Ressources pour étudier des sexualités nommées en cours de sociologie

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Le cours : blogs.univ-tlse2.fr/dwl/files/2013/01/Cours-genre.-DWL.-2012.pdf

 

 

Les sites :

 

Amiez.org

Site de rencontre associatif, 15 000 personnes sur Toulouse,

 

http://www.aectoulouse.fr/

Arc en ciel Toulouse, association LGBTQI Toulouse

 

 

http://www.observatoire-des-transidentites.com

Sur les questions trans’

 

http://cabinetsdecuriosites.fr/

Site de discussions et échanges sur les sexualités, atelierss

 

http://corpsaccord.ateliers.free.fr/

Ateliers en création

 

 

http://polyamour.info/

Sur le polyamour

 

Site BDSM : https://fetlife.com

Certains forums sont en français

 

 

Bi’Cause : présentation de l’association

Seule association bi nationale

 

http://bi-visible.com/

Association toulousaine bi

 

 

 

un exemple de cours sur le genre DWL

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On trouvera l’article complet à :

`https://blogs.univ-tlse2.fr/dwl/files/2013/01/Cours-genre.-DWL.-2012.pdf

 

 

 

 

Université Toulouse Le Mirail

© Daniel WELZER-LANG

dwl@univ-tlse2.fr

Version 2011

 

blog : http://daniel.welzer-lang.over-blog.fr/

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les hommes, les femmes et les autres :

les identités sexuées et sexuelles

un exemple de cours sur le genre

 

 

 

http://daniel.welzer-lang.over-blog.fr/

 

Pour citer ce texte : Welzer-Lang Daniel, 2011, Les hommes, les femmes et les autres, les identités sexuées et sexuelles, un exemple de cours sur le genre, Université Toulouse Le-Mirail,

 

 

Pour les étudiant-e-s du Mirail, n’oubliez pas qu’à partir de l’ENT, l’accès à de nombreux articles de sociologie est gratuit.

Pour accéder à un certains articles,àA partir de l’ENT (une fois identifié-e):

https://nomade.univ-tlse2.fr/http/www.cairn.info/index.php?err=1&ident=

 

 

© Daniel WELZER-LANG

dwl@univ-tlse2.fr,

CV : http://w3.univ-tlse2.fr/cers/annuaires/fiches_indivi/permanents/Daniel_Welzer_Lang.htm

 

Version 2011

 

Les hommes, les femmes, et les autres : les identités sexuées et sexuelles[1]

 

A priori, quand on arrive en première année à l’Université, quelle que soit notre origine universitaire, sociale, ou sexuelle, on sait ce que signifie être un homme ou une femme. Chacun, chacune peut en définir des caractéristiques physiologiques. Nous nous intéresseront ici dans ce texte destiné aux étudiants et étudiantes de 1ère année de sociologie aux caractéristiques sociales. Elles aussi sont manifestes. Sans même voir ce qui fonde la différence biologique, quand on voit une personne, on la définit comme un garçon ou une fille[2]. Et sans même s’en apercevoir, chacun, chacune associe des qualités ou des défauts à chaque sexe biologique.

 

[Exercice[3] : établir de manière individuelle ou collective (par groupe de sexe) les qualités et défauts que l’on pense associés à chaque sexe]

 

Dans la mesure où ces caractéristiques associées à chaque sexe sont fluctuantes en fonction des sociétés[4], des époques, nous parlerons de « genre » pour définir le sexe social[5], autrement dit les définitions sociales associées au sexes dits biologiques et censées le représenter. Dans les études genre (multiples à l’Université du Mirail), le genre est de plus en plus défini comme un « système » politique qui permet de classer et hiérarchiser les sexes.

En 2011, j’ai ainsi défini le genre :

« Le genre est défini comme le système socio-politique qui construit, organise et hiérarchise la pseudo naturalité des catégories sociales de sexe (le sexe dit biologique) en légitimant la domination masculine hétéronormative. En ce sens les rapports sociaux de sexe analysent la domination masculine et ses évolutions, les positions sociales respectives des hommes et des femmes. Les rapports sociaux de genre s’intéressent à l’hétéronormalisation des positions des personnes définies comme hommes ou femmes, la domination des sexualités définies comme minoritaires ».[6]

 

En sociologie aujourd’hui, nous étudions ce que vivent les hommes et les femmes, mais surtout les rapports qui les lient entre eux et elles et les construisent comme des êtres sexués ou genrés, ce que l’on nomme les « rapports sociaux de sexe ». Nous considérons alors les hommes et les femmes comme des catégories de sexe, des groupes (voire des classes) et les problématiques sociologiques mettent en évidence les rapports sociaux de sexe qui, au niveau interindividuel comme au niveau collectif, créent, produisent et reproduisent les inégalités entre les hommes et les femmes.  Ces rapports sont caractérisés comme des formes d’oppression, de subordination, ou plus généralement de domination. C’est une véritable rupture qu’induit une telle approche, issue du féminisme, qui affirme que « les catégories de sexe ne sont plus des en-soi séparés, mais qu’elles se définissent dans et par leur relation. »[7]. Bien sûr, les recherches nous montrent que la domination masculine varie, qu’elle ne reproduit pas à l’identique. Les travaux en sociologie du genre contribuent à en caractériser les changements.

 

Aussi curieux que cela puisse paraître, cela n’a pas toujours été le cas. Longtemps, les sociologues ont étudié les hommes, le général, le normal et à côté les femmes, comme des formes particulières. « Il n’y a pas toujours eu deux sexes en sociologie. Au contraire, on était en présence, d’une part, d’un être général, porteur des caractéristiques de l’humanité, représentant même de cette humanité, être général qui se confondait avec l’être masculin, et d’autre part, d’un être sexué particulier, la femme » (Devreux, 1985).

L’androcentrisme, le fait de se centrer et/ou de privilégier l’analyse des hommes, des dominants et invisibiliser[8] ou sous-estimer les femmes (ce qu’elles font, ce qu’elles vivent, ce qu’elles pensent) est un biais majeur[9] — parfois encore présent — dans de nombreuses études sociologiques. L’androcentrisme a été présenté par Nicole-Claude Mathieu :  « La majorité des écrits théoriques ou descriptifs généraux (par exemple, exposé général sur la sociologie de la connaissance, analyse économique globale de la production, etc.) ne font pas référence aux catégories de sexe. Un y étudie un processus humain dans sa généralité sans distinction de sexe entre les individus. Ceci est parfaitement justifié du point de vue méthodologique, et personne, en effet, ne songerait que l’appartenance sexuée ait quoi que ce soit à voir avec le problème traité … Pourtant, il est extrêmement fréquent qu’apparaisse dans ces ouvrages une « remarque » réorientant tout le problème en fonction de  la catégorisation sexuelle  « nous sommes moins bien renseignés en ce qui concerne les femmes… » ou « il serait également utile d’étudier, en ce qui concerne les femmes … » Le lecteur devient alors perplexe quant à la généralité de ce qu’il avait lu jusque là, d’autant qu’il ne lui avait pas été précisé que l’on parlait des hommes, et que de fait, méthodologiquement, le problème n’était pas étudié par l’auteur en référence (du moins consciente) à une éventuelle catégorie « homme » ». (Mathieu, 1971 : 16).

L’enjeu de cette analyse qui intègre les deux groupes (ou classes de sexe) et prend comme acquis que le genre est d’abord produit par l’oppression et la domination masculines est de refuser les présupposés naturalistes qui définissent le sexe social comme produit du sexe biologique. Si cette proposition théorique est facile à étayer et à démontrer, elle provoqua de nombreuses discussions et de violents débats tant il est difficile de penser cette inversion. D’une manière générale tout système d’oppression (pensons à l’Apartheid en Afrique du Sud) s’appuie sur des conceptions dites naturelles des différences au lieu d’analyser comment ce sont les divisions politiques et sociales qui créent elles-mêmes des catégories hiérarchisées pour penser et vivre ces différences.

Cette manière de déconstruire la domination masculine, les situations des hommes et des femmes ont produit d’importantes pistes de recherche qui se caractérisaient par un décloisonnement tant des disciplines que des champs sous-disciplinaires. Une des voies les plus prometteuses était celle qui se proposait d’articuler les rapports sociaux entre les  sexes avec les autres rapports de domination – notamment de classe, de génération et de « Race » ou inter-ethniques[10] –  tout en posant d’emblée que cette articulation n’est pas hiérarchisée : « il n’y a ni front principal, ni ennemi principal. Un rapport social ne peut pas être un peu plus vivant qu’un autre, il est ou il n’est pas » dit Danièle Kergoat (1984).

 

[Exercice : montrer à travers l’étude comparative entre les situations des hommes et des femmes maghrébines vivant dans les quartiers populaires comment leurs situations objectives sont le produit de rapports sociaux multiples]

 

Attention  : dernièrement, suite aux incitations officielles, de plus en plus d’études se réclament du genre, pourtant seules les femmes y sont étudiées, comme si les hommes n’existaient pas, ou comme si les hommes étaient eux-mêmes un groupe homogène. De véritables études genre prennent pour postulat que femmes et hommes n’existent que dans leur relation, dans les rapports sociaux qui les constituent comme hommes ou femmes.

 

 

De manière parallèle aux études sociologiques, et à partir des luttes féministes luttant contre la domination masculine qui ont influencées elles-mêmes les analyses des sociologues, ont été contestés l’enfermement des femmes dans le travail domestique[11], leur dépendance économique aux hommes (à leurs maris), leur inégalité de statut et de salaire dans la sphère professionnelle[12] et les violences masculines qu’elles subissent dans la maison (Welzer-Lang, 1991, 2005a,b), au travail et dans l’espace public.

 

 

[Exercice :comparer les tableaux suivants concernant le traitement différentiel des hommes et des femmes au travail, dans la famille………

 

Tableau n°1

Emploi du temps quotidien sur 7 jours des conjoints

des familles dont le père a moins de 45 ans

Peres

Meres

actives

Meres

au foyer

Nombre d’enfants

1

2

3 ou +

1

2

3 ou +

1

2

3 ou +

Travail professionnel

(y. c. trajets)

Travail domestique

dont :

•    Cuisine, vaiselle

•    Ménage

•    Lessive, repassage

•    Couture, bricolage, course

•    Soins aux enfants

Temps contraint

Temps physiologique

dont sommeil

Temps libre

dont télévision

6h21′

3h02′

24′

6′

1′

1h27′

21′

9h23′

11h19

8h24′

3h18′

1h35′

6h33′

2h58′

23′

7′

1′

1h24′

22′

9h31′

11h08

8h16′

3h21′

1h33′

6h39′

2h42′

19′

5′

0′

1h23′

16′

9h21′

11h07

8h16′

3h22′

1h40′

5h15′

5h05′

1h24′

39′

26′

59′

55′

10h20

11h16

8h32′

2h24′

1h05′

4h52′

5h24′

1h32′

44′

28′

1h04′

56′

10h16

11h16

8h29′

2h28′

1h04′

4h02′

5h57′

1h49′

50′

33′

1h05′

57′

9h59′

11h30

8h15′

2h31′

57′

14′

7h58′

2h07′

58′

38′

1h14′

2h08′

8h12′

12h06

9h13′

3h42′

1h04′

12′

8h44′

2h18′

1h13′

33′

1h28′

2h01′

8h56′

11h37

8h46′

3h27′

1h30′

7′

9h13′

2h36′

1h22′

51′

1h26′

2h03′

9h20′

11h26

8h40′

3h14′

1h33′

Source : INSEE, enquête « Emploi du temps » 1985-86 in Caroline Roy, « 92 minutes de vaiselle », Informations sociales, Union Nationale des Caisses d’Allocations Familiales, n° 1987/5, p. 33. Cette enquête est la dernière disponible sur le sujet. Les durées indiquées correspondent à des durées hebdomadaires converties en      s quotidiennes (Bihr, Pfefferkorn, 1996 : 71) .

 

 

On trouvera des chiffres récents à :

www.insee.fr/fr/ffc/ipweb/ip1377/ip1377.pdf

 

 

 

Malheureusement, seules quatre enquêtes « emploi du temps » ont été réalisées par l’Insee depuis cinquante ans (1966, 1974, 1986 et 1999). Ceci ne permet pas de mesurer précisément les variations, notamment pour les personnes plus jeunes élevées dans la mixité. On lire toutefois un article fort intéressant sur les hommes et le travail domestique : Clémence Ledoux et Benoît Thuillier « Du travail domestique masculine au travail domestique des hommes », Terrains & travaux 1/2006 (n° 10), p. 56-76.
URL : www.cairn.info/revue-terrains-et-travaux-2006-1-page-56.htm.

Qui se conclue ainsi :

« […] les pratiques domestiques des hommes ne sont pas uniformes. Pour interpréter ces nombreuses différences, l

agresssion lors d’un cours sur le genre..

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Les cours sur le genre : prosélytisme de l’homosexualité ? Produits de la franc-maçonnerie, et des réseaux intellectuels juifs ? Agression…

 

Le 1er mars 2012, dans mon cours « genre » de première année, j’ai été interpelé à la pause. Je me suis senti agressé !

 

Il était mince, presque gentil de silhouette, des cheveux mi longs noirs attachés… M’a demandé si… « j’avais conscience de faire sauter le rempart de la Nation… Si je n’avais pas honte de faire du prosélytisme de l’homosexualité… Si j’avais des remords à reprendre le saccage de la franc-maçonnerie, des réseaux intellectuels juifs qui veulent mettre à mal ce qu’ils rejettent… ». Il a évoqué Judith Butler, mais je ne souviens plus exactement ce qu’il en a dit…

 

Il m’a précisé qu’il n’était pas étudiant de cet amphi. Qu’il avait été prévenu par sms…

 

J’étais comme sidéré d’entendre cela…

J’ai dit que j’allais répondre à la reprise du cours. I

l m’a demandé si « j’allais le casser ».

Je lui ai dit que non…

Il est reparti s’asseoir dans l’amphi.

 

J’ai dit dans l’amphi que j’avais été choqué.

J’en ai expliqué le pourquoi…

Moi, juif, enfant de survivant des camps,

Moi homme qui se veut progressiste,

il y a des propos que je ne peux pas entendre dans une université.

 

J’ai dit mon dégoût pour de tels discours,

J’ai dit — ce qui est vrai — que mes cours s’appuient sur les recherches récentes, et scientifiques.

En espérant que ce n’est, et que cela restera, un cas isolé….

 

DWL

 

Future perspectives for intervention, policy and research on men and masculinities, 9, 10 and 11 March 2011 Laval University, Quebec (QC), Canada.

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Daniel WELZER-LANG

Sociology Professor,

Université Toulouse Le-Mirail (France)

http://w3.univ-tlse2.fr/cers/annuaires/fiches_indivi/permanents/Daniel_Welzer_Lang.htm

my blog : http://daniel.welzer-lang.over-blog.fr/

and Daniel Welzer-Lang on Facebook.

Epistemology of critical studies on men and masculinity

Perspective of a boy from France, after 25 years of research on these topics

Lecture at International Symposium

Future perspectives for intervention, policy and research
on men and masculinities
, 9, 10 and 11 March 2011
Laval University, Quebec (QC), Canada.

 

 

 

Summary:

Since the creation of men’s groups in the 70’s, French critical studies on men and the masculine have followed diverse pathways. While they’re sometimes presented within a binary scheme opposing masculinism and profeminism, the intervention intends to provide another typology that goes beyond this ideological, non heuristic vision in order to identify transversalities and the obvious or subtle mechanisms of gender relations and what French speakers call “rapports sociaux de sexe”.
Since women can’t achieve equality, the end of male domination and the disappearance of gender without men, and since many of them want to put an end to soliloquies, this intervention aims at historicizing the critical studies on men, and contextualizing their analytical paradigms. In short, I intend to grasp both convergences and divergences in these analytical frameworks, and to deconstruct the masculine just as feminist women have been doing with « the eternal feminine ».

 

Daniel WELZER-LANG

Sociology Professor,

Université Toulouse Le-Mirail (France)

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Epistemology of critical studies on men and masculinity

Perspective of a boy from France, after 25 years of research on these topics

Lecture at International Symposium

Future perspectives for intervention, policy and research
on men and masculinities
, 9, 10 and 11 March 2011
Laval University, Quebec (QC), Canada.

 

Intervention

 

First of all, let me express my joy and pleasure at being here with you. Let me congratulate the team that organized the conference, and its charismatic leader Gilles Tremblay. I would also like to thank Jeanne Mance and Itzel Sosa who helped us set this collective project in motion.
I proposed to deal with the « epistemology of critical studies on men and the masculine » in the light of 25 years of experience. Here’s a short prolegomenon.

 

Androcentrism, 1st and 2nd degree : THE STUDY OF MEN FROM A GENDER PERSPECTIVE: ANDROCENTRISM AND THE HIDDEN MASCULINE

For a long time, while deconstructing the forms of domination that women suffered, gender sociologists, especially feminist sociologists, have been struggling against the androcentrism in social sciences. This androcentrism made us think of the male as being normal, general, and the female as being particular, specific. Delphy (1998), Devreux (1985), Guillaumin (1992) have amply demonstrated in their works the epistemological biases of our different disciplines, and their effects.

 

“There have not always been two sexes in sociology. Instead, we dealt with, on the one hand, a general being bearing the characteristics of humanity, actually the representative of that humanity, coinciding with male gender, and on the other hand, a specific gendered being, the woman” (Devreux, 1985)., 1994

 

Androcentrism involved texts, authors, and entire disciplines unable to treat what men and women experienced, suffered, or thought with the same care. Moreover, our societies often equated men with culture, and women with nature (Mathieu, 1991). In an essentialized and complementarist vision of the hierarchical difference between the sexes, only the so-called « natural » qualities of women were vaunted : sensitivity, gentleness, beauty, caring dispositions. Not without resistance, the fields of feminist studies and gender studies have gradually developed into producing an analysis based on “rapports sociaux de sexe[1]” and gender relations (Battagliola et al., 1990).

Gender is defined here as the socio-political system that builds and organizes the pseudo naturality of social categories for sex (“biological” sex) as well as their hierarchy, by legitimizing heteronormative male domination. Analyses in terms of “rapports sociaux de sexe” focus on male domination and its developments, on the respective social positions of men and women. Gender relations are concerned with the heteronormalization of individuals defined as men and women, the dominance over so-called minority sexualities.

 

We now need to deepen and extend these reflections. On the one hand, if the general framework of gender relations and “rapports sociaux de sexe” is still largely characterized by male domination, some kinds of gendered social mobility can be observed in various social spaces or segments of social classes (see below), showing some forms of inversion, by-passing, localized power struggles, exclusions or avoidance, which now must also be considered. In other words, domination does not perpetuate itself identically. The last forty years have also been marked by women struggles, along with those of gays, lesbians, bis and transsexuals. We should embrace them within the gender analysis. On the other hand, sociological studies on women, their lifestyles, the violence they’re subjected to, the articulation of professional and domestic work, etc, have been proliferating. This multiplicity of women’s studies, which also deal with men, but from a particular standpoint, allows researchers to better define general and specific forms of domination, but tends to provide less information on what men really experience, especially their socialization through virile and egotistical certainties. Paradoxically, this has reinforced a particular form of androcentrism defined by Marie France Pichevin and Daniel Welzer-Lang in 1992: «… « … The androcentrism is also part of a collective mystification in which men focus on activities in the public sphere, power struggles, competition, the venues, places and activities where they interact (real, virtual or imaginary) with women, while trivializing or hiding the means through which the masculine is constructed, and the actual relations among them  » (Welzer-Lang, Pichevin, 1992).

 

Thus, we are now in a new situation that can be described as androcentrism level 2. There are on one part, women’s studies that make explicit their lifestyles, their social conditions, and at the other end, a silence and/or a concealment of men’s experiences, habits, dreams. A silence and/or concealment propped up even by researchers who carefully avoid referring to themselves as gendered beings. We’ll probably soon have to rework as well this strong current bias that can be described as gynocentrism or maternalism, which focuses exclusively on women and/or the feminine, and obscures the social production of the masculine.
What I think is the most deleterious effect of this androcentrism level 2 is the risk of renaturalizing and re-essentializing male gender.

 

 

The different currents working on the masculine

The discussion on studies of men and masculinity is usually thought to be held by four trans-disciplinary schools of thought (Clatterbaugh, 1997, Messner 1997) and various corresponding groups of men who support them.

I would like to revisit this typology, for two main reasons.
1/ First, it was built at a historical moment which I think is in the past. 1997 was a special time : first because of the scarcity of men challenging male domination, whether explicitly or not. In addition, gender wars often underlaid relations between male and female identified persons. Queer movements challenging heteronormativity had not emerged yet. There was no unity and scant if any discussion among these activists committed to overcoming the traditional forms of masculinities on a daily basis. Present time gender relations are quite different.

It was a typology of emerging trends, poorly represented in many countries. Incidently, this was the time when I and a few friends of mine created the European Network of Profeminist Men. As if to say yes, a male political stance (for men) is possible supporting and building upon the achievements of women’s struggles. Yes, we must discuss. Even though, in retrospect, we tended to address more women than other men. This probably explains the network’s limited success, while it nontheless provides a set of seminal texts in several languages on the Internet (http://www.europrofem.org).

 

2/ The other reason prompting me to revisit the classification issued in 1997 is the function of a typology. What do we use it for ?

If we leave apart the usual display of forces in which men show off and symbolically measure the size of their male organ in order to proclaim themselves the best, thus perpetuating a permanent war, a typology, an ideal type as the sociologist Max Weber would put it, is a theoretical construct a posteriori that should serve as a tool for thought. It’s a screwdriver to help deconstruct and understand the masculine. A toolkit that allows one to historicize the progression of studies on men and masculinity, the discussions and critical feedback that accompanied them.

In other words, the categories in my typology aren’t mutually exclusive. One can take part in an awareness group and be a radical profeminist, or discover the virtues of emotions by crying with other men and still be reactionary, and so on.

 

Six transdisciplinary schools of thought

Whereas Clatterbaugh used to pinpoint four schools of thought, I now identify six poles. Let me expose the way they respectively problematize the topic.

 

1/ Often termed « masculinism », the first current tends to present men’s and women’s situations as symmetric. Supported in France by associations of divorced fathers, and some personalities such as Eric Zemmour, author of Le Premier Sexe (2006), it tends to lay the blame for male difficulties such as school failure, violence, suicide… on women and especially on feminism. This current thus argues that men are as much victims of female violence than women are of male violence, relying upon victimological studies, in particular a study by Statistics Canada and a Swiss social work diploma dissertation requalified as a Phd (Torrent, 2003). This trend basically recommands a return to the patriarchal values of times gone by, arguing that this model of gender generated less anxiety for everyone. Recently, on the occasion of the « Congress on Male Condition – Men’s words » a new branch of this movement emerged which, while presenting men’s and women’s situations as symmetrical, including with regards to discriminations, defines itself as « hominist ». If the call to the First Congress was particularly reactionary, some later texts have been more ambiguous, when some participants acknowledged male domination and its effects in terms of violence against women, and recognized the contribution of feminism…

Therefore, this approach is not homogeneous, not to mention the conceptual difficulties in defining the term « masculinist », formerly used by all self-help groups of men in France and Quebec in their first steps towards the deconstruction of « compulsory virility », as is perfectly explained by our colleagues from Quebec, in their recent collective work (Deslauriers, Tremblay, Genest Dufault, Blanchette, Desgagnés, 2010),

 

 

2/ The second trend is supported in France by a self-proclaimed « radical » fringe, sometimes called « radical profeminism ». The only prospect it offers to men, as dominants, is to support women and feminism and keep silent about men’s difficulties which are seen as slight, secondary and negligible (Stoltenberg, 1989; Thiers-Vidal, Dufresne). Any other attitude, including the statement of some men’s difficulties, is seen as the attempt of « contested males » to regain power. Men are summoned to « account » to feminists. In this perspective, “subjects” men do not exist. They are reduced to the function of enabling male domination upon women.

 

I am worth more than a mussel !

For sometimes evoking the « suffering » of men, including men who use violence against women, I found myself characterized as a « false friend of feminists » by boys who, as antispecists (animal rights activists), however hold forth on the pain of mussels… and oysters [Do they have a nervous system ? Do they suffer ? Can we eat them ?].

 

This current is more ideological than really anchored in the research field, and I sincerely believe that in denying the subject, it leads to a totalitarian vision. What’s more, let me confess here, in this place where men are supposed to speak about themselves, a very personal feeling : I think – so goes male vanity – that I’m worth as much as (and hopefully more than) a mussel !

 

3/ The third approach, is often defined as « liberal profeminist » [Clatterbaugh, 1997, Messner, 1997)], and is more pragmatic. Given the negative connotations of the term « liberal » in France (since it means to support capitalism and rich countries imperialism), I propose calling it « pragmatic profeminism ». Authors in this current aknowledge male domination, and the correlation of male violence and homophobia as a framework, notably in relations among men. But they also analyze the problems faced by boys and the obvious difficulties some have in adapting, in a comprehensive way and most often in terms of rapports sociaux de sexe and gender relations. This approach offers the training of interventionists in social work and the socio-educational area, as well as specific interventions with boys and men.

This school of thought includes works by Robert Connell, Gilles Tremblay, Michael Kimmel, Michel Dorais, Gilles Rondeau, Christine Castelain-Meunier, Germain Dulac, Yves Raibaud, André Rauch, etc.. Some of them are available in a synthetic volume I coordinated in Toulouse in 2000 — Welzer-Lang (dir), Nouvelles approches des hommes et du masculin, PUM (Presses Universitaires du Mirail) — and in Masculinités : état des lieux, which we just published in France with Chantal Zaouche and will be presented at this conference.

 

In problematizing the « male resistance to change », this current, to which my work belongs, rejects a deterministic approach that postulates the identical reproduction of male domination (Bourdieu, 1998). Men and women are also the agents (subjects) of their individual and collective history. It is therefore possible to intervene among men, to accompany and help them, all of them, to adapt to the new gender contract that refuses male domination and its consequences in terms of violences, discriminations, exclusions. This attitude presupposes that men too have an interest in this changes. Or that they have no choice but to adapt.

 

Within this school of thought, Macdonald (2005, 2010), whose works I discovered thanks to Gilles Tremblay, refers to the salutogenic approach. What a term! I prefer calling it « dynamic ». Dynamic as opposed to a static approach that reduces dominants to beings obsessed with the perpetuation of domination, utterly deprived of empathy and indifferent to the effects of the viriarchal system of male domination. Dynamic in its opposition to Badinter’s « soft males” (1986). Dynamic in order to show that men also do change and are agents in the changes of rapports sociaux de sexe.

However, as John MacDonald stated, salutogenic here opposes « psychogenic », the pathologizing of masculinity. We will therefore probably have to use an hybrid formula, salutogenic/dynamic, in order to be understandable.

 

Gilles Tremblay reminds us that “being based on the study of strengths and capabilities also developed by men, the ‘salutogenic/dynamic’ approach provides an adequate framework to address the positive aspects of masculinities (Macdonald, 2005, 2010 ). Gilles Tremblay sees this approach as a perspective since it’s not a theoretical construct as such, but rather implies a way of highlighting certain aspects of the research topic. Its relevance is no less political. A better understanding of these positive aspects leads to the exploration of means through which men engage in their well-being. The salutogenic/dynamic approach singles out the « toxic » elements in masculinities. It therefore contrasts with a previous vision of men as a homogenous and globally problematic social group (Crawshaw, 2009). The relevance of the salutogenic/dynamic approach also relies on its targetting not only individual behavior but the environments enabling and sustaining men’s health and well-being as well. »

 

In fact our colleague Macdonald develops the « dialectic » approach to social gender relations. It reminds older folks among us of old discussions : the theoretical problem underlying the issue of intervention with men relaunches an old debate among the Marxist-Leninists of the 70s on the links between « principal contradictions » (the capital/labor contradiction) and « secondary contradictions » (among which male domination of women). We now know the cost to humanity of such leninist positions proposing the total submission of the dominants to the dominated and the vanguards (at the time political, and nowadays religious or sexual) supposedly representing them. “Black feminism”, queer movements or the debates provoked by the fall of apartheid in South Africa certainly provide more heuristic references about the alliances between the dominants and the dominated.

 

Dominated but, unlike women and homosexuals, dominated by its own rule imposed on women and people claiming non-heteronormative sexualities (Bourdieu, 1990), alienated by their male domination that has provided such privileges now increasingly challenged by social struggles and social reorganization (Welzer-Lang, 2004), subjects that can never completely escape the singular subjectivity (Zaouche Gaudron, 1997c, 2011), men regardless of their social situations, whether they fall into the categories of Big-Men or not (Godelier, 1982), are summoned and forced to adapt to the contemporary anthropological age contesting the patriarchal and viriarchal[2] foundations of today’s societies.
My hypothesis is that they veer, hesitate between resistance to changes required by social struggles, which are today supported by national (state feminism) and international (European mainstreaming) policies, and forms of change, metamorphoses, progressively reshaping gender boundaries. The « renegotiations of the gender contract »[3], of what seems normal or not to do, say, think, live, fantasize[4] when one is constructed and socialized as a man, become more diversified according to the topics studied, social positions occupied (social classes), spaces (the city and its neighborhoods vs the rural), space-time frames (private vs professional).

4/ Groups focused on personal development such as the Mythicopoetic approach,

as well as some self-help groups promoting « personal growth » among which those influenced by Robert Bly and the New Age movement. These re-ontologize the masculine and the feminine and seek traditional masculinity through archetypes and fantasies. They’re mostly North American and barely visible from France. Unlike Clatterbaugh, I do not think this approach is limited to essentialist groups. From the first French self-help groups named “pas rôle d’hommes » in the ’70s, to new groups that regularly form and break up, among which groups of libertarian (and radical) young males whose macho, virile attitudes are challenged by female friends, all these groups are part of a social support process for men.

They are diversely shaped spaces, where questions and doubts can be exchanged, where the guilt of being a man, and thus a dominant, can be explained. While guilt has never changed the world (and boys), I know, we know, that it’s often the first stance coming with the changes in men’s attitudes. Giving way to empathy, coming in contact with feminist women is often the first step into gender deconstruction .

 

The « Réseaux Hommes Québec » or « Réseaux Hommes » in France, Switzerland and Belgium, started by Guy Corneau, Michel Aubé and Robert Blondin, are better known and more represented in France. These are awareness groups specifically addressing men. Their aims are generous : men trying to share experience by speaking about themselves, finding the words, exploring their own repertoire of emotions, trying to feel more comfortable with their masculinity, « to understand themselves a little better and to love themselves a little more « , all with a view to better relations between men and women. They oscillate between a desire to understand male alienation as a product of “rapports sociaux de sexe” and male domination, and the influence of personal development movements. Taking advantage of the popularity of Guy Corneau, famous author of “Absent Fathers, Lost Sons” (1989), they bring together very wide-ranging male figures, from young men looking for new patterns of activism to men who are just empirically trying to live their masculinity better. Whereas these networks have successfully been supporting the massive changes men are going through, one also remarks that unlike the previous and later groups, they have been somewhat ineffectual in terms of theoretical models and/or in challenging male domination.

 

5/ A last type of men’s group, or trend in critical thought on men, is often forgotten in our typologies : the « gay groups » along with their commercial and association networks.

Their omission highlights the heterocentrism of part of men studies, which can only deconstruct masculinity in its heterosexual expression. A common current form of liberal homophobia is demonstrated in accepting this sphere, even mentioning the GLBT movement, but eventually not granting gays the status of men that would enable us to include them in our deconstruction of hegemonic masculinity. We agree that we fight against all forms of domination, alienation, oppression. So there’s no reason why they should be left outside our analysis.

Still… Supporting the struggles of our fellow gay, bi, trans, inter men, or spreading our own analyses as gay, bi, trans, inter men, collectively thinking the disappearance of gender… should not cut us off from the critical dimension of our reflexion. Gays are also men, constructed, socialized as such. They engage into gender relations and rapports sociaux de sexe with women and men. When I read in the classifieds « queens and effeminate abstain », first I feel sorry for myself as I’m obviously losing an opportunity (I’m trying to be funny), but more seriously I think that homophobia, which I defined in 1994 as « the stigma towards the qualities or flaws attributed to the other gender », isn’t contained outside the pseudo gates of the gay community. In short, an integrative work of deconstruction needs to be achieved at this level.

And since I am dealing with sexualities, I must say that it seems equally vital for all men, whatever the color of their love and their sexuality to deconstruct the heteronorm, to question the heteronormative basis that is so strongly alienating any men. One can consult the excellent work of Louis-Georges Tin on the historical conditions that led to the creation of a heterosexual culture (2008). As a corset of manhood, mental prison, straitjacket of Eros, a major purveyor of violence against women and men not conforming to domineering virility, the heteronorm limits our potential, our ambitions, our desires. Let me give simply two examples. Why, in a male/female relation, should the man always be seen as active and the woman as passive ? The reverse (or both together) works just as well ! When will we challenge our symbolic representations of male body fluids, especially sperm ? How can we even contemplate egalitarian relationships when so many men, along with women, still see their sperm as dirty. Who in this room has ever tasted his sperm ? And why not ? Each of us answering for himself, will clear a path towards the resolution of our difficulties in fully accepting ourselves as human beings.

 

6/ I propose to call the sixth current that we are trying to unify here « Masculinities ». It intends to be more pragmatic and unifying in involving academic researchers, social workers, and equal rights advocates.

It assumes the knowledge on homophobic male domination as its theoretical framework. The group or class of men dominates the group or class of women. And this nascent school of thought, pragmatically assumes either explicitly or implicitly that we are, during this transition period, trying to resolve the contradictions inherent to this domination, including those that persons who are socialized as men (still) experience — to varying degrees.

This movement involves both men and women. It also relies on a variety of strategic options for dealing with men’s realities.

 

It includes academics claiming a pragmatic profeminist, or sometimes radical profeminist approach, and even some reclaiming the term “masculinism”, as was used by the first men’s groups (ARDECOM, HOM INOS), before Louise Vandelac associated it with clearly reactionary content in the 90’s.

As I said before, equal rights activists and social workers are as well involved in this movement, as proven by their presence at this conference. Among them, many prosaically position themselves in a “trans-current” quite difficult to define.

The school of thought of Masculinities thus acts as a federator, as it integrates the intersectionality of fields, of men’s lifestyles, of the many different situations experienced by men of various ethnic, cultural, social, political backgrounds.

 

The emerging studies on masculinities are forging a new generation of researchers, including men, women and trans, from different theoretical schools.

The next item on its agenda should be to develop an association network for social workers, trainers and activists. Good practices are still to be built and shared. Especially in order to reach out to men feeling dispossessed, disoriented, whom shouldn’t be overlooked in our analyses. To draw atttention to them, like it or not, is our duty.

 

Thank you.

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[1] The expression « rapports sociaux de sexe » stems from a materialist feminist analysis, in which gender involves macrosocial mechanisms and politics as a whole (and not just interpersonal relations).

[2] Nicole Claude Mathieu (1991) criticizes the concept of « patriarchy ». In particular because the legal limitations of Fathers’ Rights have been among the first achievements of last generations feminists, since 1972 in France. Still, while fathers may no longer be omnipotent, this power remains in the hands of men (whether they’re fathers or not). Thus, the use of the term « viriarchy » (referring to male power, unrestricted to fatherhood), even in non patrilineal or patrilocal societies.

 

[3] This notion of « renegotiations of the gender contract », sometimes named « gender order » or « gender regime » by Connell (1987), integrates the asymmetry of men’s, women’s, of self-identified or designated homo, bisexual or heterosexual persons’ social positions. It offers the advantage of emphasizing the agency of men and women in this renegotiation. The works of Christine Castelain-Meunier, 2005 on the transformations of masculinity are also of great interest.

[4] Which can be defined as morality in a foucauldian perspective, allowing an infinitly wider spectrum than a simple set of norms regulating individual and inter-personal action.

 

 

Perspectives futures en intervention, politique et recherche sur les hommes et les masculinités,

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Daniel WELZER-LANG

Professeur de sociologie,

Université Toulouse Le-Mirail (France)

http://w3.univ-tlse2.fr/cers/annuaires/fiches_indivi/permanents/Daniel_Welzer_Lang.htm

mon blog : http://daniel.welzer-lang.over-blog.fr/

Et Daniel welzer-lang sur FaceBook.

Epistémologie des études critiques sur les hommes et le masculin

Point de vue situé d’un garçon de France, après 25 ans de recherches sur ces thèmes

Conférence prononcée au Colloque international

Perspectives futures en intervention, politique et recherche

sur les hommes et les masculinités, 9, 10 et 11 mars 2011,

Université Laval, Québec (Qc), Canada.

 

 

 

Résumé :

Depuis la création des groupes d’hommes dans les années 70, les études critiques sur les hommes et le masculin francophones se sont développées de manières diversifiées. Parfois présentées comme une opposition binaire entre masculiniste et proféministe, l’intervention s’attachera à essayer de proposer une autre typologie qui dépasse cette vision idéologique et non-heuristique pour essayer de saisir les transversalités, la place explicite ou implicite des rapports sociaux de sexe et de genre.

Puisque les femmes ne peuvent arriver seules à l’égalité, à la fin de la domination masculine, la disparition du genre, que nombre d’entre-elles souhaitent ne plus soliloquer, il est question dans cette intervention d’historiciser les études critiques sur les hommes, et d’en contextualiser les paradigmes d’analyse. Bref, de déconstruire le masculin, de saisir dans les analyses les consensus et les dissensus, comme les femmes féministes critiques ont pu le faire avec « l’éternel féminin ».

 

Daniel WELZER-LANG

Professeur de sociologie,

Université Toulouse Le-Mirail (France)

http://w3.univ-tlse2.fr/cers/annuaires/fiches_indivi/permanents/Daniel_Welzer_Lang.htm

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Epistémologie des études critiques sur les hommes et le masculin

Point de vue situé d’un garçon de France, après 25 ans de recherches sur ces thèmes

Conférence prononcée au Colloque international

Perspectives futures en intervention, politique et recherche

sur les hommes et les masculinités, 9, 10 et 11 mars 2011,

Université Laval, Québec (Qc), Canada.

 

Intervention

 

D’abord, permettez moi de dire et d’afficher ma joie et mon immense plaisir d’être ici, avec vous. De féliciter l’équipe qui a organisé ce colloque, et son leader charismatique Gilles Tremblay.  De remercier aussi Jeanne-Mance et Itzela Sosa qui nous ont aidé à monter ce projet collectif.

J’ai proposé de traiter de l’ « Epistémologie des études critiques sur les hommes et le masculin » à la lumière de 25 années d’expérience. J’aimerais commencer par quelques prolégomènes.

 

 

L’androcentrisme, 1er, 2ème degré : L’étude des hommes dans une perspective genrée : androcentrisme et occultation du masculin

Pendant longtemps, tout en déconstruisant les formes de domination que subissaient les femmes, les sociologues du genre, en particulier les sociologues féministes ont dû lutter contre l’androcentrisme des sciences sociales. Androcentrisme qui nous faisait penser le masculin, comme le normal, le général, et les femmes comme le particulier, le spécifique. Delphy (1998), Devreux (1985), Guillaumin (1992) ont largement démontré dans leurs travaux les biais épistémologiques de nos différentes disciplines, et leurs effets.

« Il n’y a pas toujours eu deux sexes en sociologie. Au contraire, on était en présence, d’une part, d’un être général, porteur des caractéristiques de l’humanité, représentant même de cette humanité, être général qui se confondait avec l’être masculin, et d’autre part, d’un être sexué particulier, la femme » (Devreux, 1985)., 1994

 

L’androcentrisme concernait les textes, les auteurs, et des disciplines entières, incapables de traiter avec la même attention ce que vivaient, pensaient ou subissaient hommes et femmes. Bien souvent d’ailleurs, nos sociétés assimilaient les hommes à la culture, et les femmes à la nature (Mathieu, 1991). Pour elles seules, dans une vision complémentariste et essentialisée de la différence hiérarchisée des sexes, étaient vantées leurs qualités « naturelles » : sensibilité, douceur, esthétisme, capacité d’aider l’autre. Non sans résistances, les champs des études féministes et des études du genre se sont progressivement développés en produisant des analyses en termes de rapports sociaux de sexe, et rapports sociaux de genre (Battagliola et al., 1990).

Le genre est défini ici comme le système socio-politique qui construit, organise et hiérarchise la pseudo naturalité des catégories sociales de sexe (le sexe dit biologique) en légitimant la domination masculine hétéronormative. En ce sens les rapports sociaux de sexe analysent la domination masculine et ses évolutions, les positions sociales respectives des hommes et des femmes. Les rapports sociaux de genre s’intéressent à l’hétéronormalisation des positions des personnes définies comme hommes ou femmes, la domination des sexualités définies comme minoritaires.

 

Quelques années plus tard, il nous faut approfondir ces réflexions. D’une part, si le cadre général des rapports sociaux de sexe et de genre reste encore largement marqué par la domination masculine, certains espaces sociaux, certains segments de classe sociales (voir infra), donnent à voir des mobilités sociales de sexe et de genre marquées par des formes d’inversion, de contournement, de prises de pouvoir localisées, des exclusions, ou des refus de confrontations, qu’il faut aussi, aujourd’hui, prendre en compte. Autrement dit, la domination ne se reproduit pas à l’identique. Les luttes sociales des femmes, comme celles des gais, des lesbiennes, des bi et des transgenres ont aussi marqué ces quarante dernières années. Il nous faut les introduire dans l’analyse genrée. D’autre part, nous avons assisté en sociologie à la multiplication des études sur les femmes, leurs modes de vie, les violences qu’elles subissent, l’articulation travail professionnel/travail domestique… Cette multiplicité d’études sur les femmes, qui traitent aussi des hommes mais d’un point de vue particulier, a pu permettre aux chercheur-e-s de mieux préciser les formes générales et particulières des dominations subies, mais a eu tendance à moins bien renseigner ce que vivent réellement les hommes, en particulier pour ce qui concerne les processus selon lesquels ils sont socialisés dans les certitudes égotistes et viriles. De manière paradoxale, cela a renforcé une forme particulière d’androcentrisme telle que le définissait Marie-France Pichevin et Daniel  Welzer-Lang dès 1992 : «… l’androcentrisme consiste aussi à participer d’une mystification collective visant pour les hommes, à se centrer sur les activités extérieures, les luttes de pouvoir, la concurrence, les lieux, places et activités où ils sont en interaction (réelle, virtuelle ou imaginaire) avec des femmes en minorant, ou en cachant, les modes de construction du masculin et les rapports réels entre eux. » (Welzer-Lang, Pichevin, 1992).

 

Nous sommes donc aujourd’hui dans une situation nouvelle que l’on peut qualifier d’androcentrisme de niveau 2. Des études sur les femmes qui explicitent leurs modes de vie, leurs conditions sociales, et en face un silence et/ou une occultation de ce que vivent, font, rêvent les hommes. Silence et/ou occultation entretenue y compris par les chercheurs qui évitent soigneusement de parler d’eux comme des êtres genrés. Sans doute aurons-nous aussi bientôt à retravailler ce biais fort actuel que l’on peut qualifier de gynocentrisme ou de maternalisme qui consiste à se centrer exclusivement sur les femmes et/ou le féminin, et occulter les rapports sociaux qui construisent aussi le masculin.

Mais ce qui me paraît le plus grave avec cette forme d’androcentrisme de niveau 2  est le risque de renaturalisation et de réessentialisation du masculin

 

 

Les différents courants qui travaillent le masculin

On a l’habitude de dire qu’il y a quatre courants de pensée transdisciplinaires qui occupent l’espace de débats sur les études des hommes et du masculin (Clatterbaugh, 1997 ; Messner 1997) et qui sont parallèles avec les différents groupes d’hommes qui les supportent.

 

J’aimerais revisiter cette typologie. Et ceci pour deux raisons majeures.

1/ D’une part, elle a été construite à un moment historique qui me semble aujourd’hui dépassé. 1997 était une époque particulière : pauvreté numérique des hommes remettant en cause la domination masculine, nommée ainsi ou non. Guerre des sexes souvent présente dans les rapports entre personnes construites comme homme ou comme femme. Non émergence des courants queers qui essayent de dépasser l’hétéronorme, etc. Non unité et surtout peu de discussions entre ces militants du quotidien qui essaient de dépasser les formes traditionnelles des masculinités. Bref, un moment proche du passé dans nos relations de genre.

Il s’agissait de faire une typologie de tendances émergentes, peu représentées dans de nombreux pays. C’est d’ailleurs l’époque où, avec quelques amis nous avions créé le Réseau Européen d’Hommes Proféministes. Comme pour dire : oui, une position masculine (pour les hommes) qui se revendiquent des acquis des luttes de femmes est possible. Oui, nous devons débattre. Même si, retrospectivement, nous nous adressions plus aux femmes qu’aux autres hommes. Ce qui explique d’ailleurs le peu de succès de ce réseau qui laisse quand même sur la toile, et en plusieurs langues, un ensemble de textes fondateurs (http://www.europrofem.org).

 

2/ L’autre raison qui me pousse à revisiter le classement émis en 1997 est la fonction d’une typologie. A quoi doit-elle nous servir ?

Pour ma part, en dehors des effets d’annonce où les hommes se nomment, mesurent symboliquement la taille de leur membre viril pour s’afficher le meilleur, perpétuent entre eux une guerre permanente, une typologie, un idéal-type dirait le sociologue Max Wéber, est une construction théorique a posteriori qui doit nous aider  à penser. Un tournevis qui aide la compréhension et la déconstruction du masculin. Une boîte à outils qui permet  d’historiciser les réflexions, et les retours critiques que nous pouvons faire sur les travaux qui ont accompagnés la progression des études critiques sur les hommes et le masculin.

Autrement dit, les catégories de ma typologie ne sont pas exclusives les unes des autres. On peut être tout à la fois dans un groupe de conscience et proféministe radical, pleurer entre hommes en découvrant les vertus des émotions et être réactionnaire, etc.

 

Six courants de pensée transdisciplinaires

Là où  Clatterbaugh identifiait quatre courants de pensée transdisciplinaires, je vois aujourd’hui 6 pôles. Permettez-moi de les présenter ce qui me permettra d’en présenter les problématiques.

 

1/ Souvent caractérisé de « masculinisme », le premier courant tend à symétriser situation des hommes et des femmes. Supporté en France par des associations de pères divorcés, et quelques personnalités dont Eric Zemmour, auteur du Premier Sexe (2006), cette posture tend à faire porter par les femmes, en particulier par le féminisme, la responsabilité des difficultés masculines : échec scolaire, violences, suicides… Ainsi sur les violences, prenant en exemple les violences masculines — et arguant de travaux de victimologie, en particulier une étude de Statistiques Canada, et un travail qualitatif de fin d’étude de travail social suisse requalifié de thèse (Torrent, 2003) ce courant déclare que les hommes sont aussi violentés par les femmes que l’inverse. Ce courant propose globalement un retour aux valeurs patriarcales d’antan, faisant valoir que ce modèle de genre était moins anxiogène pour tous et toutes. Récemment, autour des « Congrès de la condition masculine – Paroles d’hommes » est apparue une nouvelle branche de ce courant qui, tout en symétrisant situation des hommes et des femmes notamment les discriminations subies, se définit comme « hoministes ». Si l’appel au premier congrès était particulièrement réactionnaire, certains textes suivants sont plus ambigus, notamment par la reconnaissance par certains participants à ces congrès de la domination masculine et de ses effets en termes de violences sur les femmes, de l’apport du féminisme…

Sans même évoquer ici les difficultés conceptuelles pour définir le terme « masculiniste », autrefois utilisé par tous les groupes de paroles d’hommes en France et au Québec qui découvraient la déconstruction de « la virilité obligatoire » — difficulté parfaitement explicitée par nos collègues québécois dans leur dernier ouvrage collectif (Deslauriers, Tremblay, Genest Dufault, Blanchette, Desgagnés, 2010), ce courant n’est donc pas homogène.

 

 

2/ Le deuxième courant, soutenu en France par une frange autoproclamée « radicale », parfois appelé « proféminisme radical », il propose comme unique perspective aux hommes, comme dominants, de soutenir les femmes et le féminisme et de se taire sur les difficultés masculines analysées alors comme minimes, secondaires et sans réelles importances (Stoltenberg, 1989 ; Thiers-Vidal, Dufresne). Toute attitude autre, notamment l’exposé des difficultés de certains hommes est considérée comme une tentative de reprendre le pouvoir par des « mâles contestés ». Les hommes sont appelés à « rendre des comptes » aux féministes. Dans cette perspective, les « sujets » hommes n’existent pas. Ils sont réduits à la fonction d’ « auteur » des effets de la domination masculine subie par les femmes.

 

Je vaux mieux qu’une moule !

Pour évoquer parfois les « souffrances » des hommes, y compris des hommes qui exercent des violences contre les femmes, je me suis vu caractérisé de « faux ami des féministes » par des garçons qui par ailleurs, comme antispécistes dissertent sur les souffrances des … moules et des huîtres [Ont-elles un système nerveux ? Souffrent-elles ? Peut-on les manger ?].

 

Courant plus idéologique que réellement ancré dans la recherche, ce courant de pensée en niant le sujet développe, je le pense sincèrement, une pensée totalitaire.

Et puis, une confidence toute personnelle dans ce lieu où les hommes sont appelés à parler d’eux. Je pense — ainsi va la vanité masculine — que je vaux autant (et j’aime espérer plus) qu’une moule !

 

3/ Le troisième courant, parfois qualifié « proféministe libéral » [Clatterbaugh, 1997 ; Messner, 1997)] est plus pragmatique. Au vu des connotations péjoratives du terme « libéral » en France (qui qualifie quelqu’un-e qui soutient le capitalisme, la domination impérialiste des pays riches), je propose de le nommer « proféminisme pragmatique ». Les auteur-e-s de ce courant intègrent le cadre problématique de la domination masculine, l’articulation violences masculines/homophobie ; notamment dans les rapports entre hommes. Mais ils analysent aussi, de manière compréhensive, souvent en termes de rapports sociaux de sexe et de genre, la situation des garçons, et les évidentes difficultés d’adaptation de certains. Dans le travail social et l’intervention socio-éducative, ce courant propose la formation des intervenant-e-s et l’intervention spécifique auprès des hommes et des garçons.

Dans ce courant de pensée on trouve les travaux de Robert Connell, Gilles Tremblay, Michael Kimmel, Michel Dorais, Gilles Rondeau, Christine Castelain-Meunier, Germain Dulac, Yves Raibaud, André Rauch… etc. On trouve des textes de ce courant dans l’ouvrage de synthèse que j’ai coordonné à Toulouse en 2000 : Welzer-Lang (dir), Nouvelles approches des hommes et du masculin, PUM (Presses Universitaires du Mirail) et dans le livre Masculinités : états des lieux, que nous venons de publier en France avec Chantal Zaouche et qui sera présenté à ce colloque.

 

Problématisant les « résistances masculines au changement », ce courant auquel je rattache mes travaux refuse une attitude déterministe qui postule à la reproduction à l’identique de la domination masculine (Bourdieu, 1998). Les hommes et les femmes sont aussi sujets de leur histoire individuelle et collective, il est donc possible d’intervenir, d’accompagner et d’aider les hommes, tous les hommes, à s’adapter au nouveau contrat de genre qui refuse la domination masculine et ses conséquences en termes de violences, de discriminations, d’exclusions. Cette attitude présuppose que les hommes aussi ont intérêt aux changements. Ou qu’ils n’en ont pas le choix, et qu’ils doivent donc s’adapter.

 

Dans ce courant, Macdonald (2005, 2010), que Gilles Tremblay m’a permis de découvrir, évoque l’approche salutogène.

Quel terme ! Je lui préfère une traduction non-littérale, je préfère la caractériser comme « dynamique ». Dynamique en opposition à une approche statique qui réduit les dominants à des êtres ne pensant qu’à reproduire la domination, des êtres sans empathie face aux effets du système viriarcal de domination masculine, dynamique en opposition aux hommes « mous » décrits par Elisabeth Badinter (1986), dynamique pour montrer comment les hommes aussi changent et sont acteurs des changements des rapports sociaux de genre.

Et en même temps, comme dit John Macdonald dans ce colloque, salutogène s’oppose à « psychogène », à la pathologisation du masculin. Nous seront donc sans doute condamné-e-s, pour être audibles, à utiliser une forme hybride : salutogène/dynamique.

 

Gilles Tremblay nous rappelle qu’ « étant basée sur l’étude des forces et des capacités que développent aussi les hommes, l’approche « salutogène/dynamique », permet un cadre adéquat pour aborder les éléments positifs des masculinités (Macdonald, 2005, 2010). Gilles Tremblay considère cette approche comme une perspective puisqu’elle n’est pas une construction théorique en soi, mais elle implique plutôt une manière de mettre en lumière certains aspects de l’objet de recherche. Sa pertinence n’en est pas moins politique. Une meilleure connaissance de ces éléments positifs amène à l’exploration des moyens par lesquels les hommes s’engagent dans leur bien-être. L’approche salutogène/dynamique met en lumière les éléments « toxiques » des masculinités où l’accent est posé sur les déficiences associées aux hommes. Elle tranche donc avec une certaine vision des hommes, élaborée par le passé, comme un groupe socialement construit comme homogène et problématique (Crawshaw, 2009). L’approche salutogène/dynamique est également pertinente puisqu’elle cible non seulement les comportements individuels, mais aussi les environnements qui soutiennent et favorisent la santé et le bien-être des hommes ».

 

En fait notre collègue Macdonald ne fait que développer l’approche « dialectique » des rapports sociaux de genre. Cela rappellera de vieux débats aux plus ancien-ne-s d’entre nous, le problème théorique qui sous-tend la question de l’intervention auprès des hommes, reprend un vieux débat des courants marxiste-léninistes des années 70 sur les liens entre « contradictions principales » (la contradiction capital/travail) et « contradictions secondaires » (dont la domination masculine des femmes). On sait maintenant le prix à payer pour l’humanité de telles positions léninistes qui ont proposé la soumission totale des dominants aux dominés et aux avant-gardes (politiques à l’époque, religieuses et sexuelles aujourd’hui) censées les représenter. En ce qui concerne les alliances entre dominants et dominé-e-s, il est sans doute plus heuristique d’aller chercher des références du côté des « blacks féministes », des mouvements queers, ou des débats provoqués par la chute de l’Apartheid en Afrique du Sud.

 

Dominés mais, à la différence des femmes et des homosexuel-le-s, dominés par la propre domination qu’ils imposent aux femmes et aux personnes se revendiquant de sexualités non-hétéronormatives (Bourdieu, 1990), aliénés par la Domination masculine qui leur procure des privilèges de genre aujourd’hui de plus en plus contestés par les luttes sociales et la réorganisation sociétale (Welzer-Lang, 2004), sujets ne pouvant jamais complètement se soustraire à la subjectivité singulière (Zaouche Gaudron, 1997c, 2011) les hommes, quelles que soient leurs situations sociales, qu’ils appartiennent aux catégories des Grands Hommes ou non (Godelier, 1982), sont sommés et obligés de s’adapter à la période anthropologique actuelle qui voit contester les bases patriarcales et viriarcales[1] de nos sociétés actuelles.

Mon hypothèse est qu’ils oscillent, hésitent entre des résistances aux changements exigés par les luttes sociales, aujourd’hui reprises en compte par les politiques nationales (féminisme d’Etat), internationales (mainstreaming européen…), et des formes de changements, de métamorphoses, qui commencent à dessiner des nouvelles frontières du genre. Les « renégociations du contrat de genre[2] », de ce qui semble normal ou non de faire, dire, penser, vivre, fantasmer[3] quand on est construit et socialisé comme homme, se diversifient en fonction des thématiques étudiées, des positions sociales occupées (les appartenances de classe), des espaces (la ville et ses quartiers vs le rural), des cadres spatio-temporel (le privé vs le professionnel).

 

4/ Les groupes centrés sur le développement personnel dont le courant Mythicopoétique,

A ces courants, s’ajoutent certains groupes de paroles entre hommes, certains groupes de « croissance personnelle » dont ceux influencés par Robert Bly et le New Age. Ces derniers réontologisent masculin et féminin et recherchent la masculinité traditionnelle à travers archétypes et rêves. Ils sont surtout présents en Amérique du Nord et leur visibilité en France est (très) réduite. A la différence de Clatterbaugh, je ne pense pas qu’il faille limiter ce courant aux seuls groupes essentialistes. Les groupes de paroles, depuis les premiers groupes « pas rôle d’hommes » en France dans les années 70, aux groupes qui continuent à se faire et à se défaire, en passant par les groupes de paroles des jeunes mâles libertaires (et radicaux), remis en cause par leurs amies femmes sur les attitudes machistes et virilistes, sont des formes sociales d’accompagnement des hommes. Des lieux, aux contours multiples où peuvent s’échanger questions et doutes, s’expliciter la culpabilité d’être homme, donc dominant. Si la culpabilité n’a jamais fait changer le monde (et les garçons), je sais, nous savons, que c’est souvent la première position qui accompagne les changements masculins. L’accès à l’empathie, la rencontre avec une/des féministes est souvent le premier pas de la déconstruction de genre.

 

Plus visibles en France et en Europe sont les « Réseaux Hommes Québec » ou « Réseaux Hommes » en France, Suisse et Belgique, lancés par Guy Corneau, Michel Aubé et Robert Blondin. Ce sont des groupes de conscience qui s’adressent spécifiquement aux hommes. Leurs objectifs sont généreux : essayer de parler entre hommes en parlant de soi, en trouvant les mots, en explorant son répertoire émotif, essayer de mieux vivre sa masculinité, « se comprendre un peu mieux et à s’aimer un peu plus », le tout dans une optique de meilleures relations entre hommes et femmes. Ils oscillent entre une volonté de comprendre l’aliénation masculine produite par les rapports sociaux de sexe et la domination masculine, et une influence des mouvements de développement personnel. Profitant de la popularité de Guy Corneau, célèbre auteur de Père manquant fils manqué (1989), ils regroupent des hommes très divers allant des jeunes hommes à la recherche de nouvelles figures de militantisme à des hommes qui essaient juste empiriquement de mieux vivre leur masculinité. Si le mérite de ces réseaux a été d’accompagner les changements massifs du côté des hommes, on peut aujourd’hui aussi réaliser qu’à la différence des groupes précédents et de ceux qui les ont suivis, ils ont été assez stériles en termes de productions théoriques et/ou remises en causes de la domination masculine.

 

5/ Un dernier courant de groupes d’hommes ou de la pensée critique sur le masculin, souvent oublié dans nos typologies sont « les groupes gais » et le commerce, les associations qui l’accompagnent.

L’oubli de les citer a du sens sur l’hétérocentrisme d’une partie des études sur le masculin, capables de déconstruire le masculin dans sa seule face hétérosexuelle. Une forme actuelle et fréquente d’homophobie libérale consiste d’ailleurs à accepter ce courant, citer la mouvance LGBT, mais ne pas accorder aux gais le statut d’hommes à part entière, donc ne pas les citer dans nos analyses qui déconstruisent le masculin hégémonique  Or, nous sommes d’accord, nous nous battons contre toutes les dominations, les aliénations, les oppressions. Donc, aucune raison de ne pas les intégrer dans nos analyses.

Mais… il y a un mais. Soutenir les luttes de nos frères gais, bi, trans, inter, ou diffuser nos propres analyses comme gais, bi, trans, inter…, penser collectivement la disparition du genre ne doit pas nous faire oublier la face critique de nos analyses. Les gais sont aussi des hommes, construits, socialisés comme tels. Ils développent des rapports sociaux de sexe et de genre avec les femmes, et les autres hommes. Quand je lis dans les petites annonces « folles et efféminés  s’abstenir », d’une part cela me désole de manière personnelle, me sentant exclu de l’annonce (c’est de l’humour !), mais surtout je me dis que l’homophobie, que j’ai définie en 1994 comme « la stigmatisation des qualités ou des défauts attribués à l’autre genre » traverse aussi la pseudo communauté gaie. Bref, qu’un travail intégratif et de déconstruction est à faire à ce niveau.

Et puisque j’aborde ici les sexualités, je dois dire qu’il me semble aussi urgent pour tous les hommes, quelles que soient les couleurs de leurs amours et de leurs sexualités de déconstruire l’hétéronorme, d’interroger le socle hétéronormatif, fortement aliénant pour les hommes ordinaires. On se reportera d’ailleurs à l’excellent travail de Louis-Georges Tin sur les conditions historiques de la création de la culture hétérosexuelle (2008). Corset de la virilité, prison mentale, camisole de l’éros, pourvoyeur majeur de violences faites aux femmes et aux hommes non conformes à la virilité dominante, l’hétéronorme limite nos possibles, nos regards, nos désirs. Pour le dire rapidement, je ne prendrai que deux exemples. Pourquoi, dans un rapport homme/femme, toujours penser l’homme actif et la femme passive ?  L’inverse (ou les deux en même temps) fonctionne aussi bien ! A quand les remises en cause de nos représentations symboliques des humeurs corporelles masculines, notamment le sperme ? Comment penser des rapports égalitaires quand tant d’hommes, tant de femmes, vivent encore leur sperme comme sale. Qui dans cette salle a déjà gouté son sperme ? Et pourquoi ne pas avoir essayé ? Y répondre chacun pour soi est déjà une partie de la résolution de nos difficultés à nous assumer comme humains à part entière.

 

 

6/ Le sixième courant que nous sommes en train de fédérer ici, je propose de le qualifier de « Masculinités ». Il se veut plus pragmatique et fédérateur, articule chercheur-e-s académiques, intervenant-e-s sociaux, et sociales, activistes de l’égalité.

Il prend comme acquis problématique la domination masculine homophobe. Le groupe ou la classe des hommes domine le groupe ou la classe des femmes. Et ce courant en création, pragmatiquement, accepte explicitement ou implicitement que nous sommes, dans cette période de transition, en train de résoudre les contradictions inhérentes à cette domination, y compris celles que vivent — encore, mais à des degrés divers — les personnes socialisées en hommes.

Ce courant est mixte en hommes et en femmes. Il est aussi mixte en options stratégiques pour répondre aux situations des hommes.

 

Dans ce courant des académiques se réclamant tantôt du proféminisme pragmatique, tantôt du proféminisme radical, voire des personnes qui reprennent le terme de masculinisme, tel qu’il était utilisé par les premiers groupes d’hommes  (ARDECOM, HOM INOS), avant que Louise Vandelac ne lui associe un contenu clairement réactionnaire dans les années 90.

Dans ce courant aussi, et leur présence dans ce colloque en est la preuve, des activistes de l’égalité, des intervenant-e-s sociaux/sociales. Dont nombre d’entre-eux se réclament prosaïquement d’un trans-courant qu’ils ont une difficulté certaine à nommer.

En cela le courant des Masculinités est fédérateur intégrant l’intersectionnalité des domaines d’intervention, des modalités de vie masculines, des différentes situations que vivent les hommes d’origines ethniques, culturelles, sociales, politiques, différentes.

 

Naissantes, les études sur les masculinités sont en train de forger une nouvelle génération de chercheur-e-s, hommes, femmes ou trans, issu-e-s de courants théoriques différents.

Reste pour ce courant à essaimer une association pour les intervenant-e-s et activistes. Reste à échanger, développer des bonnes pratiques. Notamment pour joindre un certain nombre d’hommes dépossédés, déboussolés, qu’il est important de prendre en compte dans les analyses. Rappeler leur existence, que cela plaise ou pas, est notre devoir.

 

Je vous remercie.

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[1] Nicole-Claude Mathieu (1991) critique le concept de patriarcat. Notamment parce que les lois limitatives des Droits des Pères ont été parmi les premiers acquis des luttes de femmes récentes ; et ce depuis 1972 en France. Mais que les pères aient ou non tous les pouvoirs, les hommes (pères ou non) ont gardé ce pouvoir. D’où le terme de viriarcat (pouvoir des hommes, qu’ils soient pères ou non), que les sociétés soient patrilinéiares, patrilocales ou non.

[2] Cette notion de « renégociations du contrat de genre », nommée « Ordre de genre » ou « Régime de genre » par Connell (1987), intègre l’asymétrie des positions sociales des hommes et des femmes, des personnes désignées ou revendiquées comme homo, bi ou hétérosexuelles. Elle a l’avantage de mettre en valeur la capacité des acteurs et actrices d’être sujet-te-s de cette renégociation. Sur les transformations du masculin, voir aussi les travaux de Christine Castelain-Meunier, 2005

[3] Ce que l’on peut nommer la morale qui est, comme Michel Foucault l’a montré, constituée d’infiniment plus de choses qu’un simple ensemble de normes qui viendraient réguler les modalités de l’agir individuel et inter-individuel.

 

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Vous pouvez aussi consulter :

http://daniel.welzer-lang.over-blog.fr/

Pour l’Université Populaire du Mirail :

https://blogs.univ-tlse2.fr/upm/

 

Quelques vidéos :

 

où je cause du libertinage :

http://www.youtube.com/watch?v=0VeoPpo-ocI

 

Sur les hommes et le masculin :

En français

http://www.youtube.com/watch?v=2ex75K-izqs&feature=related

http://www.youtube.com/watch?v=5ODc0SN5lvo&NR=1

 

En anglais

http://www.youtube.com/watch?v=Ijw7KjAsCzo&feature=channel

http://www.youtube.com/watch?v=d9eAFkqG1mc&feature=channel

 

 

 

 

 

 

 

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