Le rattachement de l’ESPE à l’UTM est légitime comme l’était le rattachement de l’IUFM à l’UTM en 2008.
L’argumentaire qui a prévalu à l’époque, appuyé sur une méthode de concertation qui avait impliqué tous les établissements du site toulousains concernés et qui avait recueilli l’assentiment unanime du CNESER, prévaut aujourd’hui.
Qui pourrait contester que l’engagement de l’UTM dans la préparation aux métiers de l’enseignement n’est pas bien antérieure à l’intégration de l’IUFM à l’UTM ?
Il remonte aux années 80 durant lesquelles l’UTM assura, à la demande des autorités rectorales, la formation disciplinaire de normaliens pour obtenir un DEUG dans les disciplines fondamentales, prépara au concours d’entrée à l’Ecole Normale, coordonna la préparation au DEUG d’instituteurs en poste dans les collèges et se dota d’un Centre Universitaire de Formation des Enseignants et des Formateurs (CUFEF) qui organisa, en lien avec le Rectorat, des actions en direction des étudiants durant la Licence (stages, modules d’enseignement spécifiques …). Sans oublier la contribution de l’UTM à la formation continue des personnels enseignants.
Qui pourrait contester que quasiment tous les domaines disciplinaires de l’UTM sont en relation, non exclusive certes, avec la question de la formation des maîtres ?
Grâce à son caractère pluridisciplinaire et à la richesse de sa carte des formations, les disciplines de l’UTM sont représentées dans les programmes des concours de la fonction publique : les disciplines dites « académiques » (lettres, langues, arts, histoire, géographie, sciences économiques et sociales) ainsi que la psychologie, la sociologie, les sciences de l’éducation, l’hôtellerie-restauration, la documentation.
Qui pourrait contester que la recherche dans le domaine de la didactique, de l’éducation et de la formation n’est pas menée à l’UTM en sciences de l’éducation, en lettres et langues, en sciences du langage, en psychologie … ?
Ce n’est pas le fruit du hasard si une Structure Fédérative de Recherche dans la « recherche en éducation » a vu le jour après le rattachement de l’IUFM à l’UTM.
Plus que jamais, il est temps que l’UTM soit reconnue régionalement, nationalement et internationalement comme « Pôle d’enseignement et de recherche en Education et Formation ». Un Pôle au sein duquel ESPE, UFR, Départements et équipes de recherche agiraient en concertation étroite dans l’intérêt d’une mission partagée.
L’orientation politique est là, le rattachement de l’ESPE à l’UTM y trouve une légitimité accrue. Il reste à trouver la forme structurelle qui convienne.
Certains considèrent que l’ESPE sera mieux traitée avec un rattachement direct au PRES que ne l’est l’IUFM depuis son intégration à l’UTM. La FSU UTM ne fait pas cette analyse. D’abord, il est évident que ce n’est que déplacer la question d’une structure à une autre sans y répondre vraiment. Ensuite, cela peut même être le contraire, puisque en étant rattachée à l’UTM, l’ESPE est assurée de faire entendre sa voix par ses représentants au sein des instances centrales de l’UTM, comme c’est le cas actuellement pour l’IUFM, alors que rien ne garantit et ne garantira jamais cette représentation dans les instances de la future UT. La FSU a déjà dénoncé l’opacité qui entoure actuellement le futur mode de fonctionnement de cette construction dont on sait en revanche qu’elle obéira à une logique manageuriale menée par un petit nombre de décideurs très éloignés des préoccupations quotidiennes des établissements. Déclarer que les composantes de la future UT, et donc l’ESPE, n’auraient pas à subir d’arbitrages sur la politique de formation et de recherche, et donc sur les moyens est illusoire et en parfaite contradiction avec la vocation même des grands établissements (probablement la forme juridique de l’UT). Que pèsera l’ESPE face à ces décideurs et aux autres grandes composantes de l’UT ?
D’autres, souvent les mêmes, avancent le caractère interuniversitaire de l’ESPE pour défendre un rattachement direct au PRES et ainsi une plus grande autonomie. En quoi le rattachement ancien des nombreux services interuniversitaires toulousains à une université ou un autre entache-t-il le fonctionnement de ces services et limite-t-il leur autonomie ? En fait, il s’agit de faux arguments, car le futur statut des ESPE leur garantit déjà une large autonomie, qu’elles soient rattachées à une université en particulier ou non, et garantit donc l’égalité de traitement avec d’autres composantes des universités (UFR, Départements).
D’ailleurs, si ces arguments en faveur d’un rattachement direct au PRES étaient aussi évidents que cela, ils vaudraient pour toutes les ESPE en France. Or, c’est loin d’être le cas.
A l’instar de ce qui se dessine dans d’autres régions, la FSU UTM propose que l’ESPE soit une Ecole interne de l’UTM et que son caractère interuniversitaire et régional se traduise
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dans ses missions, par sa mise au service des autres établissements toulousains et dans la construction de masters interuniversitaires régis par des conventions entre les universités et l’ESPE ;
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dans la gouvernance, avec la création d’un directoire (Présidents, Recteur, Directeur de l’ESPE) et la représentation des universités dans le Conseil de l’Ecole ;
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par la création au sein du PRES, ou de l’Université de Toulouse, d’une Commission permanente « Développement régional de la formation des maîtres », lieu d’échange et de concertation sur la politique régionale à mener en matière de l’enseignement ainsi qu’espace de discussion sur un projet régional « Formation des maîtres ».
Il faut bien reconnaître que le traitement de l’intégration de l’IUFM à l’UTM a été conçu presque exclusivement sous l’angle de la gestion des moyens, l’essentiel devenant malheureusement accessoire. Les syndicats de la FSU ont dénoncé très tôt cette politique. Ils se réjouissent aujourd’hui que les mêmes qui menaient cette politique à l’époque la dénoncent maintenant, mais considèrent que cela décrédibilise considérablement leur militantisme en faveur d’un rattachement direct au PRES !
Sans négliger les contraintes gestionnaires, le FSU demande que cette logique politique soit rapidement et radicalement inversée, et qu’une visée stratégique guide le rattachement de l’ESPE à l’UTM.
La FSU demande du respect pour le personnel de l’IUFM qui, après des années consacrées à l’intégration de leur institut à l’UTM, verrait son travail réduit à rien par un rattachement direct au PRES.
Notre université a d’autres atouts à faire prévaloir. Les activités du CIAM, les actions de Formation continue, l’Université du Temps libre, en particulier, ne demandent qu’à être mises au service des sites en région de l’ESPE, contribuant ainsi à la valorisation de l’université toulousaine en région et à une politique de l’accès au savoir pour tous.
La demande de rattachement de l’ESPE à l’UTM est bien légitime !