Dispositif langue accueil migrants, après deux ans d’existence l’heure est au bilan !

De l’accueil d’un premier groupe de réfugié·e·s soudanais·e·s et syrien·ne·s essentiellement à l’appel du Réseau des étudiants toulousains en soutien aux exilés et réfugiés (Retser), au projet de création d’un diplôme d’université, Luce Lopez, co-coordinatrice du Dilami à l’UT2J, revient sur la création et la mise en place du dispositif dont les acteurs interuniversitaires sont multiples.

Tout commence au printemps 2017. Une vingtaine d’étudiant·e·s soudanais·e·s et syrien·ne·s sollicitent, via le Retser, la directrice du département d’études du français langue étrangère (Defle) de l’époque, Halima Sahraoui. Leur souhait : apprendre le français pour poursuivre leurs études ou trouver un emploi. Face à ce projet, plusieurs obstacles se dressent. Les places sont limitées et les périodes d’inscription aux formations en place pour l’année à venir sont terminées. Peu importe, les membres du Defle se retroussent les manches, encouragés par la gouvernance de l’UT2J et accompagnés par l’Université fédérale Toulouse Midi-Pyrénées. C’est donc en urgence qu’est créée une université d’été spéciale en parallèle de l’université d’été habituelle du Defle.

C’est ainsi que depuis 2017, deux volets de formation sont organisés par an. Trois groupes de vingt étudiant·e·s, sélectionné·e·s sur dossier par un jury, suivent 400 heures de cours de fin octobre à début mai (soit vingt heures de cours par semaine sur vingt semaines) pour le volet 1 et 150 heures d’enseignement de mi-juin à fin août pour le volet 2 (soit 15h de cours par semaine pendant 10 semaines).

Un rythme soutenu qui peut être une difficulté pour ce public, devant réaliser, en parallèle du dispositif, des démarches administratives lourdes, raison pour laquelle les cours se déroulent uniquement le matin. Malgré cela, certain·ne·s ont abandonné le dispositif ayant reçu une obligation de quitter le territoire ou souffrant de problèmes de santé.
Mais bien plus que des cours de français, le Dilami propose une réelle immersion dans la culture française et pour cela quoi de mieux que la pratique. Avec la Cave poésie, dans le cadre de leur programme Love me tender le 14 février 2019, les étudiant·e·s ont pu lire à la radio une lettre d’amour rédigée en commun, participer à l’élaboration d’un dictionnaire ludique et illustré BLABLABLA et être totalement acteurs.trices de la journée mondiale des réfugié·e·s du 20 juin 2019. Ils sont également à l’honneur lors d’une exposition photo Portraits et Identité pour laquelle ils ont rédigé leur autoportrait. Elle sera d’ailleurs présentée à La Fabrique sur le campus Mirail dès septembre prochain.

Le Dilami, une aventure interuniversitaire !

Côté enseignant·e·s, mener à bien ce projet n’est pas simple non plus. En plus des heures d’enseignement, le dispositif demande aux trois enseignantes : Marie Alverde, Céline Cassière et Tepey Matos Aldana un réel engagement qui va des heures de préparation au bilan de fin de session en passant par le jury d’admission.

Une autre difficulté, et pas des moindres, celle d’enseigner le français à des personnes aux parcours antérieurs souvent difficiles. Il ne faut pas tomber dans le pathos ou tenter de se substituer à des travailleurs sociaux.

Progressivement le fonctionnement se stabilise et le dispositif prend de l’ampleur. À l’UT2J, Halima Sahraoui passe le relais à Luce Lopez, directrice adjointe du Defle et à Chantal Dompmartin, devenue depuis directrice du département. Elles sont aujourd’hui les co-coordinatrices du dispositif pour l’UT2J. Côté Université fédérale, Jocelyne Sourisseau, maître de conférences à l’Université Toulouse Capitole et membre du conseil d’administration de l’UFTMip, est mandatée en qualité de chargée de mission sur le dispositif.

Cette aventure avant tout interuniversitaire, s’est appuyée sur une gestion administrative en partie centralisée à l’UFTMip sous la responsabilité de Milène Duro (directrice opérationnelle département des relations européennes et internationales) assistée de Naima Dolagbenu (assistante administrative). L’UT2J s’est engagée en mettant à disposition des salles (comme l’Université Toulouse Capitole et occasionnellement l’Université Toulouse III – Paul Sabatier), en fournissant des services comme l’accès à la bibliothèque, la délivrance de cartes d’auditeurs libres, l’accueil au centre de ressources des langues pour des manifestations culturelles, l’accès à l’ENT, et le suivi administratif de la session d’été grâce à la responsable administrative du Defle, Virginie Conca. Tout ceci se déroule avec le soutien financier de la Région Occitanie et de l’Agence universitaire de la francophonie.

Pour les étudiant·e·s, les choses avancent aussi. Certain·ne·s ont pu intégrer le Defle en poursuite d’études, pour d’autres c’est l’expérience Dilami qui continue pour un second et dernier volet. Tous ceux qui le souhaitent bénéficient également d’un accompagnement à l’insertion professionnelle avec l’aide d’une association ou à la poursuite d’études via les Scuio-IP des universités toulousaines.

De toute cette aventure est née une ambition, celle de faire évoluer le dispositif avec en projet la création d’un diplôme universitaire passerelle à l’instar de ce que font certaines universités françaises avec l’aide du collectif Mens (Migrants dans l’enseignement supérieur) et du réseau national des centres universitaires de FLE (ADCUEFE).

Pour en savoir plus :

  • Dilami : Dispositif langue accueil migrants
  • Defle : Département d’études du français langue étrangère
  • MEnS : réseau « Migrants dans l’Enseignement Supérieur »
  • Retser : Réseau des étudiants toulousains en soutien aux exilés et réfugiés