Daniel WELZER-LANG
Professeur de sociologie,
Université Toulouse Le-Mirail (France)
http://w3.univ-tlse2.fr/cers/annuaires/fiches_indivi/permanents/Daniel_Welzer_Lang.htm
mon blog : http://daniel.welzer-lang.over-blog.fr/
Et Daniel welzer-lang sur FaceBook.
Epistémologie des études critiques sur les hommes et le masculin
Point de vue situé d’un garçon de France, après 25 ans de recherches sur ces thèmes
Conférence prononcée au Colloque international
Perspectives futures en intervention, politique et recherche
sur les hommes et les masculinités, 9, 10 et 11 mars 2011,
Université Laval, Québec (Qc), Canada.
Résumé :
Depuis la création des groupes d’hommes dans les années 70, les études critiques sur les hommes et le masculin francophones se sont développées de manières diversifiées. Parfois présentées comme une opposition binaire entre masculiniste et proféministe, l’intervention s’attachera à essayer de proposer une autre typologie qui dépasse cette vision idéologique et non-heuristique pour essayer de saisir les transversalités, la place explicite ou implicite des rapports sociaux de sexe et de genre.
Puisque les femmes ne peuvent arriver seules à l’égalité, à la fin de la domination masculine, la disparition du genre, que nombre d’entre-elles souhaitent ne plus soliloquer, il est question dans cette intervention d’historiciser les études critiques sur les hommes, et d’en contextualiser les paradigmes d’analyse. Bref, de déconstruire le masculin, de saisir dans les analyses les consensus et les dissensus, comme les femmes féministes critiques ont pu le faire avec « l’éternel féminin ».
Daniel WELZER-LANG
Professeur de sociologie,
Université Toulouse Le-Mirail (France)
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Epistémologie des études critiques sur les hommes et le masculin
Point de vue situé d’un garçon de France, après 25 ans de recherches sur ces thèmes
Conférence prononcée au Colloque international
Perspectives futures en intervention, politique et recherche
sur les hommes et les masculinités, 9, 10 et 11 mars 2011,
Université Laval, Québec (Qc), Canada.
Intervention
D’abord, permettez moi de dire et d’afficher ma joie et mon immense plaisir d’être ici, avec vous. De féliciter l’équipe qui a organisé ce colloque, et son leader charismatique Gilles Tremblay. De remercier aussi Jeanne-Mance et Itzela Sosa qui nous ont aidé à monter ce projet collectif.
J’ai proposé de traiter de l’ « Epistémologie des études critiques sur les hommes et le masculin » à la lumière de 25 années d’expérience. J’aimerais commencer par quelques prolégomènes.
L’androcentrisme, 1er, 2ème degré : L’étude des hommes dans une perspective genrée : androcentrisme et occultation du masculin
Pendant longtemps, tout en déconstruisant les formes de domination que subissaient les femmes, les sociologues du genre, en particulier les sociologues féministes ont dû lutter contre l’androcentrisme des sciences sociales. Androcentrisme qui nous faisait penser le masculin, comme le normal, le général, et les femmes comme le particulier, le spécifique. Delphy (1998), Devreux (1985), Guillaumin (1992) ont largement démontré dans leurs travaux les biais épistémologiques de nos différentes disciplines, et leurs effets.
« Il n’y a pas toujours eu deux sexes en sociologie. Au contraire, on était en présence, d’une part, d’un être général, porteur des caractéristiques de l’humanité, représentant même de cette humanité, être général qui se confondait avec l’être masculin, et d’autre part, d’un être sexué particulier, la femme » (Devreux, 1985)., 1994
L’androcentrisme concernait les textes, les auteurs, et des disciplines entières, incapables de traiter avec la même attention ce que vivaient, pensaient ou subissaient hommes et femmes. Bien souvent d’ailleurs, nos sociétés assimilaient les hommes à la culture, et les femmes à la nature (Mathieu, 1991). Pour elles seules, dans une vision complémentariste et essentialisée de la différence hiérarchisée des sexes, étaient vantées leurs qualités « naturelles » : sensibilité, douceur, esthétisme, capacité d’aider l’autre. Non sans résistances, les champs des études féministes et des études du genre se sont progressivement développés en produisant des analyses en termes de rapports sociaux de sexe, et rapports sociaux de genre (Battagliola et al., 1990).
Le genre est défini ici comme le système socio-politique qui construit, organise et hiérarchise la pseudo naturalité des catégories sociales de sexe (le sexe dit biologique) en légitimant la domination masculine hétéronormative. En ce sens les rapports sociaux de sexe analysent la domination masculine et ses évolutions, les positions sociales respectives des hommes et des femmes. Les rapports sociaux de genre s’intéressent à l’hétéronormalisation des positions des personnes définies comme hommes ou femmes, la domination des sexualités définies comme minoritaires.
Quelques années plus tard, il nous faut approfondir ces réflexions. D’une part, si le cadre général des rapports sociaux de sexe et de genre reste encore largement marqué par la domination masculine, certains espaces sociaux, certains segments de classe sociales (voir infra), donnent à voir des mobilités sociales de sexe et de genre marquées par des formes d’inversion, de contournement, de prises de pouvoir localisées, des exclusions, ou des refus de confrontations, qu’il faut aussi, aujourd’hui, prendre en compte. Autrement dit, la domination ne se reproduit pas à l’identique. Les luttes sociales des femmes, comme celles des gais, des lesbiennes, des bi et des transgenres ont aussi marqué ces quarante dernières années. Il nous faut les introduire dans l’analyse genrée. D’autre part, nous avons assisté en sociologie à la multiplication des études sur les femmes, leurs modes de vie, les violences qu’elles subissent, l’articulation travail professionnel/travail domestique… Cette multiplicité d’études sur les femmes, qui traitent aussi des hommes mais d’un point de vue particulier, a pu permettre aux chercheur-e-s de mieux préciser les formes générales et particulières des dominations subies, mais a eu tendance à moins bien renseigner ce que vivent réellement les hommes, en particulier pour ce qui concerne les processus selon lesquels ils sont socialisés dans les certitudes égotistes et viriles. De manière paradoxale, cela a renforcé une forme particulière d’androcentrisme telle que le définissait Marie-France Pichevin et Daniel Welzer-Lang dès 1992 : «… l’androcentrisme consiste aussi à participer d’une mystification collective visant pour les hommes, à se centrer sur les activités extérieures, les luttes de pouvoir, la concurrence, les lieux, places et activités où ils sont en interaction (réelle, virtuelle ou imaginaire) avec des femmes en minorant, ou en cachant, les modes de construction du masculin et les rapports réels entre eux. » (Welzer-Lang, Pichevin, 1992).
Nous sommes donc aujourd’hui dans une situation nouvelle que l’on peut qualifier d’androcentrisme de niveau 2. Des études sur les femmes qui explicitent leurs modes de vie, leurs conditions sociales, et en face un silence et/ou une occultation de ce que vivent, font, rêvent les hommes. Silence et/ou occultation entretenue y compris par les chercheurs qui évitent soigneusement de parler d’eux comme des êtres genrés. Sans doute aurons-nous aussi bientôt à retravailler ce biais fort actuel que l’on peut qualifier de gynocentrisme ou de maternalisme qui consiste à se centrer exclusivement sur les femmes et/ou le féminin, et occulter les rapports sociaux qui construisent aussi le masculin.
Mais ce qui me paraît le plus grave avec cette forme d’androcentrisme de niveau 2 est le risque de renaturalisation et de réessentialisation du masculin
Les différents courants qui travaillent le masculin
On a l’habitude de dire qu’il y a quatre courants de pensée transdisciplinaires qui occupent l’espace de débats sur les études des hommes et du masculin (Clatterbaugh, 1997 ; Messner 1997) et qui sont parallèles avec les différents groupes d’hommes qui les supportent.
J’aimerais revisiter cette typologie. Et ceci pour deux raisons majeures.
1/ D’une part, elle a été construite à un moment historique qui me semble aujourd’hui dépassé. 1997 était une époque particulière : pauvreté numérique des hommes remettant en cause la domination masculine, nommée ainsi ou non. Guerre des sexes souvent présente dans les rapports entre personnes construites comme homme ou comme femme. Non émergence des courants queers qui essayent de dépasser l’hétéronorme, etc. Non unité et surtout peu de discussions entre ces militants du quotidien qui essaient de dépasser les formes traditionnelles des masculinités. Bref, un moment proche du passé dans nos relations de genre.
Il s’agissait de faire une typologie de tendances émergentes, peu représentées dans de nombreux pays. C’est d’ailleurs l’époque où, avec quelques amis nous avions créé le Réseau Européen d’Hommes Proféministes. Comme pour dire : oui, une position masculine (pour les hommes) qui se revendiquent des acquis des luttes de femmes est possible. Oui, nous devons débattre. Même si, retrospectivement, nous nous adressions plus aux femmes qu’aux autres hommes. Ce qui explique d’ailleurs le peu de succès de ce réseau qui laisse quand même sur la toile, et en plusieurs langues, un ensemble de textes fondateurs (http://www.europrofem.org).
2/ L’autre raison qui me pousse à revisiter le classement émis en 1997 est la fonction d’une typologie. A quoi doit-elle nous servir ?
Pour ma part, en dehors des effets d’annonce où les hommes se nomment, mesurent symboliquement la taille de leur membre viril pour s’afficher le meilleur, perpétuent entre eux une guerre permanente, une typologie, un idéal-type dirait le sociologue Max Wéber, est une construction théorique a posteriori qui doit nous aider à penser. Un tournevis qui aide la compréhension et la déconstruction du masculin. Une boîte à outils qui permet d’historiciser les réflexions, et les retours critiques que nous pouvons faire sur les travaux qui ont accompagnés la progression des études critiques sur les hommes et le masculin.
Autrement dit, les catégories de ma typologie ne sont pas exclusives les unes des autres. On peut être tout à la fois dans un groupe de conscience et proféministe radical, pleurer entre hommes en découvrant les vertus des émotions et être réactionnaire, etc.
Six courants de pensée transdisciplinaires
Là où Clatterbaugh identifiait quatre courants de pensée transdisciplinaires, je vois aujourd’hui 6 pôles. Permettez-moi de les présenter ce qui me permettra d’en présenter les problématiques.
1/ Souvent caractérisé de « masculinisme », le premier courant tend à symétriser situation des hommes et des femmes. Supporté en France par des associations de pères divorcés, et quelques personnalités dont Eric Zemmour, auteur du Premier Sexe (2006), cette posture tend à faire porter par les femmes, en particulier par le féminisme, la responsabilité des difficultés masculines : échec scolaire, violences, suicides… Ainsi sur les violences, prenant en exemple les violences masculines — et arguant de travaux de victimologie, en particulier une étude de Statistiques Canada, et un travail qualitatif de fin d’étude de travail social suisse requalifié de thèse (Torrent, 2003) ce courant déclare que les hommes sont aussi violentés par les femmes que l’inverse. Ce courant propose globalement un retour aux valeurs patriarcales d’antan, faisant valoir que ce modèle de genre était moins anxiogène pour tous et toutes. Récemment, autour des « Congrès de la condition masculine – Paroles d’hommes » est apparue une nouvelle branche de ce courant qui, tout en symétrisant situation des hommes et des femmes notamment les discriminations subies, se définit comme « hoministes ». Si l’appel au premier congrès était particulièrement réactionnaire, certains textes suivants sont plus ambigus, notamment par la reconnaissance par certains participants à ces congrès de la domination masculine et de ses effets en termes de violences sur les femmes, de l’apport du féminisme…
Sans même évoquer ici les difficultés conceptuelles pour définir le terme « masculiniste », autrefois utilisé par tous les groupes de paroles d’hommes en France et au Québec qui découvraient la déconstruction de « la virilité obligatoire » — difficulté parfaitement explicitée par nos collègues québécois dans leur dernier ouvrage collectif (Deslauriers, Tremblay, Genest Dufault, Blanchette, Desgagnés, 2010), ce courant n’est donc pas homogène.
2/ Le deuxième courant, soutenu en France par une frange autoproclamée « radicale », parfois appelé « proféminisme radical », il propose comme unique perspective aux hommes, comme dominants, de soutenir les femmes et le féminisme et de se taire sur les difficultés masculines analysées alors comme minimes, secondaires et sans réelles importances (Stoltenberg, 1989 ; Thiers-Vidal, Dufresne). Toute attitude autre, notamment l’exposé des difficultés de certains hommes est considérée comme une tentative de reprendre le pouvoir par des « mâles contestés ». Les hommes sont appelés à « rendre des comptes » aux féministes. Dans cette perspective, les « sujets » hommes n’existent pas. Ils sont réduits à la fonction d’ « auteur » des effets de la domination masculine subie par les femmes.
Je vaux mieux qu’une moule !
Pour évoquer parfois les « souffrances » des hommes, y compris des hommes qui exercent des violences contre les femmes, je me suis vu caractérisé de « faux ami des féministes » par des garçons qui par ailleurs, comme antispécistes dissertent sur les souffrances des … moules et des huîtres [Ont-elles un système nerveux ? Souffrent-elles ? Peut-on les manger ?].
Courant plus idéologique que réellement ancré dans la recherche, ce courant de pensée en niant le sujet développe, je le pense sincèrement, une pensée totalitaire.
Et puis, une confidence toute personnelle dans ce lieu où les hommes sont appelés à parler d’eux. Je pense — ainsi va la vanité masculine — que je vaux autant (et j’aime espérer plus) qu’une moule !
3/ Le troisième courant, parfois qualifié « proféministe libéral » [Clatterbaugh, 1997 ; Messner, 1997)] est plus pragmatique. Au vu des connotations péjoratives du terme « libéral » en France (qui qualifie quelqu’un-e qui soutient le capitalisme, la domination impérialiste des pays riches), je propose de le nommer « proféminisme pragmatique ». Les auteur-e-s de ce courant intègrent le cadre problématique de la domination masculine, l’articulation violences masculines/homophobie ; notamment dans les rapports entre hommes. Mais ils analysent aussi, de manière compréhensive, souvent en termes de rapports sociaux de sexe et de genre, la situation des garçons, et les évidentes difficultés d’adaptation de certains. Dans le travail social et l’intervention socio-éducative, ce courant propose la formation des intervenant-e-s et l’intervention spécifique auprès des hommes et des garçons.
Dans ce courant de pensée on trouve les travaux de Robert Connell, Gilles Tremblay, Michael Kimmel, Michel Dorais, Gilles Rondeau, Christine Castelain-Meunier, Germain Dulac, Yves Raibaud, André Rauch… etc. On trouve des textes de ce courant dans l’ouvrage de synthèse que j’ai coordonné à Toulouse en 2000 : Welzer-Lang (dir), Nouvelles approches des hommes et du masculin, PUM (Presses Universitaires du Mirail) et dans le livre Masculinités : états des lieux, que nous venons de publier en France avec Chantal Zaouche et qui sera présenté à ce colloque.
Problématisant les « résistances masculines au changement », ce courant auquel je rattache mes travaux refuse une attitude déterministe qui postule à la reproduction à l’identique de la domination masculine (Bourdieu, 1998). Les hommes et les femmes sont aussi sujets de leur histoire individuelle et collective, il est donc possible d’intervenir, d’accompagner et d’aider les hommes, tous les hommes, à s’adapter au nouveau contrat de genre qui refuse la domination masculine et ses conséquences en termes de violences, de discriminations, d’exclusions. Cette attitude présuppose que les hommes aussi ont intérêt aux changements. Ou qu’ils n’en ont pas le choix, et qu’ils doivent donc s’adapter.
Dans ce courant, Macdonald (2005, 2010), que Gilles Tremblay m’a permis de découvrir, évoque l’approche salutogène.
Quel terme ! Je lui préfère une traduction non-littérale, je préfère la caractériser comme « dynamique ». Dynamique en opposition à une approche statique qui réduit les dominants à des êtres ne pensant qu’à reproduire la domination, des êtres sans empathie face aux effets du système viriarcal de domination masculine, dynamique en opposition aux hommes « mous » décrits par Elisabeth Badinter (1986), dynamique pour montrer comment les hommes aussi changent et sont acteurs des changements des rapports sociaux de genre.
Et en même temps, comme dit John Macdonald dans ce colloque, salutogène s’oppose à « psychogène », à la pathologisation du masculin. Nous seront donc sans doute condamné-e-s, pour être audibles, à utiliser une forme hybride : salutogène/dynamique.
Gilles Tremblay nous rappelle qu’ « étant basée sur l’étude des forces et des capacités que développent aussi les hommes, l’approche « salutogène/dynamique », permet un cadre adéquat pour aborder les éléments positifs des masculinités (Macdonald, 2005, 2010). Gilles Tremblay considère cette approche comme une perspective puisqu’elle n’est pas une construction théorique en soi, mais elle implique plutôt une manière de mettre en lumière certains aspects de l’objet de recherche. Sa pertinence n’en est pas moins politique. Une meilleure connaissance de ces éléments positifs amène à l’exploration des moyens par lesquels les hommes s’engagent dans leur bien-être. L’approche salutogène/dynamique met en lumière les éléments « toxiques » des masculinités où l’accent est posé sur les déficiences associées aux hommes. Elle tranche donc avec une certaine vision des hommes, élaborée par le passé, comme un groupe socialement construit comme homogène et problématique (Crawshaw, 2009). L’approche salutogène/dynamique est également pertinente puisqu’elle cible non seulement les comportements individuels, mais aussi les environnements qui soutiennent et favorisent la santé et le bien-être des hommes ».
En fait notre collègue Macdonald ne fait que développer l’approche « dialectique » des rapports sociaux de genre. Cela rappellera de vieux débats aux plus ancien-ne-s d’entre nous, le problème théorique qui sous-tend la question de l’intervention auprès des hommes, reprend un vieux débat des courants marxiste-léninistes des années 70 sur les liens entre « contradictions principales » (la contradiction capital/travail) et « contradictions secondaires » (dont la domination masculine des femmes). On sait maintenant le prix à payer pour l’humanité de telles positions léninistes qui ont proposé la soumission totale des dominants aux dominés et aux avant-gardes (politiques à l’époque, religieuses et sexuelles aujourd’hui) censées les représenter. En ce qui concerne les alliances entre dominants et dominé-e-s, il est sans doute plus heuristique d’aller chercher des références du côté des « blacks féministes », des mouvements queers, ou des débats provoqués par la chute de l’Apartheid en Afrique du Sud.
Dominés mais, à la différence des femmes et des homosexuel-le-s, dominés par la propre domination qu’ils imposent aux femmes et aux personnes se revendiquant de sexualités non-hétéronormatives (Bourdieu, 1990), aliénés par la Domination masculine qui leur procure des privilèges de genre aujourd’hui de plus en plus contestés par les luttes sociales et la réorganisation sociétale (Welzer-Lang, 2004), sujets ne pouvant jamais complètement se soustraire à la subjectivité singulière (Zaouche Gaudron, 1997c, 2011) les hommes, quelles que soient leurs situations sociales, qu’ils appartiennent aux catégories des Grands Hommes ou non (Godelier, 1982), sont sommés et obligés de s’adapter à la période anthropologique actuelle qui voit contester les bases patriarcales et viriarcales[1] de nos sociétés actuelles.
Mon hypothèse est qu’ils oscillent, hésitent entre des résistances aux changements exigés par les luttes sociales, aujourd’hui reprises en compte par les politiques nationales (féminisme d’Etat), internationales (mainstreaming européen…), et des formes de changements, de métamorphoses, qui commencent à dessiner des nouvelles frontières du genre. Les « renégociations du contrat de genre[2] », de ce qui semble normal ou non de faire, dire, penser, vivre, fantasmer[3] quand on est construit et socialisé comme homme, se diversifient en fonction des thématiques étudiées, des positions sociales occupées (les appartenances de classe), des espaces (la ville et ses quartiers vs le rural), des cadres spatio-temporel (le privé vs le professionnel).
4/ Les groupes centrés sur le développement personnel dont le courant Mythicopoétique,
A ces courants, s’ajoutent certains groupes de paroles entre hommes, certains groupes de « croissance personnelle » dont ceux influencés par Robert Bly et le New Age. Ces derniers réontologisent masculin et féminin et recherchent la masculinité traditionnelle à travers archétypes et rêves. Ils sont surtout présents en Amérique du Nord et leur visibilité en France est (très) réduite. A la différence de Clatterbaugh, je ne pense pas qu’il faille limiter ce courant aux seuls groupes essentialistes. Les groupes de paroles, depuis les premiers groupes « pas rôle d’hommes » en France dans les années 70, aux groupes qui continuent à se faire et à se défaire, en passant par les groupes de paroles des jeunes mâles libertaires (et radicaux), remis en cause par leurs amies femmes sur les attitudes machistes et virilistes, sont des formes sociales d’accompagnement des hommes. Des lieux, aux contours multiples où peuvent s’échanger questions et doutes, s’expliciter la culpabilité d’être homme, donc dominant. Si la culpabilité n’a jamais fait changer le monde (et les garçons), je sais, nous savons, que c’est souvent la première position qui accompagne les changements masculins. L’accès à l’empathie, la rencontre avec une/des féministes est souvent le premier pas de la déconstruction de genre.
Plus visibles en France et en Europe sont les « Réseaux Hommes Québec » ou « Réseaux Hommes » en France, Suisse et Belgique, lancés par Guy Corneau, Michel Aubé et Robert Blondin. Ce sont des groupes de conscience qui s’adressent spécifiquement aux hommes. Leurs objectifs sont généreux : essayer de parler entre hommes en parlant de soi, en trouvant les mots, en explorant son répertoire émotif, essayer de mieux vivre sa masculinité, « se comprendre un peu mieux et à s’aimer un peu plus », le tout dans une optique de meilleures relations entre hommes et femmes. Ils oscillent entre une volonté de comprendre l’aliénation masculine produite par les rapports sociaux de sexe et la domination masculine, et une influence des mouvements de développement personnel. Profitant de la popularité de Guy Corneau, célèbre auteur de Père manquant fils manqué (1989), ils regroupent des hommes très divers allant des jeunes hommes à la recherche de nouvelles figures de militantisme à des hommes qui essaient juste empiriquement de mieux vivre leur masculinité. Si le mérite de ces réseaux a été d’accompagner les changements massifs du côté des hommes, on peut aujourd’hui aussi réaliser qu’à la différence des groupes précédents et de ceux qui les ont suivis, ils ont été assez stériles en termes de productions théoriques et/ou remises en causes de la domination masculine.
5/ Un dernier courant de groupes d’hommes ou de la pensée critique sur le masculin, souvent oublié dans nos typologies sont « les groupes gais » et le commerce, les associations qui l’accompagnent.
L’oubli de les citer a du sens sur l’hétérocentrisme d’une partie des études sur le masculin, capables de déconstruire le masculin dans sa seule face hétérosexuelle. Une forme actuelle et fréquente d’homophobie libérale consiste d’ailleurs à accepter ce courant, citer la mouvance LGBT, mais ne pas accorder aux gais le statut d’hommes à part entière, donc ne pas les citer dans nos analyses qui déconstruisent le masculin hégémonique Or, nous sommes d’accord, nous nous battons contre toutes les dominations, les aliénations, les oppressions. Donc, aucune raison de ne pas les intégrer dans nos analyses.
Mais… il y a un mais. Soutenir les luttes de nos frères gais, bi, trans, inter, ou diffuser nos propres analyses comme gais, bi, trans, inter…, penser collectivement la disparition du genre ne doit pas nous faire oublier la face critique de nos analyses. Les gais sont aussi des hommes, construits, socialisés comme tels. Ils développent des rapports sociaux de sexe et de genre avec les femmes, et les autres hommes. Quand je lis dans les petites annonces « folles et efféminés s’abstenir », d’une part cela me désole de manière personnelle, me sentant exclu de l’annonce (c’est de l’humour !), mais surtout je me dis que l’homophobie, que j’ai définie en 1994 comme « la stigmatisation des qualités ou des défauts attribués à l’autre genre » traverse aussi la pseudo communauté gaie. Bref, qu’un travail intégratif et de déconstruction est à faire à ce niveau.
Et puisque j’aborde ici les sexualités, je dois dire qu’il me semble aussi urgent pour tous les hommes, quelles que soient les couleurs de leurs amours et de leurs sexualités de déconstruire l’hétéronorme, d’interroger le socle hétéronormatif, fortement aliénant pour les hommes ordinaires. On se reportera d’ailleurs à l’excellent travail de Louis-Georges Tin sur les conditions historiques de la création de la culture hétérosexuelle (2008). Corset de la virilité, prison mentale, camisole de l’éros, pourvoyeur majeur de violences faites aux femmes et aux hommes non conformes à la virilité dominante, l’hétéronorme limite nos possibles, nos regards, nos désirs. Pour le dire rapidement, je ne prendrai que deux exemples. Pourquoi, dans un rapport homme/femme, toujours penser l’homme actif et la femme passive ? L’inverse (ou les deux en même temps) fonctionne aussi bien ! A quand les remises en cause de nos représentations symboliques des humeurs corporelles masculines, notamment le sperme ? Comment penser des rapports égalitaires quand tant d’hommes, tant de femmes, vivent encore leur sperme comme sale. Qui dans cette salle a déjà gouté son sperme ? Et pourquoi ne pas avoir essayé ? Y répondre chacun pour soi est déjà une partie de la résolution de nos difficultés à nous assumer comme humains à part entière.
6/ Le sixième courant que nous sommes en train de fédérer ici, je propose de le qualifier de « Masculinités ». Il se veut plus pragmatique et fédérateur, articule chercheur-e-s académiques, intervenant-e-s sociaux, et sociales, activistes de l’égalité.
Il prend comme acquis problématique la domination masculine homophobe. Le groupe ou la classe des hommes domine le groupe ou la classe des femmes. Et ce courant en création, pragmatiquement, accepte explicitement ou implicitement que nous sommes, dans cette période de transition, en train de résoudre les contradictions inhérentes à cette domination, y compris celles que vivent — encore, mais à des degrés divers — les personnes socialisées en hommes.
Ce courant est mixte en hommes et en femmes. Il est aussi mixte en options stratégiques pour répondre aux situations des hommes.
Dans ce courant des académiques se réclamant tantôt du proféminisme pragmatique, tantôt du proféminisme radical, voire des personnes qui reprennent le terme de masculinisme, tel qu’il était utilisé par les premiers groupes d’hommes (ARDECOM, HOM INOS), avant que Louise Vandelac ne lui associe un contenu clairement réactionnaire dans les années 90.
Dans ce courant aussi, et leur présence dans ce colloque en est la preuve, des activistes de l’égalité, des intervenant-e-s sociaux/sociales. Dont nombre d’entre-eux se réclament prosaïquement d’un trans-courant qu’ils ont une difficulté certaine à nommer.
En cela le courant des Masculinités est fédérateur intégrant l’intersectionnalité des domaines d’intervention, des modalités de vie masculines, des différentes situations que vivent les hommes d’origines ethniques, culturelles, sociales, politiques, différentes.
Naissantes, les études sur les masculinités sont en train de forger une nouvelle génération de chercheur-e-s, hommes, femmes ou trans, issu-e-s de courants théoriques différents.
Reste pour ce courant à essaimer une association pour les intervenant-e-s et activistes. Reste à échanger, développer des bonnes pratiques. Notamment pour joindre un certain nombre d’hommes dépossédés, déboussolés, qu’il est important de prendre en compte dans les analyses. Rappeler leur existence, que cela plaise ou pas, est notre devoir.
Je vous remercie.
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[1] Nicole-Claude Mathieu (1991) critique le concept de patriarcat. Notamment parce que les lois limitatives des Droits des Pères ont été parmi les premiers acquis des luttes de femmes récentes ; et ce depuis 1972 en France. Mais que les pères aient ou non tous les pouvoirs, les hommes (pères ou non) ont gardé ce pouvoir. D’où le terme de viriarcat (pouvoir des hommes, qu’ils soient pères ou non), que les sociétés soient patrilinéiares, patrilocales ou non.
[2] Cette notion de « renégociations du contrat de genre », nommée « Ordre de genre » ou « Régime de genre » par Connell (1987), intègre l’asymétrie des positions sociales des hommes et des femmes, des personnes désignées ou revendiquées comme homo, bi ou hétérosexuelles. Elle a l’avantage de mettre en valeur la capacité des acteurs et actrices d’être sujet-te-s de cette renégociation. Sur les transformations du masculin, voir aussi les travaux de Christine Castelain-Meunier, 2005
[3] Ce que l’on peut nommer la morale qui est, comme Michel Foucault l’a montré, constituée d’infiniment plus de choses qu’un simple ensemble de normes qui viendraient réguler les modalités de l’agir individuel et inter-individuel.
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