PREMIER ET SECOND MÉSOLITHIQUE :
et au-delà des techniques ?
Grégor MARCHAND
Résumé
Au début du VIIe millénaire avant notre ère, de la Tunisie à la Scandinavie, des Alpes à l’Atlantique, le bagage technique des sociétés mésolithiques a connu un profond renouvellement. Style des produits débités, types d’outils, manière d’emmancher les armatures, principes volumétriques des débitages : autant de modifications qui dépassent le simple renouvellement des techniques de percussion communément admises, pression et percussion indirecte remplaçant la percussion directe à la pierre. Pour le technologue qui œuvre sur les matériaux lithiques davantage que pour le typologue, la bipartition du Mésolithique en Europe de l’ouest apparaît alors comme une évidence. Cela n’avait d’ailleurs pas échappé à divers archéologues du siècle passé, d’E. Octobon à J.G.D. Clark, lorsqu’ils accordaient moins d’importance aux classifications vétilleuses des armatures qu’à la structure générale des productions, non plus qu’à S.K. Kozlowski, lorsqu’il décrivit une Europe mésolithique sillonnée de deux “courants” typologiques successifs (les composants S et K). Cet article établit d’abord un bilan des changements observés au début du VIIe millénaire, mais aussi des permanences dans les cultures matérielles du Mésolithique. Il examine ensuite différentes corrélations avec des phénomènes paléo-environnementaux ou sociaux, pour montrer qu’aucun lien n’est pour l’instant réalisable. S’il est essentiel de bien délimiter ce vaste mouvement de civilisation, il convient de travailler désormais à des échelles spatiales et temporelles plus restreintes pour saisir au mieux la nature de ce phénomène fondamental dans l’histoire des techniques sur le continent européen.