Interview réalisée le 30 septembre 2016 par Grigor Avetissyan, Yvonne de Boer, Claire-Marine Marouby et Yannick Piété (étudiants en LLCE 2 Allemand, Université Toulouse – Jean Jaurès)

Interview in deutscher Sprache


Jean Michel Delavault et Thierry Molinier sont enseignants à Notre-Dame de Garaison en histoire et géographie, ils sont les porteurs actuels du projet relatif au camp de 1914-1918. Ils ont travaillé, en relation avec les Archives départementales des Hautes-Pyrénées, à l’élaboration de parcours d’internés. L’idée était de créer une galerie de portraits sous forme de panneaux d’exposition à l’aide du travail mené par les élèves de l’établissement Notre-Dame de Garaison (notamment les classes de 3ème et de 1ère).


Jean Michel Delavault, comment avez-vous eu connaissance du projet relatif au camp de Garaison ?

C’est une collègue, qui n’est plus dans l’établissement, qui est à l’origine du projet. Elle a eu l’idée de déposer un dossier pour obtenir le label et le financement de la Mission du Centenaire. Par ailleurs, il y avait des documents sur Garaison attestant qu’il y avait eu un camp d’internement.

Qu’avez-vous appris grâce à ce projet ?

De nombreux détails sur la vie du camp. Sur le plan historique, je ne savais pas qu’il y avait eu des camps sur le territoire français durant la Première Guerre mondiale. J’ai découvert comment les gens vivaient dans ce camp, des portraits et des histoires individuelles qui sont parfois très touchantes.

Grâce au documentaire filmé à Garaison, je me suis également familiarisé avec la manière dont on tourne un documentaire, je n’avais jamais participé à cela auparavant. J’ai aussi découvert une nouvelle façon de travailler avec mes élèves. La collaboration avec les archives, l’Université Toulouse Jean Jaurès et le CREG s’est révélée très riche. Le projet tout entier était très riche, rempli d’opportunités et de portes à ouvrir.

Quels prolongements envisagez-vous pour le projet ?

© Pierre Roques

Je veux poursuivre chaque année la galerie de portraits, là nous en sommes à la deuxième année. La première année, les élèves ont réalisé 9 panneaux d’affichage constituant ainsi 9 portraits, et cette année, ils en ont fait 8; ils en feront à nouveau 8 dans le courant de la prochaine année scolaire. L’idée est d’aboutir à une galerie de portraits, à un mémorial sur Garaison, dans lequel on pourra exposer l’histoire du camp. Les élèves ont aussi créé une page Wikipédia. L’idée est de continuer ce projet jusqu’à ce que les élèves aient étudiés les archives de 1919. En effet, en 2019, on voudrait que notre établissement devienne  un lieu commémoratif reconnu.

Y avait-il beaucoup de camps de ce type en France ?

Apparemment oui, il y avait beaucoup de camps en France, avec des spécificités différentes. Garaison était un camp de familles, c’est à dire que des familles entières y étaient internées.

Comment ont réagi vos élèves à ce projet ?

Cela dépend des élèves bien sûr, mais en général, ils ont beaucoup accroché, en particulier à l’aspect film. À chaque fois que les caméras étaient présentes, ils se transformaient en élèves modèles. Après, c’était intéressant de mettre à leur disposition des archives, ils étaient émus d’avoir en main des documents originaux. En général, leurs réactions ont été très positives.


Thierry Molinier

Thierry Molinier, enseignant d’histoire à Garaison, a œuvré à la mise en valeur du travail des élèves.


Comment avez-vous pris connaissance du projet ?

En arrivant à Garaison, je me devais de participer au projet. L’aspect humain et collaboratif est très important.

Qu’avez-vous appris personnellement par le biais de ce projet ?

J’ai été très étonné d’apprendre que les internés n’étaient pas enfermés, ils étaient retenus administrativement mais ils pouvaient sortir à certaines heures de la journée. Les conditions de détention étaient sans doute bien moins dures que la guerre dans les tranchées. Apparemment, les internés partageaient aussi les outils de production avec les agents du camp.

J’ai remarqué que les élèves pouvaient s’intéresser à des sources anciennes et qu’ils se régalent à manipuler des originaux, c’est-à-dire qu’ils ont le plaisir de l’historien, celui d’être réellement dans l’archive, et c’est magnifique ; cela leur permet de penser par eux-mêmes et de saisir ce que les gens ressentaient à l’époque.

Qu’envisagez-vous pour la suite de ce projet ?

Nous allons essayer de multiplier les projections-débats, en essayant de faire venir le plus grand nombre d’élèves possible. Lors de ces rencontres, le dialogue s’instaure entre un public un peu âgé et des jeunes.

Reste-t-il des traces encore visibles du passage des internés ?

© X. Delagnes

Il y a une fontaine sculptée par les internés qui est encore là. Autrement, ils n’ont pas vraiment laissé de traces vu que la plupart habitait dans des logements de fortune qui ont disparu aujourd’hui.

 

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