En 2006, les actions significatives du programme de recherche dirigé par C. Rendu ont
concerné la réalisation d’un sondage (Cortal de Lo Pla,
Llo), et la poursuite des prospections sur la commune
de Llo.
LE SONDAGE
Une exploitation agro-pastorale médiévale à la lisière
des estives (Cortal de Lo Pla, Llo)
Connues depuis une quinzaine d’années, les traces
de bâtiments du site d’el Pla (1800 m d’altitude), à
Llo, ont suscité un nouvel intérêt lorsque les études
historiques menées au sein du PCR ont découvert,
dans les registres notariés de Puigcerdà de la fi n du
XIIIe s., plusieurs mentions de cortals à Llo. L’une
de ces mentions concernait le lieu-dit Lo Pla. Le
site archéologique comprend un ensemble de deux
bâtiments (1 et 2) avec des espaces annexes (zones
3 et 4), enchâssés dans une grande parcelle délimitée
par des talus (fi gure 1). Le sondage effectué en 2005
dans le plus petit des bâtiments (bâtiment 1, à vocation
d’habitat) a livré un niveau d’occupation daté des XIVe-
XVe s. La poursuite de la fouille, en 2006, visait : 1)
à explorer la totalité du bâtiment 1 et à documenter
sur une partie de son extension l’architecture du
bâtiment 2 (a priori un bâtiment d’exploitation) ; 2) à
construire une problématique archéologique propre
permettant d’envisager ce site dans la longue durée
et dans le contexte paysager du versant auquel il
appartient. Associés à la poursuite des fouilles (fi n
du bâtiment 1 et dégagement des murs du bâtiment
2), le relevé topographique précis du plat et de ses
aménagements agraires, ainsi qu’une prospection
non systématique encore visant à explorer les formes
d’occupation agro pastorale des terroirs à l’entour
(entre 1700 et 2000 m), aboutissent aujourd’hui à une
problématique plus étayée. En partant à la fois des
sources écrites et d’une documentation archéologique
élargie, la recherche devrait s’orienter vers un examen
approfondi des relations entre ces exploitation agropastorales
saisonnières d’altitude que sont les cortals
et une forme particulière de construction des pentes,
qui signerait peut-être une opération vigoureuse de
structuration et d’aménagement du versant au Moyen
Âge central. Cette problématique apparaît comme une
nouvelle facette des recherches entreprises à travers
le PCR sur les formes d’occupation d’un espace
montagnard dans la longue durée.
Mobilier céramique
L’ensemble du lot céramique est, à quelques fragments
près, issu de l’intérieur du bâtiment 1. Il se compose
de 337 tessons dont 199 appartenant à la céramique
de l’US 18 et se rattache, sans grandes variations, aux
groupes identifi és l’an dernier par Claude Raynaud
dans son étude du mobilier issu du site :
– Le groupe A1, à pâte dure, granuleuse de couleur
régulière gris foncé, est le mieux représenté puisqu’il
correspond à l’US 18, qui documente la même
forme de bord de marmite à méplat interne que celle
observée l’an dernier. Il s’agit d’un vase de grand
diamètre d’ouverture qui appelle des comparaisons avec l’atelier de Berga, daté des XIIe-XIIIe siècles
(Lopez Mullor, 1994, lam. II, n°5 et 6) ;
– Un sous groupe proche mais à fi n dégraissant
micacé (A2) représenté ici par deux tessons (n°117 de
l’inventaire) ;
– Un groupe à pâte bicolore, coeur brun et épiderme
noir, à dégraissant sableux (groupe B), représenté ici
notamment par un bord.
Datation
Un échantillon de charbon de bois de l’US 25 (Fy2),
envoyé au laboratoire de Poznan a donné un résultat
de 630±30BP soit une date comprise à 95% de
probabilité entre 1280 et 1400 ap. J.-C. (Poz-17558 :
LLO 06 LO PLA US25 no. 66). La date est un peu plus
précoce que celle obtenue hors foyer l’an dernier
(Poz-13710 : 515 ± 35 BP : 1320-1450 ap. J.-C.) et
se rapproche encore des mentions textuelles, mais les
deux mesures sont très similaires.