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Session 1

La Constitution des patrimoines documentaires de l’IFAN Ch. A. Diop

Gora DIA

La vitalité, la bonne gouvernance d’un institut d’enseignement et de recherche dépendent en grande partie de sa capacité à assurer une gestion efficiente de ses patrimoines documentaires.

C’est conscient de tels enjeux que la préoccupation dominante des autorités successives de l’IFAN a été la collecte et le renouvellement constant des collections.

Ainsi, l’IFAN crée en 1936 a pu, à la suite du Comité d’Études historiques et scientifiques de l’AOF en 1915 et du Bulletin du  Comité d’Études historiques et scientifiques de l’AOF en 1918, accumuler des patrimoines riches et variés composés notamment de documentation écrite, iconographique, sonore, audiovisuelle ; de collections de Sciences de la Vie et de la Terre, d’objets de musée, d’archives, etc. Ces fonds qui couvrent l’Afrique en général et l’AOF en particulier ont été acquis par achats, par dons, par échanges, par legs, par des missions et par des manifestations d’ordre scientifique et culturel, etc.

De 1936 à 1966, le renouvellement des patrimoines a été régulier. Cependant, pour des raisons budgétaires, les acquisitions ont connu une chute vertigineuse à partir de 1967, ce mouvement s’est accentué en 1973 avec une crise économique sans précédent qui a entrainé de sévères restrictions sur les budgets des institutions publiques sénégalaises.

À l’heure actuelle, en  dépit de facteurs endogènes et des coûts exorbitants de la documentation surtout écrite, l’optimisme doit être de rigueur avec les réflexions en cours au niveau national et international et qui sont relatives à la mise en place de politique d’acquisition cohérente et concertée.

Le présent article se propose de présenter l’historique, les missions, la structuration de l’IFAN Ch. A. Diop ; le processus de constitution des patrimoines ; les difficultés de renouvellement des collections et les esquisses de solutions.

Gora DIA est Conservateur des Bibliothèques à l’IFAN Ch. A. Diop, Chef du Service de la Documentation depuis mars 1997.


L’IFAN, un institut scientifique en situation coloniale (1936-1960)

Marie Albane de SUREMAIN

Conçu dès 1936, l’IFAN a constitué une rupture dans l’organisation de la recherche scientifique sur les colonies. Fondé à Dakar, sous l’égide du professeur Th. Monod, et doté de centres relais dans tous les territoires de la Fédération d’AOF, l’Institut a favorisé la professionnalisation de la recherche scientifique sur l’Afrique de l’Ouest et les longs séjours sur le terrain. Pluridisciplinaire, il a fait une place conséquente aux sciences sociales. En accueillant les meilleurs chercheurs de l’époque, l’IFAN a aussi été un lieu où les scientifiques ont pu prendre une distance critique par rapport à la situation coloniale et où des Africains, certes en faible nombre, ont occupé des positions décisives dès les années 1950.

Marie-Albane de Suremain a soutenue une thèse de doctorat intitulée « l’Afrique en revues », sur la construction des savoirs en sciences sociales à propos de l’Afrique subsaharienne (anthropologie, ethnologie, géographie, sociologie) de 1919 au début des années 1960, à l’université Paris 7 Denis Diderot. Elle est actuellement maître de conférences en histoire à l’Université Paris 12- IUFM de Créteil.


La constitution des savoirs de la colonisation aux indépendances

Ibrahima LO

L’exposé sera abordée selon une division séquentielle simple : l’examen des logiques ayant organisé la constitution des savoirs sous la colonisation et celles mises en œuvre au Sénégal pour la formation des cadres aux lendemains des indépendances.

Pour les besoins d’une analyse plus précise, nous questionnerons la (ou les) pratique (s) préconisées par deux institutions de formation : l’Ecole nationale de la France d’outre mer (l’Enfom) d’une part et L’Ecole nationale de magistrature du Sénégal (l’Enam) d’autre part.

  1. l’Enfom forma les 4 000 fonctionnaires chargés d’administrer  les 60 millions d’indigènes que compte l’empire colonial français. Entre 1930 et 1960, nous passerons en revue les contenus d’enseignement et les stratégies pédagogiques à l’inspiration desquels ont participé de nombreux opérateurs dont les plus influents furent Ernest Roume, Gaston Hardy, Robert Delavignette, Paul MUS et Paul Bouteille. En fonction de leur sensibilité ces différents responsables contribuent à leur façon à la construction d’un savoir faire théoriquement utilisable en situation coloniale. Reste à savoir si ‘’les mots d’ordre idéologiques’’ qui ont soutenu la formation délivrée ont réellement eu un impact sur l’expérience concrète des récipiendaires de l’Enfom. Des éléments de réponse seront recherchés à travers les mémoires et autres rapports de stage (il y en eut 600 pour toute l’Afrique) qui furent consacrés au Sénégal et que nous avons pu exhumer des fonds de l’Ecole versés au centre des archives d’outre mer d’Aix en Provence
  2. L’Ecole nationale de magistrature du Sénégal a été créée en 1960 et placée sous la tutelle Ministère de la modernisation de l’Etat. Ayant pour vocation la formation des cadres supérieurs pour le secteur public, parapublic et privé et le perfectionnement des cadres en cours d’emploi, il serait utile de comprendre les postulats pédagogiques qui structurent les principales offres de formation de l’Enam. L’exercice s’emploiera à tenter un rapprochement avec les politiques de formation des cadres qui furent progressivement définies et exécutées sur deux décennies entre les magistères du Président Poête Léopold Sédar Senghor et son successeur à la tête de l’Etat, Abdou DIOUF, administrateur civil et pur produit de l’Ecole nationale de la France d’outre mer.

Le dernier de l’exposé portera sur l’identification des continuités et/ou des ruptures enregistrées sur ce chapitre de la construction des savoirs et à partir des deux espaces de comparaison choisis : l’Enfom et l’Enam.

Ibrahima LO est Enseignant chercheur à l’Ecole de Bibliothécaires, Archivistes et Documentalistes de Dakar

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