Accompagner le partage d’un projet agricole « alternatif », la place de l’enseignement agricole au Pays Basque

Alors que le modèle dominant d’agriculture industrielle n’a pas permis de remédier efficacement à l’insécurité alimentaire mondiale (FAO, 2022) et a fortement contribué à la dégradation des écosystèmes (Duojiao et al., 2022), une transition agroécologique pourrait permettre de relever des défis tels que le changement climatique, la perte de biodiversité et l’épuisement des ressources naturelles depuis. Pourtant, les systèmes de formation agricole ne sont pas nécessairement alignés et les stagiaires doivent chercher des alternatives (Benet Rivière J, 2024).

La formation professionnelle française BPREA (Brevet Professionnel Responsable d’Entreprise Agricole) est la formation phare du ministère français de l’agriculture pour les néo-ruraux souhaitant s’installer en agriculture.  L’installation en agriculture est un processus similaire à l’insertion professionnelle. Il part d’un point de départ – conventionnellement après l’obtention d’un diplôme – jusqu’à un point d’arrivée – lorsque l’individu se considère subjectivement comme stable dans son activité professionnelle (Vincent, 1997).
L’intégration des principes agroécologiques dans les projets de systèmes agricoles est souvent perçue comme une alternative au démarrage de l’exploitation. Elle cherche à promouvoir des pratiques agricoles durables, respectueuses de l’environnement et socialement responsables, tout en répondant aux besoins économiques (Altieri et Anderson, 1986). Ce processus se heurte à plusieurs obstacles : 1/ l’intégration des agriculteurs dans le tissu professionnel et social et 2/ l’accès à la terre et aux autres ressources (im-)matérielles.

Dans ce contexte, nous nous demandons dans quelle mesure l’environnement d’apprentissage (centres de formation, services de conseil, groupes de pairs) soutient la création d’exploitations agricoles alternatives au Pays Basque ? L’objectif est de mieux comprendre l’impact de l’environnement d’apprentissage, compris comme un ensemble imbriqué, sur la viabilité des projets d’exploitations agricoles alternatives. Nos hypothèses sont qu’ils contribuent à la viabilité des projets agricoles 1/ en facilitant l’accès à des ressources complémentaires telles que la terre et 2/ en favorisant l’intégration des nouveaux entrants dans le tissu professionnel et social.
Une approche qualitative basée sur des entretiens semi-structurés a été conçue. 12 agriculteurs récemment installés (8 hommes, 4 femmes) diplômés du CFPPA d’Ostabat ont été interrogés. La diversité des profils (famille non agricole, reconversions professionnelles) offre un spectre de situations et d’expériences qui permet de saisir l’étendue des motivations, des perceptions et des défis.

Les premiers résultats montrent que le BPREA fournit une base solide de compétences techniques et entrepreneuriales, mais manque de pertinence sur les questions agro-écologiques. Bien que l’efficacité des organisations apprenantes varie considérablement en fonction des situations individuelles, ces organisations restent essentielles car outre l’aspect construction de compétences, elles génèrent des réseaux d’entraide et de sociabilité après la formation. La synergie entre la formation et le soutien est cruciale pour la réussite des projets agricoles. Toutefois, malgré l’éco-système constitué par les organisations d’accompagnement, l’accès au foncier et l’intégration culturelle au travers de la pratique de la langue basque restent de véritables défis.