Introduction à un congrès qui fera date
Jean CLOTTES
Lorsque Robert Bednarik, sur la suggestion de Giriraj Kumar, m’a proposé d’organiser pour 2010 le Congrès de l’IFRAO sur L’art pléistocène dans le monde, j’ai été partagé entre deux sentiments : l’enthousiasme pour le sujet et l’appréhension devant la difficulté et l’énormité de la tâche. Il fallait que ce fût en Europe, où l’art pléistocène est le mieux connu et le plus spectaculaire. Cela aurait très bien pu se faire en Espagne, et j’avoue que j’ai hésité. Pascal Alard, chargé en Ariège (entre autres…) de tout ce qui a trait à la Préhistoire, me décida, en m’affirmant que nous aurions l’aide totale de son équipe du Parc de la Préhistoire et celle du département de l’Ariège. Il avait raison. Cette aide fut décisive. C’est elle qui permit, début septembre 2010, l’organisation et la tenue du Congrès, son succès, avec près de 400 participants, et, à présent, l’indispensable publication des Actes.
Nous avions proposé neuf symposia, un pour chaque continent, plus quatre sur des thèmes particuliers. Le nombre des communications (environ 180) nous obligea à prévoir quatre sessions en parallèle en des lieux proches mais distincts. Pour que l’on puisse passer aisément de l’une à l’autre, il fallait respecter les horaires prévus avec la plus extrême rigueur. Les présidents des symposia y veillèrent. La qualité du Parc lui-même (et celle des repas dispensés…), son splendide environnement, les excursions, la soirée terminale, tout concourut à laisser aux participants des souvenirs forts et émus. J’en eus de multiples témoignages.
Finalement, nous reçûmes 142 communications publiables, après que les présidents des symposia eussent exercé leur droit d’accepter ou de refuser des articles. Les langues officielles du Congrès étant le français, l’anglais et l’espagnol, nous publions dans ce volume des articles dans les trois langues. Bien que ce soit parfaitement légitime, je ne puis m’empêcher de regretter que quelques collègues français aient préféré utiliser l’Anglais pour leur publication. Toujours au chapitre
des regrets, je déplore que certains participants, après avoir présenté leur communication lors du congrès, aient refusé de la publier dans les Actes, au profit de quelque revue plus prestigieuse. À mon avis, il faut choisir : sauf cas de force majeure, participer à un congrès devrait être considéré comme un engagement moral, plutôt que comme un arrangement ponctuel dans la gestion d’une carrière.
L’abondance des articles (et les coûts) interdisait leur publication intégrale sous forme “papier”. Nous avons pris un moyen terme : allouer deux pages imprimées de synthèse à chaque étude, avec une figure ; publier intégralement les articles, quelles que soient leur longueur et l’abondance de leur illustration, en un CD joint à l’ouvrage. La numérotation des pages permet à ces articles d’être ultérieurement cités dans les bibliographies. Ce ne fut pas sans mal, certains envoyant des résumés de quelques lignes, d’autres, plus nombreux, nous faisant parvenir des textes trop longs et des images impossibles à caser dans l’espace imparti. Il fallut négocier et suggérer des coupes. Pour gagner de la place, les références bibliographiques, comme l’appartenance des auteurs à tel ou tel corps, ou encore les mots-clés se trouvent seulement dans les articles et non dans les synthèses imprimées.
Sur le plan scientifique, ce volume fera date. Comme l’on pouvait s’y attendre, l’art paléolithique européen occupe une large place, qu’il s’agisse d’art mobilier ou pariétal, avec des nouveautés ainsi que des synthèses sur des aspects très divers de ces formes d’art. L’Afrique est moins bien représentée que l’on aurait pu l’espérer, malgré l’intérêt des découvertes récentes en Haute-Égypte. Le bilan des trois autres continents est riche de multiples contributions qui font un point bienvenu sur ce que nous savons pour les périodes les plus anciennes et surtout sur les incertitudes et les lacunes de nos connaissances. Il s’agit d’un état de la question qui jusqu’à présent n’avait pas été fait, du moins avec une telle ampleur et de tels détails. Gageons que, dans les années qui viennent, les vides se combleront et que les reconnaissances de sites d’art pléistocène vont se multiplier sur les quatre continents où ils restent encore trop minoritaires.
Pour finir, je remercierai chaleureusement ceux qui ont concouru au succès du Congrès et à la publication des Actes. D’abord mes chers collègues de l’IFRAO, au premier rang desquels Robert Bednarik, et les autres présidents des symposia : Aline Averbouh, Enrico Comba, Valérie Feruglio, Dirk Huyge, Yann-Pierre Montelle, Giriraj Kumar, María Mercedes Podestá, André Prous, Dario Seglie, Alice Tratebas.
Sans l’implication efficace de Pascal Alard et de son équipe du Parc de la Préhistoire, rien n’aurait pu être fait. Je citerai Jacques Azema, Emmanuel Demoulin, Cécile Sarrail, Myriam Cuennet, Audrey Laffont, Jean-Marie Dumora et une jeune stagiaire, Nathalie Bordenave, qui accomplit un travail remarquable. Ma secrétaire, Anne Cier, apporta constamment son précieux concours, tant à la préparation et au déroulement du Congrès qu’à la publication des Actes.
Nous reçûmes le plein soutien et l’appui du département de l’Ariège et de son président, Augustin Bonrepaux. Le ministère de la Culture et de la Communication nous aida financièrement et moralement. Marc Drouet, sous-directeur de l’Archéologie, nous fit l’honneur de venir à l’ouverture du Congrès, accompagné de Michel Vaginay, conservateur régional de l’Archéologie, aux côtés de Monsieur le Préfet Jacques Billiant qui s’intéressa particulièrement à nos travaux.