Marco Antonio Toledo Nascimento
Doctorant , Université de Toulouse – Jean Jaurès
marcotoledosax/@/hotmail.com

Pour citer cet article : Toledo Nascimento, Marco Antonio, « La comparaison entre la France et le Brésil, dans le domaine de l’enseignement musical concernant les harmonies amateurs. », Litter@ Incognita [En ligne], Toulouse : Université Toulouse Jean Jaurès, n°2 « Les Interactions I », 2007, mis en ligne en 2007, disponible sur <https://blogs.univ-tlse2.fr/littera-incognita-2/2018/01/09/la-ville-contemp…ite-au-generique/>.

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Résumé

Cet article compare le système français d’enseignement musical des orchestres d’harmonies amateurs, avec celui du Brésil. Dans ces deux pays, ces groupes musicaux sont organisés de façon semblable. Cependant il y a une différence importante dans leur enseignement. Ce texte propose, à travers une recherche de doctorat, d’analyser en détail la procédure de l’organisation pédagogique de la Confédération Musicale de France et les méthodes utilisées par quelques harmonies amateurs françaises rattachées à cette organisation.

Mots-clés : éducation musicale – harmonies amateurs – pédagogie – système éducatif brésilien

Abstract

This paper compares the French system, which trains amateur musicians in wind orchestras, with that of Brazil. In France, just as in Brazil, amateur wind orchestras are brought together by musical organisations. There exists however a major difference in their training. This research purpose to a doctoral project, to analyse in detail the CMF’s educational procedure and the methods used in certain French amateur wind orchestras linked to this organisation.

Key-words: music education – amateur harmony orchestra – teaching methods – brazilian educational system


1. La problématique de l’éducation musicale brésilienne

Au Brésil, ces dernières années ont été marquées par un souci croissant relatif au système d’éducation, notamment au sein des écoles publiques, de la maternelle au lycée. Colloques, congrès, rencontres et débats se succèdent et débouchent sur des propositions de changements.

Selon Koellreuter1, la culture est partie intégrante de la vie sociale, cependant, l’accès à la culture dans les pays du Tiers-Monde, aujourd’hui en développement, en particulier au sein de l’enseignement musical, est généralement limité à une certaine élite sociale. Une minorité sophistiquée, faussement raffinée et snob.

Pour Hentschke, « L’accès à l’éducation musicale au Brésil, ainsi qu’à l’étude d’un instrument, continue à être le privilège d’une élite, attitude qui contredit tout principe éducatif2 ». En effet, on constate que l’enseignement musical au Brésil est aujourd’hui en décalage quant à la demande émanant du public. Le nombre de places dans les institutions gratuites d’enseignement musical ne répond pas à cette demande, et ce, d’autant plus que souvent, une sélection soustrait d’emblée l’opportunité, pour beaucoup de personnes, d’étudier la musique. On souligne en outre le fait que, durant ces dernières années, les disciplines d’éducation artistique ont disparu de l’enseignement public de notre pays3.

Pourtant, toutes les difficultés exposées antérieurement n’empêchent pas la production continue de recherches sur le thème de l’éducation musicale. On observe la participation croissante d’éducateurs musicaux aux événements traitant des propositions de remaniement de l’éducation, ainsi qu’aux événements spécialisés dans l’éducation musicale. On retiendra ainsi la « Rencontre de l’Association Brésilienne d’Éducation Musicale » (ABEM), qui a vu se dérouler sa XVème édition à João Pessoa au mois d’octobre 2006.

Selon Fernandes, on peut observer une augmentation de mémoires et de thèses sur le thème de l’éducation musicale, tant dans les cours de troisième cycle en musique que dans ceux de troisième cycle en éducation. Pourtant, après une analyse quantitative, on constate une production peu significative dans la spécialité d’Éducation Musicale Instrumentale, qui englobe les recherches inhérentes aux orphéons et aux orchestres, incluant les ensembles de percussions et fanfares :

Les indicateurs des spécialités (5) Éducation Musicale Instrumentale (Harmonie, Orchestre, incluant les ensembles de percussions et fanfares) (5%) et (6) Éducation Musicale Chorale (3,5%) sont très faibles, tout comme dans les mémoires de Musique/Éducation Musicale ; on pense que cela est dû au peu d’intérêt des élèves pour cette spécialité. Comme il a déjà été mentionné, l’intérêt est associé à divers aspects, tels que la quasi-absence de littérature sur le sujet et le manque de pratique des chercheurs. En effet, on pense que les directeurs de chorale et d’ensemble instrumentaux, lesquels ont une pratique musicale et seraient donc les plus aptes à traiter ce sujet, développent des recherches dans d’autres aires de la musique, qui sont sans intérêt lorsqu’il s’agit de traiter des problèmes relevant de l’enseignement et de l’apprentissage4.

Partant du constat selon lequel les chercheurs se désintéresseraient de la spécialité des pratiques instrumentales, on a pu vérifier qu’un grand nombre de musiciens professionnels sont pourtant influencés par les harmonies amateurs dans leur formation musicale. Une telle influence a pour cause, la plupart du temps, un contexte social établi par ces groupes instrumentaux amateurs. Ils participent à des événements sociaux de natures diverses, tels que des messes, des processions, des fêtes, des retraites, des défilés et des parades, des événements sportifs, etc., et enchantent le public avec leur musique. Rappelons-nous qu’il y a peu de temps encore, la musique d’harmonie était pour la société brésilienne un des moyens les plus populaires d’accès à la culture musicale. Les représentations étaient non seulement une opportunité de divertissement musical, mais surtout un stimulant essentiel dans les aptitudes musicales de l’individu, en l’amenant à intégrer des groupes et à apprendre à jouer d’un instrument5.

2. Les harmonies amateurs au Brésil

Selon la Fundação Nacional de Arte (FUNARTE)6, on dénombre au Brésil, environ 5000 groupes d’harmonies amateurs.

En effet, bon nombre de musiciens, aujourd’hui membres de grands orchestres, orchestres harmoniques, fanfares militaires, dans les institutions d’enseignement musical et de groupes populaires célèbres, ont effectué leur éducation musicale dans les harmonies et fanfares amateurs. On note également, assez nettement, que la majorité d’entre eux, jouent d’un instrument à vent : clarinette, saxophone, trombone, trompette, flûte, bas. Ceci est dû à la configuration de ces groupes, formés majoritairement d’instruments à vent et de percussions. On note aussi le cas de musiciens qui ont débuté dans les harmonies et fanfares amateurs et qui, aujourd’hui, n’exercent plus leur fonction musicale en tant que musiciens mais en tant que chefs d’orchestre, arrangeurs, administrateurs, producteurs ou chanteurs.

L’intérêt pour le thème des harmonies amateur a pour origine une recherche qui vint à se transformer en un mémoire intitulé « L’Harmonie amateur comme formateur de musiciens professionnels, l’exemple des clarinettistes professionnels de Rio de Janeiro ». Cette recherche de fin de cours de Licenciatura Plena (équivalente à six années universitaires) en Éducation Artistique – Habilitation Musique, a été présentée lors du XVIIIe Forum de Pédagogie de la Musique de l’Institut Villa-Lobos du Centre des Arts et Lettres de Rio de Janeiro le 27 janvier 20037. Cette recherche a permis d’identifier et confirmer les bénéfices qui ont été retirés dans les harmonies amateurs par ces musiciens professionnels. Il s’agissait de mettre en évidence les différences dans l’apprentissage professionnel des musiciens ayant, à un moment ou à un autre de leur formation musicale, intégré une harmonie. De même, on a essayé de distinguer les caractéristiques possibles induites par cette formation musicale, contribuant de ce fait à changer le traitement des harmonies amateurs, parfois décriées et considérées de manière péjorative8.

Pour trouver des appuis à mon mémoire j’ai eu recours à une analyse bibliographique. Cependant, notant la rareté des écrits relatifs à ce sujet, j’ai également eu recours à l’entretien comme moyen de recherche. Ont été analysés et vérifiés les avantages que les musiciens retirent de leur participation au sein des harmonies amateurs. Dans une démarche mêlant sociologie, psychologie, histoire, éducation et enseignement musical, cette recherche se base sur l’étude de l’expérience pour tenter d’obtenir des données plus fiables, d’où le choix des professionnels.

La recherche a montré que l’harmonie amateur contribue de manière significative à l’expérience professionnelle du musicien dans tous les secteurs d’activité. Mais, outre ces qualités, une aide éducative est nécessaire dans les institutions d’enseignement formel9 de musique pour compléter la formation musicale, car jouer dans les harmonies amateurs, comme nous l’avons déjà dit, bien que contribuant à la formation de musiciens professionnels, n’est pas suffisant10.

Parmi les principales qualités de l’harmonie amateur, on relève :

– Le prêt de l’instrument de musique : dans un pays où la majorité des familles ont des problèmes financiers, cela permet de ne pas élitiser l’apprentissage de la musique, de ne pas le réserver aux seules personnes qui peuvent acheter un instrument.

– La pratique intense et constante dans un ensemble : dès l’intégration de l’élève dans l’harmonie amateur, il apprend à étudier et jouer dans un ensemble, ce qui prépare le musicien à son activité professionnelle.

– Relations entre les individus : dans l’orphéon, les élèves les plus avancés servent de moniteurs aux nouveaux, transmettant toujours une information. Ce système de relations entre les individus est une constante dans les harmonies amateur et le concept de zone proximale de développement de Vygotsky11 parait expliquer ce qui se joue dans l’apprentissage de ces institutions.

– La stimulation des représentations : les constantes représentations publiques des harmonies amateurs, généralement devant un public assez nombreux et chaleureux, est un stimulant pour l’élève. La plus belle récompense qu’un artiste puisse recevoir ce sont les applaudissements du public et l’élève de l’harmonie apprend cela très tôt. Lors de ces représentations, généralement pour la préfecture ou l’église, les musiciens de l’harmonie peuvent aussi parfois recevoir une gratification sous forme d’argent.

– Le « goût pour la musique » : les harmonies amateurs ont une grande importance dans la vie professionnelle des musiciens professionnels qui en sont issus. En leur donnant l’opportunité de commencer des études musicales et en leur transmettant le « goût pour la musique » , les harmonies amateurs leur donnent l’impulsion de suivre une carrière musicale.

Parmi les principaux facteurs qui contribuent à l’ inefficience de l’éducation musicale dans une harmonie amateur on distingue12:

– La différence de niveau et la forme d’enseignement musical des harmonies amateurs : il n’existe aucun programme ou accompagnement de quelque organe officiel d’enseignement pour établir un paramètre d’enseignement musical des harmonies.

– L’enseignement individuel de l’instrument : il existe une insuffisance de la part de certaines harmonies à promouvoir l’enseignement individuel de l’instrument, essentiel au développement de l’instrumentiste. Parfois il n’existe pas, dans l’institution, de professeur spécialiste de certains instruments, parfois, encore, ce sont des professeurs autodidactes sans les connaissances nécessaires pour remplir de telles fonctions. Le chef d’orchestre est généralement celui qui enseigne tous les instruments de musique de l’harmonie, or c’est très rare de rencontrer un musicien qui sache enseigner autant d’instruments avec efficacité.

–  La pratique en groupe : la pratique intensive en groupe au sein des harmonies amateurs, vue autrefois comme une qualité dans l’enseignement, peut parfois s’avérer à double tranchant. Si une telle activité ne se double pas d’un accompagnement attentif de la part de l’éducateur, les élèves débutants peuvent rester traumatisés de ne pas réussir à jouer aussi bien que les autres élèves plus avancés, ce qui peut alors porter préjudice à la performance de l’ensemble musical.

On ne rencontre pas non plus dans le curriculum « dispersé » des harmonies amateurs brésiliennes une pratique permettant l’apprentissage de quelques-uns des savoirs nécessaires à la formation musicale. Savoirs nommés par les institutions traditionnelles de l’éducation musicale, tels que l’analyse et la classification, l’harmonie, la perception, l’appréciation et l’histoire de la musique.

Pourtant, pour les motifs exposés antérieurement, on a noté qu’il était nécessaire de faire de nouvelles recherches dans le but d’augmenter la production scientifique sur la pédagogie de ces groupes, afin d’apporter des éclaircissements et des moyens de transformer ces institutions brésiliennes « harmonies amateurs » en écoles de musique plus efficaces.

3. La recherche en France

En 2003, lors d’un voyage à travers 23 pays, à bord du navire-école Brasil13 ayant pour mission de diffuser la musique brésilienne, j’ai eu l’opportunité d’assister aux concerts de nombreuses harmonies amateurs en Europe, où l’on observe un niveau technico-artistique élevé ; il en est de même pour la sonorité, la justesse et l’exécution. De ce constat surgirent des questions variées : quels sont les facteurs qui déterminent l’excellence de la qualité musicale de ces groupes ? Quelle est la formation musicale des professeurs/directeurs/chefs d’orchestre ? Quel est l’enseignement musical dans ces harmonies amateurs ?

En janvier 2006, j’ai eu l’opportunité de retourner en France et, durant un mois, de partir à la recherche de références bibliographiques sur les orphéons dans diverses bibliothèques de Paris et de Toulouse. Grâce aux orientations de la Professeure Dr. Catherine Lorent du département de musicologie de l’Université Toulouse – Jean Jaurès, j’ai pu localiser des références bibliographiques qui ont contribué de manière significative à enrichir ces études exploratrices. De plus la Professeure Lorent m’a permis de rencontrer le maestro Désiré Dondeyne14. L’interview qu’il m’accorda15 a largement contribué à faire avancer cette étude, grâce à la grande connaissance qu’il possède sur le sujet.

3.1. Les harmonies amateurs en France

La « catégorisation » des harmonies et des fanfares en France est très particulière. Elles sont appelées Orphéon. Selon Gumplowicz16, « jusqu’en 1855, le mot orphéon désigne un ensemble vocal populaire ». Après cette date, on commença à utiliser le même terme pour les harmonies et les fanfares amateurs.

Ces sociétés instrumentales trouvent leurs origines dans la musique militaire ; en effet, depuis 1764, les rangs des Gardes Françaises comptaient déjà un ensemble musical aux caractéristiques semblables aux ensembles modernes, non seulement avec les tambours et fifres, mais aussi avec six clarinettes, flûtes, trompettes, deux cors, trois bassons, serpents et timbales. L’emploi de ces groupes de musique militaire ne différait pas beaucoup de l’actuel. Ils défilaient en avant des troupes avec des uniformes somptueux dans les défilés et les parades, et ils jouaient lors de la présentation du drapeau17.

Ces groupes instrumentaux amateurs, inspirés des ensembles militaires, commencèrent à surgir avant le XIXe siècle dans les associations de Sapeurs Pompiers ou dans la Garde Nationale. Rapidement les groupes instrumentaux amateurs se multiplièrent en France, toujours avec le nom d’Orphéons, motivant divers compositeurs célèbres à écrire des œuvres pour les Orphéons, comme par exemple : Saint-Saëns, Gounod, Milhaud, et nombre de compositeurs contemporains18.

Selon Dondeyne (2006), on relève aujourd’hui parmi les Bandes Militaires Professionnelles :

– la Garde Républicaine (harmonie et fanfare) ;

– les Gardiens de la Paix (harmonie) ;

– l’armée (principale musique militaire en France, basée à Versailles et dont le chef d’orchestre est un colonel) ;

– les deux harmonies de la Marine (à Bretz et Toulon) ;

– l’harmonie de l’Armée de l’air ;

– d’autres musiques militaires en Bretagne, Lyon, Bordeaux, Toulouse.

Dondeyne relève encore que tout comme au Brésil, il existe des organisations militaires qui n’ont pas de musique professionnelle, mais qui réunissent des militaires possédant quelques notions de solfège, pouvant ainsi former un ensemble musical.

Cette recherche a identifié les deux principaux motifs qui ont mené au rapide développement des Orphéons. Le premier d’entre eux serait les idéaux de la Révolution Française de 1789 où furent revendiqués les droits du peuple à travers de nombreux aspects, parmi lesquels les arts et l’éducation. Les orphéonistes partageaient ces idéaux et souhaitaient que le peuple ait accès à la musique. En même temps, la musique était perçue comme une force pour la République qui allait naître. On faisait alors de nombreuses rétrospectives et représentations de chorale exaltant le patriotisme, l’enthousiasme de la liberté et l’amour de l’égalité.

Le second motif serait le développement  technologique des instruments à vent, observé principalement en France. L’Exposition Universelle de 1867 qui se tint à Paris contribua de façon significative non seulement à la musique française mais aussi à celle du monde entier. Selon Gumplowicz, « le rôle de la musique à l´exposition de 1867 est sans précédent dans l´histoire de l´art. Il prétend avoir recensé près de 6200 heures de musique durant ces sept mois de kermesse : démonstrations instrumentales, festivals et, surtout, des concerts à n´en plus finir19. »

La France s’est démarquée dans le développement technologique des instruments musicaux à vents et de nombreux grands fabricants et inventeurs y ont installé leur fabrique. Par exemple : Raoux, Klosé, Triebert, Périnet et peut-être le plus important, le belge Adolphe Sax.

3.2. L´enseignement des harmonies amateurs en France

Les informations sur le sujet exposé ci-dessous furent obtenues au travers d’entrevues avec le chef d’orchestre M. Désiré Dondeyne.

Les Orphéons ont une grande importance en France. Sur le plan culturel et social, elles sont presque comparables à celles qui existent au Brésil : elles jouent dans des fêtes religieuses, sur les places. L’entrée d’un élève dans une fanfare ou une harmonie se fait de la même façon qu’au Brésil. Le candidat entre et on lui prête un instrument. Il y a tout de même une différence de taille au niveau éducatif.

Il existe une confédération qui regroupe toutes les fédérations des ensembles de musique amateurs en France : la Confédération Musicale de France, qui contrôle les activités produites par ces fédérations. Une des activités les plus importantes est la sélection des professeurs et chefs d’orchestre. Ceux-ci ont besoin d’une formation supérieure instrumentale uniquement délivrable à Paris et à Lyon. Parfois, en plus de la formation exigée par la confédération, ils suivent d’autres cours de musique dans d’autres universités, mais le diplôme de pratique de l’instrument est obligatoire pour pouvoir exercer une fonction de chef d’orchestre ou professeur dans les harmonies. Nombre de ces professeurs jouent également dans les ensembles militaires professionnels précédemment cités, ou dans des orchestres, ou bien exercent comme professeurs de conservatoires, etc.

Après avoir suivi des enseignements en école de musique, un élève peut être dirigé vers le conservatoire. Généralement, les élèves qui s’y intéressent et montrent des capacités certaines sont orientés par leurs propres professeurs ou chefs d’orchestre vers le conservatoire de la ville ou de la région. Après avoir terminé leurs études ils pourront, s’ils le veulent, passer les concours des conservatoires supérieurs. Ceci ne peut se faire sans la reconnaissance du travail des professeurs de ces groupes amateurs.

Ce système d’enseignement dans les harmonies et fanfares amateurs en France, en plus de produire une éducation musicale de haut niveau, crée une relation forte et proche entre la musique professionnelle et la musique amateur.  Une interdépendance s’instaure, car la musique amateur fournit des musiciens pour les conservatoires et parce que les professeurs et chefs d’orchestre ont de grandes compétences professionnelles. Pour cette raison, il n’y a pas de traitement péjoratif envers les ensembles amateurs. Au contraire, les musiciens professionnels traitent ces étudiants comme de futurs professionnels.

À propos de la question des nouvelles modalités ou méthodes d’enseignement, M. Dondeyne dit ne pas bien les connaître, car le système français aboutit à de bons résultats, depuis de nombreuses années. Peut-être est-ce pour cette raison qu’il n’y a pas eu de recherche ni aucun support bibliographique disponibles sur le sujet. Peut-être ce système est-il devenu la norme en France.

4. La thèse

Avec comme base les données obtenues au travers des études exploratoires relatées ci-dessus, j’en vins à me pencher sur le sujet de recherche de thèse suivant : Réflexion Théorique sur les Modalités d´apprentissage dans les Harmonies Amateurs en France et leur relation avec les Conservatoires de Musique et la Musique Professionnelle.

Pour mener à bien cette étude, il sera nécessaire de partir de données sur la pédagogie musicale utilisée dans certaines harmonies amateurs sélectionnées par la suite. Ces données seront recueillies au travers d’une observation passive, d’entretiens ou de conversations formelles et/ou informelles. Si le chercheur obtient l’autorisation des maîtres ou des chefs d’orchestre, et s’il le juge nécessaire, il pourra également faire des enregistrements vidéo.

La connaissance plus détaillée du fonctionnement de la Confédération Musicale de France, des modalités d’entrée des élèves qui viennent des fanfares et harmonies amateurs dans les conservatoires de musique ainsi que des informations sur leur entrée dans la vie professionnelle constituent des facteurs devant être étudiés et analysés pour cette recherche.

Les modalités d’apprentissage utilisées dans la pédagogie des harmonies et fanfares amateurs en France et la relation que celles-ci entretiennent avec les conservatoires de musique et avec la musique professionnelle, pourraient, si elles étaient appliquées dans les musiques d’harmonies amateurs brésiliennes, contribuer de manière significative à améliorer la formation musicale de nos apprentis. Cela permettrait de mieux les préparer au marché du travail, tout en facilitant l’accès de ces musiciens aux institutions formelles d’enseignement musical (Conservatoires et Universités de Musique) au Brésil.


Notes

1 –  KOELLREUTER H, Educação Musical no Terceiro Mundo : Função, Problemas e Possibilidades, 1990, p.1.

2 –  HENTSCHKE L, Relação da prática com a teoria na educação musical, 1993, p. 18, traduit du portugais par l’auteur.

3 –  Ce fut donc l’objet de ma recherche pour mon mémoire de Maîtrise (Nascimento, 2003).

4 –  FERNANDES J, Pesquisa em Educação musical: situação do campo nas dissertações e teses dos cursos de pós-graduação stricto senso em Educação, 2000, p. 50.

5 –  NASCIMENTO M, A Banda de Música como formadora de músicos profissionais, com ênfase nos clarinetistas profissionais do Rio de Janeiro, 2003, p. 25 et 26.

6 –  FANART : Fondation Nationale de l´Art.

7 –  NASCIMENTO , supra.

8 –  ALVES C, Uma proposta de análise do papel formador expresso em bandas de música com enfoque no ensino da clarineta, 1999.

9 –  Institutions dont le programme a été officiellement validé par un organisme gouvernemental (conservatoire, université).

10 –  NASCIMENTO , supra.

11 –  DUARTE Mônica, A prática interacionista em música: uma proposta pedagógica, 2001.

12 –  NASCIMENTO, supra.

13 –  Navio-Escola Brésil : Navire de guerre de la Marine du Brésil utilisé pour l’instruction des nouveaux officiers de la Marine. Tous les ans, il réalise un voyage d’instruction qui fait escale dans plusieurs pays.

14 –  Désiré Dondeyne : Français né le 20/07/1921 à Laon. Il a commencé ses études musicales dans une fanfare amateur à l’âge de 7 ans, il a ensuite étudié au conservatoire de Lille et au Conservatoire Supérieur de Musique de Paris. Il a joué dans diverses fanfares amateurs jusqu’à l’âge de 16 ans. Compositeur, clarinettiste et chef d’orchestre, il fut l’élève du compositeur Darius Milhaud et ami du « groupe des 6 » dont il sera très influencé. Ancien professeur du Conservatoire Supérieur de Musique de Paris, il a été chef d’orchestre de l’Harmonie des Gardiens de la Paix à Paris entre 1954 et 1979 et est l’ancien directeur et fondateur du Conservatoire de Musique de la région D’Issy-les-Moulineaux. Participation intense à la production phonographique de fanfares militaires en tant que réalisateur et/ou producteur. Il est l’auteur de cinq symphonies, d’un concert pour Harpe et quatuor de cordes, et arrangeur de diverses symphonies pour fanfares militaires. Travaux édités : livres à finalités didactiques utilisés pour la formation instrumentale et Traité d’Orchestration à l’usage des fanfares militaires : symphonique, de musique et de fanfares, en 1968.

15 –  DONDEYNE D, interview réalisé le 25 janvier au Conservatoire de Musique de la région D’Issy-les-Moulineaux, 2006.

16 –  GUMPLOWICZ P, Les travaux d’Orphée : 150 ans de vie musicale amateur en France ; harmonies, chorales, fanfares, 1987, p. 68.

17 –  Ibid.

18 –  Ibid.

19 –  Ibid., p. 104 et 105.


Bibliographie

ALVES Cristiano, Uma proposta de análise do papel formador expresso em bandas de música com enfoque no ensino da clarineta, Mémoire de DEA en Musicologie, Université Fédérale de Rio de Janeiro, 1999.

DUARTE Mônica, « A prática interacionista em música: uma proposta pedagógica », Debates – cahiers d’études du programme de troisième cycle en musique, 2001, n°4, Université Fédérale de Rio de Janeiro, p. 75-94.

FERNANDES José, « Pesquisa em Educação musical: situação do campo nas dissertações e teses dos cursos de pós-graduação stricto senso em Educação », Revista da ABEM, 2000, nº 5, Porto Alegre, Association Brésilienne d’Education Musicale, p. 45-57.

GUMPLOWICZ Philippe, Les travaux d’Orphée, 150 ans de vie musicale amateur en France : harmonies, chorales, fanfares, Paris, Aubier, 1987, 307p.

HENTSCHKE Liane, « Relação da prática com a teoria na educação musical », Annales de la 2ème Rencontre Annuelle de l’Association Brésilienne d’Éducation Musicale, 1993, Salvador, ABEM.

KOELLREUTER Hans-Josquin, « Educação Musical no Terceiro Mundo : Função, Problemas e Possibilidades », Cadernos de Estudos : Educação Musical, 1990, n° 1, Rio de Janeiro,Conservatório Brasileiro de Música.

NASCIMENTO Marco, A Banda de Música como formadora de músicos profissionais, com ênfase nos clarinetistas profissionais do Rio de Janeiro, Mémoire de Maîtrise en Musicologie, Université Fédérale de Rio de Janeiro, 2003.