Atelier 2 / Séance d’ateliers 2

Réflexion sur le dispositif d’accompagnement des parcours complexes : (salle F422)

  • Table ronde animée par Coralie Souyris et l’équipe de la DACP :

Dolto pensait l’adolescence comme une seconde naissance. Une période où le corps se transforme et s’affirme dans un monde extérieur. Cette enveloppe corporelle intime et étrangère à la fois, l’enfant, apprenti adulte, est contraint de l’apprivoiser, de l’éprouver. C’est le temps des expériences au sein duquel le corps sera mis à rude épreuve, confronté aux limites, aux souffrances, aux éprouvés émotionnels. Comment faire avec lui, se l’approprier, se présenter aux autres ? Empreint d’émotions contradictoires et ambigües l’adolescent tant bien que mal se débat et accueille ses transformations psychiques et physiques pour chercher à comprendre ce qui le définit et le singularise. De manière générale, la période adolescente n’est pas un long fleuve tranquille. Pour autant, les jeunes sont assurés d’éprouver et de vivre l’extérieur en sécurité avec le soutien sans faille des parents. Proches ou éloignés, ils regardent leur enfant grandir et se développer tout en préservant ce lien infrangible et infaillible. Mais certains adolescents ne connaissent pas le regard attendri d’un papa et d’une maman. Ballottés de familles d’accueil en foyers, ils tentent d’assurer leur place dans un monde qui leur est parfois menaçant. Ils ont éprouvé des ruptures, des liens affectifs fragiles et vulnérables. Le maternage, le portage sont des notions qui leur sont inconnues, alors même qu’elles sont essentielles dans la prise de conscience pour son enveloppe corporelle. Comment grandir au contact d’adultes qui ne sont pas nos parents mais qui tentent dans la plupart des situations, d’apporter une chaleur et tendresse humaines aux enfants en mal de parents ?      

Le Dispositif d’Accompagnement des Parcours Complexes (DAPC) est un dispositif expérimental qui propose un soutien aux adolescents confiés à l’Aide Sociale à l’Enfance nécessitant des soins en Dispositif d’Institut Thérapeutique Éducatif et Pédagogique (DITEP). Ces jeunes présentent des troubles et symptômes si bruyants et intenses qu’ils sont empêchés de s’inscrire dans un projet de soin (DITEP). Le collectif leur semble insupportable et le lien à l’autre complexe. Leur rapport au corps est tout aussi difficile. Parfois dans l’agitation ou l’exposition, ils ne conscientisent pas ce qu’ils montrent à voir et bien souvent, ne le ressentent pas. Ainsi, ils sont invoqués par des mises en danger de leur propre agir ou de l’extérieur. Le DAPC, par son fonctionnement souple et adaptable, accompagne et reste au plus près de ces jeunes afin de les aider à grandir et construire leur avenir. Des jeunes pas conscients de ce qu’ils sont et de ce qu’ils font, la mission de cette équipe est de s’ajuster à leur temporalité et d’accueillir leurs symptômes et troubles. Ainsi, les professionnels, tels des protecteurs de crises intrinsèques ou extrinsèques, les sécurisent et leur assurent une présence permanente malgré les situations parfois aigües et douloureuses. Ce sont des éducateurs spécialisés, des psychologues et moniteurs éducateurs qui proposent une prise en soin « hors les murs » ajustable et qui se mesure à la temporalité des adolescents. Le temps, les repères, l’espace s’adaptent et s’agencent en fonction de leurs corps, de leurs états émotionnels du moment.