(Dé)politisation des violences faites aux femmes : étude comparative de la stratégie définitionnelle portée par le collectif féministe #NousToutes

Cette communication se propose d’aborder les enjeux de la désignation dans les formes d’engagement collectif et les conflictualités qui en découlent. Au travers de l’étude de cas du collectif féministe #NousToutes, nous nous proposons d’interroger les champs lexicaux adoptés par ce dernier en fonction du dispositif info-communicationnel numérique investi. Il s’agira d’appréhender la catégorisation privilégiée pour nommer les violences sur leur site internet contre celle effective sur leurs réseaux sociaux numériques (RSN). En partant de l’utilisation du terme « violences sexistes et sexuelles » (VSS), associé à une formule (Krieg-Planque, 2009), nous nous proposons de la confronter à l’usage plus récent du terme « violences de genre » par ce collectif sur leurs RSN. Ce changement de paradigme interroge sur les tensions discursives et la construction de sens dès lors que les choix langagiers diffèrent d’une arène (Fraser, 2005) à une autre. Ces tensions discursives témoignent de différences perçues entre les sphères publiques et politiques, et celles militantes auxquelles une certaine forme d’acculturation aux discours militants est supposée. Ce constat conduit à étudier la charge politique et/ou militante adossée à la nomination des termes, tant dans leur construction que dans leur circulation, pour qualifier ces violences.

Plus généralement, en s’appuyant sur l’évolution du positionnement du collectif #NousToutes et les qualifications propres à un contexte d’énonciation spécifique, il s’agira d’appréhender l’émergence de nouvelles représentations des modèles d’action collective, ainsi que les enjeux socio-politiques induits des orientations sémantiques.