Parutions

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Parution – The Art of Medicine : Over 2,000 Years of Images and Imagination

 

Julie Anderson, Emma Shackleton et Emm Barnes, The Art of Medicine : Over 2,000 Years of Images and Imagination, The University of Chicago Press, 2012.

 

Since ancient times people have depended on medical practitioners to enhance life, to treat illness and injuries, and to help reduce pain and suffering. The scientifically based discipline that we know today stands beside diverse traditions, belief systems, and bodies of medical knowledge that have evolved in fascinating ways across cultures and continents. Throughout this history, successive generations have created artistic representations of these varied aspects of medicine, illustrating instruction manuals, documenting treatments, and creating works of art that enable individuals to express their feelings and ideas about medicine, health, and illness. From ancient wall paintings and tomb carvings to sculpture, installations, and digitally created artworks, the results are extraordinary and pay tribute to how medicine has affected our lives and the lives of our ancestors.

Drawing on the remarkable holdings of the Wellcome Collection in London , The Art of Medicine offers a unique gallery of rarely seen paintings, artifacts, drawings, prints, and extracts from manuscripts and manuals to provide a fascinating visual insight into our knowledge of the human body and mind, and how both have been treated with medicine. Julie Anderson, Emm Barnes, and Emma Shackleton take readers on a fascinating visual journey through the history of medical practice, exploring contemporary biomedical images, popular art, and caricature alongside venerable Chinese scrolls, prehistoric Mesoamerican drawings, paintings of the European Renaissance, medieval Persian manuscripts, and more. The result is a rare and remarkable visual account of what it was and is to be human in sickness and health.

Julie Anderson and Emm Barnes are science outreach officers with Royal Holloway, University of London. Emma Shackleton is an editor and writer specializing in the visual arts who has worked with the National Gallery and the National Portrait Gallery in London .

 

 

 

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Parution – Dementia

Dementia, janvier 2012, vol. 11, n°1

Verbal fluency in Alzheimer’s disease and Aphasia

E.M. Arroyo-Anlló, M. Lorber, F. Rigaleau, and R. Gil

Self and next of kin’s assessment of personality and sense of coherence in elderly people: Implications for dementia care
Göran Holst, Mikael Rennemark, and Ingalill R. Hallberg

The staff’s view on dementia and the care in three cultures: A qualitative study in France, Portugal and Sweden
Ulla Melin Emilsson

Design and dementia: A case of garments designed to prevent undressing
Sonja Iltanen-Tähkävuori, Minttu Wikberg, and Päivi Topo

Stand up for dementia: Performance, improvisation and stand up comedy as therapy for people with dementia; a qualitative study
John Stevens

The lived experience of spirituality and dementia in older people living with mild to moderate dementia
Padmaprabha Dalby, David J. Sperlinger, and Stephen Boddington

A Bio-Psycho-Social model enhances young adults’ understanding of and beliefs about people with Alzheimer’s disease: A case study
Steven R. Sabat

Coping with caring: Profiles of caregiving by informal carers living with a loved one who has dementia
Henk Kraijo, Werner Brouwer, Rob de Leeuw, Guus Schrijvers, and Job van Exel

 

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Parution – The journal of medicine and philosophy

 

The journal of medicine and philosophy, vol 36, n°6, décembre 2011.

Defining and providing a decent minimum of health care

 

Rights and Basic Health Care – D. Robert MacDougall and Griffin Trotter

Foundation For A Natural Right To Health Care – Jason T. Eberl, Eleanor D. Kinney, and Matthew J. Williams

The Medical Minimum: Zero – Jan Narveson

Why Treat Noncompliant Patients? Beyond the Decent Minimum Account – Nir Eyal

Just Caring: Defining a Basic Benefit Package – Leonard M. Fleck

How ‘Decent’ Is a Decent Minimum of Health Care? – Ruud Ter Meulen

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Parution – L’émergence de la médecine scientifique


Anne Fagot-Largeault (dir.), Jean-Claude K. Dupont et Vincent Guillin (coord.), L’émergence de la médecine scientifique, Editions matériologiques, 2011.

Conçu dans une perspective historique longue, le développement de la médecine semble marqué par la coexistence en son sein d’une urgence à laquelle il faut répondre et d’un manque auquel il faut remédier. Cette urgence, c’est celle du soin à prodiguer à celui qui souffre, ici et maintenant, pour que justement cette souffrance cesse. Ce manque, c’est celui d’une connaissance objective qui permettrait de comprendre les mécanismes des maladies afin d’y mettre un terme, de soigner les souffrances qu’elles occasionnent en connaissance de cause. Or, c’est bien la reconnaissance conjointe de cette urgence et de ce manque qui peuvent expliquer pourquoi les espoirs, tantôt mesurés, tantôt immenses, mis en la médecine ont si souvent été déçus : si « le salut du malade passe par la science » (per scientiam ad salutem ægroti) et que la science fait défaut, quel salut pour le malade ? D’où l’injonction faite à l’art médical, tout au long de son histoire, de se fonder sur une connaissance du normal et du pathologique ou, encore plus radicalement, celle faite à la médecine de devenir scientifique. Ainsi seulement, pensait-on et pense-t-on encore aujourd’hui, pourrait-on garantir avec certitude tout à la fois l’exactitude du diagnostic, la fiabilité du pronostic et l’efficacité de la thérapeutique, idéal méthodologique admirablement capturé par une maxime positiviste fameuse : « science d’où prévoyance, prévoyance d’où action ». C’est l’écart entre cet idéal – ou ce rêve – méthodologique et le développement historique effectif de la médecine que les articles réunis dans ce volume contribuent à éclairer.

Anne Fagot-Largeault / Introduction

Ulrich Trölher / Surmonter l’ignorance thérapeutique : Un voyage à travers trois siècles

Hee-Jin Han / Pierre-Jean-Georges Cabanis et l’exigence de l’empirisme en médecine

Alfredo Morabia / La convergence historique de l’épidémiologie et de la médecine clinique, de Pierre Louis à l’AMBRE

Iain Chalmers, Larry V. Hedges & Harris Cooper / Une brève histoire des synthèses de la recherche

Alain Leplège / Mathématisation de l’incertitude en médecine. Aspects épistémologiques et méta-éthique

Jeanne Daly / Chercheurs d’or : médecine « evidence based » et science de la clinique

Jean-Paul Amann / La philosophie de l’essai clinique selon Austin Bradford Hill

Zbigniew Szawarski / Le concept de placebo

Claude Debru / La classification des leucémies lymphoïdes chroniques : évolution et problèmes d’une approche scientifique

Élodie Giroux / Les modèles de risque en médecine : quelles conséquences pour la définition des normes et pour le jugement clinique ? Exemple du calcul du risque cardiovasculaire

Pierre Corvol / La génétique de l’hypertension artérielle et ses limites

Olivier Steichen / La médecin factuelle et les rapports de cas

Christian Brun-Buisson / Playdoyer pou l’EBM. Ou comment nier les évidences

 

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Parution – Prescrire, proscrire. Enjeux non médicaux dans le champ de la santé

 

Cédrick Le Bodic et Anne-Chantal Hardy (dir.), Prescrire, proscrire. Enjeux non médicaux dans le champ de la santé, Presses Universitaires de Rennes, 2011.

Sur quels critères distinguer la composante non médicale d’un acte posé par un professionnel de santé ? Énoncées sous la forme d’un interdit ou d’un ordre, les pratiques témoignent de frontières mouvantes et irréductibles ni à la science ni même à la raison. Les contributions de cet ouvrage se réfèrent systématiquement à des pratiques concrètes, mais les auteurs se saisissent différemment de la dissociation entre médical et non médical. Ces enjeux sont ici repérés dans des champs aussi divers que ceux de la procréation, de la sexualité ou des conduites alimentaires, du point de vue des soignants comme de celui des patients.

Qu’est-ce que « médical » veut dire ?
  • Faire vivre ? La médecine prise « à rebours » dans le champ de la procréation
  • Interdire ? Quand la médecine fait de la morale

Prescrire, proscrire : la médecine passe à l’acte

  • Prescrire un médicament, proscrire la maladie
  • Proscrire le corps souffrant, prescrire un soin

 

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Parution – Anthropologie et santé

 

Anthropologie et santé, n°3, 2011.

Médecines, mobilités et globalisation

Numéro coordonné par StéphanieMulot, Sandrine Musso et JulietteSakoyan

Ce numéro 3 de la revue Anthropologie & Santé propose un dossier thématique consacré à la circulation et aux ajustements des médecines et systèmes thérapeutiques dans le contexte de la globalisation. Introduit par une mise en perspective du développement actuel des recherches en sciences sociales articulant santé, globalisation et mobilités, il analyse, à partir de quatre textes et quatre terrains (Internet, le Brésil, l’Inde, et le Sénégal), la façon dont la globalisation modifie les médecines, les cadres et pratiques de soins. Il propose aussi de considérer la circulation des médecines comme une perspective sur la globalisation. Il est ainsi le premier de deux numéros consacrés à cette thématique. Le second abordera les rapports entre globalisation et santé, en analysant cette fois-ci les circulations des acteurs (patients et professionnels) et leurs effets sur les pratiques de care et de santé. En clôture de ce numéro 3 et hors dossier, un article collectif analyse les perceptions québécoises du risque, dans le contexte de globalisation d’une épidémie [celle du A(H5N1)] et des normes de prévention.

 

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Parution – Social history of medicine

 

Social history of medicine, vol. 24, issue 3, december 2011


    • Angela Montford

    ‘Brothers who have Studied Medicine’: Dominican Friars in Thirteenth-Century Paris


    • Celeste Chamberland

    Partners and Practitioners: Women and the Management of Surgical Households in London, 1570–1640


    • Jane Stevens Crawshaw

    The Beasts of Burial: Pizzigamorti and Public Health for the Plague in Early Modern Venice


    • Barry Kennerk

    In Danger and Distress: Presentation of Gunshot Cases to Dublin Hospitals during the Height of Fenianism, 1866–1871


    • Claire Brock

    Surgical Controversy at the New Hospital for Women, 1872–1892


    • Katherine Foxhall

    Fever, Immigration and Quarantine in New South Wales, 1837–1840


    • Bernard Harris,
    • Martin Gorsky,
    • Aravinda Guntupalli,
    • and Andrew Hinde

    Ageing, Sickness and Health in England and Wales during the Mortality Transition


    • Suzannah Biernoff

    The Rhetoric of Disfigurement in First World War Britain


    • Stephen Snelders and
    • Toine Pieters

    Speed in the Third Reich: Metamphetamine (Pervitin) Use and a Drug History From Below


    • Leela Sami

    Starvation, Disease and Death: Explaining Famine Mortality in Madras 1876–1878


    • Projit Mukharji

    Lokman, Chholeman and Manik Pir: Multiple Frames of Institutionalising Islamic Medicine in Modern Bengal

    • Steve Sturdy

    Looking for Trouble: Medical Science and Clinical Practice in the Historiography of Modern Medicine


    • Morten Hammerborg

    The Laboratory and the Clinic Revisited: The Introduction of Laboratory Medicine into the Bergen General Hospital, Norway


    • Rosemary Wall

    Using Bacteriology in Elite Hospital Practice: London and Cambridge, 1880–1920


    • Mirjam Stuij

    Explaining Trends in Body Weight: Offer’s Rational and Myopic Choice vs Elias’ Theory of Civilizing Processes


    • Andrea Tanner

    The Voluntary Hospitals Database


    • Richard A. McKay

    Jennifer Brier, Infectious Ideas: U.S. Political Responses to the AIDS Crisis


    • Martin Gorsky

    David Serlin (ed.), Imagining Illness: Public Health and Visual Culture


    • Virginia Berridge

    David J. Hunter, Linda Marks and Katherine E. Smith, The Public Health System in England


    • Liping Bu

    Angela Ki Che Leung and Charlotte Furth (eds), Health and Hygiene in Chinese East Asia


    • Vanessa Heggie

    Ina Zweiniger-Bargielowska, Managing the Body: Beauty, Health and Fitness in Britain, 1880–1939


    • Laurie Jacklin

    Steven Palmer, Launching Global Health: The Caribbean Odyssey of the Rockefeller Foundation


    • Antje Kampf

    Susanne Hoffmann, Gesunder Alltag im 20. Jahrhundert? Geschlechterspezifische Diskurse und gesundheitsrelevante Verhaltensstile im deutschsprachigen Ländern

 

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Parution – L’hôpital en réanimation: le sacrifice organisé d’un service public emblématique

 

Bertrand Mas, Frédéric Pierru, Nicole Smolski, Richard Torrielli (dir.), L’hôpital en réanimation: le sacrifice organisé d’un service public emblématique, Paris, Editions du Croquant (Savoir/Agir), 2011.

Un livre sur les transformations actuelles du monde hospitalier, et plus largement sur celles des services publics et de l’Etat.

Introduction: Des praticiens et des chercheurs croisent leurs diagnostics et leurs pronostics

Il est des rencontres qui font un livre et fondent une ambition. À l’occasion du séminaire de réflexion organisé par le Syndicat national des praticiens hospitaliers anesthésistes réanimateurs élargi (SNPHAR-E), médecins hospitaliers, professionnels de terrain, économistes, sociologues, philosophes, ont cherché à décoder les raisons du malaise profond qui affecte aujourd’hui l’hôpital public. Nous avons décidé de livrer ici les clés de ce décryptage.

Un constat s’impose. Lentement, progressivement, insidieusement, depuis plus de 30 ans, malgré les impasses et les effets pervers des réformes néo-libérales, les politiques publiques nationales et européennes ont créé les conditions de la privatisation et de la libéralisation de notre système de santé solidaire. Et le fait le plus frappant réside en ce que ces évolutions ont été conduites dans une opacité totale sans que jamais le débat démocratique ne puisse véritablement s’emparer de ce sujet crucial et offrir un choix clair aux citoyens.

Qui sait qu’il n’existe plus, juridiquement, d’hôpitaux publics en France puisque la catégorie d’« hôpital public » a été méthodiquement rayée de la législation à l’occasion de l’adoption de la loi portant réforme de l’hôpital, le 21 juillet 2009 ?

Qui sait que les décisions administratives au sein des hôpitaux sont désormais motivées par la rentabilité forcenée, la mise en concurrence acharnée et la conquête de parts de marché ? Les réunions hospitalières institutionnelles sont devenues de véritables réunions de directoire d’entreprises marchandes.

Qui sait qu’aujourd’hui les médecins hospitaliers, et demain les infirmières, peuvent être rémunérés à la performance selon des critères édictés par des agences paraétatiques ? Le médecin qui vous prend en charge ne vous soigne plus seulement en conscience. Il a aujourd’hui perdu une part de son autonomie, de son indépendance et de son libre arbitre. Sa pratique n’est plus uniquement fonction des données de la science ou de son expérience. Il est un médecin sous influence. Influence administrative car la verticalisation et la concentration des pouvoirs aux mains d’exécutifs non élus (chefs d’établissement, directeurs généraux des ARS) atteignent aujourd’hui un paroxysme. Influence économique car tout le champ de la médecine semble devoir se réduire en une somme d’actes techniques juxtaposés auxquels correspondent des tarifs précis, ajustables à tout moment. Des agences conseillent ou promeuvent tel ou tel mode de prise en charge. Et de votre compliance, voire de votre soumission dépendront la pérennité de votre emploi de médecin hospitalier, devenu précaire, et le montant de votre rémunération, devenue variable. Influence juridique, enfin, car la recherche de la guérison sans incident, sans accident et sans séquelle s’est introduite dans la relation médecin-malade et tend à faire disparaître le « colloque singulier » au bénéfice du contrat de résultat.

Beaucoup l’ignorent. Pourtant il s’agit de mesures souvent techniques qui, en s’empilant au fil du temps, finissent par opérer une véritable révolution à la fois conceptuelle et pratique. L’on pourrait même parler d’une contre-révolution tant, en réalité, l’objectif, d’ailleurs assumé par certains idéologues patronaux, est de sacrifier notre modèle de protection sociale, hérité du Conseil national de la Résistance.

Paradoxalement, ce sont des bouleversements que beaucoup de médecins ont validés, plus ou moins consciemment, oubliant parfois le sens profond de leur vocation à soigner. Sont-ils pour autant responsables de n’avoir su résister et de s’être ainsi compromis à accepter, la lassitude aidant, ce renoncement éthique et déontologique ; et pour certains, de se rendre même complices de cette nouvelle doctrine par l’acceptation du rôle de « manager » que veut leur conférer la nouvelle gouvernance de l’hôpital ? En réalité, une analyse attentive des réformes démontre que la conversion du monde médical aux valeurs mercantiles est le fruit d’une volonté délibérée et d’une impulsion programmatique d’une technocratie gestionnaire et des lobbies assurantiels et industriels : « On ne naît pas marchand, on le devient. » Ce furent des évolutions extrêmement progressives et souvent insidieuses, de sorte qu’elles furent difficiles à dénoncer pour un professionnel accaparé par son activité quotidienne auprès des malades. D’ailleurs, le médecin ainsi conquis à son insu n’était probablement pas intellectuellement équipé pour comprendre et faire barrage à cette offensive du marché et de l’État, lesquels avaient scellé de longue date un pacte inavoué consacrant la dissolution de l’hôpital public.

Ce déni de démocratie est la marque de fabrique des récentes réformes (financement des hôpitaux, Loi HPST) et il est aujourd’hui à l’origine d’une spirale de défiance qui abîme les relations entre les soignants, certains administratifs et les patients. Or, sans confiance il n’est point de médecine efficace et solidaire au service de tous. Le discours de « la » réforme – sous-entendue la seule possible et imaginable – résonne violemment et assourdit celles et ceux qui croient en la suprématie des valeurs républicaines de solidarité, d’égalité et de méritocratie. Nous sommes désormais toutes et tous déstabilisé-e-s par des injonctions contradictoires et paradoxales permanentes. Et nous finissons parfois même par douter du sens premier de nos engagements.

Les pages qui vont suivre tentent donc de décrypter les réformes néo-libérales en cours. Le réquisitoire est accablant. Le constat éclairant. L’hôpital et ses réformes apparaissent paradigmatiques de l’évolution en cours et à venir des services publics.

Néanmoins, nous voulons conforter notre analyse au-delà de la simple dénonciation stérile d’un complot. L’alliance singulière des hommes et des femmes que nous sommes porte également l’ambition de proposer une vision différente et un projet à contre-courant de la pensée dominante. Nous devons rétablir l’autonomie et la prééminence des professionnels et des intellectuels en lieu et place des « experts » ; ces idéologues d’un nouveau genre usurpent la légitimité scientifique pour servir des intérêts privés bien plus prosaïques. L’invocation de la « science », de la « fatalité des faits », l’exhibition de statistiques plus ou moins fallacieuses, l’appel au « bon sens gestionnaire » sont censés faire taire le débat démocratique. Nous refusons cet évidement de la délibération collective. Contre eux, nous proclamons que la santé n’est pas un bien de consommation. Contre eux, nous défendons une recherche médicale et une formation médicale continue indépendantes. Contre eux, nous affirmons que les valeurs professionnelles d’éthique et de déontologie sont porteuses d’avenir pour nos métiers, et sont au fondement de la relation de confiance qui nous lie aux patients. Contre eux, nous pensons qu’un travail d’équipe serein est davantage vecteur d’efficience que les coûteuses politiques de l’évaluation quantophrène et de l’enfermement dans des normes élaborées en dehors, sinon contre les professionnels.

Enfin, nous sommes mus par une conviction forte : il existe, plus que jamais, une place pour un hôpital public d’excellence dans notre société. Et cette place doit être non seulement défendue, mais aussi étendue. L’hôpital public, en tant qu’il est seul porteur, au sein d’une offre de soins en voie de privatisation accélérée (médecine libérale, cliniques, industrie pharmaceutique), de la logique et des valeurs de service public, doit investir de nouveaux champs d’activité, en particulier la médecine de proximité, qu’elle soit curative ou, surtout, préventive. C’est en réalité en faveur d’une nouvelle ambition pour l’hôpital public que nous plaidons : un hôpital réformé, instrument de lutte contre les déserts médicaux, s’appuyant sur de nouveaux modes de gouvernance locale et régionale, ouvert sur son environnement, modèle de démocratie sanitaire et consacrant la fin d’une certaine médecine basée sur un mandarinat féodal. Il nous appartient de prendre en main nos destins et de tourner le dos aux résignations. Les défis sont nombreux. Certes. Mais, pour qui a le sens de l’Histoire et l’ambition du progrès, il est aujourd’hui deux enjeux majeurs à relever : réinventer l’hôpital public républicain et refonder les valeurs d’une médecine humaniste.

Il va de soi que si ce livre a été initié par des praticiens hospitaliers, issus d’une spécialité plutôt dominée dans le champ médical, il ne se veut absolument pas un plaidoyer pro domo des intérêts d’une profession médicale – au demeurant très éclatée tant dans ses conditions d’exercice, ses pratiques que dans ses revenus – que l’on considère souvent comme privilégiée et « intouchable 1 ». Les médecins ont l’habitude de travailler en équipe, avec les infirmières, les aides-soignantes, les assistantes sociales 2, etc. Les réformes mettent en cause non seulement l’hôpital public, institution républicaine où exercent tous les soignants, mais aussi les équipes elles-mêmes. À rebours donc de tout corporatisme, cet ouvrage vise, au contraire, à restituer et à expliquer, grâce à l’éclairage des sciences sociales, les plaintes ordinaires, formulées par toutes les catégories de soignants, face à un univers qui, sous l’effet des réformes, se bureaucratise, se déshumanise, génère toujours plus de démotivation et de résignation, de la souffrance au travail aussi, multiplie les conflits éthiques et de loyauté (« dois-je privilégier le bien du patient ou celui des finances de l’hôpital ? »).

Il est organisé en deux grandes parties. La première vise à restituer le contexte macro-économique et, surtout, macro- politique de la conformation toujours plus grande du monde hospitalier à la rationalité néo-libérale et aux préconisations du New Public Management. Elle démonte les engrenages idéologiques, budgétaires, instrumentaux de « La » réforme. La seconde partie s’efforce d’identifier les conséquences de cette grande transformation hospitalière sur les pratiques des soignants et, partant, sur la qualité des soins reçus (ou non) par les usagers de cette institution républicaine centrale. Ce faisant, cet ouvrage tente de tenir ensemble les dynamiques macrosociales et leurs manifestations les plus microsociologiques, les analyses de chercheurs en sciences sociales et en économie et les leçons qu’il est possible d’en tirer pour dessiner une réforme alternative de l’hôpital. Autrement dit, il se veut fidèle à l’ambition de la collection, savoir pour agir en faveur du progrès social.

 

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Parution – Correspondance d’Alfred Binet, vol. II

 

Alexandre Klein, Correspondance d’Alfred Binet, vol. II. L’émergence de la psychologie scientifique (1884-1911), Presses Universitaires de Nancy, 2011, 394 p.

 

Le psychologue Alfred Binet (1857-1911), célèbre inventeur de l’échelle métrique de l’intelligence, fut surtout un acteur central de l’émergence de la psychologie scientifique en France au croisement des XIXe et XXe siècles, notamment grâce à sa revue L’Année psychologique. Cent ans après son décès, il convenait de rendre hommage à son travail et à son œuvre, en dévoilant la face encore peu connue de ce personnage atypique.

L’ambition de Binet était avant tout d’offrir à la psychologie ses lettres de noblesses scientifiques. Ardent militant du recours à la méthode expérimentale et défenseur d’une science psychologique autonome de la philosophie comme de la médecine, il lutta toute sa vie pour atteindre son but. Afin de spécifier le travail psychologique, il dialogua avec de nombreux savants de divers horizons disciplinaires, inscrivant ainsi son œuvre au cœur d’un vaste réseau scientifique international.

Ce sont ces échanges que présente le second volume de la Correspondance d’Alfred Binet en mettant à jour plus de 180 lettres, majoritairement inédites, échangées entre le psychologue français et 48 correspondants de 9 pays. Tout en offrant un regard nouveau sur la vie et les recherches d’Alfred Binet, cette édition nous permet de comprendre à nouveau frais cette période charnière de l’histoire de la psychologie que fut l’émergence de la psychologie scientifique. Le lecteur se trouve ainsi plongé dans l’effervescence du monde scientifique et intellectuel de cette Belle époque tout en y croisant certains de ses plus grands personnages : William James, Jean-Martin Charcot, Edmond de Goncourt, Alexandre Dumas fils, Hippolyte Taine, Théodule Ribot, Henri Bergson, Edmond Goblot, Emile Borel, Gaston Paris, Paul Langevin, Louis Havet, François de Curel, Emil Kraepelin, Henri Piéron, Théodore Flournoy, Ferdinand Buisson, Edouard Claparède, Ovide Decroly, et bien d’autres.

 

Serge Nicolas — Préface
Alexandre Klein — Introduction

Correspondance d’Alfred Binet de 1884 à 1911

Jules Le Berquier— (1819-1886)
Hippolyte Taine — (1828-1893)
William James — (1842-1910)
Paul Carus — (1852-1919)
Jean-Martin Charcot — (1825-1893)
Edmond de Goncourt — (1822-1896)
Alexandre Dumas Fils — (1824-1895)
Jules Claretie — (1840-1913)
Henry Beaunis — (1830-1921)
Titu Maiorescu — (1840-1917)
Gaston Paris — (1839-1903)
Ferdinand Brunetière — (1849-1906)
Jonas Cohn — (1869-1947)
Jean Finot — (1858-1922)
Xavier Léon — (1868-1935)
François de Curel — (1854-1928)
Théodule Ribot — (1839-1916)
Edouard Claparède — (1873-1940)
Théodore Flournoy — (1854-1920)
Théodore Simon — (1873-1961)
Henri Piéron — (1881-1964)
Ovide Decroly — (1871-1932)
Paul Passy — (1859-1940)
Louis Havet — (1849-1925)
Fréderic Passy — (1822-1912)
Emile Levasseur — (1828-1911)
Auguste Longnon — (1844-1911)
Ferdinand Buisson — (1841-1932)
Charles-Victor Langlois — (1863-1929)
M. Adenis
Ferdinand Tönnies — (1855-1936)
Gabriel Tarde — (1843-1904)
Jules Crépieux-Jamin — (1859-1940)
Emile Faguet — (1847-1916)
Emile Borel (1871-1956)
André Antoine — (1858-1943)
Edward B. Titchener — (1867-1927)
Emil Kraepelin — (1856-1926)
Wilhelm Engelmann — (1843-1909)
Hermann Griesbach — (1854-1941)
Paul Langevin — (1872-1946)
Ernst Mach — (1838-1916)
Charles Augustus Strong — (1862-1940)
Edmond Goblot — (1858-1935)
Henri Bergson — (1859-1941)
Hendrik Zwaardemaker — (1857-1930)

Lettres à Jean Larguier des Bancels (1876-1861)

Modèle de lettre
Benjamin Bourdon — (1860-1943)

 

 

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Parution – History of psychiatry

 

History of psychiatry, décembre 2011, vol. 22, n°4

 

Alexandre Brierre de Boismont and the origins of the Spanish psychiatric profession
Enric J Novella and Rafael Huertas

The peculiarities of the Scots? Scottish influences on the development of English psychiatry, 1700–1980
Andrew Scull

Institutionalization of mentally-impaired children in Scotland, c.1855–1914
Iain Hutchison

Him Bid Sona Sel’: psychiatry in the Anglo-Saxon Leechbooks
Christopher Pell

Women and melancholy in nineteenth-century German psychiatry
Lisabeth Hock

The fight for ‘traumatic neurosis’, 1889–1916: Hermann Oppenheim and his opponents in Berlin
Bernd Holdorff and Dr Tom Dening

‘Psychogenic Psychoses’ by August Wimmer (1936): Part 2
Johan Schioldann

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