Géochimie isotopique des ossements brûlés :
implications pour la reconstruction des régimes alimentaires
et pour la datation par la méthode du radiocarbone
Antoine ZAZZO
Résumé
Bien que fréquemment retrouvés dans les sites archéologiques, les os brûlés ont longtemps été négligés par les géochimistes. Après un bref rappel sur la minéralogie et la diagenèse des tissus squelettiques des vertébrés, l’ensemble des transformations physico-chimiques induites par la combustion des os à haute température est rappelée. L’implication de ces modifications pour la reconstruction des régimes alimentaires par l’analyse des rapports en isotopes stables, et pour la datation des restes osseux par la méthode du radiocarbone est ensuite discutée. Il est ainsi montré que la recristallisation de la fraction minérale des ossements à haute température (>600°C) :
(1) induit un fractionnement isotopique qui modifie le δ13C de l’os et le rend donc impropre aux reconstructions paléoalimentaires ;
(2) protège l’os des interactions chimiques avec le milieu environnant durant la fossilisation, faisant ainsi de l’os calciné un support fiable des datations par la méthode du radiocarbone.
L’os calciné peut, à son tour, être utilisé pour estimer l’état de préservation de l’os non brûlé trouvé dans les mêmes sites, lorsque le collagène n’est pas préservé.