FABRICA (FAux-BouRdon Improvisation et Contrepoint mentAl) est un programme soutenu par l’Agence Nationale de la Recherche pour la période 2009-2012. Il rassemble les partenaires suivants :
Université de Toulouse – Le Mirail, équipe de recherche LLA-Musicologie (UTM)
Universitat Autonoma de Barcelona, Grup de recerca 1501 (UAB)
Ensemble Gilles Binchois (EGB)
Les responsables scientifiques de chaque institution sont :
UTM : Philippe Canguilhem
UAB : Jaume Ayats
EGB : Dominique Vellard
contact : fabrica@univ-tlse2.fr
Le programme FABRICA souhaite mettre en place une recherche méthodique et systématique sur les pratiques polyphoniques du chant ecclésiastique en Europe occidentale, depuis l’apparition concomittante des premiers faux-bourdons et des traités de chant sur le livre (15e siècle) jusqu’aux dernières survivances de ces pratiques au milieu du 20e siècle. S’intéressant à l’ensemble des modalités de création et de transmission des polyphonies dites improvisées, FABRICA n’exclut pas d’enquêter sur des répertoires et pratiques d’interprétation situés à l’extérieur des limites chronologiques et géographiques qui balisent son champ d’action.
Les répertoires et les traditions d’interprétation qui sont désignés par les termes de ‘faux-bourdon’, ‘contrepoint simple’ ou ‘chant sur le livre’ suscitent un certain nombre de questions, au premier rang desquelles figure la question de l’articulation des mondes de l’improvisation et de la composition. En effet, les faux-bourdons s’appuyent à la fois sur les acquis de la culture écrite et sur la création spontanée propre aux musiques traditionnelles : il sont aussi bien chantés par les chantres de métier que par les chœurs de fidèles ; il se transmettent facilement par écrit mais une partie essentielle de leur identité sonore n’est pas notée ; il peuvent être composés, mais l’ajout de voix improvisées ou la modification ex tempore des parties écrites est consubstantielle à leur existence ; enfin, ils attestent de la permanence de pratiques et de réflexes musicaux sur une très longue durée.
Pour toutes ces raisons, ce répertoire a jusqu’à présent été relégué aux marges de l’histoire de la musique, notamment à cause de son statut hybride et de l’impossibilité de lui conférer une place bien définie au sein des catégories historiographiques de la musicologie. À cheval entre musique savante et populaire, entre ‘œuvre’ et pratique d’interprétation, souvent anonymes, les faux-bourdons et le contrepoint simple ont pour l’instant échappé à toute tentative de compréhension globale. Or, ils sont les témoins encore vivants d’une tradition qui a traversé les siècles : les faux-bourdons composés vers 1830 ne s’éloignent pas vraiment des exemples datant du 16e siècle ; plus surprenant encore, les quelques exemples qui survivent aujourd’hui dans le Sud de la France et en Catalogne donnent à entendre un répertoire tout à fait comparable aux faux-bourdons conservés des 16e et 17e siècles.
Axes de recherche et réalisations envisagées
1. prendre la mesure des sources écrites en établissant un inventaire aussi détaillé que possible pour le domaine français.
2. améliorer notre connaissance des processus d’improvisation collective tels qu’ils nous sont transmis dans les textes (partitions et écrits théoriques) du 15e au 20e siècle.
3. recueillir les derniers témoignages vivants de la pratique du faux-bourdon en systématisant le collectage sur le domaine Pyrénéen, sur les versants espagnol et français.
4. initier une collaboration entre musicologues historiens, spécialistes du contrepoint historique, ethnomusicologues et musiciens professionnels afin de comprendre les mécanismes de la création collective spontanée et la permanence de certaines procédures paradigmatiques qui transcendent les clivages traditionnellement admis savant/populaire.
Méthodologie
• un séminaire mensuel de recherche sera organisé à Toulouse à partir de septembre 2009, qui accueillera des spécialistes des polyphonies improvisées.
• deux journées d’études annuelles, à Toulouse et Barcelone, feront le point des recherches sur un aspect précis du programme.
• des ateliers de pratique seront adossés aux journées d’études. Ils ont pour but d’initier un dialogue et une collaboration entre spécialistes du sujet provenant d’horizons différents, musicologues historiens, ethnomusicologues et praticiens.
À travers la participation de l’ensemble Gilles Binchois, les musiciens qui tentent de faire revivre ces pratiques seront associés au programme de recherche, afin de lui donner une dimension qui dépasse le cercle restreint de la musicologie universitaire, pour irriguer les milieux des musiciens interprètes qui font entendre les musiques anciennes.