Collection Sources et Travaux numéro 9

Laurent JALABERT, Le Grand débat : les universitaires historiens et géographes et les pays communistes de 1945 à 1991

Préface de Jean-François SIRINELLI

Depuis 1991, les pays communistes sont morts, à l’exception de la Chine, de Cuba, du Vietnam ou de la Corée du Nord. La désagrégation subite de l’URSS et des Démocraties populaires a surpris par sa rapidité les élites politiques, diplomatiques et intellectuelles dans tout l’Occident. Le bloc de l’Est que l’on croyait immuable s’effondre comme l’Empire des Tsars moins d’un siècle plus tôt. Depuis cette date, les intellectuels français s’entredéchirent pour expliquer les affres les plus terribles du communisme, à travers des slogans tous plus accrocheurs les uns que les autres, avec pour sommet, les polémiques nées autour du Livre Noir du Communisme dirigé par Stéphane Courtois…, qui place les universitaires au cœur de la tempête.

Le Grand Débat sur les pays communistes, s’il a rebondi avec la chute du mur de Berlin, n’est pourtant pas un phénomène nouveau. Dans cet ouvrage repris à une thèse de Doctorat, l’auteur revient sur un demi siècle de polémiques scientifiques. Trois phases se succèdent : de 1945 à 1956, les universitaires marxistes imposent leur point de vue ; de 1956 à 1976, les oppositions scientifiques se forment avec la structuration des véritables premières recherches élaborées qui débouchent sur le développement des premières critiques du modèle soviétique, tandis que les clercs cherchent des modèles de substitution dans le tiers monde ; enfin, de 1976 à 1991, l’illusion est bien morte, et l’école libérale prend le pas, annonçant par là même les débats actuels. Le Grand Débat n’est donc pas neuf, il a simplement changé de caractère et de nature par l’apport des archives des anciens pays communistes.

L’ouvrage porte aussi une riche réflexion en matière d’histoire des intellectuels, par une analyse de la place de l’Universitaire dans l’intelligentsia : la démonstration montre tout au long du livre les relations permanentes entre le discours scientifiques des universitaires et les phénomènes politiques (engagement personnel, influence du contexte politique national et international…) ; il revient sur les concepts de  » générations intellectuelles  » et de  » réseaux intellectuels  » ; et conclut sur la  » spécificité de l’Universitaire  » dans l’engagement intellectuel en France.
Laurent Jalabert : né en 1967, est agrégé d’histoire, Maître de conférences en histoire contemporaine et chercheur au Groupe de Recherche en Histoire Immédiate.

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