Atelier 3 / Séance d’ateliers 5

La dénomination en santé et ses conséquences pratiques : (salle F422)

  • Élisa Calvet, Vivre malade : entre vulnérabilité et autonomie :

  • Mathis Costes, Épistémologie et histoire de la « dyslexie développementale » : une multiplicité de nomenclatures :

La dyslexie est un concept qui a considérablement évolué depuis les premiers travaux de la  fin du 19ème siècle, passant de la « cécité congénitale des mots » à la « stréphosymbolie », jusqu’à  l’appellation donnée dans la clinique actuelle, soit « trouble spécifique de l’apprentissage ». Au  cours de l’histoire, de nombreux débats ont émergé et l’intensification des recherches scientifiques  ainsi que les initiatives militantes et politiques ont contribué à une compréhension approfondie de  cette catégorie diagnostique (Kirby & Snowling, 2022). Néanmoins, des désaccords persistent, que  ce soit dans l’écart entre la clinique et les manuels de classifications actuels, ou encore au sein du  mouvement social prônant la « neurodiversité » qui transcende les frontières mêmes du  pathologique (Arminjon et al., 2022). Certains auteurs remettent en question la pertinence du  concept de dyslexie (Boyer & Bissonnette, 2022).  

Avec cette présentation, notre objectif vise à souligner l’importance des terminologies  utilisées dans la compréhension d’un trouble et réciproquement, ainsi que d’explorer le rapport  complexe entre la science et la société concernant une entité telle que la dyslexie. Ces aspects  peuvent induire une intensification ou une réduction de la vulnérabilité dans de nombreuses  conditions. Qu’il s’agisse de la terminologie employée par les professionnels accompagnant de près  les personnes dyslexiques, des études réalisées par les chercheurs travaillant sur cette entité, des  revendications d’associations militantes, ou même des interprétations faites par les personnes  concernées, il semble important de dresser un tableau nuancé entre ces différents acteurs.  

Pour répondre à cela, nous allons, dans un premier temps, évoquer l’histoire de la dyslexie  dans son rapport entre science et société, puis présenter les termes contemporains utilisés à la fois  dans la clinique et dans la recherche. Nous terminerons notre communication en abordant plus en  détail en quoi l’angle et la manière dont nous comprenons, définissons et nommons un trouble  influencent grandement les aspects de vulnérabilité qui y sont associés.

  • Élodie Boublil, Injustice épistémique, vulnérabilité(s) et relation de soin : quelle éthique de la rencontre clinique ?

La question des violences dans le monde du soin, qu’elles s’exercent à l’endroit des patients ou des soignants (violence agie ou subie), occupe l’actualité depuis plusieurs années. Dans cette communication, nous  proposons plus spécifiquement d’analyser la question du déficit de crédibilité accordée à la parole du patient,  en situation de vulnérabilité, ou au soignant dans le cadre de ses interactions professionnelles, comme une  source et une manifestation de cette violence. Les études contemporaines en éthique médicale et en  philosophie de la santé ont, en effet, souligné la nécessité d’étudier la question de l’injustice épistémique  dans le contexte de la relation de soin. Cette communication vise donc à présenter les liens ou corrélations  épistémiques identifiés par ces courants philosophiques contemporains, afin de permettre une relation plus  juste entre soignant et patient, et de repenser les termes et les conditions de l’alliance thérapeutique, mais  aussi de surmonter les déterminants sociaux et psycho-sociaux à l’œuvre dans l’exercice du soin et les  problématiques hiérarchiques et managériales qui peuvent nuire à ce dernier. Nous commencerons par  présenter le concept d’injustice épistémique (Fricker, 2007) et par montrer sa pertinence pour comprendre  certaines dynamiques à l’œuvre dans la relation de soin. Puis nous analyserons la manière dont ces injustices  épistémiques agissent sur les représentations de la vulnérabilité, et sur les savoir-être des soignants. Dans un  troisième temps, nous proposerons alors une réflexion critique sur l’empathie, et chercherons à approfondir  les conditions d’une « écoute vertueuse ». Les problématiques du consentement et de l’information des  patients seront ainsi reformulées, à la lumière d’une éthique phénoménologique de la vulnérabilité qui  cherche à prendre en compte à la fois la demande des patients, les rythmes des soignants et les contraintes  institutionnelles et déontologiques à l’oeuvre dans l’exercice du soin.