Marine MAZARS

Doctorante en langue et littérature occitanes, Université Toulouse Jean Jaurès, laboratoire PLH (Patrimoine, Littérature, Histoire). Sa thèse porte sur le texte religieux occitan en prose des XIV et XVe siècles.

marine.mazars@hotmail.fr

Pour citer cet article : Mazars, Marine, « Le Viatge al Purgatori de sanct Patrici par Ramon de Perilhos ou la matérialisation de l’entre-deux », Litter@ Incognita [En ligne], Toulouse : Université Toulouse Jean Jaurès, n°8 « Entre-deux : Rupture, passage, altérité », automne 2017, mis en ligne le 19/10/2017, disponible sur <https://blogs.univ-tlse2.fr/littera-incognita-2/2017/09/17/le-viatge-al-purgatori-de-sanct-patrici-par-ramon-de-perelhos-ou-la-materialisation-de-lentre-deux/>.

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Résumé

Nous nous proposons d’étudier le Viatge al Purgatori de sanct Patrici de Ramon de Perilhos, un texte occitan de la fin du Moyen Age, en tant qu’incarnation de l’entre-deux. Une analyse à plusieurs niveaux (littéraire, spatio-temporel, culturel…) est nécessaire afin de saisir toutes les subtilités de cette œuvre formellement originale et mouvante.

Le Viatge est une réécriture d’un texte latin du XIIe siècle dont la thématique centrale, le Purgatoire, est elle-même une manifestation de l’entre-deux. Il modernise résolument sa source tout en laissant entrevoir un retard sur les conceptions spirituelles de son époque.

Mots-clés : vision – voyage – cheminement – passage – frontière – Purgatoire – mutation – hybridité – spatio-temporalité – Ramon de Perilhos.

Abstract

In this article, we study Ramon de Perilhos’ Viatge al Purgatori de sanct Patrici, an Occitan text from the end of the Middle Ages, as an embodiment of the in-between state. An analysis at several levels (literary, spatio-temporal, cultural…) is necessary to understand all the subtleties of this formally original and moving work.

The Viatge is a reworking of a XIIth century Latin text whose central theme, Purgatory, is a manifestation of “between space” in itself. Ramon firmly modernizes his source, though he does not incorporate XIVth century spiritual developments into his work.

Keywords: vision – journey – progression – passage – border – Purgatory – mutation – hybridity – spatio-temporality – Ramon de Perilhos.


Sommaire

Introduction
1. Un texte mouvant
1.1. Un texte en perpétuelle évolution…
1.2. … via un travail d’appropriation…
2. Le Purgatoire, ou la charnière du monde
2.1. Une localisation extrême
2.2. … mais qui tente de reproduire des concepts terrestres
2.3. Des origines diverses et anciennes…
2.4. …qui n’ont pas été actualisées
3. Le voyage dans tous ses états
3.1. Un perpétuel franchissement de frontières…
3.2. … y compris de l’horizon d’attente
Conclusion
Notes
Bibliographie

Introduction

À la fin du XIIe siècle, un moine cistercien, H. de Saltrey, rédige à la demande de son supérieur, l’abbé H. de Sartis, le Tractatus de Purgatorio sancti Patricii. Ce texte rapporte le pèlerinage réalisé par le chevalier Owein au Purgatoire de saint Patrice en Irlande quelques temps auparavant. Au cours de la nuit qu’Owein passe dans les entrailles de la terre, Dieu lui permet de voir les châtiments réservés aux pécheurs et la gloire des justes. Le lendemain matin, à sa sortie de la fosse, le pèlerin décide de dédier sa vie à Dieu.

Le succès de ce récit édifiant ne s’est pas démenti au cours du Moyen Âge. Preuve en est l’élaboration d’une réécriture de ce texte, en occitan, par le vicomte Ramon de Perilhos à l’extrême fin du XIVe siècle, voire au début du XVe siècle1 : le Viatge al Purgatori de sanct Patrici. Perilhos reprend quasiment à l’identique, mais à son compte, le récit de H. de Saltrey tout en l’enchâssant dans une narration plus large. En effet, Perilhos ajoute une courte notice autobiographique, puis intègre le compte-rendu de son voyage aller et retour, depuis Avignon jusqu’au Purgatoire et inversement. C’est l’occasion pour lui de faire étalage de son prestigieux réseau de connaissances ainsi que de poser un regard ethnographique – avant la lettre – sur les Irlandais.

Le Viatge, créé et modifié dans une période considérée comme transitoire, est véhiculé par des supports à la fois anciens et résolument modernes pour l’époque : deux de ses versions sont consignées dans des manuscrits datant de 1441 et 1466 tandis que la troisième figure dans un incunable de 1486. Cette œuvre combine le lieu mouvant et de passage qu’est le Purgatoire, dans toute sa dimension « merveilleuse », et la thématique du voyage caractérisée par le franchissement permanent de frontières. Elle s’avère être une illustration subtile et à plusieurs niveaux de ce que nous pourrions appeler « l’entre-deux ». C’est ce que nous essaierons de montrer.

1. Un texte mouvant

1.1. Un texte en perpétuelle évolution…

Le Viatge est un exemple de réécriture, par Ramon de Perilhos, d’un texte déjà séculaire et bien connu à son époque et s’inspirant librement du Tractatus latin de H. de Saltrey. Or, ce moine de Saltrey a rédigé son œuvre selon les dires d’un autre religieux ayant côtoyé le chevalier Owein. Avant d’être couchée par écrit à la fin du XIIe siècle, l’histoire du Tractatus est donc déjà passée par au moins un intermédiaire et a subi -peut-on supposer- quelques premières altérations liées à la transmission orale, même si celle-ci se déroule dans un cadre monastique. Faillibilité de la mémoire et plaisir irrésistible d’enjoliver le propos guettent tout récepteur et potentiel transmetteur d’un message. L’écrit lui-même ne garantit pas l’immuabilité de son contenu comme le prouvent les leçons divergentes et variantes entre deux copies d’un même texte. Si la tradition littéraire du Tractatus n’est pas intégralement connue, nous pouvons néanmoins affirmer que deux types de rédactions coexistent, une courte (la plus ancienne) et une longue, toutes deux générées dans un court laps de temps par H. de Saltrey. Les amplifications présentes dans la dernière version témoignent d’une volonté d’édifier toujours un peu plus le public. Le succès du Tractatus est tel que les traductions se multiplient et donnent lieu à des réécritures2. De la même manière, si les premiers écrits sont en vers et circulent initialement dans un milieu monastique, les réécritures tardives s’ouvrent peu à peu à un public laïc et se font plutôt en prose.

Le Viatge, quant à lui, figure en bonne place sur la longue liste des réécritures du Tractatus. Vraisemblablement élaboré à partir d’une version française déjà en prose, comme l’affirme Martina di Febo3, ce texte occitano-catalan4 fait lui-même office de charnière à la tradition dans laquelle il s’inscrit. En effet, il incarne un certain état d’une œuvre à un moment donné, qui a subi des modifications préalables, et qui en recevra ultérieurement. C’est ainsi qu’après avoir été traduit en espagnol5 dès 1544, il donne ensuite naissance à des réécritures latine6 en 1621 et espagnoles7en 1627.

Le Viatge incarne le passage d’une écriture en vers à celle en prose, mais également d’une langue à l’autre selon les intérêts qu’il sert. Le latin, langue de l’Eglise par excellence et donc des récits d’édification, a été abandonné au profit du français, langue vernaculaire mais de culture, puis de l’occitan/catalan pour des raisons stratégiques. En effet, au travers de son œuvre, Perilhos souhaite prouver son intégrité politique auprès de la cour aragonaise. Or, le catalan y est la langue de communication et l’occitan y est immédiatement compréhensible car considéré jusqu’au XVe siècle comme une langue littéraire. Le choix de la langue ne s’est pas fait par « militantisme linguistique » comme cela aurait pu être le cas ultérieurement, mais dans le but de toucher un public particulier, celui des sphères politiques influentes de la couronne aragonaise, soit par un certain opportunisme linguistique, soit par volonté didactique et édifiante.

1.2. … via un travail d’appropriation…

Le Viatge n’est pas seulement une affaire de traduction. Perilhos va bien plus loin en concevant un « genre littéraire » hybride, entremêlant récit de vision, récit autobiographique (si tant est que nous puissions parler d’autobiographie à ce moment-là) et récit de voyage, éléments fictionnels et « réalistes ». En effet, il entame son récit par une rapide présentation de sa vie, depuis son enfance jusqu’à sa décision de se rendre au Purgatoire. Il poursuit ensuite avec un journal de voyage plutôt vraisemblable de son itinéraire. Puis, sitôt arrivé en Irlande, il en décrit les habitants à la manière d’un Jean de Mandeville8. Il reprend finalement le récit de vision du Tractatus dans son intégralité en l’agrémentant de touches personnelles qui lui permettent de mieux l’assimiler à son projet d’écriture.

Il se pourrait que le vicomte ne se soit jamais rendu au Purgatoire et que toutes les informations qu’il propose au public aient été nourries par ses nombreuses lectures et ses souvenirs, mais nous ne croyons pas que ce soit le cas. Si sa bibliothèque9 a pu constituer un support non négligeable pour la rédaction du Viatge, Perilhos a dû pénétrer dans le Purgatoire, ne serait-ce que pour prouver sa bonne foi aux yeux des courtisans aragonais. Il ne s’attendait certainement pas à être initié aux mystères de l’au-delà mais a fait le pèlerinage pour sauver les apparences. Ainsi, il développe un itinéraire crédible, de ville en ville, en les citant et en nommant les personnes rencontrées à ces occasions. Il fait valoir ses nombreuses relations avec des têtes couronnées ce qui, grâce à leur rang, contribue à donner une part de véracité et de prestige supplémentaire à son récit. S’il séjourne prétendument chez Charles VI, Richard II et chez le roi Niall Og Mac Néill, un sauf-conduit confirme qu’il est autorisé à passer d’Angleterre en Irlande. L’homme rusé et intéressé qu’il est ne se serait pas risqué à dire qu’il avait côtoyé des personnages en vue si ce n’avait pas été le cas. Toute contradiction avec la réalité des faits aurait nui à son entreprise.

Dès son arrivée en Irlande, il quitte son rôle de chroniqueur pour endosser celui d’ethnographe et décrire longuement les mœurs étranges des Irlandais : façon de combattre, vêtements, nourriture, coutumes, habitat. Ensuite, une fois au Purgatoire, le vicomte déploie l’imagerie de l’au-delà, telle que l’a conçue le moine de Saltrey, tout en affirmant rencontrer quelques-uns de ses proches, dont le roi Jean Ier d’Aragon pour qui il a entrepris le pèlerinage : « Là, j’aperçus nombre de mes compagnons, connaissances, parents et parentes. J’y vis le roi Monseigneur Jean d’Aragon…10  » Ces ajouts au texte de Saltrey montrent bien le souci de Perilhos de s’approprier un récit reconnaissable entre tous, mais offrant une certaine légitimité, et de le faire passer pour vrai auprès de ses contemporains.

Si la réécriture du Tractatus se limite à des détails et si la topographie de l’au-delà est étonnamment préservée, la principale originalité du Viatge est de lui fournir un cadre contextuel cette fois en adéquation avec son temps. Il s’agit de replacer l’œuvre dans une situation géopolitique du XIVe siècle.

2. Le Purgatoire ou la charnière du monde

2.1. Une localisation extrême

Perilhos était accusé d’avoir comploté l’assassinat de Jean I d’Aragon avant d’être innocenté. Néanmoins, la croyance selon laquelle un homme qui meurt sans avoir eu le temps de se confesser va directement en Enfer, pèse lourdement sur sa conscience. C’est pourquoi il entreprend un voyage au Purgatoire de saint Patrice dans l’espoir d’y retrouver son suzerain.

Ce Purgatoire situé dans le Lough Derg en Irlande cristallise à lui seul un « paradoxe spatial » puisqu’il « occupe une position centrale dans la hiérarchie du Paradis […] mais est pourtant relégué à une périphérie cartographique terrestre11. » D’un point de vue géographique, l’Irlande de la fin du XIVe siècle n’est plus une terra incognita, mais n’en demeure pas moins une des extrémités du monde connu. Le caractère insulaire de l’Irlande, qui plus est relativement éloignée du continent, ne fait que renforcer l’idée d’un pays replié sur soi, hermétique aux us et coutumes de l’Europe occidentale. En « exotisant » les Irlandais qu’il compare à des Sarrasins, Perilhos « accentue l’extrémité cartographique des îles Britanniques, tout particulièrement celle de l’Irlande12 », et la déplace jusqu’« aux confins de la terre elle-même, en en faisant l’entrée du Purgatoire13. » De plus, comme le remarque justement Sara Torres, la localisation de ce tout nouveau lieu de purgation, au nord-ouest d’une mappemonde du XIVe siècle, s’oppose géographiquement à un autre lieu eschatologique majeur, le Paradis terrestre, lié quant à lui au salut et traditionnellement situé quelque part au Moyen Orient14. Malgré tout, depuis la prédication de saint Patrice au Ve siècle, l’Irlande incarne un lieu emblématique du culte chrétien. L’existence d’une potentielle bouche d’entrée de l’au-delà a été à l’origine d’un tel engouement pour le Lough Derg, qu’à partir du XIIIe siècle, l’Irlande devient un lieu de pèlerinage incontournable pour qui souhaite expier ses fautes. D’un des pays les plus reculés d’Europe, l’Irlande est passée au statut « d’icône religieuse » au même titre que l’Italie avec Rome ou l’Espagne avec Saint Jacques de Compostelle.

L’ambigüité irlandaise se ressent également à un niveau politique dans le texte de Perilhos. En effet, l’Irlande y apparait plus réputée pour la sauvagerie de ses habitants que pour son rôle dans la vie politique européenne, ô combien agitée, en ces temps marqués par le Grand Schisme d’Occident et par la Guerre de Cent Ans. Elle constitue un territoire annexe voire annexé, en dehors des grandes préoccupations politiques et ne revêt qu’une importance négligeable. Or, Perilhos, en admettant la présence de l’âme de son suzerain au sein du Purgatoire de saint Patrice, y déplace le cœur politique de l’Aragon15, et renverse ainsi la situation, faisant passer l’Irlande des coulisses brumeuses à la grande scène.

2.2. … mais qui tente de reproduire des concepts terrestres

Lieu intermédiaire, le Purgatoire l’est à bien des égards. Dans le temps, dans l’entre-deux entre la mort individuelle et le Jugement dernier. […] Le Purgatoire oscillera entre le temps terrestre et le temps eschatologique […]. [Il] est aussi un entre-deux proprement spatial qui se glisse et s’élargit entre le Paradis et l’Enfer. […] Le Purgatoire finalement ne sera pas un vrai, un parfait intermédiaire. Réservé à la purification complète des futurs élus, il penchera vers le Paradis. Intermédiaire décalé, il ne se situera pas au centre mais dans un entre-deux déporté vers le haut.16

Dès le début de son récit, le vicomte indique que les pèlerins sont enfermés dans la fosse du Purgatoire « un jour et une nuit » afin d’être « absouts de leurs péchés » et de voir « les tourments des mauvais et les joies et la gloire des bons17. » Ce laps de temps semble très court à l’échelle du temps humain mais est en réalité beaucoup plus long à l’échelle du temps eschatologique. En effet, Perilhos parle de peines « sans retour et sans fin18 » pour ceux qui ne se comporteraient pas exemplairement. Il demande d’ailleurs aux lecteurs, dans une homélie, de prier et de faire dire des messes afin de raccourcir les peines purgatoires de leurs proches défunts, ce que confirme par la suite un archevêque du Paradis terrestre. Si le temps dans l’au-delà est « construit sur le modèle du temps humain, […] il est toujours considérablement augmenté et démultiplié19. » En réalité, il n’est pas vraiment possible de quantifier le temps passé par les défunts au Purgatoire afin d’expier leurs péchés car le temps est également proportionnel à la faute : « Les pénitences […] que nous n’avons pas faites de notre vivant, nous les avons achevées dans ces tourments, à la hauteur des méfaits que nous avions commis20. » Néanmoins, en tant que pèlerin parmi les âmes des morts, Perilhos traverse les épreuves infernales avec une « celeritas » effarante, grâce à l’aide de Dieu. Son aventure se situe entre le temps eschatologique du commun des mortels et le temps terrestre.

De la même manière que le temps du Purgatoire vacille entre temps humain et temps eschatologique, la géographie de l’au-delà évolue lentement, passant d’une conception binaire (Enfer-Paradis) à un modèle tripartite (Enfer-Purgatoire-Paradis) comme l’explique Jacques Le Goff. Si l’Enfer et le Paradis sont exclusivement et respectivement réservés aux « très mauvais21 » et « très bons », le Purgatoire accueille les « pas tout à fait mauvais » et les « pas tout à fait bons », soit la grande majorité des défunts. L’émergence de ce lieu médian, immédiatement relié à la terre via sa porte d’entrée, coïncide d’ailleurs, selon Le Goff, avec une évolution sociétale majeure du Moyen Age : la recherche et l’apparition d’un « tiers ordre » afin de briser les dualismes « puissants/pauvres » et « clercs/laïcs ».

Finalement, le Purgatoire, dans sa centralité altérée, apparaît comme un pont jeté entre les royaumes des vivants et des morts, permettant aux uns et aux autres d’échanger.

2.3. Des origines diverses et anciennes…

Le Purgatoire tel qu’il est dépeint dans le Tractatus et le Viatge ne met pas en scène des éléments totalement innovants. Au contraire, il se nourrit « de lambeaux venus d’ailleurs et de loin, de très loin parfois dans l’espace et le temps22 » et en fait la synthèse. Le feu est un élément traditionnel de l’imagerie eschatologique indoue qui a transité par maintes cultures (Iran, Egypte) avant de parvenir en Occident. Le motif du pont comme lien entre Purgatoire et Paradis, parvenu depuis l’Iran, a lui aussi connu une longue transmission dans l’histoire de l’imagerie infernale. Seules les personnes dignes d’accéder au repos peuvent le franchir. Les Egyptiens, eux, nous ont légué l’idée d’un jugement après la mort, tandis que l’antiquité gréco-romaine nous a transmis le motif de la catabase (descente aux Enfers d’Orphée ou d’Enée). Nous retrouvons dans plusieurs de ces cultures des dualismes fondamentaux qui constituent par leur présence ou leur absence une réelle torture : chaleur ou froid extrêmes, clarté ou obscurité, parfum ou exhalaison pestilentielle. Perilhos recense tous ces éléments topographiques ou punitifs de provenances diverses dans le Viatge.

2.4. …qui n’ont pas été actualisées

Le Tractatus a été rédigé concomitamment avec « la naissance du Purgatoire23 ». Lorsque H. de Saltrey propose une expérience sensuelle de l’au-delà, elle en est à ses balbutiements. Au fil du temps, la topographie et l’imagerie infernales évoluent et se complexifient jusqu’à atteindre leur paroxysme avec la Divine Comédie de Dante, composée au cours du premier quart du XIVe siècle. Or, n’oublions pas que si Perilhos reproduit à l’identique la description proposée par le moine Irlandais, il a rédigé le Viatge à la fin du XIVe siècle, soit près de 75 ans après la publication de la Divine Comédie. Celle-ci conserve dans les paysages et dans les appareillages punitifs qu’elle dépeint la grande majorité des principes évoqués par les premiers récits visionnaires (dont le Tractatus), mais les réorganise, les renouvelle et les perfectionne pour en faire un au-delà fondamentalement différent mais pourtant intrinsèquement lié à ses moutures antérieures.

Que Perilhos n’ait pas choisi de suivre cette vision moderne et plus aboutie de l’au-delà, en accord avec les croyances de son temps, peut paraître étrange. Il semblerait néanmoins que la renommée de la Divine Comédie n’ait passé la frontière italienne qu’au XVe siècle. En effet, la première traduction catalane est attribuée à Andreu Feber en 1429. Les traductions françaises et espagnoles datent également du XVe siècle. De fait, lorsque Perilhos rédige son Viatge, nous pouvons supposer qu’il ne connait pas l’existence de l’œuvre de Dante. C’est ainsi qu’au XIVe siècle deux conceptions infernales sensiblement divergentes cohabitent, sans jamais se rencontrer.

3. Le voyage dans tous ses états

3.1. Un perpétuel franchissement de frontières…

Le Viatge n’incarne pas seulement un voyage géographique, mais également un parcours à travers les langues et les cultures, à l’image de la vie même de l’auteur. Dès les années 1370, il exerce des missions diplomatiques en Europe occidentale et en Méditerranée pour le compte du roi Pierre IV d’Aragon puis de son fils24. Perilhos se trouve à Avignon, au service du pape Benoît XIII, lorsqu’il apprend la mort de Jean Ier d’Aragon et décide de se rendre en Irlande. Il est naturel pour lui qui « dans [s]a jeunesse a été élevé avec Charles de France25 », de faire étape à la cour française où il « reç[oit] des lettres de recommandation pour le roi d’Angleterre, qui était [le] gendre26 » de Charles VI. Après avoir passé quelques jours auprès de Richard II, Perilhos «  travers[e] de part en part [son royaume] sans prendre de repos27 ». De Chester, il fait voile vers l’Irlande. A Dublin, « grâce aux lettres du roi », il est chaleureusement accueilli par Roger Mortimer, « cousin germain de Richard d’Angleterre28 ». Celui-ci confie Perilhos à l’un de ses écuyers « qui [l’] a guidé à travers les terres que le roi d’Angleterre possède en Irlande29 ». Une fois à Drogheda, le roi Irlandais O’Neill lui « envoi[e] un sauf-conduit et l’un de ses chevaliers30 ». Finalement, Perilhos « pénètr[e] sur les terres des hérétiques sauvages où règn[e] le roi O’Neill31 ».

Ses relations haut-placées, son bagage d’ambassadeur et son statut de pèlerin, permettent au vicomte de franchir aisément les frontières politico-géographiques de plusieurs pays, dont certains sont ouvertement en conflit à cette époque-là. En revanche, seules les recommandations d’hommes d’église lui assurent un passage vers l’au-delà, puisque « la coutume est telle que personne ne peut y entrer, si ce n’est pour purger ses péchés, et ceci, avec le consentement de l’évêque du diocèse dans lequel se trouve le Purgatoire et celui de l’archevêque d’Armagh, primat d’Irlande32. » Mais Perilhos ne se contente pas de leur accord ; il n’entreprend son périple qu’une fois « obtenue la bénédiction du pape Benoît XIII33 ».

Depuis sa plus tendre enfance, Perilhos est habitué à passer d’une langue à l’autre et nous pouvons supposer qu’il était au moins trilingue. En effet, ses parents sont des nobles aragonais dont les propriétés se trouvent à Millas dans le Roussillon, c’est-à-dire proche de la frontière linguistique occitano-catalane. Tandis que la correspondance entre Jean I et Perilhos montre qu’ils communiquent en catalan, son éducation à la cour de France, ses nombreuses missions diplomatiques et son service auprès du pape Benoit XIII à Avignon l’ont certainement amené à parler non seulement français, mais également occitan. Nous ne pouvons dire s’il maîtrise l’anglais ou non. Lors de son séjour en Angleterre, il ne mentionne que ses rapports avec le roi et la reine et ces derniers parlent probablement tous les deux français. En revanche, il ne pratique pas l’irlandais et a recours à un intermédiaire pour communiquer, « Jean Talabot, qui connaissait la langue irlandaise et qui était [s]on interprète34 ».

Enfin, grâce à sa carrière d’ambassadeur, Perilhos est accoutumé à côtoyer des cultures différentes. Au retour de sa première mission diplomatique en Angleterre, il a été capturé et fait prisonnier dans le royaume de Grenade, d’où, très certainement, cette incise dans le Viatge :

Je me mis à parcourir le monde en quête d’aventures, sur toutes les terres de chrétiens et d’infidèles, qu’il s’agisse de Sarrazins ou d’autres sectes de la terre, où l’on peut raisonnablement aller. J’y ai traversé de grands périls et pris des risques, aussi bien sur terre qu’en mer, exécuté de nombreux travaux et été fait prisonnier en terres sarrasines et chrétiennes.35

Quoi qu’il en soit, il nous décrit les Irlandais comme des gens « nomades », « aussi sauvages que des bêtes36 », « en qui personne ne doit se fier37 » et dont « [les] coutumes nous paraissent étranges38 ». Il les assimile d’ailleurs aux « Sarrasins » dans leur manière de se battre. Serait-ce un rappel de ses propres expériences de guerre ? Ce rapprochement permet néanmoins aux lecteurs du Viatge de se représenter concrètement les Irlandais sous les traits connus de leurs « ennemis » proches en réactivant des caractéristiques dépréciatives : cruauté, barbarie…

3.2. … y compris de l’horizon d’attente

Alors que la descente au Purgatoire est généralement motivée par la préoccupation de l’homme pour le salut de son âme, Perilhos se soucie notamment du sort de celle de son suzerain. Aussi grande que leur amitié ait pu être, il est difficile de croire que l’entreprise de Perilhos pour retrouver Jean Ier au Purgatoire soit totalement désintéressée, notamment quand on sait que, quelques mois plus tôt, il était encore sur le banc des accusés. Il semblerait donc qu’une fois encore Perilhos ait fait un pied-de-nez à la tradition, laissant pour compte la piété sur l’autel de la diplomatie et de la réputation. L’invocation du motif de la descente aux Enfers n’est qu’un simulacre d’auto-absolution.

Le récit de l’itinéraire terrestre confirme cette volonté de paraître irréprochable, mais de fait, se dessine en contre point du voyage souterrain. En effet, ce voyage au cours duquel Perilhos fait étalage de ses relations prestigieuses et de l’aide qu’il a reçue afin d’impressionner les courtisans aragonais et de les convaincre de sa bonne foi, est à l’opposé de celui que l’on attendrait d’un vrai pèlerin, qui se voudrait le plus humble possible. L’austérité et l’âpreté du parcours infernal, aussi théoriques soient-elles, marquent un clair contraste.

De la même manière, si ce voyage cathartique induit chez Owein, le héros du Tractatus, une métamorphose radicale, puisqu’il abandonne sa vie dépravée pour celle d’homme de Dieu, cette perspective est beaucoup moins significative pour Perilhos. Il ressort de l’au-delà comme il y est entré, en homme mondain et assuré, à ceci près que la gloire d’être revenu vivant et absout l’auréole désormais. Dès son retour dans le monde, les réjouissances reprennent de plus belle : Noël en compagnie du roi O’Neill, joutes avec les nobles d’Europe et nouvelles missions diplomatiques.


Conclusion

À la fois dans la continuité de son modèle, le Tractatus, mais aussi dans l’innovation générique et dans la création, le Viatge est en perpétuelle mutation. La thématique autour de laquelle il s’articule, le Purgatoire, est elle aussi l’expression d’une conception de seuil spatio-temporel : seuil entre deux mondes, seuil entre deux rythmes, seuil entre des émanations de cultures distinctes. Seuil et carrefour de tout cela à la fois. Finalement, les frontières se révèlent fines et poreuses, se traversent et se transgressent.

Le Viatge est un entre-deux de la tradition dans laquelle il s’inscrit, un état passager. Sans marquer de rupture radicale formelle avec ses origines, son altérité ne fait pour autant aucun doute. C’est à la fois un récit de voyage, une esquisse d’autobiographie et une œuvre édifiante, écrit dans un but politique sinon judiciaire. Sans affirmer que Perilhos crée un nouveau genre littéraire, son ouvrage montre que le statut de l’entre-deux n’est jamais précis.


Notes

1 – Ramon a quitté Avignon en septembre 1397, et non 1398 comme il est écrit dans les versions du Viatge que nous possédons. « Nostre Senhor mial . CCC. XC VIII ., la vespra de Sancta Maria de septembre, obtenguda benedictio de papa Benezeyt XIII, partigui de la ciutat d’Avinho, ieu, Ramon, per la gracia de Dieu, vesconte de Perilhos e de Roda, senhor de la baronia de Serret, per anar al Purgatori de sanct Patrici. » [En l’an de la Nativité de notre Seigneur Mille trois cent quatre-vingt-dix huit, dans l’après-midi, le jour de la Sainte-Marie de septembre, une fois obtenue la bénédiction du Pape Benoît XIII, je quittai la cité d’Avignon, moi, Ramon, par la grâce de Dieu, vicomte de Perilhos et de Roda, seigneur de la baronnie de Céret, pour me rendre au Purgatoire de saint Patrice.] PERILHOS Ramon de, Viatge al Purgatori de sanct Patrici, manuscrit 894 conservé à Toulouse, 1466, fol. 1. Son voyage a environ duré un an. Nous ne savons pas de quand date le manuscrit autographe perdu, mais les témoins conservés datent de la première moitié du XVe siècle pour le manuscrit d’Auch, de 1466 pour le manuscrit de Toulouse et de 1486 pour l’incunable catalan.

2 – Nous connaissons des traductions en anglais, français, allemand, espagnol, néerlandais, italien, catalan et occitan. Concernant les réécritures, citons le Pèlerinage de Laurent Rathold de Pászthó de 1411 ou le roman Guérin Mesquin de Barberino certainement rédigé aux alentours de 1410.

3 – DI FEBO Martina, «  Il viage al Purgatori di Ramon de Perelhos e la questione dell’antigrafo oitanico », Carte Romanze, vol.1, n°1, 2013, p. 113-114 [en ligne, consulté le 10/05/2017]. URL : http://riviste.unimi.it/index.php/carteromanze/issue/view/476/showToc
« Spostando l’attenzione dalla tradizione latina del Tractatus a quella oitanica, ci si accorgeche il Visconte ha sicuramente tradotto dall’antico-francese. »

4 – Les chercheurs se divisent sur la question de la langue du manuscrit autographe. Finazzi-Agro penche pour une première rédaction en occitan, tandis que Colón préfère une version catalane. Quoi qu’il en soit, ces deux langues romanes sont extrêmement proches au Moyen Âge. Cf. FINAZZI-AGRO Ettore, « Originale provenzale o catalano ? Recenti contributi allo studio del Viagio al Purgatori di san Patrizio », Cultura neolatina, 34, 1974, p. 163-179 et COLÓN Germà, « Filiation des textes du Voyage au Purgatoire de Ramon de Perillós. Mise au point », Medioevo romanzo, 7, 1980, p. 429-440.

5 – Selon Juan Miguel Ribera Llopis, 3 traductions espagnoles sont conservées dans des manuscrits dont BNM, ms.10.825 et BNM, ms.11.087. « Viatge fet al Purgatori nomenat de Sant Patrici de Ramon de Perellós : traducciones tempranas y variaciones tardías peninsulares », dans Actas del IX Congreso internacional de la Asociación hispánica de literatura medieval a Coruña (2001), III, p. 443-454.

6 – O’SULLIVAN Philippe, Historiae catholicae Iberniae, Lisbonne, 1621.

7 – MONTALBAN Juan Pérez de, Vida y Purgatorio de san Patricio, 1627 ; Lope de VEGA, El mayor prodigio y purgatorio en la vida, 1627 ; Pedro Calderón de LA BARCA, El Purgatorio de san Patricio, 1627, ed. 1636.

8 – MANDEVILLE Jean de, Le Livre des merveilles du monde, édition critique par Christiane Deluz, Paris, Éditions du CNRS, 2000.

9 – PONSICH Pierre, « La bibliothèque de Ramon de Perellós, vicomte de Roda et de Perellos (v 1350-1408), auteur du Viatge al Purgatori (1398), Les Pays de la Méditerranée occidentale au Moyen-Age », Actes du 106e Congrès national des sociétés savantes, Paris, CTHS, 1983, p. 213-223.

10 – PERILHOS Ramon de, op. cit. fol. 24v : « E aquí vigui motz de mos companhos e motz que ieu conoyssia e de mos parens e parentas. E aquí ieu viguy lo rey Don Johan d’Araguo […] »

11 – TORRES Sara V., « Journeying to the world’s end ? », Mapping Medieval Geographies : Geographical Encounters in the Latin West and Beyond ; 300-1600, ed. Keith Lilley, Cambridge University Press, 2013, p. 302 : « […] [purgatory] occupies a middling space in the hierarchy of heaven, […] yet it is consigned to an earthly cartographic periphery. »

12Ibid. p. 307 : « […] [he] accentuates the cartographic extremity of the British Isles, especially that of Ireland ».

13Ibid. p. 314 : « […] he pushes [its] geographical extremity to the edges of the earth itself by making it the entrance of Purgatory. »

14Génèse 2, 8.

15 – TORRES Sara V., op. cit. p. 323.

16 – LE GOFF Jacques, op. cit. p. 781-782.

17 – PERILHOS Ramon de, op. cit. fol.3 : « qui intraria dedins ver confes e peneden seria quicti en I jorn e en Ia nuoch de totz sos peccatz e veyria los turmens dels malvatz e los gaugz e la gloria dels bos. »

18Ibid. fol.31v : « […] car aysso es senes retorn e sens fy.  »

19 – CHIFFOLEAU Jacques, « Quantifier l’inquantifiable, temps purgatoire et désenchantement du monde », Le Purgatoire, Fortune historique et historiographique d’un dogme, CUCHET Guillaume (dir.), éditions EHESS, Paris, 2012, p. 55.

20 – PERILHOS Ramon de, op. cit. fol.35 : « E las penedenssas que nos recebem avans de la mort, o a la mort, que nos non fazem pas en nostra vida, nos las avem acabadas en aquestz turmens segon so que nos avem fach. »

21 – LE GOFF Jacques, op. cit. p. 858-859.

22Ibid. p. 795.

23 – Expression empruntée au titre de l’ouvrage éponyme de Jacques Le Goff.

24 – FERRER I MALLOL Maria-Teresa, « Novedades per a la biografia de Ramon de Perellós, autor del Viatge al Purgatori de Sant Patrici », Miscel·lània en honor del Doctor Casimir Martí, Barcelona, Fundació Salvador Vives Casajuana, 1994, p. 215-230.

25 – PERILHOS Ramon de, op. cit. fol.1 : « en mon joven fory noyrit am lo rey Karles de Franssa ».

26Ibid. fol.7v : « ieu aguy letras de recomandacio al rey d’Anglaterra, que era son gendre ».

27Ibid. fol.8 : « loqual ieu travessiey tot ses repausar ».

28Ibid. fol.8v : « lo comte de la Marcha, que era cosi germa del rey Rechart d’Englaterra […] loqual me reculhic mot notablament, per las letras del rey de Englaterra. »

29Ibid. fol.9 : « loqualme menet per la terra que lorey d’Englaterra te en Yrlanda ».

30Ibid. fol.10 : « me trames sal conduch e hun de ssos cavalhiers ».

31Ibid. fol.10v : « ieu intriey en la terra dels iretges salvages, ont lo rey Yrnel senhorejava ».

32Ibid. fol.4v-5 : « La costuma es tala que negun non y pot intrar sino per purgar sos peccatz e am licencia de l’evesque e del archivesque d’Armanhac que es primat en Yrlanda e lo avesque es aquel en la diocesa delqual es lo Purgatori. »

33Ibid. fol.1 : « obtenguda benedictio de papa Benezeyt XIII ».

34Ibid. fol.9 : « Johan Talabot, que sabia la lenga de Yrlanda que era mon trocheman ».

35Ibid. fol.1v : « Ieu me mezi a seguir las aventuras del mon per totas las terras de crestias e de infizels, tant sarrasis quant d’autres de diversas sectas que son per lo mon, ont rasonablament se pot anar. […] I ey sostengutz grans perilhs e despens, tant en terra quant en mar, e motz trebalhs e preysos suffertadas en terra de sarrasis e de crestias. »

36Ibid. fol.2v : « mudants  », «  salvatgias gens coma si fosso bestias ».

37Ibid. fol.9 : « gen en que negusse degues fizar ».

38Ibid. fol 11 : « las lors costumas son a nos asses estranhas ».


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