Après les résultats prometteurs de la première campagne de sondages (2007) qui indiquaient que la Silla del Papa fut occupée de façon continue de l’âge du Fer à la fin de l’époque républicaine, deux brèves interventions ont eu lieu en 2008, du 5 au 22 mai et du 16 au 23 octobre. Elles avaient pour objectif de préciser la chronologie de l’occupation du site. Ont participé aux travaux de terrain Jean-Marc Fabre et Pierre Moret (TRACES, Université de Toulouse – CNRS), Iván García Jiménez (Conjunto Arqueológico de Baelo Claudia), Fernando Prados (Universidad de Alicante) et Olivier Michel (Casa de Velázquez).
Le sondage 1, au centre du site, avait été ouvert en 2007. Il a été poursuivi jusqu’à des niveaux qui ont livré de la céramique phénicienne : une panse d’amphore dont la pâte évoque les productions du VIIe siècle de la baie de Cadix, et un bord d’amphore phénicienne à pâte beige claire et dégraissant fin du du VIIIe ou de la première moitié du VIIe siècle av. J.-C. Au total, trois phases de construction ont été identifiées dans ce sondage : un premier état du VIIIe ou du VIIe siècle av. J.-C. ; un second état encore mal daté (IIIe ou IIe siècle av. J.-C.?) ; enfin, un état républicain (IIe – Ier siècle av. J.-C.) formé par les murs qui affleuraient en surface et par la rue qui les sépare. Il est à noter que les murs de ces trois états suivent tous des orientations différentes, ce qui laisse supposer de grandes différences dans l’organisation de l’habitat. Précisons que, dans ce sondage, la base de la stratigraphie n’a pas encore été atteinte.
Le sondage 3, ouvert à 80 m au nord du sondage 1, est contigu à un sondage inédit, réalisé en 1987 par un chercheur de l’université de Cadix, qui aurait livré, d’après des informations orales, les indices d’une occupation du site au haut Moyen Âge. Ces informations n’ont pas été confirmées par la fouille. Sous un abri moderne bâti avec des blocs antiques, la première couche archéologique est le niveau d’abandon ou de destruction d’une maison d’époque républicaine.
Le sondage 4 a été ouvert à proximité du sommet du site, dans un secteur qui paraissait a priori peu adéquat pour la conservation des sédiments archéologiques. À l’occasion d’une prospection de routine, nous avons pu observer, à quelques mètres de la borne géodésique qui marque le sommet de la Sierra de la Plata, que l’érosion avait créé une coupe naturelle dans des dépôts piégés entre deux bancs rocheux, sur près d’un mètre d’épaisseur, faisant apparaître une stratigraphie que nous nous sommes contentés de nettoyer et de relever. Le seul niveau contenant de la céramique (US 1103) était situé à la base de la stratigraphie. La céramique tournée n’y est représentée que par deux fragments appartenant sans doute au même vase, un pithos de typologie phénicienne. Le reste du matériel (une soixantaine de fragments) est non tourné et comprend à la fois de la céramique de cuisine à pâte grossière et plusieurs formes de céramique “bruñida” (assiettes carénées, petites jattes à carène haute, coupes à bords minces). Une datation 14C réalisée sur un fragment de charbon de bois provenant de la même couche a donné un intervalle (calibré) centré sur le IXe siècle av. J.-C. (Beta 251591, 2780 ± 40 BP, cal 2 sigmas 1010-830 BC).
Le site de la Silla del Papa offre donc un potentiel très important pour étudier l’évolution du peuplement tout au long de l’âge du Fer dans un secteur encore très mal connu pour cette période, et ce dès les premières phases de contact avec le Phéniciens.