Campus FM

II. La radio au quotidien

A. Équipe radiophonique

Campus FM est une radio associative, mais elle fonctionne tout de même grâce à trois salariés.

Pour être plus précis, il s’agit en 2022 de trois permanents au milieu de toute une toile de bénévoles. Parmi eux, François Berchenko qui s’occupe de la partie technique et de la rédaction. Il en va de même pour son collègue Thomas Delafosse, qui lui, gère aussi l’antenne et la programmation musicale. Ces deux personnages ont de multiples facettes car ils travaillent ou ont travaillé durant leur carrière à Campus FM à la fois sur la réalisation des émissions, sur le côté technique, mais aussi artistique. Chacun a ses propres projets, comme François avec ses groupes musicaux tel que Del Wire au début du siècle, mais qui a aussi animé des émissions telles que Starting Block où il présentait à l’auditeur des découvertes d’artistes et d’événements. Il en va de même pour Thomas qui a créé à la petite semaine, le distributeur automatique, dans lesquelles il proposait des sélections musicales. Des profils orientés musique donc ! Cependant, chacun avec son style. François étant plutôt hip-hop, pop, ou électro, tandis que Thomas s’intéresse au jazz, à la soul… Cela dépeint bien la diversité de la radio qui prône la curiosité musicale, où chacun peut y trouver son compte.

Le troisième salarié a un profil relativement différent, étant chargé des actions éducatives. Ainsi, Marc Lazaro réalise et produit plusieurs émissions pédagogiques découlant d’ateliers centrés sur la transmission de savoir-faire liés au secteur radiophonique. Ses émissions sont engagées dans différentes causes, comme la lutte des femmes avec Radio Basta, ou encore la visibilité du milieu psychiatrique dans Les haut-parleurs.

Cette équipe est encadrée par trois co-présidents : Jean Do Carmo, PhilipCette équipe est encadrée par trois co-présidents : Jean Do Carmo, Philippe Guionie et Simon Guérin-Besnier, ce dernier endossant aussi le rôle de secrétaire.

Du côté des bénévoles, la radio en compte une soixantaine. Différents types de profils se mêlent : des étudiants, des passionnés de musique, des jeunes en service civique… Qui sont là pour proposer des créations de programmes, partager leurs idées, mais aussi s’occuper de la communication ou du plan plus technique.
Nous avons d’ailleurs eu l’occasion d’interviewer l’un des bénévoles les plus emblématiques, Jean-Philippe Birac, alias Joe Kangourou, qui tient sa fameuse émission Caramel Mou depuis 1989.

B. Un programme pointu et sans concession

La musique est un thème principal chez Campus FM. La grille de programmation hebdomadaire 2021-2022 issue de leur site le montre bien : la majorité des émissions sont consacrées à la musique.

Le temps d’antenne accordé à ce domaine permet une grande variété dans les choix, styles, et les types d’émissions programmés. Au vu de la proportion de bénévoles, on se doute qu’on a affaire à des passionnés qui sont ici pour faire découvrir ce qui les fait vibrer. Il y a donc des temps de diffusion de musique, mais aussi des émissions où les bénévoles prennent directement le micro pour instruire le public sur différents champs historiques et culturels en lien avec la musique diffusée. La diversité des animateurs de la radio entraîne une diversité des programmes, avec souvent à l’antenne des morceaux que l’on aurait eu du mal à découvrir autrement. On cerne bien vite la volonté de la radio de faire découvrir, de partager et d’attiser la curiosité artistique de l’auditeur. Il peut y avoir des programmes de rap, en passant par la funk et la disco, puis en faisant un détour vers le jazz… Pour prendre un exemple parlant, on peut citer la Rivière qui propose des écoutes de musiques expérimentales comme le post-rock, le néo-classique, ou encore le drone. Mais l’accent est aussi mis sur la richesse musicale mondiale, comme dans Détours du monde où l’on peut découvrir des musiques d’Alger autant que d’Istanbul. Et ce programme est loin d’être le seul à proposer cette ouverture (autre exemple: ghettoblastershow “De la Pologne au Costa Rica, des Etats-Unis à l’Allemagne en passant par le Moyen-Orient, il distille des sets mélangeant Hip-Hop Old School, Disco/Funk, Afro-Latin, House”).

Pour finir, Campus FM, en tant que radio toulousaine, offre une visibilité à la scène musicale de Toulouse. Un temps d’antenne est consacré à la vie locale, comme dans la Midinale où Alice Baylac accueille des invités en direct trois jours par semaine, à midi.

Cependant, Thomas Delafosse insiste sur le fait qu’il ne souhaite pas privilégier une scène locale en mettant de côté la qualité. Les programmes proposés se veulent en accord avec une certaine ligne directrice de la radio, afin de former un climat cohérent. Le but n’étant donc pas de programmer toute sorte de musique sans se poser la question de la pertinence.

Loin des programmateurs l’idée d’un mélange insensé de musiques. Il ne s’agit pas de plaire à tous, mais de créer une identité propre à la radio, qui correspondrait de manière honnête à leur personnalité.

Ce point important est bien illustré dans l’épisode 8 de l’émission le Sillon voyageur consacré à Thomas Delafosse, où ce dernier nous dit que la radio offre une manière d’écouter de la musique sans proposition algorithmique telle qu’elle existe chez les plateformes de streaming : « je vous propose de la musique que potentiellement vous n’allez pas aimer, et peut-être que vous allez aimer ! ».

Campus FM, c’est donc une radio libre, mais aussi vivante.

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III.  Les dessous de la radio

A. La radio associative, un model en péril

“Du côté de Radio Campus, on sait ce que situation délicate veut dire. Après avoir frôlé la catastrophe économique, la radio est revenue à une situation moins tendue. Quand la radio a touché le fond en 2011, elle a reçu beaucoup de soutiens, y compris, (c’est la seule) une subvention de la Ville de Toulouse. Les trois CDI de la radio ont pu être sauvegardés et le studio de la rue des Lois a pu continuer à titiller les oreilles estudiantines. “

https://www.lejournaltoulousain.fr/societe/les-pirates-des-ondes-a-toulouse-22-36343/

La Radio Campus Fm est donc une radio associative, qui fonctionne à 70% grâce à des subventions publiques (Etat, région, commune), notamment via le Fond de Soutien à l’Expression Radiophonique (FSER). En 2008, ce fonds participait à hauteur de 25% d’un budget annuel de 200.000 euros. (source : https://www.ladepeche.fr/article/2011/11/20/1220169-trente-ans-apres-que-reste-t-il-des-radios-libres.html)

Le reste du budget vient d’actions menées par l’association elle-même, telles des coproductions, des partenariats éditoriaux ou des actions financées par d’autres partenaires. 

Campus FM, comme tant d’autres radios en France, fait néanmoins face à une réduction drastique des aides de l’Etat et doit pour se pérenniser, se réinventer et trouver d’autres modes de financements. Ils ont par exemple mis en place une cagnotte participative sur le site “HelloAsso”, faisant ainsi appel à la solidarité générale.

B. La radio dans la ville

“Sur internet, les radios associatives s’exportent aussi à l’étranger. Cependant, Thomas Delafosse, salarié à la programmation musicale de Radio Campus depuis 1998, garde toute prudence. « Ce n’est pas un problème pour trouver des animateurs. Tous les ans, on a cinq-sept nouvelles émissions qui débarquent sur nos ondes. Mais c’est quand même plus dur que les années précédentes, notamment pour trouver des bénévoles en ce qui concerne la gestion administrative. Cela devient de plus en plus lourd, on fonctionne comme une petite boîte. Toutes les radios associatives affrontent des difficultés financières. Il y a le désengagement de l’État, la fin des emplois aidés (on est passé de 7 à 3 salariés). Et puis le matériel doit être renouvelé. »”

https://www.ladepeche.fr/article/2011/11/20/1220169-trente-ans-apres-que-reste-t-il-des-radios-libres.html

Afin de pallier aux baisses de financements, mais aussi de porter leurs valeurs dans la vie de la cité, l’association a su diversifier ses activités et en développer d’autres, en intervenant auprès des habitants, des artistes et des étudiants. 

Si sa fonction principale est le partage de nouvelles formes d’expression musicales, elle s’étend également sur l’information citoyenne et culturelle, le savoir et la création sonore. Les principaux objectifs qui y sont liés sont : “

 – créer de nouvelles passerelles étudiantes, inter-universitaires

 – favoriser le maillage de différents publics sur plusieurs territoires.”

Si son “public cible” est prioritairement la tranche 16 à 35 ans de la région, elle souhaite également faire lien avec les autres générations. Elle favorise ce lien en créant des espaces d’échanges et de partage autour de l’outil radiophonique.

On pourrait parler ici d’émissions extra-musicales mises en places par la radio pour répondre à ces défis, comme : 

• Les femmes digitales : “Les femmes digitales” a pour objectif de valoriser le parcours des femmes dans la filière du numérique et ainsi créer des vocations auprès des femmes de toutes générations, à travers des portraits personnels autour de valeurs telles que l’inclusion, la diversité et la légitimité.” (site de radio campus)
• Au crible de la science : “Que retiennent les lycéens de ce qu’ils voient et entendent dans les médias ? À l’ère du numérique, les jeunes sont submergés d’informations. Difficile de démêler le vrai du faux et de se forger une opinion personnelle en exerçant son esprit critique. C’est partant de ce constat que l’Université fédérale Toulouse Midi-Pyrénées et le Quai des Savoirs lancent “Au crible de la science”, le nouveau programme audio Exploreur.”(source : campusfm.fr)

La radio propose de nombreux autres formats et thèmes d’émissions, allant du reportage de terrain à des rencontres autour de la création de start-up, en passant par la poésie. Il semble qu’ils soient en constante évolution et fasse preuve d’une grande adaptabilité. Elle propose également des actions, ateliers pédagogiques autour de la radiophonie. Ces actions ont d’ailleurs commencé très tôt dans l’histoire de l’association. En effet, “Caramel Mou” est rentré dans l’association car il travaillait dans un IME (Institut Médico-Educatif) et souhaitait développer une action radiophonique avec des jeunes qu’il accompagnait. C’est dans ce cadre qu’il a contacté la radio, les jeunes n’étant cependant pas très motivés, il décide de faire une émission seul pour leur montrer les possibilités. On connaît la suite, les jeunes ont accroché au concept et Caramel Mou pour les 25 années qui suivent et encore jusqu’à aujourd’hui.

IV. Campus FM, de nouvelle perspective et de nouveaux projets ?

Campus FM, un avenir porté sur l’expansion géographique ou un avenir vers le numérique ?

Si la tentative d’ouverture d’une antenne à Tarbes pouvait nous donner les signes d’une volonté d’agrandir la zone de diffusion de Campus FM, le sujet n’est plus vraiment d’actualité. Ce projet demandait malheureusement des frais trop conséquents et depuis l’échec de 2010, nombreuses radios associatives ont pris les devants, comme à Montpellier ou à Tarbes. 

“(…) l’univers il a changé depuis, parce que cette époque-là y’avait pas ou peu internet donc et là maintenant j’ai envie de dire on est à Tarbes on est en Australie si on veut aussi”

Thomas Delafosse – Interview Campus FM

Sur Toulouse la concurrence se fait rude, entre grandes radios nationales et petites radios numériques, il faut savoir se démarquer. Alors pour Campus FM, on maintient le cap. Il n’est pas question d’abandonner le statut de radio hertzienne, mais plutôt de démultiplier les possibilités de médias annexes. Podcast, retransmission Internet, playlist, mixcloud…

“(…) Pour moi la radio c’est pas autour d’un personnage, pour moi la radio c’est une équipe…” 

Jean Philippe Birac – Interview Campus FM

Campus FM est présent sur tout le territoire grâce à internet et ce à moindre frais. Pour ce faire, ils peuvent compter sur l’aide et le travail de nombreux et nombreuses bénévoles. De nouveaux projets il y en a oui, et notamment des liens avec la Faculté de Toulouse Jean Jaurès. En témoigne l’émission le sillon voyageur de ce 30 mars où la parole était au département de musique de l’UT2J, avec au programme petites interviews et sessions live.

Voici, ci-dessous quelques photos de cette émission !

Liens et références