, 1996, p. 62.

9 – Ibid., p. 290.

10 – REY, Alain, dir., « Responsable », Dictionnaire culturel en langue française, vol. 4, Paris, Le Robert, 2005, p. 248.

11 – « non solum terruit verum etiam pene obruit importabili sui pondere » dans DE NEWBURGH William, Historia Rerum Anglicarum, Hans Claude Hamilton, éd., Londres, Sumptibus Societatis, vol 2., 1856, p. 182.

12 – « non cessat euocare singillatim et nominatim conuicaneos suos, qui statim vocati infirmantur et infra triduum moriuntur » dans MAP Walter, « De Nugis Curialium », dans Anecdota Oxoniensia, M. R. James, éd., Oxford, Clarendon Press, « Medieval and Modern Series », vol. 14, 1914, p. 100.

13 – Sur l’harmonie entre le corps et l’âme voir la récente étude de BASCHET, Jérôme, Corps et âmes : une histoire de la personne au Moyen Âge, Paris, Flammarion, 2016, 408 p.

14 – « vili pannosoque cilicio inuolutus », MAP Walter, op. cit., p. 101.

15 – « Ille demonium ratus », Ibid.,p. 101.

16 – Voir à ce sujet : CACIOLA Nancy, op. cit., p. 3-45.

17 – « filius tenebrarum », Ibid., p. 164.

18 – « tetro » et « groffo », dans Chronicon de Lanercost, William Macdowall of Garthland, éd., Edinburgh, Edinburgh Printing Company, 1893, p. 164.

19 – « deterret » et « artus eorum confrigeret », Ibid., p. 164.

20 – « damnatorum fpeciem », Ibid., p. 163.speciem

21 – «exitialis monstri » et « pestiferi cadaveris cicumactu infectus corruptusque », DE NEWBURGH William, op. cit.. p. 184. circumactu

22 – « pessimus », Ibid., p. 184.

23 – « post mortem vero ex eventu reatus ejus claruit », Ibid., p. 186.

24 – « The Awntyrs off Arthur », dans Sir Gawain: Eleven Romances and Tales, Thomas Hahn, éd., Kalamazoo, Michigan, Medieval Institute Publications, 1995, v. 213.

25 – « Sic et sic feci et excommunicatus sum pro tali facto », dans JAMES M. R., « Twelve Medieval Ghost-Stories », The English Historical Review, vol. 37, n°. 147, Juil.1922, p. 415.

26 – Ibid., p. 415 et 422.

27 – Voir LE GOFF Jacques, op. cit., p. 292.

28 – « baleful bestes » et « That is luf paramour », The Awntyrs off Arthur », op. cit., v. 211 et 213..

29 – « Supplicabat » et « redonare marito suo et filiis easdem cartas, et restituere illis terram […]. » Ibid., p. 422.

30 – « viuenti quod adiret ad locum predictum » et « reportando Priori », Ibid., p. 415.

31 – « causam et remedium », Ibid., p. 414.

32 – Ibid., p. 414.

33 – REY, Alain, dir., « Répondre de », Dictionnaire culturel en langue française, vol. 4, Paris, Le Robert, 2005, p. 183.

34 – Sir Amadace, dans Amis and Amiloun, Robert of Cisyle, and Sir Amadace, Edward E. Foster, éd., Kalamazoo, Michigan, Medieval Institute Publications, 2007, v. 502.

35 – BOHLER Danielle, « Béances de la terre et du temps: la dette et le pacte dans le motif du Mort reconnaissant au Moyen Age », L’homme, vol. 29, n°111-112, 1989, p. 171.

36 – Voir SCHMITT Jean-Claude, op. cit. p. 106.

37 – « perterritus », dans JAMES M. R., op. cit., p. 414.

38 – « Then gloppenet and grete Gaynour the gay », dans The Awntyrs off Arthur », op. cit., v. 92.

39 – « non audiuisti missam neque exangelium Iohannis scilicet ‘In principio’ neque vidisti consecracionem corporis et sanguinis domini […] », dans JAMES M. R., op. cit., p. 416.

40 – « Now am I caught oute of kide to cares so colde »  « The Awntyrs off Arthur », op. cit., v. 151.

41 – « consortio », dans DE NEWBURGH William, op. cit., p. 182..

42 – SCHMITT Jean-Claude, op. cit., p. 213-14

43 – POLO DE BEAULIEU Marie-Anne, « Paroles de fantôme : Le cas du revenant d’Alès (1323) », Ethnologie française, Octobre-Décembre 2003, vol. 33, n°4, p.567.

44 – « fortis uiribus et audacie probate », dans MAP Walter, op. cit., p. 99.

45 – SIMPSON Jacqueline, op. cit., p. 391.


Bibliographie

Sources primaires :

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Sir Amadace, dans Amis and Amiloun, Robert of Cisyle, and Sir Amadace, Edward E. Foster, éd., Kalamazoo, Michigan, Medieval Institute Publications, 2007, 130 p.

Chronicon de Lanercost, William Macdowall of Garthland, éd., Edinburgh, Edinburgh Printing Company, 1893, 628 p.

JAMES M. R., « Twelve Medieval Ghost-Stories », The English Historical Review, vol. 37, n°. 147, Juil. 1922, p. 413-422.

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DE NEWBURGH William, Historia Rerum Anglicarum, Hans Claude Hamilton, éd., Londres, Sumptibus Societatis, vol. 2, 1856, 243 p.

Sources secondaires :

BASCHET, Jérôme, Corps et âmes : une histoire de la personne au Moyen Âge, Paris, Flammarion, 2016, 408 p.

BOHLER Danielle, « Béances de la terre et du temps: la dette et le pacte dans le motif du Mort reconnaissant au Moyen Age », L’homme, vol. 29, n°111-112, 1989, p. 161-178.

CACIOLA Nancy, « Wraiths, Revenants, and Ritual in Medieval Culture », Past & Present, Août 1996, n°152, p. 3-45.

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