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Lecture de l’Enjeu du salaire de Bernard Friot

Ce billet est consacré à la formulation des questions ou commentaires que suscitent la lecture de l’Enjeu du salaire (Friot, 2012) et que j’aimerais poser ou soumettre à Bernard Friot. Les nombres entre parenthèses indiquent des numéros de page.

– (9) « double chantage de l’emploi et de la dette ». Le chantage, c’est un mot fort. Qui fait chanter qui ? Des descriptions factuelles contrôlables (cf. Vautier, 2014, 14 octobre) permettent au lecteur de juger et raisonner par lui-même ; des phrases elliptiques mettent le lecteur face au choix entre opiner ou bien rester sceptique.

– (12) le salaire comme « mode de reconnaissance de la capacité de produire de la valeur économique ». Qui reconnaît le salarié ? La reconnaissance sociale n’est pas une notion qui va de soi. Et un étonnement : le salaire n’est-il pas versé en échange de quelque chose qu’a produit ou fourni le salarié (on peut dire, son travail, son temps, son énergie, ses capacités intellectuelles) ? La capacité à produire quelque chose, ce n’est pas ce quelque chose, c’est seulement le pouvoir de produire ce quelque chose. Que se passe-t-il si un salarié ne produit pas ce qu’il est capable de produire ? Il reçoit quand même son salaire ! Comme dans la chanson : payé à rien foutre ?

– (13) la mesure de la valeur économique : du point de vue d’une analyse critique de ce qu’est mesurer, la valeur économique n’est pas une grandeur mesurable parce que les choses n’ont pas de valeur en soi, ou, la valeur n’est pas un fait brut (Searle, 1995). Il faudrait remplacer « mesurer » par « évaluer ».

Références

Friot, B. (2012). L’enjeu du salaire. Paris: La Dispute.
Searle, J. R. (1995). The construction of social reality. New York: The Free Press.

Le néolibéralisme nie les rapports de classes au bénéfice d’une approche individualiste qui renvoie les inégalités aux qualités supposées des personnes et à leurs mérites, et n’entend pas les traiter autrement que sur un mode individuel.

Pinçon, M., & Pinçon-Charlot, M. (2010). Le président des riches : enquête sur l’oligarchie dans la France de Nicolas Sarkozy. Paris : La Découverte.

Alternatiba

Bon pour le moral.

Mais, à la minute 2:44 du document, Christophe Cassou, climatologue, dit : « … extrêmement probable, dans le langage GIEC, ça veut dire plus de 95% de chances que ça soit le cas… un scientifique ne vous dira jamais 100%, parce que… ça n’existe pas, mais plus de 95% de chances on est au maximum possible au niveau statistique de l’attribution du réchauffement climatique aux activités humaines… »

Voici un bel exemple de probabilité subjective. Une probabilité de 100% en statistique, ça existe : par exemple, 100% de chances que si on pioche dans une urne de billes, on trouve une bille. Dire qu’on croit très fort qu’une proposition est vraie, c’est une chose, mais de deux choses l’une si la proposition a un sens : soit elle est vraie, soit elle est fausse. Et si les climatologues se contentaient de nous dire ce qu’ils observent scientifiquement et ce qu’ils connaissent comme explications possibles de ce qu’ils observent ?