A5 – Thèque industrie lithique

Responsables : Caroline RENARD et Guilhem CONSTANS

Présentation :
Cette thèque, consacrée à l’analyse des productions lithiques, regroupe trois salles d’étude adaptées aux besoins des études mises en œuvre ainsi qu’une lithothèque. En plus d’un mobilier adapté permettant l’étude synchrone de nombreuses séries lithiques, ces espaces disposent d’un matériel optique adapté à l’observation des vestiges de très petites dimensions, des micro-stigmates et du contenu microscopique (composition détritique et biodétritique) des matières siliceuses.

Nota bene : charte d’utilisation de la thèque A5. Industries lithiques, lithothèque.

Pourquoi un espace dédié et quelle utilisation en archéologie ?
Parmi les objets fabriqués par l’Homme préhistorique, ceux en pierre sont à la fois les plus nombreux et ceux qui se conservent le mieux. Leur utilisation s’insère par ailleurs dans une gamme d’activités variées (activités de transformation technique et symbolique, activités cynégétiques, etc.) et renseigne ainsi d’autres registres. L’analyse des productions lithiques — qui varient dans le temps et dans l’espace —, permet d’appréhender les modes de fabrication des objets en pierre et, en particulier, l’outillage en silex. Cette démarche (la technologie lithique) régie par les grands principes de la chaîne opératoire s’appuie sur l’expérimentation et les référentiels actualistes qui participent à la reconnaissance des techniques de fabrication et des méthodes de taille mises en œuvre. In fine, l’objectif est de différencier ce qui relève de la contrainte ou du choix culturel et de caractériser ainsi les comportements techniques, économiques et, plus largement, les normes sociologiques qui ont régi la vie des groupes préhistoriques.

Les conditions matérielles offertes par la thèque A5 permettent la mise en œuvre de ces analyses dans les meilleures conditions en offrant :
1) un espace suffisant pour déployer les séries lithiques étudiées (remontages et/ou la mise en œuvre de différents tris par catégorie d’objet ou de matière),
2) du matériel de grossissement (lampes-loupes et loupes binoculaires), d’éclairage et de matériel de prise de mesures (balances, pieds à coulisse, etc.),
3) des séries de comparaison pour l’évaluation des techniques et des différentes catégories de matériel.

S’agissant des référentiels actualistes, la lithothèque constitue un outil particulièrement opérant pour tenter de cerner les territoires parcourus ou partagés par ces groupes nomades ou, pour les plus récents, sédentaires. Le contenu micro-paléontologique (les micro-fossiles) des matières premières siliceuses diffère selon leurs origines géologique et géographique. La comparaison entre les échantillons recueillis dans les gîtes naturels et les vestiges archéologiques permet ainsi de déterminer la provenance de ces matières premières sélectionnées par les Hommes préhistoriques au cours de leurs déplacements ou acquises au sein de réseaux d’échange plus ou moins vastes et structurants.

Enfin, l’élaboration d’un référentiel de débitages expérimentaux vient à l’appui de la reconnaissance des techniques de taille (c.-à-d. percussion directe, percussion indirecte, pression). Ces débitages expérimentaux permettent de comparer les techniques de débitage mises en œuvre dans les séries archéologiques ; techniques qui tendent à se modifier au fil du temps, constituant de la sorte de bons repères chronologiques et culturels.

Orbitoides tissoti © P. Chalard DRAC Occitanie.

Quelle évolution ?
La lithothèque et les référentiels expérimentaux sont des outils en constante évolution voués à s’enrichir en même temps que le renouvellement des connaissances des matières siliceuses et la caractérisation des techniques et méthodes en général. De ce point de vue, l’insertion de Traces dans un GDR (Groupement de recherche, validé et financé par le CNRS) intéressant le développement et l’harmonisation des lithothèques sur l’ensemble du territoire national constitue un élément essentiel de notre dynamique à venir, et ce, d’autant plus que ce consortium, dont les travaux débuteront début 2019, est coordonné par un membre de Traces (C. Léandri). Par ailleurs, ces espaces et leurs équipements, pensés d’abord pour faciliter les travaux de recherche des différents membres de Traces (doctorants compris) comme des nombreux étudiants (ceux du Master ASE2P en particulier, qui se forment à la recherche par la recherche) que nous y accueillons, ont aussi naturellement vocation à s’ouvrir sur l’extérieur : de nombreux collègues — chercheurs, post-doctorants ou doctorants — venus d’autres laboratoires, y compris étrangers (Espagne et Italie, notamment), y ont déjà été accueillis et cette tendance ne pourra que s’amplifier, pour au moins deux raisons : les recherches en Préhistoire sont de plus en plus collaboratives et l’excellence des équipements et des infrastructures dont nous disposons, comme celle des chercheurs intervenant dans le champ des productions lithiques et de leur analyse, nous positionnent désormais comme des partenaires incontournables.

Partenariats et contacts :

UMR 5199 PACEA, UMR 7041 ArScAn, University of Tubingen, Institute for Prehistory and Early History and Medieval Archaeology, Faculdade de Letras da Universidade de Lisboa, UNIARQ, Musée d’Archéologie National (MAN), Musée National de Préhistoire (MNP), Musée d’Histoire Naturelle, Genève (MHN), SRA Grande Aquitaine, Occitanie, PACA, Rhône-Alpes-Auvergne, INRAP, Toulouse Métropole, sociétés privées d’archéologie préventive (Paléotime, Archeodunum, Acter, Eveha), Cité de la Préhistoire, Orgnac l’Aven, Centre de Préhistoire du Pech Merle, Cabrerets, Laténium, Neuchâtel.

Salle F204, espace dédié aux analyses des séries lithiques.

Publications en lien avec le plateau : (extrait, période 2016-2018)
*ANDERSON L., LEJAY M., BRUGAL J.-PH., COSTAMAGNO S., HECKEL C., ARAUJO M., MÉNARD M., PRADEAU J.-V., SALOMON H., SELLAMI F., BARSHAY-SZMIDT C., MENSAN, R., BON, F. (2018) – Insights into Aurignacian daily life and camp organization: the open-air site of Régismont-le-Haut. Quaternary International
*ANDERSON, L. (sous presse). Knowledge and know-how in Early Aurignacian lithic assemblages : the example of La Tuto de Camalhot (Ariège, France) / Connaissances et savoir-faire dans les industries lithiques de l’Aurignacien ancien : le cas de La Tuto de Camalhot (Ariège, France), in L. Klaric (dir.), The Prehistoric Apprentice. Investigating apprenticeship, know-how and expertise in prehistoric technologies / L’Apprenti préhistorique. Appréhender l’apprentissage, les savoir-faire et expertise à travers les productions techniques des sociétés préhistoriques, Brno, Academy of Sciences of the Czech Republic, Institute of Archaeology at Brno (The Dolní Věstonice Studies, vol. 22).
*CONSTANS G. (2017) – Chert Acquisition through Final Upper Palaeolithic and Mesolithic: A Territory Contraction in Southwestern France?, in T. Pereira, X. Terradas, N. Bicho, The Exploitation of Raw Materials in Prehistory. Sourcing, Processing and Distribution, Cambridge Scholars Publishing, p. 336-353.
*DUCASSE S., RENARD C., PETILLON J.-M., COSTAMAGNO S., PETILLON J.-M., FOUCHER P., SAN JUAN-FOUCHER C., CAUX S., 2017, Les Pyrénées au cours du Dernier Maximum Glaciaire : un no man’s land badegoulien ? Nouvelles données sur l’occupation du piémont pyrénéen à partir du réexamen des industries solutréennes de l’abri des Harpons (Lespugue, Haute-Garonne), Bulletin de la société préhistorique française, 114, 2, p.257-294.
*LEA V. (2018) – Inertie et changements de l’industrie lithique taillée du Néolithique moyen I et du Chasséen. In, F. Convertini, et C. Georjon, Le Champ du Poste (Carcassonne, Aude) : Une succession d’occupations du début du Néolithique moyen à l’âge du Bronze ancien, Toulouse, Archive d’Ecologie Préhistorique, ISBN 978−2−35842−022−8, p. 207-222.

À gauche : reconstitution d’activités de taille autour d’une structure de combustion sur le campement aurignacien de Régismont-le-Haut (Hérault). Un nucléus à lamelles produit, dans un premier stade de vie, des armatures pour des outils de chasse composites. Il est ensuite transformé en pièce esquillée et utilisé très vraisemblablement dans la fracturation des os (@L. Anderson). À droite : pointe à base concave solutréenne du gisement des Harpons, Haute-Garonne (@ S. Ducasse).


Programmes nationaux et internationaux :
Toutes les études lithiques issues des opérations de terrain du laboratoire font appel à ces ressources.
* Programme de Recherche IDEX MeNeMOIA : Du Mésolithique au Néolithique ancien en Méditerranée occidentale : l’impact africain (Perrin coord.)
* GDR ChasséoLab (Léa coord.)
* Projet Hubert Curien, Maïmonide : Exploring Hominin Behavioral Patterns Through Time and Space: A Morpho-Techno-Functional Analysis of 3d Digital Models of Stone Handaxes (Deschamps et Goren-Inbar coord.)
* PCR SaM : Du Solutréen au Magdalénien : changements dans l’organisation socio-économique des groupes humains entre 24 000 et 19 000 cal. BP (Ducasse et Renard coord.)

* GDR Silex, Réseau national des lithothèques (Bressy-Léandri coord.)