Appel à contribution – Des pleureuses au « deuils planétaires »

Formes, pratiques et expériences des deuils collectifs à travers les âges

Jeudi 09 décembre 2010  |  Tours (37 000)

Ce colloque se propose d’étudier sur le temps long (des pleureuses antiques aux formes les plus contemporaines des « deuils planétaires ») et dans un espace géographique résolument ouvert sur les mondes extra-européens et non-occidentaux, les divers aspects des deuils collectifs : formes et manifestations, modalités, participants, comportements des foules en deuil, notamment en milieux urbains, leur prise en charge, leur gestion, etc. Cette rencontre est organisée par l’EA 4247 de l’Université de Tours, CeRMHAVA, Equipe « Villes, sociétés, cultures », axe « Les phénomènes collectifs dans les villes ». Si l’approche initiale est résolument historienne, la rencontre est bien évidemment aussi ouvertes aux autres disciplines des sciences sociales.
La fin du XXe siècle semble avoir inventé le phénomène du « deuil planétaire » : les morts de JFK (1963), du général de Gaulle (1970), d’Elvis Presley (1977), de la princesse Diana (1997) ou de Michael Jackson (2009) eurent un retentissement mondial et générèrent des manifestations de deuil aussi de la part des institutions officielles que des « anonymes ». A y regarder de plus près, pourtant, le phénomène n’est peut-être pas si nouveau : ne peut-on en voir la première expression dans les manifestations d’affliction qui accompagnèrent la disparition de la reine Victoria, en 1901, dans tout l’Empire britannique bien sûr, mais également au-delà (tels les drapeaux mis en berne à New York) ?

Le deuil « planétaire » n’est qu’un des aspects des deuils « collectif », favorisé notamment par les innovations technologiques qui, du télégraphe à l’Internet, ont contracté l’espace-temps. Le deuil collectif (et, plus généralement, le deuil), demeure un objet qui attend son histoire, en France du moins, où même les travaux d’historiens sur la mort commencent à dater d’une trentaine d’année. Très récemment, l’historiographie des War Studies a porté beaucoup d’attention aux deuils liés aux hécatombes de masse des deux guerres mondiales, dans une perspective combinant l’histoire et la mémoire, voire la patrimonalisation de la mémoire. Dans une longue chronologie, si l’étude de la mort a été particulièrement menée par les médiévistes, la question du deuil n’a pas bénéficié du même engouement. L’institution du jour des morts par l’abbé de Cluny, le développement de la pratique des rouleaux des morts dans les communautés abbatiales, les cortèges de pleurants sur les tombeaux princiers donnent des clés de lecture d’une gestion collective de la mort. Mais bien des pratiques, notamment laïques, sont moins clairement établies, à charge pour nous d’en définir l’existence, la chronologie, les composantes, en confrontant sources textuelles, iconographiques et archéologiques.

Ce colloque procède d’une vaste ouverture chronologique, mais veut également couvrir une aire géographique large, les pratiques extra-européennes ayant toute leur place ; de nombreux rituels, comme le retournement des morts à Madagascar, sont autant de témoins à analyser. Historiens, historiens d’arts, historiens des religions, sociologues, spécialistes des media, sont invités à confronter leur point de vue. Au nombre des axes privilégiés – mais la liste n’est pas limitative – figurent les modalités du deuil collectif, les participants, leur degré d’implication, les comportements des foules en deuil, notamment en milieux urbains, leur prise en charge, leur gestion.

Les propositions de communication (300 mots + CV), pour une communication orale de 20 minutes, sont à adresser par mail à Christine Bousquet (christine.bousquet@univ-tours.fr) et Philippe Chassaigne (philippe.chassaigne@univ-tours.fr), pour le 1er septembre 2010 au plus tard. Les communicants retenus prennent en charge transport et hébergement. Les droits d’inscription (100 euros, taux préférentiels sur demande pour doctorants et post-docs) couvrent tous les repas et un volume des pré-Actes. Une publication papier sera ensuite assurée.

Contact

  • Camille Prieux
    courriel : cermahva (at) univ-tours [point] fr

    Université de Tours,
    EA 4247 CeRMAHVA
    Bureau 316
    3 rue des Tanneurs
    37 000 Tours

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