« Un beau jour, tu te mets à rêver d’un départ. Puis, peu à peu, le projet prend forme au fil des (longues) démarches administratives. C’est à ce moment-là qu’apparaissent tes premières appréhensions liées au voyage, tes premiers questionnements, plus ou moins confus, sur tes véritables motivations. »

« D’un côté, les raisons officielles, celles qui font plaisir à tes parents : apprendre une langue, étudier dans une université européenne, se faire des contacts… En un mot, vivre la fameuse « expérience Erasmus » dont tant d’étudiants aiment se vanter et que tu décides de connaître à ton tour. Et puis, il y a les raisons officieuses : les fameuses « orgies Erasmus » et les interminables nuit d’excès qui stimulent ton côté fêtard. Mais il existe aussi une autre raison, plus difficile à admettre : au fond, ne trouves-tu pas ton existence un peu terne ? Or, Erasmus t’offre l’occasion de changer de vie du tout au tout. »

« Et tu sais qu’une telle opportunité ne se présentera pas de sitôt, du moins pas dans des circonstances aussi favorables. Il te suffit de demander une bourse et de choisir parmi les destinations disponibles. Combien de fois dans ta vie auras-tu la chance de changer la donne aussi facilement ? Dans ces moments où tu ne sais pas exactement ce que tu veux, où tu as le sentiment de tourner en rond, l’idée de tout laisser tomber et de recommencer à zéro pendant un an te séduit autant qu’elle t’intimide. »

« Tu trembles.

Ton pouls s’accélère et, l’espace d’un instant, tu ne sais plus où tu en es.

Tu ressens un mélange d’euphorie et de stress, tandis que ton cerveau cogite à mille à l’heure.

Tu relis plusieurs fois ton nom pour être certain que tu ne rêves pas.

C’est bon.

Tu as décroché la fameuse bourse.

Tu pars en Erasmus. »

Extrait de Journal d’un étudiant français à l’étranger de Amaia Arrazola et Raquel Piñeiro, éd. fr. Hors Collection, 2016 (pp. 8-13)