La signature archéologique de l’activité de chasse
appliquée à la comparaison des industries
moustériennes, châtelperroniennes
et aurignaciennes des Pyrénées :
nature des équipements et fonctions des sites
François BACHELLERIE, François BON, Marianne DESCHAMPS,
Laura EIZENBERG, Dominique HENRY-GAMBIER, Vincent MOURRE,
Christian NORMAND, Jacques PELEGRIN, Jérôme PRIMAULT,
René SCANDIUZZI, Céline THIÉBAUT
Résumé
La comparaison des industries lithiques provenant d’un échantillon de sites des Pyrénées et de leur prolongement vasco-cantabrique tend à illustrer l’existence de degrés de spécialisation fonctionnelle plus marqués en contexte châtelperronien que cela n’est le cas pour l’Aurignacien. En l’occurrence, si des occupations spécialisées autour de l’activité de chasse (“haltes de chasse”) s’articulent à des habitats aux fonctions diversifiées dans le premier contexte, le second possède un seul type de site : des installations plurifonctionnelles où la chasse est certes une activité importante mais non la seule. Cependant, afin d’interpréter correctement ces résultats, il faut tenir compte de la difficulté à comparer la signature fonctionnelle d’industries aussi différentes du point de vue de leurs systèmes d’armement ; il faut en effet chercher à pondérer la visibilité relative, d’un assemblage à l’autre, d’instruments de chasse armés de pointes lithiques apicales (modèle Châtelperronien) vis-à-vis d’instruments formés de pointes en bois de cervidé ou peut-être végétal, et dont certaines seulement ont pu être garnies de lamelles peu ou pas retouchées (modèle Aurignacien ancien).
Cette discussion méthodologique autour de la signature archéologique de l’activité de chasse selon les contextes et les industries considérés prend toute son importance lorsque l’on adopte davantage de recul temporel et que l’on compare ces données avec celles du Moustérien récent de cette même région.
Quoi qu’il en soit, la conjugaison de deux critères – la nature des équipements de chasse et la spécialisation vraisemblable de certains sites autour de cette même activité –, permet de s’interroger sur certaines des raisons du contraste apparent entre le Châtelperronien et les cultures qui l’encadrent chronologiquement. Cette approche est susceptible de nourrir de nouvelles perspectives d’investigation sur l’évolution des comportements humains à la charnière des Paléolithiques moyen et supérieur.