Enjeux et perspectives du Néolithique alpin :
l’exemple de la Maurienne (Savoie – France)
Éric THIRAULT
Résumé
Nous questionnons ici la signification d’une recherche “alpine” en ce qui concerne le Néolithique, selon une double approche théorique et pratique à partir de l’exemple de la Maurienne (Savoie). L’adjectif alpin, accolé à celui de Néolithique, pourrait n’avoir qu’un sens géographique. Nous pensons néanmoins qu’il est chargé d’une référence implicite à l’“économie alpine”, concept développé par les géographes, qui est un système économique moderne centré sur l’élevage des bovins pour la production de fromages de garde. Si les comparaisons entre l’époque moderne et le Néolithique sont hasardeuses, le concept de mobilité semble être un point commun, corollaire à celui d’identité. La nécessité d’une approche régionale nous a conduit à développer des recherches en haute Maurienne, vallée axiale est-ouest des Alpes internes. Une documentation ancienne relativement abondante et les travaux de terrain de plusieurs archéologues bénévoles documentent de nombreux points d’occupation du territoire entre 500 et 1500 m d’altitude, avec quelques attestations jusqu’à 2200 m. Les premières occupations datées remontent à la culture des Vasi a Bocca Quadrata (2e moitié du Ve millénaire av. J.-C.), mais ce n’est qu’au Néolithique final que deux sites fouillés permettent de se faire une idée des modalités de peuplement. La problématique des ressources exploitées par l’homme s’avère féconde dans ce cas, et révèle des marqueurs régionaux. En cela, plutôt que de concevoir un Néolithique alpin, nous préférons parler d’une occupation néolithique dans les Alpes.