Dans ce numéro 11, Littera Incognita propose de réfléchir au lien qui peut être mis au jour entre l’enquêteur·rice et l’artiste, et entre
l’enquêteur·rice et le·a récepteur·rice. La réflexion, au sein des productions artistiques, sur le rapprochement entre ces deux notions, invite à explorer les dispositifs artistiques et l’intermédialité de la création et de la réception. Les contributions de ce numéro s’attachent tout particulièrement à l’étude de la fabrique du·de la lecteur·rice, de l’auditeur·rice et du·de la spectateur·rice par les processus de création, ainsi qu’aux modalités de co-construction de l’œuvre par le·la récepteur·rice-enquêteur·rice.
Penser l’œuvre dans son rapport à l’enquête ne revient pas seulement pour l’artiste à envisager sa démarche comme une investigation autocentrée ou tournée vers la réalité qui l’entoure, ou pour
le·la récepteur·rice à appréhender l’œuvre à la manière d’un·e détective. Il s’agit ainsi de creuser les nuances de recherche,
l’organisation, la découverte et la dissimulation d’informations, le rapport avec les témoins ainsi que leur absence, mais aussi la relation complexe qui se tisse entre l’artiste et le·a spectateur·rice dans la tension de l’enquête. Créer, c’est également enquêter sur soi, mettre en scène sa propre introspection. De la même manière, la réception de l’œuvre constitue tout autant une plongée dans l’intimité suggérée ou réinventée de l’artiste, qu’une re-découverte de soi.

Ce numéro ne se limite pas à l’investigation policière, mais prend également en compte les enquêtes sociologiques, anthropologiques, documentaires, mises en lien avec des pratiques artistiques. Certaines contributions se penchent également sur les introspections autobiographiques ou autofictionnelles, ainsi que sur les essais centrés sur une recherche du moi.