Tous les articles par larrieu

« Aménager sous la pluie » ou l’intégration des eaux pluviales dans l’urbanisme

Avant toute chose, il est important de faire un point sur la thématique abordée dans cette rubrique : la prise en compte des eaux pluviales dans l’aménagement. Cette question, de plus en plus d’actualité, sera abordée sous différents angles et des exemples, notamment localisés à Toulouse et plus largement en Midi-Pyrénées, viendront illustrer cette thématique.

Depuis quelques années, on observe que les eaux pluviales sont de plus en plus prises en compte dans les aménagements, et particulièrement les aménagements urbains. Cette tendance est tout à fait légitime et nécessaire, et va dans le sens d’une gestion intégrée des eaux pluviales dans les projets urbains. Les enjeux sont alors multiples et principalement de trois ordres.

Il s’agit tout d’abord d’éviter les inondations liées au ruissellement pluvial. L’imperméabilisation des sols par les constructions, les parkings et les rues diminue l’infiltration naturelle de l’eau et augmente son ruissellement. Nous pouvons citer les inondations meurtrières de Nîmes en 1988 : des pluies diluviennes se sont abattues violemment sur la ville, dans le cadre d’un épisode « cévenol » assez fréquent dans cette région de la France. Les surfaces perméabilisées de la ville ont fortement accentuées la montée des eaux et le ruissellement, le réseau d’évacuation des eaux n’étant par ailleurs pas adapté à de telles précipitations. Ce phénomène a également été observé dans d’autres villes, notamment à Paris deux ans plus tard.

Le deuxième enjeu est lié à la pollution : il s’agit de maîtriser les flux des rejets de temps de pluie et, par là même, de protéger la qualité des milieux récepteurs. En effet, les constructions et activités humaines produisent des déchets de petites tailles (particules fines chargées de polluants comme les hydrocarbures) que les pluies entraînent facilement par le phénomène du lessivage des sols. Des progrès ont été réalisés récemment pour maîtriser ce phénomène et en atténuer les conséquences mais il reste encore beaucoup à faire.

Enfin, le dernier enjeu est un enjeu d’assainissement : le réseau est de plus en plus saturé et ne peut plus accepter toutes les eaux de pluies. Le tout-à l’égout du XIXème siècle suivi du modèle des réseaux séparatifs dans les années 1970 (eaux de pluies d’un côté, eaux usées de l’autre) ont tous les deux montré leur limite. Aujourd’hui, la solution est de favoriser l’infiltration naturelle de l’eau de pluie et son retour vers le ruisseau. Des aménagements réalisés récemment ont prouvé leur efficacité.

Pour conclure, afin d’arriver à une gestion intégrée des eaux pluviales dans l’urbanisme, il faut dans l’idéal envisager l’aménagement du territoire en prenant en compte les trois dimensions précédentes, celles-ci étant étroitement liées.

Le recours aux techniques alternatives de gestion des eaux pluviales

Le CERTU a publié un ouvrage intitulé « L’assainissement pluvial intégré dans l’aménagement : Éléments clés pour le recours aux techniques alternatives«  qui date de 2008.

Cet ouvrage, disponible à la vente, apporte des réponses à propos des techniques alternatives qui permettent de gérer les eaux de pluie de manière durable (noues, bassins pluviaux, jardins inondables, jardins de pluie…). Il comprend deux études de cas de deux opérations réelles d’aménagement et développe, sous forme de fiches, les aspects techniques et le contexte juridique en la matière.

Quand la gestion des eaux de pluie transforme le paysage urbain

Cet article du Moniteur.fr intitulé « La gestion des eaux de pluie transforme le paysage urbain » fait état de la répercussion positive de la gestion intégrée des eaux de pluie sur la régulation des températures en ville. Cette technique peut alors être une des solutions pour tempérer l’îlot de chaleur urbain.

Il montre également que cette nouvelle façon de gérer les eaux pluviales participe à la transformation du paysage urbain : les traitements paysagers nouveaux induits par cette gestion mettent en scène de plus en plus l’eau et la nature en ville.

Guide de gestion des eaux pluviales et de ruissellement

Voici un guide de gestion des eaux pluviales réalisé par Toulouse Métropole, la communauté urbaine de la ville de Toulouse.

Il expose tout d’abord les textes de loi relatifs à l’assainissement pluvial (code civil, loi sur l’eau et règlementation de Toulouse Métropole).

Il présente également, sous forme de fiche techniques, les différentes techniques alternatives qui peuvent être mises en place : bassins de rétention, tranchées drainantes, noues et fossés, puits d’infiltration, toits stockant…

Inondations à New York : quelles solutions ?

Cet article intitulé « New York les pieds dans l’eau, pour le pire et pour le meilleur », publié sur le site UrbaNews.fr, relate les différentes réflexions qui se sont engagées après le passage de l’ouragan Sandy en octobre 2012, ces dernières réinterrogeant « la place de la métropole moderne, de son développement et de son architecture face aux aléas, face à ses vulnérabilités et à un avenir qui se conjuguera forcément avec l’océan et ses incursions. »

 

Aménager sous la pluie : quels enjeux pour Toulouse ?

Dans un document PDF, l’AUAT (L’Agence d’Urbanisme d’Aménagement Toulouse aire urbaine) fait le point sur la question et plus précisément sur les enjeux relatifs à la ville rose. Une analyse présente les atouts, les fragilités et les opportunités et des exemples sont mis en image (ZAC Andromède, ZAC Gramont).

Par ailleurs, 4 enjeux sont identifiés : la gestion quantitative des eaux pluviales, la gestion qualitative, la gestion économe de la ressource eau, et l’intégration paysagère des aménagements liés à la gestion des eaux de pluie.

 

2 exemples de gestion intégrée des eaux pluviales

Après avoir rappelé les enjeux des techniques alternatives à la gestion urbaine des eaux de pluie, un article du Blog « Paysage et Territoire »  présente deux cas français de gestion intégrée et innovante des eaux pluviales (le nouveau quartier des Rives de la Haute Deûle à Lille Lomme et les nouveaux quartiers La Roseraie et Le Plateau à Chartres) qui illustrent la thématique.

 

Film « L’eau, la nature et la ville »

Voici un film intéressant disponible en ligne dans deux formats (format long de 52 min et format court de 13 min) produit par le GRAIE – Groupe de Recherche Rhône Alpes sur les Infrastructures et l’Eau – et ses partenaires (Grand Lyon, Agence de l’eau, Véolia etc.) intitulé « L’eau, la nature et la ville ».

5 thématiques sont abordées :

– le cycle de l’eau en milieu urbain

– les risques liés à l’eau en milieu urbain

– les solutions innovantes pour la gestion urbaine de l’eau

– l’écologie urbaine plus globalement

– la gestion urbaine de l’eau et son développement

Comment financer la gestion intégrée des eaux pluviales urbaines ?

Les collectivités ont la possibilité de percevoir une taxe sur l’imperméabilisation des sols depuis la parution de la loi Grenelle 2 de 2010 portant engagement national pour l’environnement.

Les articles L2333-97 à L2333-101 du Code Général des Collectivités Territoriales (CGCT) prévoient par ailleurs d’instituer une taxe annuelle facultative au profit des collectivités  assurant la collecte des eaux pluviales qui souhaiteraient la mettre en place.

A l’occasion de la création de cette taxe, un guide d’accompagnement a été réalisé, il vise à faciliter sa mise en œuvre et à sensibiliser les élus à la problématique de la gestion durable des eaux pluviales en ville.