Collection Sources et Travaux numéro 11

Stanislas HUTIN, Journal de bord, Algérie, novrembre 1956-mars 1956

Journal de bord d’un séminariste maintenu sous les drapeaux au début de la guerre d’Algérie.

Ce document, reproduit dans sa forme brute et qui aurait pu n’être qu’une chronique de routine, décrit cette guerre au quotidien, l’état d’esprit d’appelés, celui de la hiérarchie militaire, les rapports avec les populations algériennes, les interrogations sur la nature de la rébellion, la découverte de la torture, pratiquée, acceptée, justifiée.

 » A mon retour d’Algérie, j’ai considéré de mon devoir de ne pas passer sous silence ce à quoi j’avais assisté (…)
 » C’est à la demande de plusieurs personnes, notamment d’historiens, que j’ai accepté que ce journal soit, aujourd’hui, reproduit. Pour moi, ce n’est faire injure ni à la patrie, ni à son armée que de dénoncer ses dérives (…)
 » A l’occasion du débat qui s’est rouvert dernièrement sur la torture durant la guerre d’Algérie, j’ai donc été contacté par plusieurs historiens désireux de faire connaître ce témoignage. Or, ce qui m’interroge dans ce débat, c’est que l’on se soit si peu posé la question, qui pour moi reste déterminante pour l’avenir : comment tant d’appelés du contingent (pas tous, bien sûr), ces hommes si ordinaires dans leur vie civile et leurs métiers, ces jeunes issus de notre culture républicaine des droits de l’homme, ou de notre culture chrétienne pétrie de la valeur sacrée de la personne, comment tant de ces jeunes ont-ils toléré tant d’exactions (s’ils ne les ont pas pratiquées eux-mêmes…), comment se sont-ils révélés aussi vulnérables ? Et comment leur encadrement militaire, a-t-il pu, aussi facilement et aussi vite, laisser la peur et la haine, son corollaire, envahir la troupe, l’esprit de vengeance s’installer, lui-même et ses hommes se dégrader ainsi ?
On ne peut actuellement nier l’étendue de ce phénomène. Celle-ci nous est apparue, à nous les appelés du contingent, dès avril 1956, au moment de notre rapatriement, lorsque, revenant nombreux de tous les coins d’Algérie, nous nous sommes retrouvés sur le même bateau, puis dans les mêmes lieux de démobilisation. Nous nous racontions comment nos unités respectives avaient vécu leur guerre et ses dérives (…) « .
Extraits de la présentation du document par l’auteur.

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