LLA.doc :  Qui est Joscelin Bollut ?
J.B : J‘ai suivi un parcours scolaire assez particulier : après quelques années en enseignement à domicile au collège, je me suis au contraire installé loin de chez moi au lycée pour suivre une formation en Arts Appliqués. Je me suis réorienté vers une licence de Lettres Modernes à La Rochelle et finalement un Master au Mirail. J’ai surtout travaillé sur le roman, en questionnant ses limites structurelles. Quelques années de voyages et d’expériences éducatives diverses m’ont permis d’amener à maturité mon projet de doctorat.
LLA.doc : Quelles sont les problématiques développées dans la thèse ? Quelle approche ? Quels enjeux ?
J.B : Tombé sous le charme de la Martinique et de sa littérature depuis plusieurs années, je suis fasciné par la situation identitaire très particulière des peuples antillais, forcés de se reconstruire autour d’une culture de la résistance à l’assimilation et à la déshumanisation.
Je cherche à définir les contours de ce que j’appelle « l’humanisme créole », et qui propose une lecture originale de la mondialisation et des systèmes de pensée occidentaux. Je me base sur l’œuvre romanesque d’auteurs martiniquais (Patrick Chamoiseau et Édouard Glissant) pour illustrer leur vive critique de la pensée occidentale issue de l’universalisme des Lumières, mais aussi leur construction de concepts destinés à appliquer les stratégies de résistance identitaire créoles à l’ensemble des sociétés humaines. J’ai également une approche comparatiste dans la mesure où je mets en perspective la situation d’expression des auteurs martiniquais au XXe siècle et celle des humanistes de la Renaissance : même prise de conscience précoce des nouveaux enjeux mondiaux, même situation linguistique charnière (moyen français/latin et créole/français moderne), mais aussi même positionnement volontairement marginal d’un point de vue stylistique.Je jongle donc à la fois avec des outils très littéraires tels que la narratologie et la linguistique, et avec d’autres disciplines des sciences humaines comme la sociologie, les études postcoloniales ou la philosophie politique.

LLA.doc : Quels projets (artistiques, scientifiques) souhaiterais-tu développer, explorer, avec d’autres doctorants du laboratoire ?
J.B : J’aimerais échanger sur des sujets très divers : les sociétés postcoloniales, la mondialité, les espaces d’expression plurilingues, le concept d’ « humanités »…

L’objectif de cette rencontre est  de nous permettre de mieux nous connaître et, peut-être, de générer des échanges et/ou des projets artistiques ou scientifiques. Tous les doctorants du laboratoire sont donc conviés à répondre au questionnaire que nous proposons ce mois-ci à Béatrice Darmagnac.

Rencontre avec Béatrice Darmagnac

LLA.doc :  Qui est Béatrice Darmagnac ?
jardins_2B.D : J’ai un parcours atypique mêlant des périodes de travail et des périodes d’études. J’ai terminé Le DNSEP option art avec félicitation du jury en 2010, à l’ESA des Pyrénées, site de Tarbes. J’ai fait une année en post diplôme au sein de cette même structure, alors qu’en parallèle je préparais mon Master II Art et Recherche, sous la direction de M. Dominique Clévenot. J’étais enseignante en Arts visuels dans le secondaire. J’ai donc décidé de poursuivre en thèse afin de continuer mon questionnement théorique et pratique dans ce cadre. Aujourd’hui, j’ai une activité artistique d’expositions et de workshops, avec les institutions du milieu de l’art régional et national.
17_cascade48f792LLA.doc : Quelles sont les problématiques développées dans la thèse ? Quelle approche ? Quels enjeux ?
B.D : Je me questionne sur les dispositifs plastiques que j’engage dans ma pratique. Servant de révélateur d’une certaine matérialité in-vue, d’espace en « vide perceptifs », d’une multi-temporalité, j’expose par l’étude d’un corpus d’oeuvre serré de ma production les dispositifs que je mets en place. Sous le questionnement pragmatique du geste, de l’attitude, et de l’apport technologique et technique, je regarde à nouveau ces formes. Les enjeux sont de proposer une prise en compte de la matérialité inframince et latente nous environnant, puis progressivement, de supposer un nouvel espace latent, à investir, à la temporalité particulière. C’est le lieu d’exécution de certaines de mes sculptures : l’espace imaginal.
J’ai une approche transversale art/science/technologie faisant appel à la recherche positiviste (géographie, géologie, hydrologie, astronomie, programmation) et post positiviste (sociologie, art, psychologie). Cette investigation est parfois naturaliste, avec des études de terrains et des actions participatives, afin de fabriquer des outils d’analyses et des pièces plastiques. Résumé et interrogations

 

1.42graines_TarbesLLA.doc : Quels projets (artistiques, scientifiques) souhaiterais-tu développer, explorer, avec d’autres doctorants du laboratoire ?
B.D : – Hypnose, sophrologie et conseil pour trouver des sources sur les images mentales
– Textes effectuant une analogie entre le paysage et le mental (exemple : mindscape) et ou supposant une possible analogie matérielle, voir évoquant une possible matérialité.
– Confondre les temps (passé, présent et futur).

 

 

 

Créations artistique
Jeu d’absence
Graines, chantier, cartel.

 

Je récolte des graines pyrophytes* dans des zones géographiques au climat méditerranéen (Californie, Corse, Afrique du nord).
Le deuxième temps de mon geste est de disséminer ces semences à travers le monde. Je choisis des chantiers, des constructions, afin de les isoler dans des matériaux creux (briques, moellons). Elles sont en dormance.
Je redoute la catastrophe radicale, latente.
Je plante un jardin utopique, invisible aujourd’hui, qui ne pourra éclore que de cet ultime fait.
* dont la dormance est levée par le feu, les acidités de fumées, ou bien les scarifications de l’enveloppe de la graine comme les explosions