activité 2020 : sondage archéologique à Castagnac (Haute-Garonne)

Présentation

L’opération de sondage réalisé à Castagnac (Haute-Garonne) s’inscrit dans le cadre d’une prospection thématique financée par le SRA Occitanie. Cette dernière vise à l’étude de l’occupation protohistorique et antique de la vallée de la Lèze. Contrairement aux opérations antérieures qui ciblaient des sites secondaires en termes de typologie (superficie d’épandage, mobilier remarqué en prospections…) et en termes de situation géographique (à l’écart de la vallée de la Lèze stricto-sensu), l’opération d’Archéolèze 2020 concerne un site majeur situé aux abords immédiats du cours d’eau.  

Les prospections pédestres ont en effet montré une importante occupation antique sur une superficie de plus de 4 ha, avec du mobilier couvrant un chronologie longue entre le Ier s. av. n. è. et le Ve voire le VIe s. de n. è. Le site est localisé au sein d’une constellation de sept établissements secondaires dans un rayon de 4 km et paraît ainsi former le centre de gravité de l’occupation de la moyenne vallée de la Lèze. En l’occurrence, nous pensons que le site doit refléter les dynamiques de peuplement (installation, expansion/contraction, abandon…) dans cette partie du territoire de la cité de Tolosa.

L’objectif du sondage était d’observer, avec les limites intrinsèques à ce type d’opération, la stratigraphie et l’état de conservation des vestiges. L’ouverture du sondage de 160 m² a été décidée en fonction de l’observation de traces anthropologiques observées en prospection magnétique réalisée en 2018. Les études des unités stratigraphiques et du mobilier n’étant pas terminées, les datations sont assez imprécises, se situant entre le début du IIe et le milieu du IIIe s. La grande quantité de mobilier céramique (notamment), nous permettra, à partir d’une étude statistique de représentation de chaque type dans les unités stratigraphiques et d’une comparaison avec d’autres sites ruraux et Toulouse, d’affiner les datations.

Les vestiges bâtis

Sous une couche de destruction présente sur la quasi-totalité de l’emprise de fouille, nous avons mis au jour une partie d’un bâtiment d’assez grande dimension, dont le seuil d’entrée (fig. 1). Ce dernier donne une indication sur sa connexion sur un extérieur aménagé. À proximité directe se trouve un ensemble de fosses qui se recoupent, signalant une certaine permanence de la distribution spatiale des vestiges.

Fig. 1 : Castagnac. Emprise du sondage après dégagement de la couche de démolition (clichés et photogrammétrie : Wilfried LABARTHE).

Il semble que la couche de démolition soit liée à un épisode de récupération des matériaux de construction, ce qui pourrait expliquer qu’elle est concentrée sur les espaces extérieurs et quasi-absente à l’intérieur des bâtiments. Dans l’emprise sondée, nous n’avons pas observé de phases de réoccupation après l’abandon.

Le bâtiment est composé de deux pièces dont l’un comporte le seuil (fig. 2). Les murs du bâtiment, en moellons calcaires locaux, conservent leur fondation ainsi que les deux premières assises. Ils recoupent une fosse, ce qui montre que cette zone connaît une occupation antérieure de datation inconnue. Le sol du bâtiment est constitué d’une couche compacte et plane de 5 à 10 cm de gravillons. La présence du seuil permet d’estimer les dimensions générales : dans l’hypothèse qu’il se situerait au milieu de la pièce et qu’il n’y aurait pas d’autre pièces dans l’alignement, il ferait environ 10 m de long. Et dans l’hypothèse que le bâtiment serait symétrique (avec trois pièces, le seuil étant au centre), il ferait environ 14 m de long.

Fig. 2 : Castagnac. Orthophotographie de la partie sud du sondage : deux pièces visibles du bâtiment donnant sur un extérieur aménagé. Le seuil (ici en cours de fouilles) est visible dans le coin en bas à gauche (clichés et photogrammétrie : Wilfried Labarthe).

Ce seuil permet de comprendre la connexion entre le bâtiment et la zone située au nord du mur. Un un ou plusieurs solins de pierre structurent cet espace aménagé : en l’état de nos observations, il s’agit de sablières basses posées sur solin pour les murs, les socles en briques (80 cm de côté) servant probablement à des poteaux posés pour soutenir la charpente. Cet espace potentiellement semi-extérieur devait être recouvert par une couche constituée de gravier et de petits galets qui a été retrouvé à son contact sur environ 30 % de sa superficie. Enfin, un troisième espace bâti se dessine au nord : il n’est pas lié directement à la première zone. Fouillé partiellement, il été entrevue par le biais de trous de poteau ancrés dans le substrat.

Les fosses

Les fosses structurent le côté est du sondage. La plus ancienne semble être liée à la phase de travaux de construction de la maison. Plusieurs fosses la recoupent, à différent moments et avec des modalités différentes (orientations principales, formes des fonds et des parois, inclusions, mobilier…) : si l’enchaînement précis des faits archéologiques nous échappe à cette heure de l’étude, la récurrence des creusements de ces fosses indiquent que l’aménagement et l’occupation de l’espace semblent se conserver sur la durée.