Partenariat inter-métiers au sein de deux projets de pratiques instrumentales collectives à visée sociale : comparaison des tensions,dilemmes et conflits repérés

La présentation portera sur les résultats de l’étude MusiPim (Musique et Partenariat Inter-Métiers) menée entre octobre 2023 et mars 2025 à partir de deux jeux de données collectées au sein de deux projets de pratiques instrumentales collectives à vocation sociale : Orchestre à l’école et au collège à Toulouse (2017-2021) et Démos (Dispositif d’Éducation Musicale et Orchestrale à vocation Sociale) à Clermont-Ferrand (2019-2021). Dans ces projets, des personnes de professions différentes (professeurs d’instrument, professeurs de l’Éducation nationale, travailleurs sociaux, etc.) sont amenées à collaborer. La recherche en sciences de l’éducation et de la formation et en psychologie du travail a mis en évidence que des asymétries sont inhérentes à la situation partenariale (Dhume 2010 ; Libois et Loser 2010 ; Thomazet et Mérini, 2014, 2018 ; Allenbach, 2021, 2022), voire à toute situation d’interaction (Falaix et Récopé, 2018). Ces asymétries peuvent par exemple être de statut, de diplômes, d’appartenances (communautés, institutions, missions), d’expertise (métiers) (Thomazet et Mérini, 2018, p. 29), cognitives (connaissances, compétences). Autrement dit, le travail collectif est traversé par une « tension vitale » (Clot et Faïta, 2000, p. 9) qui peut se décliner sous forme de tensions intra et interpersonnelles, de dilemmes (Mattei-Mieusset, Brau-Antony 2016) et de conflits. Thomazet et Mérini précisent : « La construction d’accords [nécessaires au travail partenarial] est traversée de conflits dont (…) certains sont révélés par la collaboration : conflit de codes, de langage et d’expertise, mais aussi conflits de réglementation (par exemple le secret professionnel) et d’autres générés par la collaboration » (2018, p. 25). Les sociologues Star et Griesemer (1989) ont d’ailleurs montré que le consensus n’est pas nécessaire à la coopération.

C’est à partir de ces constats que s’est construit le projet MusiPim, autour des données issues des deux cas d’étude sus-mentionnés. Une nouvelle enquête a été menée à Toulouse en 2024, en complément des données initiales afin d’engager une comparaison entre ces deux projets en termes de partenariat dans l’espace inter-métier (Thomazet et Mérini, 2014 ; Allenbach, 2021). L’enquête se fonde sur le discours des professionnels à propos de deux moments typiques de collaboration :

Lors de l’enseignement musical :
Les asymétries, tensions, conflits et dilemmes ont fait l’objet d’un repérage systématique au sein des verbatims de ce nouveau corpus et des anciens grâce aux méthodes de l’analyse des contenus (Bardin, 2013). Les résultats de l’enquête toulousaine (à ce stade non-disponibles) seront comparés avec ceux de Démos à Clermont-Ferrand déjà disponibles (Roubertie Soliman, Rix-Lièvre et Wierre-Gore, 2021).

Lors de l’organisation du travail :

Focalisation sur les missions et les objectifs (prescrits vs. vécus), et sur la répartition des tâches – et conception du travail en équipe.