Lors des fouilles dans les grottes du Jura souabe (dans le sud-ouest de l’Allemagne), de nombreux restes en ivoire de mammouth datant de l’Aurignacien ont été trouvés, comprenant au moins 600 perles. Ces perles proviennent de couches bien stratifiées de la grotte de Hohle Fels dans la vallée de l’Ach, ainsi que de déblais de fouilles du devant de la grotte de Vogelherd dans la vallée de la Lone. Ce dernier site a été entièrement vidé pendant la fouille de 1931. Cet article présente un bilan des types de parure dans cette région, dominés par la perle à double perforation. Cette forme particulière indique l’existence d’un marqueur identitaire au sein de la population aurignacienne.
Pour citer cet article
Wolf S., Conard N.J., 2015 – La parure aurignacienne du Jura souabe, in White R., Bourrillon R. (dir.) avec la collaboration de Bon F., Aurignacian Genius : art, technologie et société des premiers hommes modernes en Europe, Actes du symposium international, 8-10 avril 2013, New York University, P@lethnologie, 7, 337-353.
Quatre grottes du Jura souabe ont livré un éventail spectaculaire d’art mobilier : Hohle Fels, Geißenklösterle, Vogelherd, et Hohlenstein-Stadel. Certaines de ces statuettes en ivoire sont bien connues, tandis que d’autres le sont moins. En tout, une cinquantaine de ces objets ou fragments ont été identifiés dans la région. Ils proviennent de niveaux archéologiques renfermant des instruments de musique (flûtes) et des témoignages anciens de peinture. En se basant sur des recherches récentes ainsi que sur les enregistrements de fouilles antérieures, cette contribution opte pour un format simple de questions-réponses afin de revisiter certains aspects de l’interprétation de l’art mobilier aurignacien. Certains de ces objets constituent les plus anciens artefacts figuratifs connus en Europe, et peut-être dans le monde. Les thèmes abordés ici comprennent des indications concernant les matières premières, l’iconographie, la datation, le contexte et les fondations sociales éventuelles de la production et de l’utilisation de ces objets.
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Floss H., 2015 – Le plus ancien art mobilier : les statuettes aurignaciennes en ivoire du Jura souabe (sud-ouest de l’Allemagne), in White R., Bourrillon R. (dir.) avec la collaboration de Bon F., Aurignacian Genius : art, technologie et société des premiers hommes modernes en Europe, Actes du symposium international, 8-10 avril 2013, New York University, P@lethnologie, 7, 322-336.
Dans la grotte Chauvet-Pont d’Arc, les parois ornées recèlent des dessins au charbon datés en moyenne de 36000 cal BP, des peintures rouges, des gravures et tracés digitaux regroupés en panneaux. Un examen des datations 14C tente de modéliser les fréquentations humaines de la grotte qui se révèlent de plus en plus anciennes et centrées sur l’Aurignacien. L’attribution d’une part de l’art pariétal au Gravettien, dont la présence dans la grotte est attestée par les mouchages de torches et charbons au sol, reste posée. Un tour d’horizon des techniques, décliné selon les trois couleurs (blanc, rouge, noir), illustre la diversité formelle du site tout en recherchant les nombreux points de convergence, sur le plan des thèmes et de la structuration des panneaux, soulignant l’homogénéité de l’ensemble. L’éthologie et la chasse des lions des cavernes tiennent une grande place dans l’inspiration des artistes de la grotte Chauvet ; à travers ces fresques spectaculaires, ils nous donnent accès à leur vision symbolique du monde, une part de leurs mythes.
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Fritz C., Tosello G., 2015 – Du geste au mythe : techniques des artistes sur les parois de la grotte Chauvet-Pont d’Arc, in White R., Bourrillon R. (dir.) avec la collaboration de Bon F., Aurignacian Genius : art, technologie et société des premiers hommes modernes en Europe, Actes du symposium international, 8-10 avril 2013, New York University, P@lethnologie, 7, 287-321.
À quoi servaient les images conçues par les hommes de la préhistoire ? Nos recherches sur l’animation de ces représentations nous ont conduits à proposer une nouvelle méthode d’analyse confirmant leur fonction première : narrer. La mise en évidence de mécanismes de narration graphique peut aider à terme à aborder le contenu précis du ou des messages millénaires qu’elles véhiculent et ce dès l’Aurignacien. En effet, les grandes compositions de deux grottes ornées associées à cette période, Chauvet-Pont d’Arc et Baume Latrone dans le Sud de la France, reflètent de manière remarquable les différents procédés d’animation et de séquençage constituant ces récits premiers aurignaciens.
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Azéma M., 2015 – De l’image à la narration graphique à l’Aurignacien, in White R., Bourrillon R. (dir.) avec la collaboration de Bon F., Aurignacian Genius: art, technologie et société des premiers hommes modernes en Europe, Actes du symposium international, 8-10 avril 2013, New York University, P@lethnologie, 7, 263-286.
Ces dernières années, de récentes découvertes sont venues confirmer l’existence d’un art figuratif dès le début du Paléolithique supérieur. Si certaines régions ont été particulièrement investies par les chercheurs (Dordogne, Ardèche ou Jura souabe) dans la reconnaissance de ce phénomène, d’autres comme la Péninsule ibérique sont quelque peu restées dans l’ombre. Une analyse minutieuse du registre artistique ibérique nous permet aujourd’hui de caractériser les débuts d’un art figuratif (autant en mobilier qu’en pariétal) concentrés principalement dans la région nord de cette Péninsule ibérique, concentration qui correspond à celle des gisements archéologiques attribués à la culture aurignacienne. Bien que la documentation actuelle soit parfois incomplète ou peu concluante, nous considérons qu’une attribution à l’art aurignacien est possible dans certains cas.
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Garate D., Rivero O., Rios-Garaizar J., 2015 – L’art aurignacien de la Péninsule ibérique… Existe-t-il vraiment ?, in White R., Bourrillon R. (dir.) avec la collaboration de Bon F., Aurignacian Genius : art, technologie et société des premiers hommes modernes en Europe, Actes du symposium international, 8-10 avril 2013, New York University, P@lethnologie, 7, 242-262.
Quelles traditions symboliques peuvent être définies au début du Paléolithique supérieur ? Pouvons-nous caractériser des manières de faire aurignaciennes, gravettiennes ou solutréennes ? L’approche thématico-stylistique d’un corpus de 2000 figures réparties dans près de 110 cavités permet d’apporter des éléments de réponse à ces questionnements et met en avant un phénomène de continuité entre les “traditions artistiques” des groupes du début du Paléolithique supérieur. D’autres aspects éclairent la complexité des manifestations artistiques à travers des “traditions” circonscrites dans le temps et dans l’espace et illustrent la pluralité des comportements symboliques des sociétés préhistoriques.
Nous soulignons une baisse de la diversité dans l’éventail des ressources stylistiques à la disposition des groupes paléolithiques tout au long du Paléolithique supérieur. La norme graphique imposée par le groupe se rigidifie et l’artiste préhistorique voit son champ des possibilités graphiques diminuer considérablement jusqu’à se figer dans une quasi-exclusivité de certains traitements formels. Ce phénomène de diminution de la “liberté” dans la réalisation des codes iconographiques, de plus en plus normalisés, permet de reconsidérer la place de l’artiste paléolithique dans la société et traduit vraisemblablement une évolution de cette société.
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Petrognani S., 2015 – L’art pariétal « ancien » : fonds commun et traditions symboliques, in White R., Bourrillon R. (dir.) avec la collaboration de Bon F., Aurignacian Genius : art, technologie et société des premiers hommes modernes en Europe, Actes du symposium international, 8-10 avril 2013, New York University, P@lethnologie, 7, 226-241.
La nécessité de disposer d’un référentiel chronologique précis est particulièrement importante pour les phases les plus anciennes du Paléolithique supérieur, correspondant aux premières œuvres d’art attribuées aux Aurignaciens. À côté du carbone-14, seule méthode qui permet de dater directement des pigments organiques, des méthodes indirectes datant les dépôts formés postérieurement sur les peintures ont été proposées (thermoluminescence, OSL, Uranium / thorium, etc.). Toutes ces méthodes reposent sur des hypothèses et présentent des difficultés d’interprétation qui sont discutées dans cet article.
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Sauvet G., 2015 – À la recherche du temps perdu. Méthodes de datations en art préhistorique : l’exemple des sites aurignaciens, in White R., Bourrillon R. (dir.) avec la collaboration de Bon F., Aurignacian Genius : art, technologie et société des premiers hommes modernes en Europe, Actes du symposium international, 8-10 avril 2013, New York University, P@lethnologie, 7, 210-225.
Nous proposons, dans cet article, une analyse critique des informations disponibles concernant les premières preuves de la consommation d’animaux d’origine marine dans les gisements du Pléistocène européen, en mettant l’accent sur des données existantes pour le Moustérien et l’Aurignacien. Cette révision met en emphase différents aspects comme l’identification des restes, leur quantification et les aspects de type taphonomique. Nous considérons que, malgré la rareté des restes disponibles, les mollusques, les mammifères, les crustacés, les échinodermes, les poissons et les oiseaux jouèrent un rôle secondaire dans les régimes alimentaires, tant des néandertaliens que des Hommes anatomiquement modernes.
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Álvarez-Fernández E., 2015 – L’exploitation des ressources marines au Paléolithique moyen et supérieur initial en Europe : synthèse des données disponibles, in White R., Bourrillon R. (dir.) avec la collaboration de Bon F., Aurignacian Genius : art, technologie et société des premiers hommes modernes en Europe, Actes du symposium international, 8-10 avril 2013, New York University, P@lethnologie, 7, 191-209.
Entre la fin du XIXe siècle et les années 1950, le sud de la Bourgogne était l’une des régions les plus importantes dans le domaine de la recherche sur le début du Paléolithique supérieur en France. Après les années 1950, l’attention des chercheurs s’est focalisée sur le site de Solutré et le Paléolithique supérieur évolué. Depuis le milieu des années 1990, une équipe de recherche de l’Université de Tübingen, dirigée par H. Floss, travaille sur cette région, poursuivant ainsi la tradition des recherches initiée par A. Arcelin et H. Breuil puis par J. Combier et H. Delporte. Malgré la longue histoire de la recherche dans cette région, il est nécessaire, aujourd’hui, de fournir des données plus précises, sous forme de datations absolues, d’études chronostratigraphiques et de révisions des industries. L’équipe de recherche de Tübingen, accompagnée de chercheurs de plusieurs instituts français et internationaux, par le biais de fouilles, de sondages et d’analyses de collections, dans le cadre du Projet Collectif de Recherche “Le paléolithique supérieur ancien en Bourgogne méridionale”, travaillent à pallier ces lacunes. Cet article propose une synthèse des données actuellement disponibles sur l’Aurignacien ancien dans le sud de la Bourgogne. Les sites les plus importants sont celui de Solutré et de la Grotte de La Verpillière à Germolles. Quelques nouveaux sites de plein air ont été découverts récemment, par exemple à Germolles-en-Roche, Uchizy et Charnay-lès-Mâcon. Cet article présente un aperçu du premier bilan des caractères technologiques et typologiques des industries lithiques et en matières osseuses.
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Floss H., Hoyer C. T., Heckel C. E., Tartar É., 2015 – L’Aurignacien en Bourgogne méridionale, in White R., Bourrillon R. (dir.) avec la collaboration de Bon F., Aurignacian Genius : art, technologie et société des premiers hommes modernes en Europe, Actes du symposium international, 8-10 avril 2013, New York University, P@lethnologie, 7, 167-190.
Les fouilles récentes menées par Christian Normand à la grotte d’Isturitz ont livré un riche ensemble d’objets de parure aurignaciens en contexte chrono-stratigraphique. Nous présentons ici une première étude de ce corpus en focalisant sur les techniques d’aménagement des dents perforées ; la variation chronologique dans la sélection des dents animales (et une dent humaine) ; les matières premières employées pour les perles et pendeloques (ambre, ivoire, talc, os ; les données en faveur d’une production autochtone de la parure ; l’exploitation de l’ambre et sa gîtologie ; l’existence d’une riche parure (pendeloque-sculpture anthropomorphe et coquillages) dans les niveaux de l’Aurignacien archaïque.
La séquence stratigraphique d’Isturitz nous permet de démontrer l’évolution chronologique de la parure au cours de l’Aurignacien en Aquitaine, ainsi que sa variabilité intra-régionale. Nous concluons que cette instabilité complique considérablement l’hypothèse de parures régionalisées, marquant des entités ethniques qui perduraient pendant plus de dix mille ans.
Pour citer cet article
White R., Normand C., 2015 – Les parures de l’Aurignacien ancien et archaïque de la grotte d’Isturitz : perspectives technologiques et régionales, in White R., Bourrillon R. (dir.) avec la collaboration de Bon F., Aurignacian Genius : art, technologie et société des premiers hommes modernes en Europe, Actes du symposium international, 8-10 avril 2013, New York University, P@lethnologie, 7, 140-166.