Danse, langages, art et sciences : synergies toulousaines

La création artistique est l’un des domaines les plus fascinants et insaisissables de l’activité cognitive humaine. De plus en plus souvent, elle est au cœur de recherches scientifiques interdisciplinaires relevant du vaste champ des sciences cognitives. Parmi les arts, la danse soulève la question, complexe et fascinante, de la représentation de l’espace et du corps en mouvement. La cognition spatiale, le mouvement et sa planification sont au centre des processus cognitifs de l’humain et des intérêts des chercheurs de plusieurs disciplines.
La danse joue ainsi un rôle crucial non seulement pour l’étude scientifique des phénomènes liés à la création artistique, mais aussi pour la compréhension et la formalisation du mouvement et pour sa reproduction par les outils numériques. Cette rencontre inaugurale retracera les chemins des recherches menées à Toulouse portant sur ces questions et la genèse du cycle Langages du mouvement dansé.

Danse et Robotique

Cette rencontre souhaite entraîner le public dans les méandres des arts de la scène et de la création chorégraphique, traditionnellement réservés à l’esprit humain et au corps mais qui se voient aujourd’hui de plus en plus investis par des algorithmes d’intelligence artificielle et des robots. Quel est le regard des chercheurs en intelligence artificielle sur la création chorégraphique et quel est le regard des chorégraphes, metteurs en scène et scénographes sur ces nouveaux modes de création ? Quelles sont les implications d’une telle évolution pour le danseur acteur ? Les frontières entre l’art et la science sont elles en train de s’estomper au profit d’une nouvelle forme de création alliant la puissance de la créativité esthétique humaine et l’ingéniosité des nouvelles technologies ? Comment la technologie peut-elle stimuler la créativité des artistes, recréer des liens avec les spectateurs et attirer de nouveaux publics ? Comment l’art peut-il contribuer à imaginer et approfondir les liens entre humains et machines et stimuler ainsi la recherche scientifique ?
L’objectif de cette soirée est de fournir des éléments de réponse à ces questionnements en interrogeant les possibles interactions entre les recherches scientifiques en intelligence artificielle et la création artistique dans le domaine de la danse contemporaine et, plus largement, de la performance.

Paroles de chorégraphe

« And in a way you always talk and move, I mean, you never talk without moving and you never move without some words.”

Cette citation de Boris Charmatz tirée du solo Walk + talk (Vienne, 19 mars 2018) nous invite à nous interroger sur la nature des mots qui accompagnent la danse. Comment décrit-on les mouvements dansés? Avec quels mots est-ce que les chorégraphes se représentent les mouvements qu’ils créent et avec quelles paroles parviennent-ils/elles à les transmettre à d’autres danseurs et danseuses? Qu’est-ce que ces mots peuvent nous faire comprendre des représentations du corps dansant dans l’esprit des chorégraphes?
Lors de cette rencontre, nous fournirons quelques réponses à ces questions à l’aide de l’analyse linguistique et des réflexions partagées par la chorégraphe Sandrine Maisonneuve qui témoignera de son parcours, de son processus de création et de transmission auprès de différents interprètes.

Danse et neuroscience

Lors de cette rencontre, nous nous intéresserons à la danse lorsqu’elle pénètre des espaces inhabituels: des maisons de retraite, des crêches, des centre de réhabilitation. Claire Cherrière, avec son expérience de chercheuse en neuroscience, de thérapeute et de danseuse nous parlera des potentialités de la danse pour la rééducation de personnes en situation de handicap et des outils de transmission lors de ces parcours de réhabilitation. Patricia Ferrara, avec son regard d’artiste sensible aux corps et aux espaces, témoignera de sa vision de la danse, de ses outils de création et de transmission et de ses rencontres, par la danse, de différents interprètes, espaces, corps, pratiques. Pratique artistique et recherche scientifique se mêleront lors de cette soirée qui s’annonce comme un dialogue riche en découvertes, suggestions et perspectives.

De l’analyse à la genèse du mouvement

Comment transmet-on la danse? Nous pensons tout de suite à la parole. Mais la traduction du mouvement en mots est tout sauf une question simple. Que se passe-t-il lors de cette phase délicate qu’est la description de la danse dans une phase d’apprentissage? Comment la parole contribue à saisir toutes les nuances d’une chorégraphie que l’œil ne saurait pas saisir par simple imitation? Et de quels outils disposons-nous pour la transmission d’une danse lorsque la parole n’est pas disponible? La notation Laban se propose comme système d’analyse du mouvement et comme langage pour créer des partitions et assurer la pérennisation et la recréation des œuvres chorégraphiques. Comment s’emparer de ce langage, qui n’est qu’un système symbolique comme le français et les autres langues naturelles? Comment ensuite se servir, transformer, transfigurer, faire intéragir ces langages pour des nouvelles créations artistiques? Joelle Vellet, chercheuse en danse au laboratoire CTEL (Université côte d’Azur) et Valeria Giuga et Lise Daynac de la compagnie Labkine (https://www.labkine.com/) vont dialoguer lors de cette rencontre de clôture et fournir quelques éléments de réponse à ces questions fascinantes.