Rencontre avec Marion Gautreau


À l’Université-Toulouse-II-Jean-Jaurès, Marion Gautreau est maîtresse de conférences au département d’études hispaniques et hispano-américaines ainsi que membre du FRAMESPA (France Amériques Espagne Sociétés Pouvoirs Acteurs) qui est un laboratoire d’historien.ne.s et d’historien.ne.s d’art. Elle enseigne à l’UT2J depuis septembre 2008 après avoir soutenu sa thèse en novembre 2007. Mais le travail de Marion Gautreau ne se limite pas à l’UT2J. En effet, elle est également bénévole au Cinélatino et occupe le poste de vice-présidence de cette même association depuis juillet 2023.

Portrait de Marion Gautreau

Marion Gautreau, avant d’être maîtresse de conférences, a suivi un parcours plus que remarquable. Elle a étudié à Sciences Po Paris, puis a fait un DEA (Diplôme d’Études Approfondies) pour ensuite enchaîner sur un doctorat à la Sorbonne (Paris IV) et a également obtenu l’agrégation d’espagnol.

Concernant sa thèse de doctorat, Marion Gautreau a travaillé sur « La photographie de la révolution mexicaine dans la presse illustrée de Mexico (1910-1940) de la chronique à l’iconisation ». Elle étudiait donc les photographies publiées dans les revues illustrées de la capitale, d’abord pendant la période armée de la Révolution (1910-1920) puis durant le début de ce qu’on a appelé la post-révolution (1920-1940). Elle cherchait à comprendre la manière dont certaines photographies, qui avaient été mises en avant, étaient devenues iconiques au cours de la post-révolution par rapport à tout le corpus d’images initial.

Marion Gautreau et le Cinélatino

Affiche du festival du Cinélatino, 2024

Chaque année, le Cinélatino met en l’honneur, par le biais de la diffusion de films, de longs-métrages ou de documentaires, un pays et plusieurs thématiques lors d’un festival. Durant ce festival, une compétition y est organisée pour choisir le ou les meilleurs films. Tous les ans, l’association reçoit une centaine de films de tout type qui nécessitent un long travail de visionnement de la part des organisateur.rice.s. Plusieurs comités s’en chargent : un comité de programmation pour tout ce qui est fiction (pour les compétitions de longs-métrages de films et les découvertes de fiction) ; un comité de programmation longs-métrages documentaires ; un comité courts-métrages (de fiction et documentaire) ; un comité de programmation pour tout ce qui est « Focus » auquel Marion Gautreau participe parfois, qui est hors compétition. Ce comité de programmation « Focus », où le visionnement est moindre, définit des thématiques et cible des films beaucoup plus facilement. Ensuite, ces thématiques sont discutées avec le conseil d’administration qui respecte en général les choix du comité de programmation car c’est un comité qui est plus en lien avec les thématiques actuelles. Par exemple, il y a eu de grandes thématiques telles que « Cinéma Politique » et « Cinéma de femmes ». Cette année 2024 a accueilli le « Cinéma de genre » mexicain, et plus particulièrement le « Cinéma d’horreur mexicain » qui était un partenariat avec la Cinémathèque sur cette programmation.

En ce qui concerne le temps de préparation, il faut compter un an. Le festival de cette année s’est déroulé entre le 15 mars et le 24 mars et Marion Gautreau nous annonce qu’il y a déjà eu une réunion de programmation « Focus » pour l’année prochaine afin de définir la thématique, de commencer le visionnement des films, etc. La programmation « Focus » commence donc un an à l’avance tandis que la programmation des compétitions s’organise bien plus tard car le reste des comités de programmation lance un appel à films et tous ces appels se clôturent au cours de l’automne. Ces comités reçoivent des films jusqu’au mois de novembre voire décembre pour certains comités. En effet, le festival présente des films qui viennent d’être finalisés dans la production. Les comités sont donc obligés de travailler dans un temps très court pour obtenir les derniers films produits. La programmation de la compétition s’organise donc entre octobre et février avant de boucler le catalogue.

Le Cinélatino, afin de promouvoir le festival, fait appel à une responsable de la communication qui fait évidemment partie de l’équipe. Elle travaille sept mois par an et fait du tuilage dans l’année sur la newsletter. Ensuite, l’association diffuse elle-même la promotion du festival sur son site web et sur ses réseaux sociaux, elle le fait également par voie postale grâce à un attaché de presse national pour avoir une couverture nationale. Elle fait également du mailing, des affiches, etc. En ce qui concerne les affiches, c’est Ronald Curchod qui s’en charge depuis une dizaine d’années. Le Cinélatino a finalement tout un système de communication assez rôdé qui est toujours sujet à évoluer.

Cependant, pour créer un festival et pour mettre œuvre les activités, la question du financement est essentielle. Le Cinélatino est financé principalement par des subventions de collectivités, dont la plus importante est celle de la mairie de Toulouse. Il reçoit également des subventions du conseil départemental et du conseil régional et aussi du CNC (Centre National du Cinéma et de l’Image Animée). Ce sont les quatre subventionneurs du Cinélatino. Il a aussi des fonds propres grâce aux entrées de cinéma pendant le festival ainsi qu’aux buvettes mises à disposition.

Au cours du festival, plusieurs bénévoles sont mobilisé.e.s Certain.e.s travaillent sur la partie cinéma et d’autres sur la partie festivalière. Il y a plusieurs groupes de bénévoles : la régie, la restauration, l’accueil des spectateur.rice.s, les interprètes, les « anges gardiens » (accompagnateur.rice.s), les chauffeur.se.s, l’événementiel, etc. Il y en a certain.e.s qui se chargent de la Plateforme Professionnelle. C’est une plateforme qui réunit des professionnel.le.s et des réalisateur.rice.s qui ont des films en cours de réalisation pour obtenir des prix pour de la post-production pour finaliser des films. Cette plateforme s’appelle « Cinéma en Construction ». Une autre plateforme s’appelle « Cinéma en Développement » où des réalisateur.rice.s et des producteur.rice.s peuvent venir faire des pitchs de projet pour avoir un soutien au développement du projet cinématographique. Beaucoup de bénévoles sont donc mobilisé.e.s pour le bon déroulement du festival. À côté de ces centaines de bénévoles, il y a également trois personnes en CDI à l’année, sept équivalents temps-pleins, plusieurs CDD, plusieurs services civiques et quelques stagiaires.

Le festival organisé par le Cinélatino est un excellent moyen de rencontrer les réalisateur.rice.s des films sélectionnés pour la compétition et en général, après chaque projection, des débats sont organisés. Ensuite, quelques réalisateur.rice.s acceptent des rencontres spécifiques pour échanger sur les films. Par exemple, Marion Gautreau et Amanda Rueda (Département Art et Communication), depuis une dizaine d’années, mettent en place à l’UT2J un atelier qui permet la rencontre entre des universitaires spécialistes de cinéma et des invité.e.s tel.le.s que des cinéastes. Ensuite, tous les ans, le Cinélatino organise une rencontre avec les réalisateur.rice.s de la compétition documentaire ou parfois avec un.e invité.e d’honneur. Ce genre de rencontres entre des réalisateur.rice.s ou des personnes du monde du cinéma permettent de les mettre en avant et de les soutenir.

Concernant la parité homme-femme, l’association essaie toujours de trouver un équilibre afin de mettre en avant autant les réalisateurs que les réalisatrices. Cependant, il y a une prédominance masculine malgré un bon nombre de réalisatrices invitées chaque année au festival.

Pour la compétition, Marion Gautreau explique qu’elle ne peut pas faire partie du jury de son propre festival car elle serait juge et parti. Il y aurait donc une injustice. Par contre, certain.e.s membres du conseil d’administration ou de l’équipe ont déjà fait partie d’un jury pour d’autres festivals de cinéma, notamment Eva Morsh Kihn (coordinatrice de la programmation du Cinélatino) car elle a une expertise en programmation cinématographique. Cependant, pour leur propre festival, des juré.e.s extérieur.e.s sont invité.e.s, que ce soit des cinéastes, des producteur.rice.s, des acteur.rice.s ou des critiques de cinéma, afin d’avoir la plus grande impartialité.

Comme nous l’avons évoqué précédemment, Marion Gautreau est vice-présidente bénévole du Cinélatino depuis juillet 2023. Grâce à son travail sur la photographie, elle arrive à créer des liens avec les arts visuels et le cinéma. Dans ses enseignements à l’UT2J, elle met en pratique ce qu’elle apprend au Cinélatino. Même si elle ne fait pas de programmation, elle est membre du conseil d’administration depuis douze ans, elle travaille en tant qu’interprète durant le festival, elle présente des films ce qui l’oblige en effet à regarder le contenu des films, de rencontrer les réalisateur.rice.s. Tout cela lui permet de nourrir sa réflexion sur l’analyse filmique qu’elle peut transmettre à ses étudiant.e.s de licence et de master mais aussi lors de séminaires. Cela lui permet également de réfléchir sur l’actualité latino-américaine car la programmation du Cinélatino est très liée aux questions sociales et politiques actuelles année après année.

Lors de chaque festival le Cinélatino vend en moyenne entre quarante mille et cinquante mille entrées en comptant Toulouse et la région. En effet, les films ne sont pas seulement projetés à Toulouse mais également dans toute la région dont le système s’intitule « Cinélatino en régions ». Tous les films sont également accompagnés par leurs réalisateur.rice.s pendant le festival et circulent dans la région Occitanie.

En période hors festival, le Cinélatino propose des activités de visionnage avec les classes scolaires durant l’année. Il est parfois partenaire de certaines projections de films dans des cinémas, que ce soit à Toulouse ou ailleurs. Il est également partenaire de cinémas ou de festivals. Parfois, il participe à la semaine de l’Amérique latine et des Caraïbes. Cependant, ce ne sont seulement que de petites activités, il n’y a pas d’activité importante hors festival.

Logo du Cinélatino

Pour en savoir plus sur le Cinélatino et ses festivals, n’hésitez pas à vous rendre sur place ou à consulter le site web ou les réseaux sociaux !


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