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2011-00–INTRODUCTION

INTRODUCTION

Nicolas VALDEYRON, François BON, Sandrine COSTAMAGNO

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Les préhistoriens font nécessairement référence, bien que de façon plus ou moins implicite, à une certaine typologie des sites occupés par les groupes de chasseurs-cueilleurs qu’ils étudient. De fait, depuis 40 ans au moins, la notion de “fonction des sites” occupe une place cruciale en préhistoire, singulièrement lorsqu’il s’agit d’interpréter la variabilité des assemblages archéologiques (et l’on se souvient notamment à cet égard de la controverse qui opposa François Bordes et Lewis Binford à propos de la signification des faciès moustériens). C’est ainsi que des lieux ayant accueilli des activités jugées spécialisées sont, selon les cas, le type de vestiges ou de témoignages rencontrés – mais aussi bien sûr d’analyses mises en œuvre –, volontiers désignés sous les termes d’atelier de taille, de site d’art (et bien souvent de sanctuaire) ou encore de halte de chasse, tandis que des sites occupés apparemment plus durablement et sur lesquels une gamme d’activités plus variée semble s’être déroulée, sont fréquemment qualifiés de campement résidentiel, d’habitat saisonnier ou bien encore, lorsqu’il s’agit d’implantations ayant livré un mobilier jugé exceptionnel d’un point de vue quantitatif comme qualitatif, de site d’agrégation voire de super-site. Derrière ces termes, se dissimulent des notions lourdes de sens car, à travers eux, n’est-ce pas toute l’organisation territoriale mise en oeuvre par les groupes concernés qui est peu ou prou suggérée ? Et, derrière les règles mises en jeu dans cette organisation territoriale supposée, ne voit-on pas surgir des aspects étroitement liés à leur organisation sociale ? En effet, la segmentation des activités dans l’espace n’est pas seulement révélatrice du degré de planification économique développé par un groupe ; elle l’est aussi d’une certaine forme de fonctionnement social. Or, force est de constater que ces notions, comme les termes qui les désignent, demeurent flous. Si, à l’initiative notamment d’André Leroi-Gourhan, les structures d’habitat préhistoriques bénéficient d’un vocabulaire forgé à l’aide de critères de définition précis – dont il est, dès lors, possible de discuter de la pertinence sur des bases solides –, la typologie des sites à laquelle ces termes font allusion repose sur des bases beaucoup plus fragiles, tout du moins dans le contexte de l’archéologie préhistorique européenne. Lorsqu’elles existent, les définitions proposées varient souvent selon les contextes, parfois selon les auteurs, ce qui nuit à toute entreprise de comparaison dans l’espace comme à travers le temps.

Pour citer cet article

Bon Fr., Costamagno S., Valdeyron N., 2011 – Introduction, in Bon Fr., Costamagno S., Valdeyron N. (dir.), Haltes de chasse en Préhistoire. Quelles réalités archéologiques ?, Actes du colloque international du 13 au 15 mai 2009, université Toulouse II – Le Mirail, P@lethnologie, 3, 5-7.

2011-04–RENDU-ET-ALII

Approche interdisciplinaire
et réflexions méthodologiques sur la question
des haltes de chasse au Moustérien

William RENDU, Laurence BOURGUIGNON, Sandrine COSTAMAGNO,
Liliane MEIGNEN, Marie-Cécile SOULIER, Dominique ARMAND,
Cédric BEAUVAL, Francine DAVID, Christophe GRIGGO,
Jacques JAUBERT, Bruno MAUREILLE, Seong-Jin PARK

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Résumé

Les études récentes qui ont porté sur l’exploitation de l’environnement par les Néandertaliens ont mis en évidence l’existence, au Moustérien, de gisements témoignant d’occupations saisonnières de courte durée, spécialisées sur les activités de prédation. Cependant, le rôle précis de ces derniers est toujours discuté et n’a que rarement fait l’objet d’études interdisciplinaires. À partir de l’élaboration d’une grille de lecture commune reposant sur des critères paléontologiques, archéozoologiques, techno-économiques, archéopétrographiques et paléo-topographiques, nous proposons de dégager des critères propres à chacun de ces sites dans le but d’affiner notre perception des activités qui y ont été conduites.

Pour citer cet article

Rendu W., Bourguignon L., Costamagno S., Meignen L., Soulier M.-C., Armand D., Beauval C., David Fr., Griggo Chr., Jaubert J., Maureille Br., Park S.-J., 2011 – Approche interdisciplinaire et réflexions méthodologiques sur la question des haltes de chasse au Moustérien, in Bon Fr., Costamagno S., Valdeyron N. (dir.), Haltes de chasse en Préhistoire. Quelles réalités archéologiques ?, Actes du colloque international du 13 au 15 mai 2009, université Toulouse II – Le Mirail, P@lethnologie, 3, 61-76.

2011-06–GRIGGO-ET-ALII

Un exemple moustérien
de haltes de chasse au dromadaire :

la couche VI1a0 d’Umm el Tlel (El Kowm – Syrie centrale)

Christophe GRIGGO, Éric BOËDA, Stéphanie BONILAURI,
Heba AL SAKHEL, Aline EMERY-BARBIER, Marie-Agnès COURTY

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Résumé

Le site d’Umm el Tlel, dans le bassin d’El Kowm en Syrie centrale, se caractérise, d’une part, par une importante séquence stratigraphique, allant de la période romaine à l’Acheuléen, et d’autre part, par la qualité exceptionnelle des vestiges retrouvés, en particulier pour la période moustérienne. L’existence d’une telle séquence au sein des marges steppiques s’explique par la présence permanente de l’eau.

La richesse de ces vestiges recueillis tout au long de la séquence moustérienne a permis de mettre en évidence une grande variabilité des comportements techniques territoriaux mais aussi des modes de fonctionnement du site.

Nous proposons donc, à partir d’une approche pluridisciplinaire, d’expliquer pourquoi nous considérons que la couche moustérienne VI1a0 correspond parfaitement à ce que la plupart des préhistoriens dénomment “halte de chasse”.

Ce niveau, fouillé sur une surface de 20 m2, a livré près de 250 vestiges archéologiques. Les restes fauniques sont, de loin les plus abondants et tous rapportés à une seule espèce : le dromadaire. Les artefacts lithiques se limitent à moins d’une vingtaine de pièces dont 15 éclats de silex d’une taille supérieure à 2 cm et tous retouchés et deux blocs calcaires. L’ensemble a été fossilisé dans des limons d’origine palustre qui se sont déposés très peu de temps après l’occupation moustérienne. Par la suite, il n’y a pas eu de perturbation post-dépositionnelle. Nous avons donc là, l’enregistrement, tout à fait exceptionnel, d’un séjour de courte durée au cours duquel un petit groupe de Moustériens est venu chasser le dromadaire, au bord d’un lac.

Pour citer cet article

Griggo Chr., Boëda É., Bonilauri St., Al Sakhel H., Emery-Barbier A., Courty M.-A., 2011 – Un exemple moustérien de haltes de chasse au dromadaire : la couche VI1a0 d’Umm el Tlel (El Kowm – Syrie centrale), in Bon Fr., Costamagno S., Valdeyron N. (dir.), Haltes de chasse en Préhistoire. Quelles réalités archéologiques ?, Actes du colloque international du 13 au 15 mai 2009, université Toulouse II – Le Mirail, P@lethnologie, 3, 103-129.

2011-09–SIMONET

Diversité des haltes de chasse
dans le Gravettien pyrénéen

Aurélien SIMONET

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Résumé

Au sein du Gravettien pyrénéen, plusieurs types de sites, qui diffèrent selon les éléments techniques représentés et/ou selon la densité de l’assemblage, pourraient être interprétés comme des haltes de chasse. Quelles interprétations sociales et économiques peut nourrir cette diversité archéologique ? Il semblerait qu’au travers d’une gestion centralisée du territoire pyrénéen dont Brassempouy et Isturitz représenteraient le cœur économique, social et spirituel, la notion de “halte de chasse” s’applique à plusieurs types de sites spécialisés sur la fonction cynégétique au sein desquels d’autres activités étaient parfois cumulées. À côté des “haltes de chasse simples” qui répondent sans doute le mieux à la définition tacitement admise, coexisteraient ainsi des “haltes de chasse complexes” où des activités de taille du silex étaient exécutées parallèlement aux opérations de chasse et de dépeçage du gibier. Enfin, d’autres sites représentent des haltes de chasse potentielles au sein desquelles des vestiges artistiques ont été abandonnés. De fait, l’individualisation des haltes de chasse participe pleinement à la compréhension des modalités d’occupation du territoire. Leur diversité, leur haut degré de spécialisation et l’écart important qui existe entre la faible densité de leur assemblage et celle, imposante, de certains grands campements, représentent une cohérence socio-économique qui semble traverser le continent européen. En effet, cette tendance à la diversification et à l’ultra-spécialisation des haltes de chasse accompagne la montée du phénomène des premiers grands habitats-sanctuaires à statuettes féminines multiples de l’Homme moderne que sont Brassempouy, Laussel, les Balzi Rossi et Willendorf pour l’Europe occidentale. L’individualisation des haltes de chasse est au cœur des réflexions sur la nature de l’identité culturelle puisque ces haltes appuient l’idée d’un phénomène de double polarisation des communautés humaines entre 28000 et 22000 ans BP, phénomène qui singularise le Gravettien par rapport à la tradition aurignacienne. Les occupations gravettiennes se concentrent en effet davantage dans certaines plaines et grands bassins alluviaux. D’autre part, au sein de ces régions plus densément occupées, certains sites se distinguent également par leur richesse. Leur sont généralement associés les assemblages importants de Vénus : Brassempouy, Laussel, les Balzi Rossi, Willendorf, Dolní Vĕstonice, Pavlov, Předmosti, Kostienki, Gagarino, Avdeevo, Zaraisk.

Pour citer cet article

Simonet A., 2011 – Diversité des haltes de chasse dans le Gravettien pyrénéen, in Bon Fr., Costamagno S., Valdeyron N. (dir.), Haltes de chasse en Préhistoire. Quelles réalités archéologiques ?, Actes du colloque international du 13 au 15 mai 2009, université Toulouse II – Le Mirail, P@lethnologie, 3, 183-211.

2011-10–MARTÍNEZ-MORA

Au royaume du bouquetin :

continuités et discontinuités dans le mode de vie
des chasseurs-collecteurs du Tardiglaciaire de Guilanyà
(Pyrénées sud-orientales)

Jorge MARTÍNEZ-MORENO, Rafael MORA TORCAL

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Résumé

Les haltes de chasse jouent un rôle essentiel dans l’analyse de l’évolution des comportements des chasseurs-collecteurs au cours du Tardiglaciaire. Dans les Pyrénées sud-orientales, les sites montagnards couramment interprétés comme des haltes de chasse représentent un modèle d’adaptation à des milieux contraignants.

Ils s’intègrent au développement de stratégies considérées comme relevant de systèmes spécialisés et sont caractérisés par la présence d’un outillage en lien avec les activités cynégétiques, l’apparition d’assemblages fauniques monospécifiques et la gestion saisonnière des écosystèmes de montagne, le tout évoquant de profondes transformations dans les sphères de la subsistance et de l’organisation sociale.

Dans le cadre de cet article, nous voulons tester la validité de ce scénario sur le site de la Balma Guilanyà (pré-Pyrénées Orientales, Catalogne). La comparaison des tendances techno-typologiques et des assemblages fauniques replacés dans leur contexte chrono-environnemental, permettra d’aborder la question de l’existence de possibles changements dans les systèmes développés par les chasseurs-collecteurs du Tardiglaciaire ayant occupé le versant sud des Pyrénées.

Pour citer cet article

Martínez-Moreno J., Mora Torcal R., 2011 – Au royaume du bouquetin : continuités et discontinuités dans le mode de vie des chasseurs-collecteurs du Tardiglaciaire de Guilanyà (Pyrénées sud-orientales), in Bon Fr., Costamagno S., Valdeyron N. (dir.), Haltes de chasse en Préhistoire. Quelles réalités archéologiques ?, Actes du colloque international du 13 au 15 mai 2009, université Toulouse II – Le Mirail, P@lethnologie, 3, 213-229.

2011-17–OTTE

Expression libre en hommage à des hommes libres

Marcel OTTE

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À supposer qu’une humanité quelconque se fût jamais nourrie exclusivement de denrées animales, à supposer même que cette humanité se dispersait périodiquement à cette seule fin (phénomène qu’il reste à découvrir), à supposer encore que, dans cette fiction, des traces significatives en fussent préservées, il eût tout de même fallu qu’un archéologue les comprît. Tout au contraire, la fiévreuse imagination en perpétuelle quête de tels arguments a constamment butté sur des cas inverses, là où nulle raison nutritionnelle ne venait justifier l’emprise d’une pensée sur un paysage. En dépit d’un entêtement soutenu, la catégorisation de l’espace par une société humaine ne se laisse pas saisir par la seule recherche de gibier, comme si cette forme d’alimentation n’avait jamais constitué qu’une conséquence et non une cause des filets tendus par un groupe humain sur son milieu.

Pour citer cet article

Otte M., 2011 – Expression libre en hommage à des hommes libres, in Bon Fr., Costamagno S., Valdeyron N. (dir.), Haltes de chasse en Préhistoire. Quelles réalités archéologiques ?, Actes du colloque international du 13 au 15 mai 2009, université Toulouse II – Le Mirail, P@lethnologie, 3, 347-350.

2011-18–CONCLUSION

Conclusion

Nicolas VALDEYRON, François BON, Sandrine COSTAMAGNO

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L’ambition de cette rencontre était-elle une fausse-bonne question ? Était-il en effet à notre portée de chercher à identifier et à décrire des critères spécifiques qualifiant la fonction de “halte de chasse” parmi différents registres préhistoriques et ethno-archéologiques – étalés pour les uns depuis le Paléolithique moyen jusqu’au Mésolithique, pour l’essentiel en Europe de l’Ouest et secondairement au Proche-Orient et, pour les autres, s’invitant en Afrique et aux deux extrémités des Amériques ? À en juger par les difficultés que l’ensemble des participants et des auteurs ont rencontrées en essayant d’y répondre, c’est la conclusion à laquelle nous pourrions, de prime abord, aboutir. Mais voilà bien justement l’une des principales et, sans doute, du moins l’espérons nous, salutaires dimensions de cette rencontre : l’inconfort intellectuel dans lequel nous avons tous été plongés quant il s’est agi de déterminer la fonction de sites que l’on pourrait pourtant, a priori, considérer comme les plus simples, les plus banals, pour des populations de chasseurs-cueilleurs…

Pour citer cet article

Costamagno S., Bon Fr., Valdeyron N., 2011 – Conclusion, in Bon Fr., Costamagno S., Valdeyron N. (dir.), Haltes de chasse en Préhistoire. Quelles réalités archéologiques ?, Actes du colloque international du 13 au 15 mai 2009, université Toulouse II – Le Mirail, P@lethnologie, 3, 351-360.