Transmissions et échanges à l’UT2J : la vision de Sonia ROSE


« La culture n’est pas un héritage statique mais un fluide vivant, en constante évolution, que nous avons le devoir de transmettre et de nourrir. »

Margaret Mead

La transmission des cultures renvoie au processus par lequel les connaissances, les pratiques culturelles, les croyances, les valeurs sont partagées d’une personne à l’autre, d’une génération à l’autre. Les universités sont alors des lieux propices aux partages, aux échanges et à l’ouverture aux autres.

L’Université-Toulouse-II-Jean-Jaurès (UT2J) nous intéresse particulièrement pour son rôle significatif dans la diffusion et la promotion des cultures hispano-américaines à plusieurs égards. Pour mieux comprendre ce processus de transmission des cultures et des savoirs et son importance dans la vie des étudiant.e.s de l’UT2J, nous sommes parti.e.s à la rencontre de Sonia V. ROSE, professeure des universités dans cette université depuis 2010. 

Sonia V. ROSE est péruvienne et néerlandaise. Elle a étudié au Pérou et en Argentine, a préparé sa thèse à l’Université de la Sorbonne Nouvelle, Paris III et a réalisé un post-doctorat en Allemagne. Avant d’être professeure des universités à Toulouse, elle a été maîtresse de conférences aux Pays-Bas. Elle s’intéresse depuis le début « aux gens de savoir, aux hommes et aux femmes de plume dont le rôle est la production intellectuelle ou de pensée », et elle en a fait son domaine de recherche. Forte d’une expérience riche et plurielle, au Curriculum Vitae et au carnet d’adresses bien fourni, Sonia V. ROSE, est indéniablement l’une des personnes les plus adéquates pour nous donner sa vision de la transmission des cultures à l’UT2J et au sein de la ville de Toulouse.

De son point de vue, la transmission des cultures prend des chemins variés et s’étend à travers différents espaces. Les institutions favorisent la transmission. Tout d’abord, l’UT2J dispose d’un Département d’Études Hispaniques et Hispano-Américaines (DEHHA) vecteur essentiel des cultures et des savoirs du monde hispanophone. Sonia V. ROSE soulève un point crucial qu’est la langue. « Je trouve que si l’on parle de transmission de culture, c’est un pilier important », déclare-t-elle. Apprendre une langue, ses règles, ses variantes régionales, c’est découvrir la culture qui la sous-tend, ainsi que son histoire. C’est explorer une nouvelle façon d’interpréter le monde. L’apprentissage des langues « à la française » implique l’étude de la langue et de la linguistique, mais aussi de la littérature, et l’histoire des pays hispanophones et hispano-américains. Ceci est le domaine du DEHHA, où, par ailleurs, sont enseignées des langues indigènes telles que le quechua et le nahuatl, rares en France. Les enseignant.e.s-chercheur.se.s, ainsi que les laboratoires de niveau international auxquel.le.s iels sont rattaché.e.s représentent « un pilier de cette transmission ». Les projets de double Master avec d’autres universités à l’international témoignent de ce désir d’un dialogue interculturel. 

D’autre part, Sonia V. ROSE a dirigé l’IPÉAT (Institut Pluridisciplinaire pour les Études sur les Amériques à Toulouse), fondé en 1986, rattaché à l’UT2J et spécialisé dans les études interdisciplinaires sur les Amériques. En y étudiant les arts, les lettres, les sciences humaines et sociales, les étudiant.e.s sont amené.e.s à acquérir une culture globale, riche et transversale sur le monde hispano-américain. L’IPÉAT travaille activement à la recherche, l’enseignement et la diffusion des savoirs sur les cultures hispano-américaines par le biais de deux masters, mais aussi en organisant régulièrement des conférences, des séminaires, des colloques et des événements culturels tels que La fête des Amériques. 

« Mes objectifs, en tant que directrice de l’IPÉAT, étaient de mettre en avant la culture latino-américaine dans un cadre académique, de renforcer les liens de l’Institut avec la Recherche (par le biais de la revue Orda et de la Chaire d’études de l’Amérique latine), accentuer l’internationalisation (en mettant en place le dispositif IPÉAT Mundus) et intensifier le rôle de l’Institut comme le référent de la recherche sur les Amériques à Toulouse »

Sonia V. ROSE

Sonia V. ROSE ne pouvait point ne pas mentionner la MUFRAMEX (Maison Universitaire Franco-Mexicaine) dont elle a été la directrice durant neuf années. Située dans les locaux de l’Université de Toulouse en Centre-Ville, la MUFRAMEX est une institution de coopération bilatérale franco-mexicaine, sous la tutelle du Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche et de la Secretaría de Educación Pública, son homologue mexicain. En tant que directrice, Sonia V. ROSE a orienté l’institution vers la recherche scientifique et universitaire, vers la divulgation scientifique et la diffusion des savoirs, son objectif principal étant celui de servir à la communauté universitaire. 

Comme nous venons de le voir, l’université apparaît comme un espace particulièrement propice à la transmission et aux échanges interculturels, notamment grâce aux formations par le biais de la recherche. Pour Sonia V. ROSE, elle a un rôle prépondérant dans la transmission et la vulgarisation des savoirs au sujet des cultures latino-américaines auprès des étudiant.e.s. La dimension sociale et sociétale est essentielle : plus ces institutions sont populaires et au cœur de la société et plus les cultures hispano-américaines s’installent, s’étendent et sont valorisées. L’UT2J fait partie intégrante de la société et s’ouvre davantage au monde qui l’entoure. 

Par ailleurs, toujours dans cette logique de dynamisation et de partage culturel, des initiatives sont entreprises par des enseignant.e.s-chercheur.se.s, des étudiant.e.s et d’autres acteur.rice.s au sein de l’université. Certain.e.s enseignant.e.s-chercheur.e.s à l’UT2J sont également membres actif.ve.s du Festival Cinélatino et participent à la promotion de cette manifestation auprès des étudiant.e.s. D’autres s’engagent dans la transmission des cultures en faisant venir des acteur.rice.s tel.le.s que Leonor HARISPE, la chanteuse du groupe Cuarteto Tafi. Enfin, le foyer La Peña, rattaché au DEHHA, mène diverses actions et organise des évènements visant à valoriser et à faire connaître les cultures hispano-américaines. Ce foyer est important et intéressant car il fait le lien entre des étudiant.e.s de divers horizons et permet des rencontres et des échanges à la fois autour du monde hispanique et hispano-américain. Nous constatons que de nombreux.ses acteur.rice.s se mobilisent pour valoriser l’aire hispano-américaine à l’UT2J et au sein de la ville de Toulouse.

« Nous sommes une université qui occupe une place importante dans la cartographie nationale et internationale, avec un corps d’enseignants-chercheurs de haut niveau. Nous avons donc l’écosystème propice pour faire évoluer les choses et renforcer la place des études sur l’Amérique latine, par notre disponibilité, par notre recherche, par les actions que nous menons et les dispositifs que nous mettons en place »

Sonia V. ROSE

Pour Sonia V. ROSE, il faut encourager les projets de professionnalisation, faisant un pont entre l’université et les institutions de la vie civile, qui ont un rapport avec l’Amérique latine, par le biais des stages par exemple. On pourrait également renforcer les liens entre le secondaire et le supérieur en se rendant dans les établissements pour susciter l’intérêt des jeunes et promouvoir les activités en cours (ce qui est, par ailleurs, fait par les services de diffuson scientifique de l’UT2J et de l’UT par différents biais). À l’ère du numérique, il ne faut pas sous-estimer l’importance et la puissance des interactions en personne. 

D’une façon plus générale, moins universitaire, selon l’enseignante, il faudrait aussi une mise en avant des danses, des musiques, de l’artisanat de création, ou encore de la gastronomie des pays latino-américains. En effet, ces aspects de la culture permettent de partager les coutumes, les traditions et le mode de vie de ces pays d’une façon moins institutionnelle et plus accessible au grand public. Ils transmettent une façon différente de voir et d’interpréter le monde. Le défi serait que ces événements touchent davantage d’étudiant.e.s et puissent être mis en avant au sein même des universités. Cela pourrait être un bon moyen de rendre plus ouvert, plus populaire, l’accès aux cultures latino-américaines à Toulouse.


Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *