Virginie PEYRAMAYOU
Virginie Peyramayou est doctorante, enseignante et plasticienne. Actuellement en doctorat en arts plastiques au laboratoire LLA-CREATIS (École doctorale Allph@) à l’Université de Toulouse 2, sur le sujet « Dessiner : le geste et l’outil dans le dessin contemporain », ses domaines de recherche concernent le dessin contemporain, les pratiques au fil, les performances et installations dessinées. Professeur certifiée en arts plastiques depuis 2009, elle occupe un poste fixe dans le secondaire en Essonne.
Pour citer cet article : Peyramayou, Virginie, « Lieux utopiques dessinés dans l’obscurité et cheminement du corps dans les installations au fil de Julien Salaud », Litter@ Incognita [En ligne], Toulouse : Université Toulouse Jean Jaurès, n°9 « Lieux et non-lieux : liens au corps », printemps 2018, mis en ligne le 28/03/2018, disponible sur <https://blogs.univ-tlse2.fr/littera-incognita-2/2018/01/09/lieux-utopiques-dessines-dans-lobscurite-et-cheminement-du-corps-dans-les-installations-au-fil-de-julien-salaud/>.
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Résumé
Cette réflexion sur les installations au fil de Julien Salaud, plus particulièrement les installations dans le cadre de la résidence Ackerman-Fontevraud (Fleuve céleste et La Crypte des effraies réalisées en 2015) met en avant l’inscription dans le lieu, la création d’un espace utopique dessiné par l’artiste et enfin le lien avec le corps du plasticien et du spectateur dans ces œuvres.
Mots-clés : Installation au fil – Julien Salaud – Corps – Utopie – Espace – Lieu
Abstract
This reflection on Julien Salaud’s installations, in particular the installations realised in the residence Ackerman-Fontevraud (Fleuve céleste and La Crypte des effraies in 2015), highlights the inscription in the place, the utopian space drawn by the artist and finally the link with the body of the artist and the spectator in these works.
Keywords: Wire installation – Julien Salaud – Body – Utopia – Space – Location
Sommaire
Introduction
1. Entre inscription dans un lieu et création d’un nouveau lieu
2. Expérience hors du temps, dans un univers sensible, dans un entre-deux
3. Corps et immersion
Conclusion
Notes
Bibliographie
Introduction
Les relations entre corps et espace s’affirment dans de nombreuses œuvres contemporaines jouant sur la tension, l’opposition ou encore l’union et la symbiose. Dans les installations au fil qui se développent à partir de la seconde moitié du XXe siècle, la création d’espace par le fil définit souvent le mouvement du corps du spectateur. Dans les installations au fil de Julien Salaud, corps et espace, dialoguent dans des dispositifs poétiques qui évoquent des univers utopiques empreints de références au lieu.
Julien Salaud est un artiste français, né en 1977, qui a réalisé plusieurs installations au fil qu’il m’intéresse de pointer particulièrement pour ce rapport au lieu et au corps. Sa pratique met en avant le règne animal, la nature et le lien entre l’homme et celle-ci dans des créations qui représentent des chimères et des métamorphoses.
Deux œuvres seront plus particulièrement observées pour cette réflexion, il s’agit du travail mis en place dans le cadre de la résidence Ackerman-Fontevraud : Fleuve Céleste réalisée en février et mars 2015 dans les caves Ackerman à Saint-Hilaire-Saint-Florent à côté de Saumur et La Crypte des effraies réalisée en mai 2015 à l’Abbaye royale de Fontevraud. Dans sa démarche plastique, Julien Salaud amène le spectateur à s’interroger sur le lieu qu’il imagine, un espace utopique qui cite ou référence des lieux réels. Le cheminement qu’il propose dans ses œuvres questionne l’échelle du lieu et confronte à l’immersion totale dans l’espace qu’il dessine. Dans quelle mesure les espaces graphiques de Julien Salaud participent-ils à générer des lieux qui tissent des liens avec le corps et l’esprit du spectateur ? Comment ces espaces dessinés qui évoquent des lieux utopiques jouent-ils sur l’inscription dans un lieu ?
Dans un premier temps, nous questionnerons l’inscription dans le lieu que propose la démarche de Julien Salaud dans la résidence Ackerman-Fontevraud. Puis, l’expérience de l’utopie dans ces installations au fil sera mise en valeur. Enfin le rapport au corps du plasticien et au corps du spectateur dans les espaces créés par l’artiste sera interrogé.
1. Entre inscription dans un lieu et création d’un nouveau lieu
Dans le cadre de la résidence Ackerman Fontevraud, deux institutions du Val de Loire, l’artiste va intervenir in situ en réalisant une proposition dans les caves Ackerman et dans l’abbaye royale de Fontevraud en 2015.
L’œuvre de Julien Salaud, nommée Fleuve céleste, en lien avec l’histoire de ce lieu, prend une ampleur monumentale avec cette pièce de 65 m de long, 7 m à 20 m de large et de 7 m de haut, qui a été sa plus grande réalisation1. Il s’agit d’une installation in situ composée de fils de coton blanc et de clous. Il investit les caves pendant 5 semaines. Il travaille sur la réalisation de cette œuvre de février à mars 2015, assisté par une équipe constituée de sept étudiantes des beaux-arts et d’une collaboratrice habituelle. L’artiste travaille avec la pierre de ces caves, le tuffeau, qui est une roche sédimentaire. Cet espace sculpté jadis par les eaux océaniques, est investi par le plasticien d’une proposition graphique en lien avec un univers aquatique. Son œuvre se déploie sur toute la longueur de la cavité, l’idée du fleuve résonne également avec le territoire (la proximité du Thouet et de la Loire). L’idée de fluidité répond également à l’utilisation toujours actuelle des caves en lien avec le vin.
Dans les caves Ackerman, l’espace investi par l’artiste est monumental car le lieu lui-même a un volume extrêmement vaste. Jean-Baptiste Ackerman fonde en 1811 la maison Ackerman et investit, vers 1830 pour entreposer son vin, d’anciennes carrières de tuffeau à Saint-Hilaire-Saint-Florent. Celles-ci s’étendent sous terre avec différentes hauteurs de plafond, parfois élevées et profondes. Ces caves troglodytes forment un espace atypique dont la visite est possible aujourd’hui, elles ont été un lieu de travail et de traditions artisanales. Des traces de cette ancienne activité demeurent : les niches pour les lampes entre autres. L’extraction du tuffeau destiné aux constructions locales a modelé ces galeries avant qu’elles ne soient abandonnées. Cette pierre est fortement présente dans le val de la Loire, en Touraine et en Anjou. Pierre lumineuse, elle est blanchâtre, crème, et est utilisée pour de nombreux monuments bien qu’elle soit assez friable. Le choix de ces caves par Jean-Baptiste Ackerman est déterminé par le taux d’humidité pour la fermentation et la température qui varie entre 12° et 15° ce qui est idéal pour la conservation. La surface de stockage est importante, le lieu est discret, presque caché, il permet un travail d’expérimentation de recette et de maintien du secret des vins à fines bulles.
Julien Salaud travaille petit à petit, en tendant les fils entre les clous, enfoncés à même la paroi. Avec l’humidité des caves, l’œuvre qui doit rester trois ans a évolué par la tension des fils qui s’est relâchée à certains endroits. Dans cet univers aquatique, on perçoit la présence de l’homme représenté hybridé avec des têtes animales, de l’architecture (avec des dessins de maisons), d’une faune variée (insectes, oiseaux, mammifères). L’univers de ce fleuve céleste nous renvoie à l’art pariétal par l’occupation des parois avec des représentations animales qui se servent du relief tel la « Paroi des chevaux ponctués » sur laquelle se trouvent des représentations des deux chevaux qui se superposent dessinées pendant la période du gravettien, nappés de points rouges et noirs, l’un des deux a une partie de sa tête dessinée par la forme naturelle de la paroi dans la grotte du Pech Merle dans le Lot. Dès l’entrée dans ce Fleuve céleste, des bancs de poissons apparaissent sur les premières parois et une sorte de spirale, de courant semble descendre du plafond ; au fur et à mesure les bancs de poissons comptent des oiseaux, des ailes, une libellule, des êtres fantastiques. Au plafond, les poissons ont des formes et des tailles variées, une baleine semble passer au-dessus du spectateur. La flore, également présente sur une paroi, montre un lien, entre des arbres et des cœurs comme deux organes d’un même corps. Cette pierre, le tuffeau, qui affirme la présence ancienne de l’eau et de la vie aquatique, guide aussi le regard vers l’architecture car elle est exploitée ensuite pour la construction locale.
L’artiste réalise ensuite à l’Abbaye de Fontevraud, l’œuvre La Crypte des effraies, dans les caves de l’abbesse. Pour cette proposition plastique, l’histoire du lieu est aussi le fondement de l’œuvre.
Pour évoquer brièvement l’histoire de ce lieu, l’abbaye de Fontevraud a été construite sur les bases d’une église de 1105 à 1160 et a été remaniée au cours des siècles. L’ordre des fontevristes est créé par Robert d’Arbrissel. Il place Pétronille de Chemillé comme première abbesse (de 1115 à 1149), la plus importante fonction de l’ordre et celui-ci est resté gouverné par des abbesses, élues à vie. L’abbesse a le pouvoir absolu sur la communauté. L’ordre est mixte, il est composé de trois communautés de moniales et d’une communauté de moines. Les constructions du lieu répondent au succès de l’ordre et à son fonctionnement : les prieurés de Saint-Jean de l’Habit réservés aux frères, de Sainte-Marie-Madeleine refuge des « filles repenties », le Grand-Moûtier pour les moniales et le prieuré de Saint-Lazare destiné aux lépreux. Les caves de l’abbesse sont construites au XVIIIe siècle, cependant l’abbaye possède des domaines de vigne depuis le Moyen-âge dans l’enclos monastique et aux alentours. Ceux-ci sont administrés par les moines, qui en réfèrent aux moniales qui sont sous l’égide de l’abbesse. Les caves permettent de stocker le vin à température constante. Dans l’œuvre La Crypte des effraies, Julien Salaud fait ouvertement référence à l’abbaye dans cette création in situ en s’inscrivant à même la paroi des caves de l’abbesse.
L’iconographie qu’il choisit cite l’histoire du lieu et quelques-unes de ses particularités. Le spectateur est invité à entrer dans les caves par un couloir qui descend progressivement, puis en descendant une série de marches, il est plongé doucement dans l’obscurité et la fraîcheur des caves. L’œuvre se déploie dans plusieurs couloirs, le spectateur rencontre au fil de sa déambulation les espaces investis par l’artiste : des arches, des murs, une galerie, un plafond… L’œuvre est construite par du fil de coton blanc, tendu par l’implantation des clous et éclairé de lumière noire, dispositif auquel s’ajoute un oiseau naturalisé et une sculpture en plâtre. Elle inscrit concrètement dans cette architecture souterraine un travail graphique qui éclaire le lieu littéralement puisque ses fils de coton blanc tendus rayonnent sous la lumière noire. Dans une excavation dont l’entrée est une arche, une chouette effraie – titre même de l’œuvre – occupe une place centrale. Cette représentation de l’oiseau en plein vol dans un espace graphique dense de lignes droites dissonantes évoque un tableau. La chouette effraie, rapace nocturne, affirme l’obscurité du lieu. Elle est aussi choisie par l’artiste pour renouer avec des croyances populaires de la région. Cette intervention sur le lieu peut faire penser à la notion d’espace transfiguré2. On peut faire un parallèle entre ce « tableau » et l’œuvre de Thomas Pot dans la salle capitulaire. Le panneau peint qui occupe l’arche de la porte de la salle capitulaire de l’abbaye présente une scène de La Pentecôte avec la descente de l’Esprit-Saint symbolisé par un oiseau en plein vol autour duquel irradie de la lumière. Il fait référence à une iconographie du lieu qui a caractérisé celui-ci pendant des siècles. Une intervention sur un mur dans une galerie plus éloignée interpelle également par sa référence aux scènes de la Passion du Christ de Thomas Pot, en représentant un Christ crucifié. L’importance de l’iconographie des thèmes de la Passion et de la Résurrection du Christ sont une des singularités de l’ordre, Daniel Prigent souligne : « Au fil de la visite du Grand-Moûtier se reconnaissent les instruments de la Passion : clous, échelle, croix, bourse de Judas…3 ».
Cependant l’artiste va au-delà d’une représentation religieuse, il inscrit ce Christ dans une chouette effraie, l’homme et l’animal dans la même posture s’unissent pour créer une image qui les lie, en symbiose. On peut interpréter aussi dans cette image, le fait que le lieu qui a été longtemps consacré au religieux, est aujourd’hui un site dans lequel la nature et l’humain ont une autre place.
La Crypte des effraies résonne avec les activités autour du fil qui ont été faites dans l’Abbaye royale, les moniales étant essentiellement occupées à des travaux de couture. L’ordre des fontevristes se développe et est prospère jusqu’à la Révolution. A partir de 1789, l’abbaye est réquisitionnée par l’État ; en 1792, elle est pillée et les religieuses quittent le lieu. En 1804, Napoléon décide d’en faire une prison. Les travaux d’aménagement pour transformer l’abbaye en espace carcéral comportent la séparation de la nef en cinq niveaux pour créer des dortoirs et ateliers. À partir de 1814, l’abbaye accueille notamment des prisonniers politiques : hommes, femmes et enfants. Les prisonniers devaient travailler sur des métiers à tisser, ils créaient des vêtements, des couvertures mais aussi des boutons de nacre.
Julien Salaud fait également référence à un autre patrimoine artistique dans cet univers : une Vanité à la chouette du XVIIe siècle nourrit la composition qu’il réalise sous une arche dans l’une des galeries et les personnages de La Chute des anges rebelles de Frans Floris de Vriendt réalisé en 1554, sont repris dans son travail. Dans l’une des arches, plusieurs chouettes effraies ainsi que des personnages sont représentés en soulignant la forme architecturale. L’univers de la vanité traditionnelle est visité par l’artiste avec une image de chouette posée sur un crâne.
L’abbaye est un lieu de vie mais aussi de mort, les moniales y étaient inhumées, le cimetière a d’ailleurs accueilli momentanément les gisants qui se trouvent dans la nef. L’abbaye bénéficiera de la protection des Plantagenêts, dont quatre gisants se trouvent aujourd’hui placés dans la dernière travée de la nef représentant Aliénor d’Aquitaine, Henri II, Richard Cœur de Lion et Isabelle d’Angoulême. La mort est très présente dans La Crypte des effraies : par le Christ crucifié, la vanité et la sculpture enfermée. Certains personnages du tableau semblent crier et font écho à l’agonie des moniales : « Quand une religieuse était à l’agonie, elle était transportée à l’église, puis à la salle capitulaire où elle s’accusait publiquement de ses fautes. L’abbesse Théophanie de Chambon (+1353) mourut ainsi en chapitre en présence de toutes les moniales4 ».
La représentation de l’enfermement tient une place importante dans cette œuvre opérant poétiquement un lien avec l’histoire du lieu. La prison de Fontevraud est agrandie progressivement : occupée par 469 détenus en 1814, elle accueille par la suite jusqu’à 2700 prisonniers. Le lieu reste une prison jusqu’en 1963. Jean Genêt y a passé plusieurs années et écrira à propos de cette expérience d’enfermement le livre Miracle de la rose. Des résistants y sont enfermés durant la Seconde Guerre mondiale.
Julien Salaud prête son corps pour incarner à son tour l’expérience de l’enfermement. Il met en lumière ce passé carcéral du lieu. Une sculpture dans la pièce du fond est un moulage à même le corps de l’artiste. Celle-ci tient une chouette empaillée. Toujours en liant l’humain et l’animal, elle est installée derrière des barreaux. Cette sculpture au fond du parcours évoque l’enfermement : celui des moniales qui ne pouvaient sortir (l’espace était clôturé) mais aussi des prisonniers. Du temps de l’abbaye, des cachots existaient également. La sculpture est elle-même expérience d’enfermement, celui du corps de l’artiste qui a été moulé et de l’oiseau naturalisé qui lui aussi apparaît en cage, retenu dans les mains de l’homme. On a un parallèle entre un travail à même la roche et un travail à même le corps.
Dans ce parcours, la place du silence a un sens particulier. Dans le froid et l’obscurité des caves, la solitude gagne le visiteur qui évolue en silence, sans aucun bruit naturel. Cette absence de son fait vivre une expérience qui fait écho à l’histoire du lieu. Les repas des moniales se faisaient en silence, à ses débuts l’ordre fontevriste observe un silence perpétuel comme l’affirment les statuts de Robert d’Arbrissel. Dans l’abbaye devenue prison, le silence est également imposé par l’arrêté Gasparin en 1839 qui instaure celui-ci dans les maisons centrales.
Ainsi Julien Salaud inscrit ses deux œuvres dans des lieux dont il prend en compte l’histoire et la nature pour intervenir en faisant apparaître deux univers complexes par les installations dessinées proposées. Cependant, même s’il capte des éléments historiques des caves de l’abbesse et des Caves Ackerman, ses deux œuvres vont au delà d’une citation historique dans les lieux. En effet, l’artiste invite à parcourir deux espaces graphiques singuliers jouant sur le sacré, le profane, le mythologique et l’onirique.
2. Expérience hors du temps, dans un univers sensible, dans un entre-deux
Les lieux utopiques créés par Julien Salaud plongent le spectateur dans un univers sensible. Le spectateur se trouve dans un lieu entre-deux : celui qui existe concrètement auquel l’œuvre se rattache et celui qui est dessiné dans le noir. Ce qu’il voit n’est pas figé et son déplacement l’amène à voir d’autres éléments dessinés, le passage dans la grotte stellaire lui permet un voyage extérieur mais aussi intérieur. Le questionnement du spectateur passe par une phase exploratrice du lieu, se demandant ce qu’il verra au cours de ce cheminement.
Les installations au fil de Julien Salaud feraient écho à l’art pariétal. L’artiste évoque dans une interview au magazine Entrée plus particulièrement à propos de son œuvre La Constellation de la chevrette :
Ces œuvres découlent d’un travail sur les grottes de Lascaux et d’une étude de Chantal Jègues-Wolkiewiez, une anthropologue assez critiquée. Elle met en évidence que, dans la salle des Taureaux de la grotte de Lascaux, où le soleil entre lors du solstice d’été, la place de chaque peinture zoomorphe correspond à celle d’une étoile sur la carte de la voûte céleste. Elle en conclut donc que les Solutréens devaient y tenir un culte solaire. Mon travail sur les animaux–constellations s’inspire de ces théories. Les clous plantés dans le corps de ces animaux empaillés et les fils et broderies qui les relient viennent amplifier le volume du corps et la frontière de la peau devient poreuse5.
Dans l’installation Fleuve céleste, le spectateur circule dans une continuité graphique qui se serait nourrie d’art rupestre. Lorsque le spectateur entre dans l’œuvre monumentale, il est loin de se douter de l’ampleur du graphisme qu’il va découvrir et du pouvoir évocateur des créatures qui y sont représentées. Dans Fleuve céleste, l’utopie proposée par l’artiste fait déambuler le spectateur au cœur d’un monde mystérieux. L’allégorie de la caverne de Platon résonne avec une révélation de ce qui pourrait être originel, sous les apparences obscures des caves, dans leur relation au monde vivant.
Des êtres mythologiques, hybrides apparaissent dans les différentes parties de l’œuvre. Un banc de poissons commence à emporter le regard en suivant un courant dynamique au travers des fils tissant une toile et aboutit à l’autre bout de la pièce vers une présence humaine et son habitat. Ils se métamorphosent en de nouveaux animaux. Julien Salaud emprunte des représentations d’animaux qui ont été aperçus dans certaines Grottes stellaires réalisées auparavant : des biches qui évoquent la Grotte stellaire réalisée au Palais de Tokyo en 2012 ou encore les oiseaux de la Grotte stellaire 3 réalisée à New York à la galerie Friedman-Benda en 2014. Les créatures mi-sacrées, mi-païennes en mouvement s’offrent à la vue du spectateur en fonction de la déambulation, sans se dévoiler entièrement au premier regard. De nombreuses déformations ou zones cachées n’apparaissent qu’après avoir circulé et fait des allers-retours, on découvre des animaux cachés, des nouveaux dessins au plafond. La circulation générée est plurielle, un mouvement spiralaire semble descendre de la voûte céleste qui se déploie. Porté par l’écume des fils blancs, le spectateur se déplace guidé par les directions des fils qui tissent des réseaux et chemins. Les éléments dessinés dans l’obscurité retracent les constellations dessinées par les hommes pour s’approprier les mystères du ciel. Cette voûte céleste fait chercher la symbolique des éléments présents. Julien Salaud semble reterritorialiser un passé du lieu par la reconstruction de ce qu’il aurait pu être il y a des siècles : un océan peuplé de poissons et d’animaux fantastiques. La mythologie réapparaît. L’idée de créer un fleuve céleste sous terre évoque notamment le mythe du passage vers les enfers par le fleuve Styx. Le déploiement arachnéen réactive le lien tissé entre les différentes espèces, l’homme et l’animal. Ce thème de la toile d’araignée a déjà été exploré par l’artiste dans des œuvres antérieures. Dans Émergence arachnéenne, une performance et vidéo réalisées en 2015, l’artiste évolue nu et se meut dans une toile évoquant la toile d’une araignée. Ce nouvel espace tridimensionnel créé est presque labyrinthique et très complexe à certains endroits.
Dans la Crypte des effraies, le travail de Julien Salaud a une dimension moins monumentale, on rencontre ses interventions sur le lieu des caves en circulant au fur et à mesure, l’univers est plus caché et disséminé dans les galeries. La création est teintée par la présence du rapace la chouette effraie, l’univers est plus obscur et plus sombre. La mort et l’enfermement sont fortement présents dans les représentations générées par l’artiste. Il semble mettre en évidence une hétérotopie, un lieu en marge dans lequel se joue une neutralisation. Cet espace ayant été une prison durant plusieurs siècles, il fait référence à ces hétérotopies évoquées par Michel Foucault « les lieux que la société ménage dans ses marges, dans les plages vides qui l’entourent6 » pour y placer des personnes au comportement déviant ou problématiques par rapport à la norme de la société. Les chouettes sont pour la plupart en mouvement, en plein vol. Il fait un lien entre le divin, l’homme et l’animal dans cet espace où la chouette rencontre un Christ crucifié. L’invitation à la méditation et à l’introspection est évidente dans une œuvre qui présente le sacré et le profane. Le lien avec l’astronomie est toujours affirmé : les clous agissent comme des étoiles à partir desquels les fils se déploient pour créer des constellations.
Ces deux univers complexes dans lesquels le visiteur est invité à découvrir des faunes extraordinaires et des personnages martyrs, profanes ou sacrés forment une expérience d’immersion pour son corps autant que pour celui de l’artiste qui les a réalisés.
3. Corps et immersion
Le rapport au corps dans les installations au fil de Julien Salaud apparaît comme une performance quasi-chorégraphiée pour le corps de l’artiste et une expérience sur l’immersion pour le spectateur. L’œuvre de Julien Salaud qui tend avec les installations au fil à prendre une ampleur monumentale dans les caves Ackerman nécessite un temps de création long et une grande précision pour faire apparaître ces représentations, il doit ajuster les réseaux de clous et de fils pour densifier ou limiter les formes. Le fil tendu dessine un trait ; en le multipliant, il crée des surfaces et modèle un espace selon son échelle. La technique même du travail oblige l’artiste à un mouvement du corps entier : outre les reculs qu’il doit prendre pour observer le graphisme généré par les fils, il tend parfois des fils de plusieurs mètres entre deux clous plantés dans les parois.
Son travail à même la cavité est aussi source de difficultés et de souffrance. Le travail physique de l’artiste avec son équipe pour Fleuve céleste est évoqué dans le blog du Curieux des arts, Julien Salaud indique : « Ce travail physique dans l’obscurité joue sur le mental, avec un puissant impact physique. Quelque chose s’est passé en moi, qui m’a transformé. Je ne suis plus le même que j’étais avant. Travailler dans les caves fut douloureux7 ». Ainsi il a travaillé dans le noir pendant cinq semaines, l’ampleur de la pièce Fleuve céleste, a nécessité 65 000 clous de différentes hauteurs et 45 kilomètres de fil de coton.
Dans l’œuvre La Crypte des effraies, il affirme la création d’un travail à échelle humaine. Le dialogue entre corps et lieu est exploré par le mouvement, l’artiste évoque une chorégraphie dans l’engagement de son corps. Il explique dans une vidéo sur sa résidence : « Quand on plante des clous, quand on tend des fils, on engage tout le corps, c’est presque de la chorégraphie8 ». Dans la Crypte des effraies, le plasticien réalise directement en lien avec le lieu l’installation à même la roche. L’espace participe au graphisme, des déformations se créent, en utilisant différentes tailles de clous également. Le graphisme joue sur le volume et la lumière par la densité de fils et le positionnement de ceux-ci par rapport à la lumière noire. Dans cette installation, l’artiste va au delà d’une référence au lieu, il fait participer celui-ci au graphisme mis en place, il souligne l’être au monde plastiquement par une intervention qui désigne les premiers gestes de l’humanité (le tissage, la représentation graphique). Le spectateur découvre une œuvre qui fait un lien avec les gestes originels humains, le tissage, le travail du fil, il voit se déployer dans les lieux proposés par Julien Salaud un monde qui se réfère à l’homo faber. Le travail du fil renvoie aux créations des origines de l’humanité : parures, tissus… Ainsi l’espace investi par le dessin et le lieu communiquent pour accentuer l’impact du geste créateur à l’échelle de celui-ci.
Dans une interview réalisée sur cette œuvre, Julien Salaud explique une évolution dans son travail par la prise en compte du lieu comme support : « la cave ou la grotte participent activement à la réalisation de l’image9 ». Avant 2015, il ne travaillait qu’en musée ou galerie ce qui changeait considérablement son rapport au lieu : il créait entièrement l’espace comme dans son installation Entomogrotte stellaire au Tri postal à Lille, dans l’exposition « Tu dois changer ta vie ! » dans le cadre de Lille 3000-Renaissance, en activant des références à un lieu (la grotte entre autres) ou dans ses grottes stellaires réalisées au Palais de Tokyo. Son installation la Crypte des effraies demande au spectateur de se déplacer pour compléter la vision des dessins puisque les reliefs de la roche créent des anamorphoses et des déformations diverses. L’artiste compose aussi avec le vide, en négatif, il laisse la place à l’obscurité pour remplir certaines zones et même parfois dessiner à la place des fils. Le paysage fantastique est aussi complété par l’imagination du spectateur.
Dans les installations au fil, la question du dessin dans l’espace et l’émancipation de la ligne du support papier mènent à explorer le geste créateur comme une expérience qui inclut tout le corps du plasticien et non plus seulement sa main. Depuis l’apparition en 1942 avec Marcel Duchamp de ce qui fut considéré comme la première installation in situ au fil à New York dans l’exposition First Papers of Surrealism10, jusqu’aux plus récentes réalisations de Chiharu Shiota, de nombreuses installations au fil ont vu le jour. Dans l’histoire même de celle-ci, il est question de graphisme dans l’espace et d’immersion du spectateur. Ces pratiques d’installation au fil renouent avec des pratiques au fil tels que le tissage qui sont ancestrales chez l’homme, elles sont ravivées dans l’art contemporain, comme un retour à l’essentiel, par des artistes qui questionnent des gestes réservés souvent aux femmes ou encore des créations entre arts plastiques et arts appliqués. Les propositions de Julien Salaud participent à enrichir la question de l’intermédialité de ces œuvres dessinées dans l’espace qui font prendre au graphisme une ampleur architecturée. La présence du travail du volume par les reliefs et la lumière créés affirme une part sculpturale de sa pratique. Il amène à penser un nouvel espace tridimensionnel dans le lieu. On peut mettre en perspective ces œuvres de Julien Salaud avec d’autres installations au fil exposées récemment telle que celle de Chiharu Shiota Where are we going? présentée au Bon Marché11. L’œuvre de Chiharu Shiota se développe en deux parties sous les verrières centrales du Bon Marché, elle est composée de 150 bateaux blancs de différentes formes qui semblent sur une vague, emportés dans l’espace, en suspension. L’artiste réalise des bateaux à l’aide d’une structure à laquelle elle suspend des fils blancs. Elle utilise pour la première fois du fil blanc, celui-ci renvoie pour elle à la pureté, à l’espoir, la migration et au voyage. Dans la création Memory of the Ocean, les fils sont tendus dans l’espace où le spectateur est invité à entrer comme pour créer l’idée d’un mouvement, ils sont emmêlés, créent des arches et des volumes qui dessinent un espace dans lequel le spectateur circule. Cet univers invite au voyage, tout comme celui de Julien Salaud nous immerge dans un ailleurs onirique utopique.
Le spectateur vit cet espace proposé par Julien Salaud par l’expérience de son corps. Le regard tout d’abord est guidé par le graphisme lumineux, le fil trace un territoire dans l’obscurité. Le toucher est sollicité aussi car la paroi peut se caresser. Les fils dessinent des limites et frontières entre les espaces, par exemple l’arche soulignée par le graphisme dans la Crypte des effraies, cependant, le visiteur n’est pas entravé par ceux-ci. Dans les deux espaces investis par l’artiste, notamment celui des caves de l’abbesse dans lequel l’univers carcéral est présent, le fil n’opère pas comme une entrave dans la déambulation. Le spectateur sent la fraîcheur des lieux pour le cas des caves Ackerman et de Fontevraud. Il est immergé dans un espace silencieux à plusieurs mètres sous terre. Enfin, il embrasse l’espace par le mouvement de son corps qui lui permet de découvrir les galeries et alvéoles investies par l’artiste. Dans Fleuve céleste, le volume de l’œuvre particulièrement grand, est découvert par le spectateur comme un passage merveilleux dans lequel les corps représentés sont immenses (ceux d’insectes, de créatures, de poissons). Il se retrouve confronté à une utopie uchronique.
L’expérience dans la Crypte des effraies qui confronte le spectateur à voir des représentations en lien avec l’enfermement, le renvoie à son propre corps, tel que Michel Foucault l’évoquait : « Mon corps, c’est le lieu sans recours auquel je suis condamné12 ». L’isolement vécu par le spectateur dans les caves de l’abbesse, coupé du bruit, fait écho à une solitude vécue dans un non-lieu dans un contexte de « surmodernité » mis en avant par Marc Augé : « Celle-ci impose en effet aux consciences individuelles des expériences et des épreuves très nouvelles de solitude, directement liées à l’apparition et à la prolifération de non-lieux13 ».
Le corps, premier lieu qui nous permet d’appréhender l’espace, circule et découvre l’installation. Le spectateur envisage l’espace en se déplaçant et se projetant dans un ailleurs. Ainsi Michel Foucault souligne que le corps s’émancipe, se libère dans les espaces utopiques :
L’utopie, c’est un lieu hors de tous les lieux, mais c’est un lieu où j’aurai un corps sans corps, un corps qui sera beau, limpide, transparent, lumineux, véloce, colossal dans sa puissance, infini dans sa durée, délié, invisible, protégé, toujours transfiguré ; et il se peut bien que l’utopie première, celle qui est là plus indéracinable dans le cœur des hommes, ce soit précisément l’utopie d’un corps incorporel14.
Ces deux espaces en marge du temps proposés par l’artiste mettent en scène un territoire rêvé, un entre-deux dessiné au fil pour créer son contour. Le spectateur prend un risque en entrant dans ces caves, son action de marcheur détermine cette appréhension de l’espace dessiné par l’artiste dans l’obscurité. Cette marche correspond à une exposition du sujet dont Thierry Davila saisit l’importance dans la création contemporaine par ce rôle actif du spectateur : « Marcher est donc cette façon particulière d’ouvrir un espace et un sujet, d’exposer un sujet au risque d’une saisie directe du donné, ou en tout cas au risque de la surprise, cette façon toujours neuve d’être pris par l’extérieur – par l’autre – et de remettre en jeu bien des façons de voir et d’aborder, d’approcher, un espace15 ». Ces œuvres invitent le spectateur à sortir de lui, pour éprouver ces deux espaces en dehors du temps et se mêler à l’univers onirique dessiné.
Conclusion
Les installations au fil de Julien Salaud accomplies lors de la résidence Ackerman – Fontevraud, permettent d’éprouver l’expérience du lieu et de l’utopie par l’expérience du corps. Le spectateur vit un espace immersif, guidé dans l’obscurité par le graphisme lumineux qui l’invite à imaginer et découvrir. En gardant un univers empreint de références inspirées de la nature et d’une sémantique riche, le travail de Julien Salaud évolue vers une prise en compte plus ample des espaces dans lesquels ses œuvres sont créées. Les caves Ackerman et les caves de l’abbesse sont investis dans un rapport direct du corps du plasticien aux parois de celles-ci. Dans l’enveloppe de ces lieux chargés d’histoire, l’artiste capte des éléments de ce patrimoine et en révèle une partie essentielle mêlée d’un substrat onirique.
Notes
1 – Source : Film réalisé par Mathilde Jouannet et Bernard Stulzaft, Fleuve céleste, réalisé pour la résidence Ackerman + Fontevraud la Scène, 2015, vidéo visible sur le site : http://www.fontevraud.fr/Planifier-sa-journee/Evenement/Julien-SALAUD-Fleuve-Celeste.
2 – Pour approfondir cette notion d’espace transfiguré : Sous la direction de Christine Buignet et Dominique Clévenot, Espaces transfigurés : à partir de l’œuvre de Georges Rousse, Figure de l’Art, n°13, Pau, Publications universitaires de Pau, 2007, 307 p.
6 – Michel Foucault, Le Corps utopique suivi de Les Hétérotopies, Paris, Nouvelles Editions Lignes, 2009, p.27
7 – Interview sur le blog Curieux des Arts : http://www.lecurieuxdesarts.fr/2015/04/la-terra-incognita-du-fleuve-celeste-de-julien-salaud.html, consulté le 18 mars 2017
8 – Vidéo sur le site : http://www.fontevraud.fr/Planifier-sa-journee/Evenement/Julien-SALAUD-La-Crypte-des-effraies, consulté le 26 janvier 2017
9 – Vidéo sur le site : http://www.fontevraud.fr/Planifier-sa-journee/Evenement/Julien-SALAUD-La-Crypte-des-effraies, consulté le 26 janvier 2017
10 – L’œuvre de Marcel Duchamp présentée s’intitulait Sixteen Miles of String.
11 – Œuvre exposée du 14 janvier- 18 février 2017 au Bon Marché.
12 – Michel Foucault, Le Corps utopique suivi de Les Hétérotopies, op. cit., p.10
13 – Marc Augé, Non-lieux Introduction à une anthropologie de la surmodernité, Paris, Editions du Seuil, 1992, p.117-118
14 – Michel Foucault, Le Corps utopique suivi de Les Hétérotopies, op. cit., p.10
15 – Thierry Davila, Marcher, créer, Déplacements, flâneries, dérives dans l’art de la fin du XXe siècle, Paris, Éditions du Regard, 2002, p.42
Bibliographie
OUVRAGES
ARCHER Michael, L’Art depuis 1960, Paris, Editions Thames & Hudson, 2002 (nouvelle édition), 256 p.
AUGE Marc, Non-lieux. Introduction à une anthropologie de la surmodernité, Paris, Seuil, 1992, 160 p.
DAVILA Thierry, Marcher, créer, Déplacements, flâneries, dérives dans l’art de la fin du XXe siècle, Paris, Éditions du Regard, 2002, 200 p.
FOUCAULT Michel, Le Corps utopique suivi de Les Hétérotopies, Paris, Nouvelles Editions Lignes, 2009, 61 p.
MERLEAU-PONTY Maurice, Causeries, 1948, textes établis et annotés par Stéphanie Ménasé, Paris, éditions du Seuil, 2002, 76 p.
MICHIKO Kono, Le Fil rouge, catalogue de l’exposition « Le fil rouge » présente sur trois sites, Espace Louis Vuitton Tokyo, 2015, 69 p.
INGOLD Tim, Une brève histoire des lignes, Bruxelles, éditions Zones sensibles, 2011-2013, 256 p.
PRIGENT Daniel, Fontevraud, Fontevraud l’Abbaye, éditions Abbaye de Fontevraud, Première édition : mai 2005 / 3e édition : août 2010, 80 p.
SEMPER Gottfried, Du Style et de l’architecture Ecrits 1834-1869, Traduit de l’allemand par Jacques Soulillou avec la collaboration de Nathalie Neumann, Marseille, Editions Parenthèses, 2007, 360 p.
STOUT Katharine, Contemporary Drawing from the 1960’s to Now, Londres, Tate Publishing, 2014, 160 p.
OUVRAGES COLLECTIFS
Sous la direction de ALBRECHT SCHRÖDER Klaus et LEAHNER Elsy, Drawing Now, cat. D’exposition, Vienne, Hirmer Albertina, 2015, 231 p.
Sous la direction de BUIGNET Christine et CLÉVENOT Dominique, Figure de l’Art, « Espaces transfigurés : à partir de l’oeuvre de Georges Rousse », n°13, Pau, Publications universitaires de Pau, 2007, 307 p.
Sous la direction de CONTE Richard, Le dessin hors papier, Paris, Publications de la Sorbonne, 2009, 235 p.
Ouvrage collectif DAVILA Thierry, ENCKELL JULLIARD Julie, JAUNIN Françoise, TISSOT Karine et Frédéric Magazine, Trait papier – Un essai sur le dessin contemporain, Genève, éditions L’Apage-Atrabile, 2012, 160 p.
REVUE
Artension, n°141 / Janvier-février 2017, Bimestriel d’information arts plastiques, Revigny-sur-Ornain, SAS Artension éditions, 2017
ARTICLE
LAVRADOR Judicaël, « « Tu dois changer ta vie ! » : L’exposition qui va vous faire renaître », Beaux-Arts Magazine, octobre 2015, n°376, Issy-Les-Moulineaux, TTM Editions, 2015
SITES INTERNET
Site Astronomers without borders : http://astronomerswithoutborders.org/news/awb-blog/318-dark/astroarts-blog/3143-astroartist-of-the-month-julien-salaud-1-of-4.html, consulté le 18 mars 2017
Site de l’abbaye de Fontevraud : http://www.fontevraud.fr/Planifier-sa-journee/Evenement/Julien-SALAUD-La-Crypte-des-effraies, consulté le 26 janvier 2017
Site de la Galerie Suzanne Tarasieve : http://suzanne-tarasieve.com/artist/julien-salaud/?lang=fr&show=exhibition, consulté le 26 janvier 2017
Site du blog United States of Paris : http://www.unitedstatesofparis.com/exposition-tu-dois-changer-ta-vie-au-tripostal-lille-3000-renaissance/, consulté le 26 janvier 2017
Site des Caves Ackerman : http://visite.ackerman.fr/fr/fleuve-celeste/, consulté le 18 mars 2017
Site de la revue Entre : http://www.revue-entre.fr/?q=content/julien-salaud-travailler-sur-lanimal-me-sert-dechappatoire, consulté le 18 mars 2017
Site Voir et Dire : http://www.voir-et-dire.net/?Julien-Salaud-La-Rosee-du, consulté le 18 mars 2017
Site de la revue Étape : http://etapes.com/une-grotte-stellaire-au-palais-de-tokyo, consulté le 18 mars 2017
Site du blog Le Curieux des arts : http://www.lecurieuxdesarts.fr/2015/04/la-terra-incognita-du-fleuve-celeste-de-julien-salaud.html, consulté le 18 mars 2017
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