Qu’est ce que la Nouvelle Economie sociale ?

Née en 2000, cette formation s’inscrit dans une perspective polanyienne1. Non seulement, elle considère que l’économie n’a historiquement pas toujours existé, mais que les catégories de l’économie doivent être interrogées et dépassées pour viser une émancipation de l’homme. Une des caractéristiques majeures du monde contemporain est cristallisée autour de l’imaginaire d’une maîtrise rationnelle du monde. Loin de chercher une telle maitrise, la nouvelle économie sociale se veut une théorie des limites : limite dans l’extractivisme, dans le consumérisme, dans le productivisme, mais aussi plus micro économiquement, limite dans la taille des unités de production, des écarts de salaire, etc.
Cette perspective est aussi pragmatique. La formation propose des outils d’accompagnement et de spécialisation des promoteurs, des cadres, des consultants de l’économie sociale et de l’économie solidaire et permet aux étudiants de devenir des experts de haut niveau maîtrisant les connaissances les plus récentes dans le domaine de l’ économie sociale, de la méthodologie de projets, de la gestion et des enjeux de l’informatique en passant par le droit coopératif.
Enfin, cette formation propose un très vaste réseau d’acteurs crée en 2000. En cela, elle est véritablement une socio-économie de territoire. Ces acteurs relèvent de coopératives diverses, d’entreprises d’insertion, de régies de quartiers ou des mutualités.
La formation est donc constituée d’apports de trois types :
- premièrement, des outils théoriques de type universitaire,
- deuxièmement des apports méthodologiques en relation avec les projets des étudiants,
- troisièmement l’insertion dans un réseau professionnel.
Il s’agit de connaître les ressources financières mobilisables et les techniques d’animation de projets de création d’une entreprise sociale viable. Ces entreprises développent des formes de gestion collective qui associent producteurs et consommateurs, s’appuient sur un ancrage territorial et luttent contre le saccage écologique de la planète.
Les étudiants sont recrutés à partir de deux critères : Le niveau universitaire et/ ou l’expérience professionnelle, la qualité de leur projet de création, notamment sa dimension novatrice, son appartenance au champ de l’économie solidaire.
1 Karl Polanyi, né en 1866 à Vienne et mort en 1964, est l’auteur de référence de cette formation. Son livre principal « La grande transformation », écrit en 1944 et traduit en français seulement en 1983, est indispensable à la formation.
Présentation du master NES
Le master propose une réflexion pluridisciplinaire sur l’économie sociale depuis la révolution industrielle. Nous prenons cette expression dans son sens originel, lié à l’associationnisme et au coopérativisme ouvriers au XIXe siècle : face à l’essor du capitalisme, des travailleurs s’associent pour être collectivement propriétaires de leurs instruments de travail afin de développer des formes de coopération non hiérarchiques, à égale distance des modes d’organisation des entreprises privées et des services publics. L’économie sociale qui nous intéresse est « sociale » au sens de la propriété sociale (ni privée, ni publique), non au sens de l’État social ou de « l’économie sociale et familiale ». Elle ne constitue donc qu’une petite partie (le socle historique) de ce que l’on appelle aujourd’hui « l’économie sociale et solidaire », laquelle inclut depuis 2014 l’entreprenariat social et les fondations d’entreprise auxquels le master NES le forme pas.
La formation revisite l’histoire de l’économie sociale depuis la monarchie de Juillet jusqu’à ses résurgences actuelles et ses périodes plus sombres, où elle semblait vouée à disparaître. Les structures de l’économie sociale sont abordées de manière comparative par l’analyse des différents modèles européens de coopérative d’associés ou d’usagers à partir d’une matrice unique qui repose sur quatre éléments : le premier est un capital composé de parts sociales, et non d’actions et d’obligations, ce qui implique le partage de la fraction distribuée de l’excédent de gestion en fonction de la participation de chacun-e. Le deuxième est la constitution de réserves impartageables. Le troisième est le principe de « double qualité » : dans une coopérative de production par exemple, chaque travailleur et chaque travailleuse est aussi sociétaire (détenteur d’une partie du capital social). Le quatrième est le principe formel « une personne = une voix » (contrairement à l’actionnariat capitaliste donnant plus de voix à qui détient plus d’actions).
Une coopérative est une structure économique dotée d’une dynamique politique. Pour comprendre l’économie sociale, il faut donc saisir les interactions entre son versant instituant et son versant institué. Le versant instituant est celui de l’association de personnes unies par un désir politique de changement social ; il peut prendre des formes aussi diverses que des réunions informelles en bas des cages d’escalier des cités, des grandes mobilisations sociales, des collectifs de travailleurs, des associations villageoises de fait ou des collectifs constitués contre de grands projets contestés. Ces personnes peuvent se regrouper, ou pas, dans une association loi 1901. Elles sont l’expression du mouvement social et de la société civile. Le deuxième versant est l’économie coopérative dont le propre est d’instituer des formes d’organisation collective dans lesquelles le pouvoir est contrôlé (coopérative classique) ou partagé (autogestion) par l’ensemble des personnes impliquées. Les formes instituées de l’économie sociale sont le plus souvent issue de la force instituante que constitue le mouvement social : elles doivent être comprises comme des tentatives pour réaliser sous forme concrète (souvent partielle ou réduite) les aspirations au changement social et les utopies qui travaillent la société civile, ou du moins de créer des espaces d’organisation régis par des principes différents que ceux de l’ordre social contesté.
On comprend donc l’importance que nous attribuons, dans les enseignements, d’un côté à l’analyse des formes du changement social et de l’autre à la compréhension des phénomènes de pouvoir et des dynamiques de collaboration (philosophie politique, microsociologie des groupes, psychanalyse, écoféminisme). Vu la montée des préoccupations écologiques dans la société civile, notamment dans le monde de l’ESS, nous proposons aussi un cours d’écologie politique.
La formation propose aussi des outils d’accompagnement et de spécialisation des promoteurs, des cadres, des consultant·es de l’économie sociale et de l’économie solidaire. Elle permet aux étudiant·es de maîtriser les connaissances les plus récentes dans le domaine de la méthodologie de projets, de la gestion et de la comptabilité, des enjeux de l’informatique ainsi que du droit social et coopératif. Il s’agit de montrer les spécificités de l’économie sociale comme forme instituée de coopération économique sur un territoire.
La formation s’appuie sur son réseau construit depuis 2000. En cela, elle est véritablement une socio-économie de territoire. Les acteur·rice·s relèvent de coopératives diverses, d’entreprises d’insertion, de régies de quartiers ou de mutuelles, mais aussi de coopératives crées par d’ancien·ne·s étudiant·e·s : coopérative de production, d’habitat ou d’autopartage, réseaux de mutualisation, ressourcerie, cafés culturels, auto-école sociale, fond de dotation, etc.
Chaque mardi matin, le master NES accueille dans le cadre d’une UE spécialement dédiée (les « conférences praxis ») un·e invité·e, acteur.ice de l’économie sociale. Ce sont chaque année une vingtaine d’acteur·rice·s de l’ESS qui viennent témoigner de leurs pratiques et partager les questionnements les plus contemporains qui nous traversent. Ils·elles sont dirigeant·e·s de Scop, de Scic, d’entreprise d’insertion ou d’organisme financier de l’ESS, militant-e-s ou activistes dans les mouvements sociaux, responsables de réseau ou chercheur·e·s.


Ce site est administré et géré par les responsables du master NES (Nouvelle Économie Sociale) de l’Université de Toulouse Jean-Jaurès. Il constitue le point d’information le plus à jour relativement au contenu et à l’actualité du master. Il est complété par la page web accessible via le site de l’université par le lien suivant : https://www.univ-tlse2.fr/accueil/formation-insertion/master-nouvelle-economie-sociale-nes.