Le rôle de la femme dans la guerre civile espagnole a été d’une importance capitale. Durant tout le conflit, les femmes se sont montrées valeureuses, mais surtout déterminantes, à combattre au coté de leur mari. Dans le camp des nationalistes comme celui des républicains, les femmes se sont constituées comme l’arrière garde en s’occupant des blessés, de la famille, des champs voire en partant au front avec les hommes. De ce fait, l’implication des femmes dans la guerre demeure un acte très remarquable mais qui n’a pas été valorisée notamment dans la presse. Dans cet article, on travaille sur l’exemple de deux quotidiens marseillais Le Petit Marseillais et Le Radical de Marseille.

Le rôle de la femme dans la société a toujours été au centre des débats. L’histoire a montré que les femmes se sont toujours battues contre la société généralement patriarcale pour demander une reconnaissance à leur juste valeur. Durant des années, la femme a été considérée comme inférieure à l’homme. Elle ne pouvait pas occuper des postes de responsabilité mais ne pouvait également pas prendre des décisions pour le bon fonctionnement de la cité. De ce fait, le vote a été interdit aux femmes. Mais, avec le temps, elles ont pu montrer qu’elles étaient indispensables pour la société et avaient un grand rôle à jouer. En quête de reconnaissance, les femmes ont peu à peu intégré des postes de hautes responsabilités dans de nombreux domaines notamment dans la vie politique. Durant la guerre civile espagnole, l’engagement et la présence des femmes étaient plus visibles sur des actes hors du front même si certains d’entre elles n’ont pas hésité à prendre les armes. Ce rôle des femmes qui était très important pour la survie des hommes au front était presque oublié dans la presse étrangère et plus particulièrement dans les deux journaux sur lesquels je me base comme source primaire pour l’écriture de cette article.
Les femmes au foyer
« Les femmes gardent la ville comme les hommes le front » a dit Anne Mathieu dans son article intitulé La femme antifasciste espagnole dans les périodiques français dédiés au secours et aux droits de l’homme (1936-1939). On remarque ici que les gardiennes de la cité qui supportaient les bombardements étaient les femmes. Les bombardements sur la population civile se faisaient sur les femmes, les enfants et les personnes âgées. Malgré tout, le rythme normal de la vie quotidienne continuait pour ces dignes mères de famille comme le montre la photo (figure 2). Ça ne leur a pas empêché de s’occuper des blaisés, de se mobiliser dans les associations, les partis politiques, dans les rédactions de radios pour faire de la propagande. C’était elles aussi qui travaillaient sous les bombes dans les champs, passer des heures sur les queues devant les magasins d’alimentation pour obtenir des rations trop maigres pour la survie de la famille. Une famille pour la plus part composée de femme et d’enfant au moment ou les hommes étaient au front. Tout ces actes héroïques de la femme étaient pratiquement oubliés dans la presse. Une presse qui s’intéressait plus à ce qui se passait au front, sur l’avancement des militaires nationalistes, le recule du camp républicain, les décisions du gouvernement de s’armer le peuple etc. Pendant tout ce temps, la bravoure des femmes a passé quasiment inaperçu dans ces médias.

Les femmes au front
Dés le début de la guerre en 1936, les nationalistes avançaient rapidement et récupéraient de plus en plus de villes. Le gouvernement de la république espagnole par manque de combattant décidait de donner des armes au peuple pour défendre la république. Comme l’a dit Marielle Cacheux dans son mémoire La représentation des femmes espagnoles dans la guerre civile d’Espagnole à travers la presse française « les armes passent de mains en mains et arrivent ainsi dans celles des femmes ». En ce moment la distinction de sexe ne comptait plus, l’unique objectif pour les républicains c’était la défense de la patrie. Des miliciennes aux femmes armées l’engagement au front se multiplie. Le discours de la Passionaria a joué un rôle important dans la propagande républicaine.
Dans le camp des nationalistes peu de femmes s’étaient engagées au front. Leur rôle était plus dans les familles souvent derrière les hommes. Mais néanmoins elles étaient quand même présentes au combat (figure 3). Elles ont pu laisser des preuves de leurs actions et des témoignages. En parcourant les archives du Le Petit Marseillais et Le Radical de Marseille, on se rend compte que le rôle des femmes durant ce conflit n’est presque pas représenté dans les journaux. On les voit très rarement parler de ces dernières ou mettre leurs photos à la Une.

Les femmes et l’économie de guerre
En septembre 1936, le gouvernement républicain souhaitait avoir une armée entièrement masculine. De ce fait, la plupart des miliciennes qui étaient au font retournaient dans la vie civile pour continuer le combat dans l’arrière garde. Les femmes occupaient les places laissées vacantes par les hommes pour continuer à faire tourner l’économie en plein guerre. On note ici un engagement patriotique des femmes pour participer à l’effort de guerre mais aussi une image de la femme qui refuse d’être une simple observatrice. La femme libre capable de prendre des décisions. Elles s’engageaient dans les usines et les champs qui étaient l’une des plaques tournantes de l’économie espagnole. Dans les usines d’armement, elles s’occupaient de la fabrication de cartouches. Elles mettaient en péril leur santé en s’employant fiévreusement à remplir de poudre les douilles des cartouches pour accomplir un devoir patriotique. Même si elles n’étaient pas nombreuses, les femmes travaillaient aussi dans les champs.
Comme les hommes étaient partout, le besoin de main-d’œuvre dans le domaine agricole se faisait sentir. Ce secteur qui était indispensable pour assurer la subsistance non seulement de ceux qui étaient partis au front mais aussi de ceux qui restaient à la maison a était occupé par les femmes (figure 4). Comme Marielle Cacheux l’a souligné dans son mémoire cité précédemment « Pendant que les hommes sont au front, les femmes font la moisson, seules ou avec l’aide des soldats. La terre d’Espagne a donné beaucoup de blé pour aider l’homme dans sa lutte pour la liberté ». C’était eux les guerrières, qui cultivaient du blé pour nourrir les soldats qui défendaient dignement la patrie. Tous ces efforts et sacrifices méritaient un traitement plus raisonnable dans les journaux.

Bibliographie :
Le Petit Marseillais disponible sur :
https://gallica.Bnf.Fr/ark:/12148/cb32836813n/date(consulté le 05/12/22).
Le Radical de Marseille disponible sur :
https://gallica.Bnf.Fr/ark:/12148/cb32847191z/date(consulté le 05/12/22).
Cacheux Marielle, 2010, « La représentation des femmes espagnoles dans la guerre civile d’Espagne à travers la presse française », HAL. Disponible sur :
https://dumas.ccsd.cnrs.fr/dumas-00537107 (consulté le 14/12/2022)
Mathieu Anne, « La femme antifasciste espagnole dans les périodiques français dédiés au secours et aux droits de l’homme (1936-1939) », Tangence, n° 125-126, 125-140.
Merci pour cet article très intéressant !
Je me demande du coup comment a été traité le rôle des femmes pendant la Guerre civile dans les journaux espagnols. Est-ce qu’elles étaient autant invisibilisées que dans la presse française ou bien c’est spécifique à la France d’avoir quasiment ignoré le rôle des femmes dans ce conflit ?…
Test
Très bon article. Voilà qui change du discours universel qui ne met qu’en avant l’exploit et le courage des hommes. C’est important aussi de savoir que les femmes ont également joué un rôle non moins négligeant pendant la guerre. Cela devrait rappeler à tous et à toutes que la guerre n’épargne personne.