Littérature

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Appel à communications – Voyages de santé et voyages thérapeutiques chez les écrivains

Date limite : 1 mars 2012 

Colloque international (Université de Limoges, Equipe « Espaces humains et interactions culturelles » (EHIC EA 1087)

du mardi 16 au jeudi 18 octobre 2012

Nous avions, lors des premières journées d’étude organisées à Limoges, en 2010, réuni douze études – sous le titre Le corps et l’esprit en voyage[1], qui s’efforcent de faire le point sur la notion de voyage thérapeutique à travers les âges, soit du point de vue du thérapeute, soit du point de vue du patient, soit encore d’un point de vue extérieur : ami, accompagnateur, témoin. Ces voyages, parfois uniquement spirituels, furent étudiés en tant qu’apportant un bienfait au corps et à l’esprit, bienfait réel, bienfait imaginaire, bienfait supposé, bienfait refusé parfois par l’observateur satirique ou sceptique. De notre première série d’études, nous avons retenu plusieurs résultats : d’une part, la capacité des écrivains – mieux que quiconque sans doute – à décrire voire à prescrire des styles de vie, de séjour, de voyage dont ils sont parfois les inventeurs ; d’autre part le fait que, d’un point de vue littéraire, aucun des voyages présentés n’était sans retour ni sans bénéfice.

Nous aimerions donc approfondir ce terrain d’étude en concentrant notre attention sur lesproductions littéraires qui découlent de ce type d’observation lorsque l’écrivain – la plupart du temps voyageur, patient, curiste, ou simple témoin – puise non seulement un bienfait dans le remède qu’il expérimente, mais aussi une source d’inspiration, une créativité nouvelle dans le climat qui l’entoure, les rencontres, la sociabilité qu’il développe en chemin ou sur les lieux de la cure, enfin les « choses vues » qu’il engrange sous sa plume.

Quelle analyse fait-il du soin, quelles représentations du corps soigné élabore-t-il ?

Quel zèle apporte-t-il à ce soin, quelle attitude philosophique, scientifique développe-t-il, du scepticisme à l’empathie, de la satire à l’éloge, à l’égard de la médecine de son temps et des patients qui s’y soumettent ?

Quel profit esthétique tire-t-il d’un tel voyage : découvertes exotiques, séjour aux eaux, pratique des bains, contribution à l’essor du tourisme, rencontres décisives ? Les formes ou genres pratiqués se font-ils différents de ses choix habituels (notes, journal, mémoires, correspondance) ? Son écriture en est-elle ponctuellement, définitivement marquée ?

C’est ainsi que nous espérons poursuivre l’analyse de l’écriture du corps à travers les siècles, ainsi que celle de la mise en récit des soins qui lui sont apportés. Ce colloque veut contribuer à l’histoire de la représentation de la médecine et des soignants, comme à celle des lieux de soins. À ce titre, les témoignages antiques nous paraissent aussi précieux que les documents médiévaux ou renaissants. L’époque moderne a déjà largement contribué à proposer les souvenirs des écrivains dans ce domaine, mais les réexaminer doit servir à revivifier leurs significations, surtout à travers le renouveau de l’intérêt pour la médecine que traduisent l’époque des Lumières, le XIXesiècle hygiéniste et le XXe siècle qui s’est doté de nouvelles techniques et de nouveaux lieux. Nous attendons enfin la contribution d’observations à caractère directement sociologique, anthropologique, psychanalytique ou médical ou de toute discipline pertinente.

Les propositions de communications sont à adresser avant le 1er mars 2012 à

Christine de Buzon cdebuzon@orange.fr & Odile Richard-Pauchet opre.pauchet@wanadoo.fr

 

[1] Le corps et l’esprit en voyage, Le voyage thérapeutique, dir. Christine de Buzon et Odile Richard-Pauchet, Paris, Classiques Garnier, coll. « Rencontres », à paraître en 2012.

 

 

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Journée d’étude – Le corps humain et les cinq sens. Positions du débat dans l’Antiquité

 

Vendredi 21 octobre 2011  |  Pessac (33600)

Organisée par Géraldine Puccini-Delbey (Bordeaux 3, Équipe d’accueil n° 4198 CLARE-Cultures Littératures Arts Représentations Esthétiques), en collaboration avec Carlos Lévy (Paris-Sorbonne, Rome et ses renaissances) et Valéry Laurand (Bordeaux 3, Équipe d’accueil n° 4574 SPH-Sciences, Philosophie, Humanités), avec le soutien de l’Université de Bordeaux 3 et de l’Institut universitaire de France.

Poser la problématique du débat au sujet des cinq sens, c’est une façon particulière de traiter du débat au sujet de l’identité humaine.
Les représentations du corps humain sont mobiles et varient selon les métamorphoses mêmes des cultures et des arts. Le corps, c’est du particulier, qui résiste à toute généralisation. D’où l’importance de son étude dans la philosophie dès l’Antiquité et ses mises en scène dans la littérature et les arts.

Or, ces variations correspondent partiellement au débat que les philosophes platoniciens et néo-platoniciens, notamment Marsile Ficin dans son Commentaire du Banquet de Platon au
XVe siècle, ont institué entre les cinq sens, opposant deux sens supérieurs — la vue et l’ouïe — à trois sens inférieurs — le goût, l’odorat, le toucher. Par les deux premiers sens, le corps
humain tend vers le corps divin, par les trois derniers, vers le corps animal. Agents de l’âme, la vue et l’ouïe sont supérieures aux accidents du corps manifestés par les trois autres sens.
Deux journées d’études internationales mettront progressivement en place les termes du débat — philosophique, littéraire, esthétique. Un colloque international en octobre 2012, transdisciplinaire, permettra de croiser les regards sur cette problématique des cinq sens de l’Antiquité à nos jours et de réévaluer les termes du débat initial, voire de montrer les limites et les dépassements de ce débat qui prend racine chez les philosophes antiques.

La durée des communications est fixée à 25 minutes maximum, pour permettre les discussions.

Programme

9h : Ouverture par Patrick BAUDRY, Vice-Président du Conseil Scientifique.

  • 9h15 : Karine TORDO-ROMBAUT (Académie de Rouen), « Le corps philosophe : l’envers des calomnies duhumain, représentation, identité, ».
  • 9h45 : Charlotte MURGIER (Université Paris 12 Créteil Val de Marne), « Comment hiérarchiser les sens chez Aristote ? »

10h15 : pause

  • 10h30 : Jean-Louis LABARRIERE, (CNRS – Université Paris IV), « De la double ambiguïté du toucher et du goût chez Aristote ».
  • 11h : Valéry LAURAND (Université Bordeaux 3, IUF), « User des sens pour s’orienter dans la pensée et se perdre dans la transcendance chez Philon d’Alexandrie ».

Déjeuner sur place

  • 14h : John DUDLEY (Katholieke Universiteit Leuven), « L’être humain, les sens et l’âme chez Aristote ».
  • 14h30: Julie GIOVACCHINI (CNRS – UPR 76), « La perception érotique du corps dans l’esthétique épicurienne ».
  • 15h : Sabine LUCIANI (Université Stendhal – Grenoble 3), « Rôle et statut des sens dans l’anthropologie cicéronienne ».

15h30 : pause

  • 15h45 : François PROST (Université Paris-Sorbonne), « Les sens dans la première Tusculane de Cicéron ».
  • 16h15 : Laetitia MONTEILS-LAENG (Université de Strasbourg), « Le corps non-signifiant ? : le statut des “inclinations préliminaires” chez les Stoïciens ».

16h45 : Conclusions

Lieu
  • Pessac (33600) (10 esplanade des Antilles (Maison des Sciences de l’Homme d’Aquitaine, salle 2, Domaine universitaire))
Contact
  • Géraldine Puccini-Delbey
    courriel : Geraldine [point] Delbey (at) u-bordeaux3 [point] fr
  • Valéry Laurand
    courriel : Valery [point] Laurand (at) u-bordeaux3 [point] fr
  • Carlos Lévy
    courriel : carlos [point] levy (at) wanadoo [point] fr

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Parution – Lettre de l’Observatoire du sida et des sexualités

 

 

 

 

Lettre de l’Observatoire du sida et des sexualités – n° 7, octobre 2011

Accéder à la lettre

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Colloque international – Le traduzioni latine di Galeno dalle fonti alla ricezione

IV seminario internazionale sulla tradizione indiretta dei testi medici

Si svolgerà a Sirolo (Ancona), presso l’Hotel Monteconero, il 31 maggio-1 giugno 2012, organizzato dal gruppo di Ancona, di cui fanno parte Stefania Fortuna, Michaelangiola Marchiaro e Anna Maria Urso, all’interno del Prin 2008 I testi medici, tradizione e ecdotica, di cui è coordinatore Ivan Garofalo.

Per informazioni e adesioni rivolgersi a s. fortuna@univpm.it

Programma provvisorio

Stefania Fortuna e Michaelangiola Marchiaro: Il catalogo elettronico dei mss. e delle edizioni di Galeno latino: stato dell’arte e prospettive

Klaus Fischer: Galenica e pseudogalenica prima di Salerno

Romana Martorelli: La tradizione dell’Anatomia parva pseudo-galenica prima di Salerno e oltre

Nicoletta Palmieri: La traduzione tardoantica del De sectis e quella di Burgundio: un confronto

Danielle Jacquart: À propos des collections manuscrites du Galien latin à la fin du Moyen Âge: quelques observations

Véronique Boudon: Réflexions sur l’apport des traductions arabo-latines à l’édition du texte grec de Galien

Michael McVaugh: Aspects of Gerard of Cremona’s Translation Technique in Galen’s De inaequali intemperie

Ivan Garofalo: Le traduzioni arabo- latine Galeno in Razes e Maimonides

Paola Degni: Burgundio e i manoscritti di Ioannikios: la questione dei marginalia

Beate Gundert: The Graeco-Latin translation of Galen, De symptomatum differentiis: problems and possibilities

Anna Maria Urso: La traduzione di Burgundio del commento di Galeno agli Aforismi: questioni di vocabolario e di cronologia

Outi Merisalo: Dal Liber Spermatis alla Microtegni Galieni: genesi di un testo pseudogaleniano tra XII e il XIII s.

Vivian Nutton: Niccolo da Reggio: sources, methods and audience

Jacques Jouanna e Caroline Madgelaine: Le traduzioni latine dei lemmi del commento di Galeno al Prognostico

Christina Savino: La traduzione di Lorenzo Lorenzi del commento di Galeno ali Aforismi d’Ippocrate

Concetta Pennuto: Galeno latino e Vesalio: alcune questioni di anatomia

 

 

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Parution – Pensées du corps. La matérialité et l’organique vus par les sciences sociales

 

Mélina Balcazar Moreno et Sarah Anaïs Crevier Goulet (dir.), Pensées du corps. La matérialité et l’organique vus par les sciences sociales, Presses Sorbonne Nouvelle, 2011.

Ce début de XXIe siècle aura vu le corps s’imposer comme le « lieu commun » par excellence dans les médias mais aussi dans l’art, la littérature et les sciences humaines. Le pari de cet ouvrage est de s’en emparer en tant que carrefour disciplinaire, afin de dessiner une épistémologie du corps qui soit propre aux sciences humaines. Les différentes contributions abordent la question de la surexposition médiatique des corps en reparcourant quelques-uns des grands jalons théoriques qui, de la modernité au post-structuralisme, auront marqué les réflexions sur le corps. Sont ainsi examinés les effets de sa marchandisation ou des lois qui visent à le régir, mais aussi la question des modifications corporelles ou les problématiques du corps-machine, de l’anomal, du rapport du psychique au somatique, du matriciel. A la croisée de l’esthétique, des études littéraires, de la philosophie, des études culturelles, des études de genre et de la psychanalyse, cet ouvrage rassemble des textes qui s’ancrent dans des expériences singulières du corps et explorent en même temps la possibilité de métamorphose de celui-ci. Tout en allant au plus près de la fragilité et de la vulnérabilité du vivant, ce livre donne à voir et à penser l’infinie transformabilité de la matière qui est celle même du corps.

 

Melina BALCÁZAR MORENO et Sarah-Anaïs CREVIER GOULET — Avant-Propos

Préface
Mireille CALLE-GRUBER — Sur la pointe des pieds

Partie I
La pensée et l’organique

Sofiane LAGHOUATI L’expérience du corps anormal dans l’œuvre de Claude Ollier

Joana MASÓ — De l’écriture et du corps chez Jacques Derrida

Souad KHERBI — Saisir l’ombre du corps : sur les traces du motivum de la pensée de Pascal Quignard. L’exemple d’Apronenia Avitia

Partie II
Du corps réprimé au corps fétiche

Esther COHEN — Corps scindés. Saintes et sorcières dans l’impasse de l’histoire et ses discours

Daniela CARPISASSI — Les éclats de Sarah, Baubo et Méduse : figures du « corps féminin » riant

Isis ORTIZ REYES — Face à la métaphore : Hannah Wilke

Chantal ZABUS — Chaises musicales entre l’Occident et le « non-Occident » : sexualité, modification corporelle et corporéité transnationale

Partie III
Une autre cartographie des organes

Anne BOURSE — Le corps appareillé : Figures littéraires de l’« immachination »

François VILLA — La chair du psychique, le corps du moi

Sylvie DUVERGER — Levinas au seuil des féminins-matriciels

Hervé SANSON — Jean Boullet : du corps phantasme au corps monstrueux

Partie IV
Hors le corps

Ginette MICHAUD — « … la bouche touche » (Une « scène primitive » du corps nancyen)

Jean-Yves HEURTEBISE — Penser la danse ou Qu’est-ce qu’un Corps ? (un Univers Merleau-Pontien)

Sarah-Anaïs CREVIER GOULET — « … ces traces de tomie » : la longue histoire du petit bout de peau rose

Véronique LANE — Artaud et Céline : « les choses » à leur paroxysme

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Parution – Histoire de la virilité

 

CORBIN Alain, VIGARELLO Georges et COURTINE Jean-Jacques (dir.), Histoire de la Virilité, 3 tomes, Paris, Seuil, 2011.

Tome 1

La virilité possède une tradition immémorielle : elle n’est pas simplement le masculin, mais sa nature même, sa part la plus « noble ».

La virilité serait vertu. Elle viserait le « parfait », fondant sur un idéal de domination masculine une des caractéristiques des sociétés occidentales. Une puissance a été inventée, de la force physique au courage moral, imposant ses codes, ses rituels, sa formation.

Tradition plus complexe pourtant, elle ne saurait en rien figer la virilité dans une histoire immobile. Les qualités se recomposent avec le temps. La société marchande ne saurait avoir le même idéal viril que la société militaire. Le courtisan ne saurait avoir le même idéal viril que le chevalier. La cour et la ville inventent des modèles décalés. Ce sont ces différences et ces changements que retrace ce premier volume, de l’Antiquité jusqu’aux Lumières, introduisant de l’histoire dans ce qui semble ne pas en avoir.

Tradition sévère aussi, la perfection serait toujours menacée de quelque insuffisance : la force ne peut ignorer la fragilité. Reste une rupture marquante avec les Lumières : celle visant la domination elle-même. Une virilité nouvelle s’y affirme. L’ancienne ascendance est condamnée, les pères peuvent apparaître en « tyrans », alors même que rien ne conteste encore la domination sur le féminin.

Tome 2

La période concernée par ce deuxième volume correspond à l’emprise maximale de la vertu de virilité. Le système de représentations, de valeurs et de normes qui la constitue s’impose alors avec une telle force qu’il ne saurait être véritablement contesté.

La multiplication des lieux de l’entre-soi masculin ? le collège, le pensionnat, le séminaire, le caveau de la société chantante, le bordel, la salle de garde, la salle d’armes, le fumoir, nombre d’ateliers et de cabarets, en attendant la réunion politique et la société de chasse ? constituent autant de théâtres de l’inculcation et de l’épanouissement des traits qui dessinent la figure de l’homme viril.

Au XIXe siècle, la virilité, qui a partie liée avec la mort ? mort héroïque sur le champ de bataille ou le pré carré du duel, mort provoquée par la fatigue du travailleur, mort d’épuisement de l’homme par la femme ? ne constitue pas une simple vertu individuelle. Elle ordonne, irrigue la société dont elle sous-tend les valeurs. Elle induit des effets de domination. Elle structure la représentation du monde.

Tome 3

En ce début de XXIe siècle, la rumeur enfle en Occident : les hommes ne seraient plus des hommes, des « vrais ». De ce malaise dans la part masculine de la civilisation, la virilité reste un indicateur crucial. Car c’est bien sur cet idéal de force physique et de puissance sexuelle, de maîtrise et de courage que s’est historiquement construit dans la culture ce qui passe pour la « nature » de l’homme. Et demeure le socle la domination masculine.

Or une crise se propage, semble-t-il, dans l’Empire du mâle : les carnages guerriers ont élimé l’étoffe des héros, le retour cyclique des dépressions économiques érodé la fierté du travailleur, la montée des conformismes tari les goûts d’aventure. L’éveil et les progrès de l’égalité entre les sexes, les avancées du féminisme sont venus contester d’anciens privilèges et d’inacceptables violences.

Il y a donc un paradoxe de la virilité contemporaine : comment comprendre que cette représentation hégémonique de la puissance masculine ait fini par apparaître aussi incertaine ? Les hommes d’aujourd’hui entendent-ils porter longtemps encore cette charge millénaire, ou vont-ils souhaiter sentir s’en alléger le poids ? Quitte à renoncer à ses avantages…

 

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Journée d’étude – Des corps masculins entre textualité et matérialité

 

Samedi 08 octobre 2011  |  Paris (75005)

Cette journée d’étude vient conclure le projet innovant « Identités de genre en représentation », qui a donné lieu à un séminaire de recherche de deux ans. Centrée sur les masculinités trop longtemps passées sous silence, elle prend comme point d’appui le trajet intellectuel de Judith Butler elle-même, à qui l’on a reproché, à tort ou à raison, qu’à trop vouloir élargir la notion de productivité performative du genre, on risquait de perdre la matérialité des corps genrés. Nous nous proposons donc de confronter une théorie du genre centrée sur les discours à la question de l’incarnation. Le féminisme, en exhibant les phénomènes de pouvoir, a donné à (certains) hommes l’outillage intellectuel nécessaire pour réfléchir de manière subversive à leur propre place dans le dispositif de domination masculine. Parmi ces hommes féministes, certains, dépassant sciemment le niveau discursif, vont jusqu’à préconiser la mise en oeuvre de technologies corporelles alternatives, inventant divers agencements individuels pour composer avec la masculinité.

Actuellement, les études sur les masculinités et les études queer ont largement déconstruit le masculin et affirmé, dans la droite ligne de Butler, que les corps masculins – au même titre que les autres corps – n’existent pas hors de leurs interprétations et projections culturellement situées!: ils sont, eux aussi, le produit de la structure idéologique qui crée la différence sexuée. À tel point qu’il est possible – depuis les travaux de Judith Halberstam notamment – de penser des incarnations de masculinité indépendantes des corps biologiquement masculins. Il semble donc que les études sur les masculinités achoppent parfois sur l’écueil de la matérialité, qui nous conduit à nous interroger sur la tension entre matérialité et textualité du corps masculin.

La journée d’étude fera une large place à la question d’un retour dans l’action des analyses en termes de genre, c’est-à-dire à ce que Ricoeur appelle « mimèsis III » : cette opération de médiation entre le texte « poétique » et le monde réel « éthique », rendu possible par le plaisir de la reconnaissance comme compréhension, dans les limites du vraisemblable et en accord avec un concept prospectif de vérité dont l’agir humain est le champ représenté. On s’interrogera sur les facultés d’incitation à l’action sur le monde genré que véhicule l’analyse des représentations. Car pour Ricoeur, l’enjeu n’est autre que « le procès concret par lequel la configuration textuelle fait médiation entre la préfiguration du champ pratique et sa refiguration par la réception de l’oeuvre ».

Organisateurs

  • Patrick Farges (Université Sorbonne Nouvelle – Paris 3) : patrick.farges@univ-paris3.fr
  • Anne Isabelle François (Université Sorbonne Nouvelle – Paris 3) : anne-isabelle.francois@univ-paris3.fr
  • Jean-François Laplénie (Université Paris Sorbonne – Paris 4) : jean-francois.laplenie@paris-sorbonne.fr

Institutions

  • EA 172 – Centre d’études et de Recherches comparatistes (CERC)
  • EA 4223 – Centre d’études et de recherches sur l’espace germanophone (CEREG)
  • EA 3556 – Expressions historiques, culturelles et esthétiques de l’identité. Espaces germanique, nordique et néerlandophone

Programme

9h00 Accueil des participants

  • 9h15-9h30 Patrick Farges (Université Sorbonne Nouvelle – Paris 3), Introduction : Des corps masculins entre textualité et matérialité
  • 9h30-10h30 Anna De Biasio (Università degli Studi di Bergamo), Notes on the (U.S.)-Debate on Masculinity

10h30-10h45 Pause

  • 10h45-11h20 Anne Isabelle François (Université Sorbonne Nouvelle – Paris 3), Mon oncle. Dispositifs de visibilité, corps masculin et pouvoirs de l’empathie dans Les émigrants de W. G. Sebald
  • 11h20-12h00 Jean-François Laplénie (Université Paris Sorbonne – Paris 4), La quête du masculin chez Hermann Broch : entre écriture romanesque et pratique psychothérapeutique

Modération Klaus Wieland (Université de Strasbourg)

12h00-14h00 Déjeuner

  • 14h-15h Michel Lehmann (Université Toulouse 2 – Le Mirail), La voix du masculin!: les tensions entre identité et rhétorique à l’opéra
  • 15h-15h45 Marguerite Chabrol (Université Paris Ouest – Nanterre La Défense), « See what the boys in the back room will have, and tell them I’m having the same » : Marlene Dietrich et la théâtralisation du (corps) masculin à Hollywood
  • 15h45-16h30 Cécile Schenck (Université Sorbonne Nouvelle – Paris 3), Corps masculins en représentation sur la scène chorégraphique contemporaine

Modération Bernard Banoun (Université Paris Sorbonne – Paris 4)

Contact
  • Patrick Farges
    courriel : patrick [point] farges (at) univ-paris3 [point] fr

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Colloque –

Le corps du Prince au coeur des rituels de la cour. Autour de l’oeuvre d’Agostino Paravicini Bagliani


Jeudi 17 novembre 2011  |  Liège (Belgique, 4000) et Leuven (Belgique, 3000)

À la suite des réflexions d’E. Kantorowicz sur les deux corps du roi, les travaux d’A. Paravicini Bagliani sur le corps du pape ont contribué à mettre en évidence combien la figure du corps du prince, qu’il soit laïque ou ecclésiastique, est au cœur des discours et des pratiques de pouvoir au Moyen Âge et à la Renaissance. Au travers de contributions portant sur une cour déterminée et d’autres portant sur quelques aspects transversaux jugés particulièrement significatifs, ce colloque a pour objet de montrer l’articulation fondamentale d’un ensemble cohérent de représentations et de pratiques culturelles autour du corps du Prince. Il s’inscrit en parfaite continuité avec les travaux menés depuis plusieurs décennies par A. Paravini Bagliani.

Colloque international organisé à Liège (17-19 novembre 2011) par la Katholieke Universiteit Leuven, les Facultés universitaires Saint-Louis (Bruxelles) et l’Université de Liège

À la suite des réflexions d’E. Kantorowicz sur les deux corps du roi, les travaux d’A. Paravicini Bagliani sur le corps du pape ont contribué à mettre en évidence combien la figure du corps du Prince, qu’il soit laïque ou ecclésiastique, est au cœur des discours et des pratiques de pouvoir au Moyen Âge et à la Renaissance.

Comme métaphore, comme catégorie mentale ou encore comme objet de pratiques cérémonielles et rituelles, le corps du prince s’inscrit au centre d’un faisceau de significations riche et complexe, au moment précis où se développent les théories de la souveraineté et où vont naître progressivement les États modernes. Corps physique et mortel, qui boit, mange et se reproduit, qui gouverne ses plaisirs et sa santé, vulnérable et gardé, que l’on acclame de loin, dont on partage l’intimité, ou que l’on cherche à empoisonner, il est aussi un corps mystique, incarnant la continuité de la fonction au point qu’un cadavre puisse continuer à régner ; il est lié aussi au corps social ou corps politique (en anglais, « the Body Politic »), dont il est à la fois un double et la tête qui le gouverne, ce qu’attestent la pensée politique du temps autant que divers usages.

Le colloque vise à explorer la richesse de cette thématique dans une perspective large et comparée, susceptible de dégager des lignes de force, des perspectives d’ensemble, à l’échelle de l’Europe tardo-médiévale et renaissante, et d’apporter une contribution réellement significative à l’anthropologie historique de la culture occidentale.

L’attention se portera sur les principales monarchies du temps, en ce compris la papauté et les princes territoriaux. Un spécialiste de chacune des cours princières retenues sera sollicité pour analyser les divers aspects des pratiques rituelles, cérémonielles et, révélatrices en creux, quotidiennes, élaborées et vécues autour du corps du prince. Rompant avec les vieilles approches descriptives et énumératives, il s’agira de considérer ces différents aspects comme autant d’éléments de communication symbolique et de concrétisation des idéologies du pouvoir et de la souveraineté.

Rituels de la naissance (accouchement, baptême, relevailles), du mariage et de la mort du prince, tout d’abord, centrés de prime abord sur le corps physique de celui-ci, au travers des âges de la vie, mais aussi saturés d’implications politiques fort éloignées des catégories mentales qui sont nôtres aujourd’hui et dont l’altérité doit être prise en compte pour établir la généalogie de ces dernières. Rituels de la prise et de la perte du pouvoir, ensuite : couronnement et sacre notamment d’une part, capitulation et abdication d’autre part. Gestes, paroles, lieux, intervenants, objets et vêtements, couleurs et matières concourent à la signification de ces moments forts centrés sur la personne et le corps du prince, dont la performativité reste discutée par les spécialistes, mais qui d’évidence impliquent l’ensemble du corps politique. Présent ou absent, le corps du prince peut être incarné ou redoublé, que ce soit dans la mêlée guerrière ou en de paisibles circonstances, par le cri (« Montjoye ! »), le blason, le portrait peint ou sculpté, le port d’une livrée ou peut-être d’un ordre de chevalerie. Lorsqu’il fait donner sa réponse par un officier, dans les assemblées, la gestuelle même du prince et ses silences peuvent définir une attitude spécifique, élément de distinction mais plus encore d’exception fondatrice du pouvoir. En dehors du cercle familier, la parole publique du prince est rare, sa volonté passe par la bouche du chancelier ou se lit sur un parchemin scellé. De même et dans un autre registre, les rituels de table à la cour disent bien en quoi le corps du Prince qui se nourrit est exceptionnel et incomparable. L’ensemble des festivités curiales, ouvertes ou non sur la ville de résidence, mettent en scène ce corps, tandis que ses contingences physiques (prostitution de cour, vêtement, maladie et guérison, par exemple), ne sont pas dénuées de conséquences politiques lorsqu’il s’agit de procréer un héritier ou lorsque le régime de santé du prince rejaillit sur le gouvernement de la « chose publique » (res publica), lorsque la folie du roi entraîne le désordre du royaume. Qu’en est-il lorsque le Prince est une femme ? Les catégories mentales en sont-elles bouleversées, révélant par là combien la conception du pouvoir est « genrée » (gendered) ? Où constate-t-on plutôt une stratégie d’adaptation de la part du corps social, de la cour et de celle qui règne ? Et qu’en est-il lorsque le corps du Prince s’avère, en définitive, être celui d’un imposteur politique qui a prétendu prendre la place d’un prince ?

Au travers de contributions portant sur une cour déterminée et d’autres portant sur quelques aspects transversaux jugés particulièrement significatifs, le colloque a donc bien pour objet de montrer l’articulation fondamentale d’un ensemble cohérent de représentations et de pratiques culturelles autour du corps du Prince. Il s’inscrit en parfaite continuité avec les travaux menés depuis plusieurs décennies par A. Paravini Bagliani.

Concrètement, le colloque, d’une durée de trois jours, du 17 au 19 novembre 2011, se tiendra à l’Université de Liège (17-18) et à la Katholieke Universiteit Leuven (19). Il est organisé conjointement par la Katholieke Universiteit Leuven, les Facultaires universitaires Saint-Louis (Bruxelles) et l’Université de Liège. Les langues de travail seront le français et l’anglais. Les actes en seront publiés et devraient constituer un volume novateur, fort d’environ 600 pages.

H. Cools — E. Bousmar — A. Marchandisse — J. Dumont

Le programme complet de l’événement ainsi que l’affiche et une copie de l’argumentaire sont disponibles ci-dessous.

Programme

Jeudi 17 novembre, Liège, Société Littéraire

9h00 Accueil

  • 9h30 Allocution de Monsieur Jean WINAND, Doyen de la Faculté de Philosophie et Lettres (Université de Liège)
  • 9h45 Éric BOUSMAR (FUSL, Bruxelles), Hans COOLS (KULeuven), Jonathan DUMONT (FNRS – Université de Liège), Alain MARCHANDISSE (FNRS – Université de Liège),

Introduction

Matinée : Spirituel et temporel : le pape, l’empereur et les princes de l’Église

Présidence : Jean-Marie CAUCHIES (Facultés universitaires Saint-Louis, Bruxelles/ Université catholique de Louvain)

  • 10h00 Agostino PARAVICINI BAGLIANI (Université de Lausanne), Le corps du pape, vingt ans après

10h45 Pause

  • 11h00 Malte PRIETZEL (Universität Konstanz), Le corps des princes ecclésiastiques
  • 11h30 Jean-Marie MOEGLIN (Université de Paris-Sorbonne– Paris IV), L’Empire comme corps

12h Discussion

12h30 Repas

Après-midi : Princes et puissants des Alpes et de l’Italie du nord

Présidence : Silvia MOSTACCHIO (Université catholique de Louvain)

  • 14h00 Christine SHAW, The person of the Doge of Genoa
  • 14h30 Giovanni RICCI (Università degli studi di Ferrara), Un corps sacré, un cadavre outragé : deux princes d’Este au XVIe siècle

15h00 Discussion

15h30 Pause

  • 16h00 Marco GENTILE (Università degli Studi di Parma), The duke’s body : ritual and the legitimacy of princely authority in Renaissance Milan
  • 16h30 Thalia BRERO (Université de Lausanne), Eva PIBIRI (Université de Lausanne), Le corps du prince au sein des rituels funéraires de la Maison de Savoie (XIVe–XVIe siècles)

17h15 Discussion

17h45 Fin des travaux et apéritif

Vendredi 18 novembre, Liège, Université

9h00 Accueil

Matinée : Rois et reines de France et d’Angleterre

Présidence : Annick DELFOSSE (Université de Liège)

  • 9h30 Elizabeth A. R. BROWN (Brooklyn College and the Graduate School, CUNY), Les funérailles royales françaises et le double corps du roi : la construction d’un paradigme chez Ernst H. Kantorowicz et Ralph E. Giesey
  • 10h00 Muriel GAUDE-FERRAGU (Université Paris-13–Nord, IUF), Le corps de la reine au coeur du royaume : l’Entrée d’Isabeau de Bavière à Paris (1389)

10h30 Discussion

11h00 Pause

  • 11h30 Chris FLETCHER (Université de Paris I – Panthéon-Sorbonne), King as man, king as king : The case of Henry V
  • 12h00 Frédérique LACHAUD (Université Paul Verlaine, Metz), Corps du prince, corps de la res publica chez Jean de Salisbury

12h30 Discussion

13h00 Repas

Après-midi : Les États bourguignons

Présidence : Thérèse DE HEMPTINNE (Universiteit Gent)

  • 14h30 Antheun JANSE (Universiteit Leiden), La beauté de la princesse. Le corps de Jacqueline de Bavière comme problème historique
  • 15h00 Bertrand SCHNERB (Université Charles-de-Gaulle –Lille 3), Le corps armé du prince. Le duc de Bourgogne en guerre

15h30 Discussion

16h00 Pause

  • 16h30 Éric BOUSMAR (FUSL, Bruxelles) et Hans COOLS (KULeuven), Le corps du Prince dans les anciens Pays-Bas, de l’État bourguignon à la Révolte, XIVe–XVIe siècles
  • 17h00 Jelle HAEMERS (KULeuven), Le corps de la princesse et les sujets. La cérémonie funéraire gantoise de Marie de Bourgogne (1483)

17h30 Discussion

18h00 Fin des travaux

20h00 Banquet officiel

Samedi 19 novembre, Leuven, Universiteit

8h00 Départ de Liège en car vers Leuven

9h00 Accueil

9h25 Allocution de Monsieur Luk DRAYE, Doyen de la Faculté des Lettres (KULeuven)

Matinée : Les royaumes ibériques

Présidence : Johan VERBERCKMOES (KULeuven)

  • 9h30 Miguel Ángel LADERO QUESADA (Real Academia de Historia – Universidad Complutense, Madrid), Le roi et la cour : ordonnances, vie quotidienne, fêtes publiques (Castille et Aragon)
  • 10h00 María NARBONA CÁRCERES (Universidad de Zaragoza), Le corps d’une reine stérile. Marie de Castille, reine d’Aragon (1416-1456)

10h30 Discussion

11h00 Pause

Couleurs et emblèmes

  • 11h30 Laurent HABLOT (Université de Poitiers), Pour contemplacion d’Icelui. Le corps héraldique et emblématique du prince au coeur des rituels de cour
  • 12h00 Michel PASTOUREAU (EHESS/EPHE), Les couleurs du prince (XIIIe–XVe s.)

12h30 Discussion

12h45 Repas

Après-midi : Princes souffrants et pédagogues

Présidence : Walter PREVENIER (Universiteit Gent)

  • 14h00 Annette KEHNEL (Universität Mannheim), Le corps tourmenté du prince. Rituels de souffrance dans les rites d’investiture médiévale
  • 14h30 Gilles LECUPPRE (Université Paris Ouest Nanterre La Défense), Déficience du corps et exercice du pouvoir au XIVe siècle
  • 15h00 Steven THIRY (Universiteit Antwerpen), How to Steal the King’s Body ? Corporeal Identification of Princely Pretenders in the Renaissance

15h30 Pause

  • 16h00 Hans-Joachim SCHMIDT (Université de Fribourg), Le roi ne meurt pas. Transmissions des concepts politiques aux successeurs par des testaments politiques

16h30 Discussion

  • 17h00 Wim BLOCKMANS (Universiteit Leiden) : Conclusions

17h30 Fin des travaux

18h00 Départ de Leuven en car vers Liège

Contact

Pour toutes informations et pour les inscriptions, veuillez écrire à :

  • Jonathan Dumont (jonathan.dumont@ulg.ac.be) pour les journées de Liège.
  • Hans Cools (Hans.Cools@arts.kuleuven.be) pour la journée de Leuven.

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Journées d’étude – Mécaniques du vivant. Savoir médical et représentations du corps humain, XVII-XIXe siècles

 

Journées d’étude EXPLORA (CAS – EA 801/Muséum d’Histoire Naturelle de Toulouse) organisées dans le cadre du projet inter-MSH « Savoirs littéraires, savoirs scientifiques »

Programme des Journées

Affiche de la Manifestation

5–6 décembre 2011

Muséum d’Histoire Naturelle de Toulouse/Musée de la Médecine de Toulouse

Le développement des sciences médicales a métamorphosé la vision du corps humain au fil des siècles, un corps qui se dessine et se redessine dans la littérature et les arts visuels, permettant souvent de retracer l’évolution de la pensée et de la recherche médicale. Dans la médecine antique, la théorie des humeurs élaborée par Hippocrate et développée par Galien, qui marquera l’histoire de la médecine, influencera aussi l’art de la Renaissance et le théâtre élisabéthain, comme le montre l’apparition de la Comédie des Humeurs de Ben Jonson. Alors que la physiologie humorale perdure jusqu’à la fin du XVIIIième siècle, étant même défendue par Auguste Lumière au XIXième siècle, le corps humain bascule peu à peu dans une vision mécaniciste. Sang, phlegme, bile jaune ou noire entrent en compétition avec de nouvelles images qui transforment le corps chaudière en divers circuits et pompes, préfigurant déjà la théorie des animaux-machines de Descartes. Bien avant l’avènement des sciences et techniques et la métaphore du mécanisme d’horlogerie de La Mettrie, la révolution de l’anatomie, à la fin du XVe siècle et dans la première moitié du XVIe siècle, ouvre la recherche médicale sur l’étude de l’intérieur du corps humain, offrant au savant une mécanique mise à nu. La figure de l’homme mécanique, directement liée aux progrès en anatomie et physiologie, redéfinissent l’homme comme un assemblage de pièces amovibles. En outre, les planches anatomiques (de celles de Vésale à celle de Léonard de Vinci dans le domaine artistique) témoignent de la façon dont médecins et artistes font de la dissection un moyen d’accès à la vérité cachée. Les mystères du corps cèdent sous la lame du dissecteur ou du chirurgien, dès la naissance de la chirurgie moderne avec Ambroise Paré, et à mesure que le scalpel dévoile des profondeurs jusqu’alors invisibles, faisant disparaître muscles et tendons pour faire apparaître l’ossature, un nouveau rapport au corps humain se fait jour, à la fois dans les traités médicaux et dans les représentations artistiques. Les corps disséqués montrent comment l’exploration des cadavres transforment l’épistémè : la recherche de la vérité semble se situer à l’intérieur, sous les chairs que l’on ne sait encore ôter. Ainsi, le passage des fluides aux viscères se retrouve vite mis en scène dans l’art pictural qui place soudainement l’acte de dissection sous les feux de la rampe, nombre d’enluminures dès le XIVe siècle reflétant les recherches médicales du temps. Entre esthétisme et rigueur scientifique, les gravures anatomiques, à l’instar de celles de Jacques Gautier d’Agoty, ou même les cires de Gaétano Zumbo et du chirurgien Guillaume Desnoues et les écorchés d’Honoré Fragonard, offrent à un public avide d’émotions un nouveau réalisme.

Cette journée d’étude s’adresse aux chercheurs en histoire de la médecine, philosophie des sciences et en littérature. Elle cherchera à retracer les grandes théories qui marquent l’histoire des sciences médicales et leurs représentations du corps et proposera une réflexion épistémologique sur la diffusion et l’impact de disciplines et champs liés aux sciences médicales sur les représentations littéraires des XVIIe–XIXe siècles. Il s’agira de suivre le passage de nouvelles épistémè et découvertes médicales dans les représentations littéraires du corps humain. Les nouveaux modèles de la connaissance induits par les développements de l’anatomie, de l’ostéologie, de la physiologie et de la biologie (avec, par exemple, les études en histologie et cytologie, réduisant l’humain à une somme de cellules) seront au coeur de cette manifestation scientifique interdisciplinaire. On pourra se demander si, au moment où la mécanique du corps semble révéler ses mystères, les représentations littéraires des sciences médicales ne deviennent pas un témoin privilégié de la cartographie du corps, un indice des nouveaux modèles épistémologiques que le texte met constamment en scène à travers ses stratégies narratives et personnages. Le modèle hydraulique, lié à la découverte de la circulation sanguine de l’anatomiste William Harvey, ou bien le modèle anatomique, sont autant de révolutions médicales dont on cherchera à suivre l’exportation dans le discours littéraire. On pourra aussi étudier le voyage de l’iconographie anatomique dans les oeuvres littéraires afin de mesurer comment les transformations d’un corps indivisible à un corps fragmenté ou encore disséqué suivent l’évolution de la pensée médicale. En retraçant le chemin parcouru par le savoir médical dans la littérature, il s’agira également d’évaluer notamment comment le texte se charge souvent d’une émotion que la science refoule, mettant en lumière à la fois la précision grandissante de l’observation scientifique et la peur d’une médecine inhumaine qui transforme l’homme en objet d’expérimentation. Ainsi, la littérature du XVIIe au XIXe siècle deviendrait peut-être un miroir, fidèle ou magique, réfractant ou déformant l’image du savant : à mesure que son accès au corps devient de plus en plus direct, que la distance physique entre le scientifique, médecin, anatomiste ou biologiste et son objet d’étude se réduit, la littérature ne se révèle-t-elle pas la distance psychologique qui sépare chaque jour un peu plus la science médicale de l’humain ?

Les propositions de communications (500 mots ; document WORD) sont à envoyer à Laurence Talairach-Vielmas (talairac@univ-tlse2.fr) avant le 1 avril 2011.

PROGRAMME PRÉVISIONNEL

LUNDI 5 DÉCEMBRE 2011 (MUSEUM D’HISTOIRE NATURELLE DE TOULOUSE)

8.45–9.00 : Accueil des participants et présentation du projet

9.00–9.30 : Rafael Mandressi (Centre Alexandre Koyré, CNRS) : ‘Espaces et descriptions savantes du corps’

9.30–10.00 : Hélène Cazès (Université de Victoria, Canada) : ‘La fabrique d’une icône : l’invention vésalienne de l’anatomie moderne (1543, 1725)’

10.00–10.30 : Didier Foucault (Université de Toulouse (UTM)) : ‘Système cérébro-nerveux et activités sensorimotrices de la physiologie ancienne au mécanisme des Lumières’

10.30–11.00 : Pause café

11.00–11.30 : Claire Crignon (Université Paris Sorbonne) : ‘La persistance du ‘modèle’ humoral dans le discours philosophique et médical en Angleterre début XVIIe-début XVIIIe siècle : enjeux épistémologiques et anthropologiques’

11.30–12.00 : Nathalie Rivère de Carle (Université de Toulouse (UTM)) : ‘Under the knife, there is no self”: excoriation and the self in Renaissance Drama’

12.00–12.30 : Frédérique Fouassier (Université de Tours, Centre d’Etudes Supérieures de la Renaissance) : ‘Le corps syphilitique dans le théâtre anglais de la Renaissance’

12.30–14.00 : Pause déjeuner

14.00–14.30 : Elena Taddia : ‘Inscrire le corps de l’enfant dans le discours scientifique: la naissance de la médecine légale sur les enfants en Europe et la docimasie hydrostatique pulmonaire (1660-1830)’

14.30–15.00 : Laurence Dahan-Gaida (Université de Franche-Comté) : ‘Du nerf à l’écriture… et retour ! Médecine et anatomie chez Georg Büchner’

15.00–15.30 : Laurence Talairach-Vielmas (Université de Toulouse (UTM)) : ‘“Shapeless dead creatures … float[ing] in yellow liquid” : Dissection, Exposition et Traitement du Système Nerveux dans Armadale de Wilkie Collins’

15.30–16.00 : Pause café

16.00–16. 30 : Ruth Richardson : ‘Modernity and visuality in the imagery of Gray’s Anatomy’

16.30–17.30 : Visite commentée du Mur des Squelettes (MHN Toulouse)

MARDI 6 DÉCEMBRE 2011 (MUSÉE DE LA MÉDECINE DE TOULOUSE)

9.00–9.30 : Hélène Machinal (Université de Bretagne Occidentale, Brest) : ‘Le singe et l’ange : le corps de l’origine dans la littérature de la fin du 19ème siècle’

9.30–10.00 : Gaïd Girard (Université de Bretagne Occidentale, Brest) : ‘Les Corps mesmériques’

10.00–10.30 Gisèle Seginger (Université Paris-Est) : ‘Nerval et Flaubert : corps mystiques, esprits malades »

10.30–11.00 : Pause café

11.00–11.30 : Pierre C. Lile (Centre d’Etudes d’Histoire de la Médecine) : ‘Le « corps invisible » dans le « Secret de Wilhem Storitz » de Jules Verne’

11.30–12.00 : Jean-François Chassay (Université du Québec, Montréal) : ‘Le discours sur la dégénérescence : s’attaquer à la racine du mal’

12.00–13.00 : Visite du Musée de la médecine

13.00 : Clôture des journées d’étude

 

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Journée d’étude – Pudeurs des souffrant·e·s et pudeurs médicales (XVIe-XIXe siècle)

 

Université Toulouse II le Mirail

Journée d’étude de la thématique Santé et société

Atelier 3 – Corps, santé, représentations

 

Jeudi 3 novembre 2011

9h – 17h, Maison de la Recherche, salle B431

 

Organisée par le laboratoire Framespa sous la responsabilité scientifique de Nahema Hanafi, Didier Foucault et Pierre C. Lile

 

9h. Présentation de la thématique émergente Santé et Société

Didier Foucault, Université Toulouse II- Le Mirail

9h30 Introduction

Nahema HANAFI, Université Toulouse II- Le Mirail / Université de Lausanne

10h. Pudeurs du discours médical au 16e siècle: splendeur et misères des figures de style

Dominique BRANCHER, Université de Bâle

11h. Face aux cancers féminins : dévoiler et porter le fer (1800-1880)

Elsa NICOL, Université Toulouse II- Le Mirail

12h-14h Pause déjeuner

14h. Pudeurs et manipulations médicales du cadavre (France, XIXe siècle)

Anne CAROL, Université d’Aix-en-Provence

15h. Les vaines pudeurs de corps souffrants à l’hôpital, XIXe siècle

Claire BARILLE, Université Paris Ouest Nanterre La Défense

16h. Conclusion. La pudeur dans la pratique médicale contemporaine

Pierre Lile, CEHM/Université Toulouse II-Le Mirail

 

Télécharger le programme (pdf)

 

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