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Vers un modèle social « suffisamment bon ! »

septembre 10 | 13h30 14h30

Les sociétés démocratiques, conscientes de leur fragilité constitutive, celle de s’adosser à un pouvoir conçu comme un lieu vide (Claude Lefort), et des contradictions internes qui les traversent (égalité politique formelle versus inégalités socio-économiques réelles, d’une part, souveraineté politique versus égoïsme social des citoyens, d’autre part), ont constamment cherché à produire de la stabilité politique et sociale en solidifiant l’architecture de leur armature dogmatique (Pierre Legendre). Que ce soit sous la forme solidariste, dans une logique sociale-démocrate, ou sous la forme responsabiliste, dans une logique sociale-libérale, elles se sont toujours travaillées en tentant de donner réponse à trois défis internes qui les traversaient :

  • intégrer les individus
  • cimenter la cohésion sociale
  • définir les inégalités socialement acceptables.

Mais, à la fin de la deuxième décennie et au début de la troisième du 21e siècle, les sociétés contemporaines ont été confrontées à un quatrième défi inattendu : la conjuration de la menace de dangers provenant de facteurs exogènes et insaisissables comme le réchauffement climatique, les crises pandémiques et la possibilité d’un nouveau conflit militaire à l’échelle mondiale. Avec l’advenue de ces inimaginables des démocraties contemporaines, les citoyen-ne-s ont redécouvert la peur et l’inconnu dans leurs projections de vie, le manque et les privations dans leur quotidien, la fin de l’utopie d’une vie à l’abri des dangers majeurs. Cette entrée dans un monde d’incertitudes, tant par l’existence de menaces externes objectives que par la montée d’inquiétudes sécuritaires de différents ordres, a soumis les démocraties à l’obligation de devoir renouveler leur armature dogmatique

Cette communication se propose d’éclairer les contours du nouveau modèle social qui se dessine sous nos yeux, un modèle de nature hybride qui se donne à voir comme un modèle libéral-autoritaire de rassurement en même temps que d’autonomisation, jouant un rôle d’amortisseur de crise. Il se présente à la fois comme dur et mou, dirigiste et libéral, autoritaire et soucieux, considérant ses membres comme des êtres inquiets, des producteurs fragiles et des citoyens doutant de la fiabilité démocratique.

Université Toulouse – Jean Jaurès, Maison de la recherche, E412