Themis (Targassonne – 66)

juin 2009 :

Opération d’archéologie préventive

Méthodes : DGPS, Prospection géophysique électrique, Prospection géophysique magnétique, photographie aérienne au cerf-volant, Tranchées mécaniques
Direction : Olivier Passarrius (Pôle Archéologique – Conseil Général des Pyrénées-Orientales) et Pauline Ilhes
Collaborations :
* Archéologie – CNRS – Laboratoire FRAMESPA (UMR 5136) : Christine Rendu, Carine Calastrenc
* Géophysique – Observatoire Midi-Pyrénées – Laboratoire GET (UMR 5563) : Muriel Llubes, Clara Jodry, Pauline Bréard
* Géomorphologie – CSIC – Instituto de Ciencias de la Tierra Jaume Almera : Ramon Julia

 

Depuis plus de deux décennies, la Cerdagne française (Fig 1) constitue un terrain de recherche expérimental sur la structuration des terroirs agro-pastoraux de montagne du Néolithique à nos jours.

(Fig.1 – Localisation Cerdagne française)

Ces recherches s’articulent autour des questions de l’établissement des grandes séquences d’anthropisation, de leurs chronologies, sur l’étude des formes et des fluctuations des parcellaires et des relations entre les terroirs et les habitats proches (Bal et al., 2011 ; Conesa, 2012 ; Galop, 1998 ; Mazier et al, 2009 ; Rendu 2003 ; Rendu 2009). En 2009, un projet d’extension de la centrale solaire de Targasonne (Pyrénées-Orientales, France) a été lancé et a impliqué une opération de diagnostic archéologique. Comme le montre la Figure 2, le secteur étudié est une vaste zone herbeuse de 10 hectares, située entre 1650 et 1700 mètres d’altitude, sur les pentes du pic dels Moros. Elle est divisée en deux ensembles : une partie relativement plane au sud et une zone terrassée au nord. Quatre devèses (espace de pâtures, mis en défend, utilisés en automne et au printemps, voir Conesa, 2010) la structurent : les devèses sud (2 hectares) et centrale (3 hectares) au sud ; la devèse nord, qui a la particularité de paraître actuellement ouverte à l’ouest (5,7 hectares) et est (0,3 hectare) centrées sur les terrasses.

Fig2_TIFF

(Fig. 2 – Site étudié)

Dans la partie sud se trouvent les vestiges d’un village médiéval connu dans la documentation historique sous le nom de Vilalta, dont les ruines et une partie du finage ont été réaménagées en zone agro-pastorale après son abandon. Ce site a été inventorié et étudié en 1979 par Pierre Campmajo et l’équipe du GRAHC lors du projet de création de la centrale solaire de Targasonne (Campmajo, 1979).

Alors que le finage du village a été approché suivant une méthode un peu plus classique pour ce genre d’opération archéologique (prospection de surface au DGPS -Differential Global Position System- suivie d’un sondage mécanique systématique), le Service Régional d’Archéologie Languedoc-Roussillon a prescrit d’avoir un impact le moins invasif possible sur la zone du village. Cette obligation a imposé la mise en place d’une planification du travail en deux grandes phases : prospection et ouverture de tranchées mécaniques.

La prospection a opéré par une combinaison d’approches spécifiques : un relevé systématique des indices de structures anthropiques visibles en surface à l’aide d’un DGPS, une cartographie électrique permettant le repérage des structures enfouies, et enfin l’étude d’une photographie aérienne de 1977 qui laissait voir des substructures.

En croisant les interprétations, et en confrontant les indices archéologiques, on bénéficie d’un effet de synergie méthodologique qui permet d’affiner le diagnostic de la zone étudiée, par rapport à l’utilisation d’une seule technique. Les informations utilisées sont donc issues de sources très diversifiées, ayant chacune ses propres spécificités.

A la fin de l’étude, ce qui est obtenu est une carte qui permette de visualiser la qualité de l’information et de s’interroger sur la qualification des structures aperçues au moyen des différentes méthodes mises en pratique. Le résultat donne aussi une estimation de la fiabilité avec laquelle une structure a été détectée.

Themis - sondage mécanique - crédits photo : O. passarrius (Pôle archéologique - CG66) Thémis - sondages mécanique - - crédits photo : O. passarrius (Pôle archéologique - CG66) Thémis - prise de vue aérienne au cerf-volant - crédits photo : O. passarrius (Pôle archéologique - CG66)

Analyse spatiale, DGPS, Etude documentaire, Fouille archéologique, Géophysique, Multi-méthode, Photographie aérienne, SIG , , , , , , , , , , , , , , , , , , , ,

Themis (Targasonne – 66)

juin 2009 :

Opération d’archéologie préventive

Méthodes : DGPS, Prospection géophysique électrique, Prospection géophysique magnétique, photographie aérienne au cerf-volant, Tranchées mécaniques
Direction : Olivier Passarrius (Pôle Archéologique – Conseil Général des Pyrénées-Orientales) et Pauline Ilhes
Collaborations :
* Archéologie – CNRS – Laboratoire FRAMESPA (UMR 5136) : Christine Rendu, Carine Calastrenc 

Une campagne de prospection pédestre au DGPS a été ralisé sur le site du village médiéval de Vilata (Targasonne – Pyrénées-Orientales – 66)

Prospections terrasses Vilalta

 

Analyse spatiale, DGPS, prospection, SIG , , , , , , , , , , , , , , ,

Chantier Histoire

Cette année, le chantier d’histoire a rassemblé étudiants et chercheurs de Terrae autour des « Compoix et terriers d’Odars ». Les travaux se sont axé sur l’enregistrement, le traitement, l’analyse et l’exportation sous SIG des données.

Chantier Histoire 2009

Organisateur : Marc Conesa, Florent Hautefeuille, Jean-Loup Abbé

Etude documentaire, SIG , , , , ,

Cortal de Llo

Une campagne de prospection pédestre au DGPS a été réalisé sur la zone située entre village et estive (zone des cortals) de la commune de Llo (66 – Pyrénées-Orientales). L’objectif a été de relever tous les indicateurs d’anthropisation visibles ne surface quelque soient leur état de conservation.  Ces relevés ont été réalisé au DGPS.

(C. Rendu – C. Calastrenc)

Prospection pédestre au DGPS

Prospection pédestre au DGPS

 

oscillation_temporelle [Converti] oscillation_spatiale [Converti] HabitatCortal des Pou (LLo - 66)

Analyse spatiale, DGPS, prospection, SIG , , , , , , , , , , , , , ,

Chantier Histoire

Cette année, le Chantier d’Histoire change de thème et s’oriente sur l’études des compoix et terriers de la commune d’Odars en Haute-Garonne. Les futurs chantier d’Histoire vont s’orienter autour de l’enregistrement dans une BDD dédiée, le traitement, l’analyse et l’exportation sous SIG des informations contenues dans ces documents.

Chantier Histoire 2008

Organisateur : Mac Conesa, Florent Hautefeuille, Jean-Loup Abbé

 

Etude documentaire, SIG , , , , ,

Prospection pédestre et sondages – estive d’Anéou (vallée d’Ossau – 64)

* Aneou (Commune de Laruns, syndicat pastoral du Bas-Ossau). C. Calastrenc et M. Le Couédic (coordination au sein du PCR : C. Rendu)

Les travaux d’archéologie pastorale entrepris à Anéou depuis 2004 sont inclus dans le PCR « Dynamiques sociales, spatiales et environnementales dans les Pyrénées centrales » co-dirigé par Ch. Rendu et D. Galop (CR au CNRS). Ils visent à saisir, à partir d’une zone atelier restreinte (l’estive d’Anéou), l’histoire et les transformations des systèmes d’estivage de la haute vallée d’Ossau dans la longue durée. La première étape de cette recherche comprend la prospection exhaustive des 1256 ha de ce quartier de pâturage (débutée en 2004) et la datation, par sondage, des principaux types de sites observés à partir des relevés de surface (entrepris depuis 2005).

Fin 2006, 11 sondages avaient été réalisés qui documentaient principalement, l’âge du Bronze, la transition Antiquité/Haut Moyen âge  et l’époque moderne. Les travaux 2007 se sont structurés sur les bases des deux campagnes précédentes (2005 et 2006). 18 sondages archéologiques ont été réalisés en première partie de campagne ; la deuxième partie a permis l’achèvement des prospections pédestres systématiques de l’estive avec GPS différentiel.

 

Principaux résultats des sondages

Les 18 sondages réalisés visaient essentiellement à documenter le hiatus du VIIe au XVIIe siècle de notre ère. La difficulté à repérer, d’après les images de surface des sites, une catégorie d’arasement intermédiaire entre les structures à micro-relief et celles conservées sur plusieurs niveaux d’assises a contraint à choisir les constructions apparaissant comme les plus anciennes des structures en élévation. Ces dernières ont fait l’objet de 10 des 18 sondages réalisés. Les 8 autres sondages ont été consacrés à des structures à l’état de micro-relief et visaient à compléter l’approche diachronique des entités et des secteurs abordés.

 

 Cabane La Glère

L’entité 20, un ensemble pastoral homogène et monophasé, est composée de trois structures : la structure 40 (une cabane), la structure 41 (un enclos), la structure 42 (un couloir de traite). La structure 40 a fait l’objet d’un sondage en 2005. En 2007, un nouveau sondage a été réalisé sur la face sud de la structure 42 (structure très arasée, visible par un micro-relief et un alignement de pierre). Tout comme le sondage de 2005, le caractère anthropique de la structure 40 a pu être observé, mais aucun niveau d’occupation n’a été identifié avec certitude.

L’entité 36, hétérogène et polyphasée, comprend 6 structures présentant des états de conservation différents. D’après les observations faites en surface, ces structures pourraient se regrouper en trois ensembles : les structures 101 (une cabane) et 103 (un enclos) ; la structure 102 (un enclos) ; les structures 104, 105 et 106 (sans détermination fonctionnelle sur les seules données de surface). Deux sondages ont été réalisés : un sur la face nord-est de la structure 101 (une structure de 17 m² intérieurs dont les murs à double parement faits par empilement de dalles de calcaire et de pierres boutisses sont conservés sur 6 à 7 niveaux d’assisses) et un sur la face sud de l’enclos 102 (construction de 36 m² intérieurs dont le parement externe est constitué d’une superposition assez frustre de blocs de calcaire ; la face interne étant réalisée avec des dalles posées de chant). Le sondage entrepris dans la structure 101 a permis d’identifier un seul niveau d’occupation (un foyer) sans qui n’ai été possible de percevoir le niveau de circulation associé. Le sondage fait dans la structure 102 a également révélé un seul niveau d’occupation.

L’entité 186, qui se trouve à environ 50 m à l’ouest de l’entité 36, est monophasée. Elle est constituée de la seule structure 487, de 18 m² intérieurs dont les murs sont conservés sur trois niveaux d’assisse et qui a été identifiée en prospection comme un enclos. Un seul niveau d’occupation a été perçu non pas par la présence de mobilier archéologique ou de résidus carbonés, mais par l’étude des relations stratigraphiques.

 

Caillaoulat

L’entité 181 est un ensemble vaste et complexe de 9 structures qui se répartissent sur 1200 m² : un groupe de 3 enclos accolés (str. 442 à 444) ; un deuxième groupe de 3 autres enclos et d’une cabane imbriqués (str. 445 à 448) ; une quebe légèrement excentrée (str. 441). Les limites nord-est et sud de cet ensemble sont formées par des murs effacés (str. 440 et 449). Un sondage a été réalisé à l’intérieur de la structure 446 (une construction de 6 m² dont les murs sont conservés sur 3 à 4 niveaux d’assise). Un niveau d’occupation y a été identifié dans lequel a été mis au jour du mobilier archéologique (fragments de céramique).

L’entité 182 est monophasée. Elle comprend une seule structure (structure 450) visible par un micro-relief et quelques pierres affleurantes qui délimitent un espace intérieur de 7 m². Le sondage effectué sur sa face sud a permis l’identification d’un seul niveau d’occupation.

 

 La Gradillière

L’entité 38 se compose de trois structures accolées dont les états de conservation sont différents : la structure 113 (un enclos long et étroit), 114 (un possible abri ou annexe inclus dans le périmètre intérieur de la structure 113) et 115 (un alignement de pierres qui laisse entendre la présence d’un possible enclos antérieur aux deux précédentes structures). Un sondage a été entrepris sur la face nord de la structure 113 et a révélé deux niveaux d’occupation, reconnus pour le plus récent par l’étude des relations stratigraphiques et pour le plus ancien par la présence de matériel archéologique (fragments de céramique non-tournée, éclats de silex et des résidus carbonés).

L’entité 41, composée de 5 structures, est complexe et hétérogène. Le premier groupe est constitué de deux structures accolées (les str. 120 et 121 : un enclos et son annexe) et le deuxième groupe, situé à 3 m à l’est du premier groupe se compose des 122, 123 et 124 (de possibles enclos accolés, visibles par un micro-relief et des alignements de pierres). Un sondage a été réalisé au niveau du mur mitoyen des structures 120 et 121. Il a montré, pour chacune d’entre elle, un seul niveau d’occupation.

L’entité 171, située sur un léger « monticule », s’organise autour de deux agencements en connexion, visibles par un micro-relief et quelques pierres affleurantes : la structure 403 (un enclos de 98 m²) et la structure 404 (petite construction de 2 m² imbriquée dans la face nord-est de l’enclos 403). Elles ont livré du mobilier archéologique (fragments de céramique non-tournée et éclats de silex), mais les indices sont trop tenus pour affirmer la présence d’un niveau de fonctionnement. Afin de mieux appréhender l’enchaînement stratigraphique observé pendant la fouille, confirmer et/ou infirmer le caractère anthropique des dépôts, un deuxième sondage a été réalisé à 2,50 m au sud-est de ces deux structures : le sondage 489. Il a confirmé la présence d’un épais niveau de colluvions/alluvions, sans doute à l’origine du « monticule » sur lequel sont établi les structures 403 et 404. La répartition du mobilier archéologique confirme le caractère non structuré des dépôts qui pourrait alors provenir du démantèlement, par le cours du ruisseau, d’un ou de plusieurs site(s) proche(s).

L’entité 172 présente une superposition de structure : la 488 (très arasée visible par un micro-relief et une légère dépression centrale) et la structure 405 (une cabane de 12 m² dont les murs sont conservés sur deux niveaux d’assise). Un sondage a été réalisé dans ces deux structures (sur leurs faces est) et a livré, pour chacune d’elle, un niveau d’occupation. De plus, dans le sondage de la structure 488, une concentration de charbon qui pourrait être le cendrier d’une structure de combustion proche a été identifiée.

 

Tourmont

L’entité 140, monophasée, comprend un abri sous falaise (la structure 333) de 6m² dont les murs sont conservés sur deux niveaux d’assise. Le sondage qui y a été réalisé a révélé un niveau d’occupation et du mobilier archéologique (verre, fragments de toile goudronné, métal).

La structure 334 de l’entité 141, située à 20 mètres au sud-ouest de l’entité 140, est du même type que cette dernière : un abri sous falaise. Trois phases d’occupation y ont été reconnus : les phases 1 et 2, qui ont chacune livré un niveau d’occupation et du mobilier archéologique (verre, métal, céramique, mobilier osseux) ; quant à la troisième phase, il a été impossible de faire la part entre niveau de fonctionnement et niveau de nivellement.

L’Entité 149 complexe et polyphasée, se compose de sept structures de conservation identique (micro-reliefs) dont deux enclos, mitoyens de trois alvéoles, et d’une structure en élévation (une cabane, postérieure à ce premier ensemble, qui a fait l’objet d’un sondage en 2006). La structure 350 (l’une des 3 alvéoles) avait livré en 2006 un niveau de sol bien marqué avec des fragments de céramique non tournée. Ce sondage, poursuivit en 2007, à confirmer la présence d’une seule et unique phase d’occupation. Un autre sondage a également été ouvert sur la structure 348 (une alvéole de 6 m de diamètre) qui a livré un niveau d’occupation (un sol et de nombreux éléments de mobilier archéologique -céramique non tournée, verre, matériel osseux, métal-).

 

Les datations obtenues en 2007

Les 22 niveaux d’occupation repérés lors de ces 18 sondages ont été, à 76 % (soit 17 niveaux) datés. 14 niveaux d’occupation l’ont été par analyse au 14C (les entités 36 et 186 du secteur de La Glère ; les entités 38, 41 et 172 du secteur de La Gradillière ; la phase 3 de la structure 334 et l’entité 149 du secteur de Tourmount ; les entités 181 et 182 du secteur de Caillaoulat) et 3 d’après l’étude du mobilier archéologique (la structure 333 et les phases 1 et 2 de la structure 334 du secteur de Tourmount). 5 structures n’ont pas été datées soit par manque de résidu carboné soit parce-que la détermination du niveau d’occupation a été trop litigieuse.

Ces datations commencent à éclairer la transition Moyen âge/Epoque Moderne. Outre, la structure 334 dont l’occupation moderne repose sur un niveau datée des XVe-XVIIe siècles qui peut être soit une occupation, soit un remblai, cette transition est essentiellement documentée par les entités 36 de La Glère (dont la structure 102 datée du XIIIe siècle et la structure 101 datée des XVIIIe-XXe siècles) et 172 de La Gradillière (la structure 488 datée des XVe-XVIIe siècles et la structure 405 datée des XVIIe-XXe siècles). Quant aux structures de l’époque Moderne/contemporaine (XVIIe-XXe siècles), elles sont de mieux en mieux cernée : entité 38 (1er phase de la structure 113), l’entité 41, l’entité 140 et la structure 446 de l’entité 181.

Les occupations anciennes ont également été documentées : à La Gradillière (2ème phase de la structure 113 datée des XVIIIe-XVIe siècles avant notre ère ; le mobilier archéologique découvert céramique non-tournée et fragments de silex d’allure protohistorique dans le sondage effectué dans les structures 403 et 404 et le sondage 489), à Caillaoulat (la structure 450 de l’entité 182 datée des XVIe-XIVe siècles avant notre ère) et à Tourmount où la reprise des sondages de 2006 ont confirmé l’occupation du site aux IVe-VIIe siècles de notre ère.

 

Principaux résultats des travaux  2005-2007

Au terme de l’année 2007, il est possible de considérer que la phase de prospection-inventaire d’Anéou est achevée. Les 40% restant du territoire à parcourir (soit les zones les plus hautes et les plus pentues) n’ont livrée aucun site ou indice de site.

Les trois campagnes de sondage 2005-2007 auront permis de sonder 27 structures appartenant à 17 entités et de documenter 29 niveaux d’occupation qui éclairent trois périodes principales : l’âge du Bronze (5 dates), Antiquité-Haut Moyen âge (4 dates) et époque Moderne/contemporaine (13 dates). Reste une date pour la fin de l’âge du fer, une date pour le Moyen âge central et deux dates correspondant à la transition Bas Moyen âge/époque Moderne. La date néolithique appartient à un contexte a priori remanié. Les deux dates obtenues sur les structures 40 (III-Ve siècles de notre ère) et 487 (IX-VIIIe siècles avant notre ère) ne caractérisent pas une occupation mais donne simplement des terminus post-quem.

Le référentiel chronotypologique issus de ces sondages archéologiques est maintenant suffisant pour clôturer cette première phase et envisager le passage à des fouilles extensives.

Analyse spatiale, DGPS, Fouille archéologique, Multi-méthode, prospection, SIG , , , , , , , , , , , , , , , , , ,

Programme Collectif de Recherches – « Dynamiques sociales, spatiales et environnementales dans les Pyrénées centrales »

Programme Collectif de Recherches – « Dynamiques sociales, spatiales et environnementales dans les Pyrénées centrales »

(Dir. Ch. Rendu -Laboratoire Framespa (UMR 5136) et D. Galop – Laboratoire Geode)

  Ce PCR succède aux deux années d’études préalables entreprises en 2004 et 2005 sur les vallées de Béarn et Bigorre. Il vise à poursuivre ces recherches dans un cadre pluriannuel et avec un véritable croisement des données acquises sur les différents chantiers. L’ensemble des travaux se place dans une perspective résolument interdisciplinaire et a pour objectif, à partir de transects réalisés à des échelles spatio-temporelles adaptées à chaque source (archéologique, historique, paléoenvironnementale), d’appréhender les processus et les logiques de transformation des paysages et des systèmes d’exploitation montagnards dans la longue durée. Le PCR repose sur 3 ateliers thématiques : paléoenvironnement et dynamiques de l’anthropisation (sous la direction de D. Galop) ; archéologie pastorale et systèmes d’estivage (C. Rendu, C. Calastrenc et M. Le Couédic) ; archéologie minière et métallurgique (A. Beyrie et E. Kammenthaler). Le quatrième atelier est un atelier de confrontation des données, dont la première session est programmée à Pau en juin 2007.

Les questions communes à l’ensemble de ces ateliers concernent en premier lieu les rythmes d’exploitation des ressources agro-sylvo-pastorales et minières, qu’il faut établir et dont il faut mesurer la généralité ou la singularité  par des comparaisons entre vallées. Une fois ces rythmes identifiés, la démarche consiste à détecter les seuils, chronologiques et spatiaux, susceptibles d’indiquer un basculement d’un système à un autre : où et quand ces basculements se produisent-ils, quelles nouvelles formes de complémentarités mettent-ils en place ? En d’autres termes, de quelles trajectoires, singulières ou globales, résulte l’étagement que les géographes du début du XXe siècle ont appréhendé dans les termes d’une conquête progressive des versants ? Passer de ces rythmes et de ces seuils à une vision spatiale et sociale est l’enjeu final du programme. C’est ici que le croisement des sources s’impose plus particulièrement. Mais il faut procéder par étapes, ou en tout cas de façon sectorielle, c’est-à-dire construire d’abord des séquences autonomes par discipline. Les relations à interroger sont alors celles qui unissent formes de l’impact anthropique sur les paysages, systèmes agro-sylvo-pastoraux d’exploitation, réseaux de peuplement, organisations territoriales et hiérarchies sociales (autour de la question clé des formes d’accès aux ressources collectives).

Les recherches paléoenvironnementales, d’archéologie pastorale et d’archéologie minière s’effectuent selon des logiques de terrain différentes, qui entraînent des calendriers décalés. Pour prendre les deux extrêmes, les temps de terrain et de laboratoire sont à peu près inverses en paléoenvironnement et en archéologie pastorale. Si la prospection des tourbières est assez rapide et permet à court terme l’enregistrement des principales archives sédimentaires au long de plusieurs transects valléens, en archéologie, la prospection systématique, la nécessité d’une approche systémique pour une compréhension des relations entre sites, enfin les impératifs d’un raisonnement chronotypologique et fonctionnel, imposent des interventions plus longues sur des espaces plus réduits. L’un des objectifs de l’atelier 4 est de parvenir à combiner ces différentes échelles.

D’un point de vue paléoenvironnemental, deux transects auront été réalisés  au terme du programme, qui documenteront sur toute leur étendue les vallées d’Ossau et du Gave de Pau. Ils s’appuient en vallée d’Ossau sur les tourbières de Gabarn (300 m d’altitude), Benou (881 m), Piet (1150 m), Portalet et Anéou (2000 m) ;  et pour le Gave de Pau  sur les  tourbières de Lourdes et Col d’Ech en piémont, du col de Bordères (1170 m) en Val d’Azun , de Saugué (1600 m), La Holle (1545 m, dans une zone de granges) et Troumouse (2120 m).

En archéologie pastorale, l’essentiel des recherches s’est centré sur l’estive d’Anéou en haut Ossau, avec pour objectif fin 2007 l’achèvement des prospections – relevés systématiques et la réalisation d’une série de sondages suffisante (une vingtaine) pour permettre un premier tri chronologique des sites à partir de leur image de surface. C’est sur la base de ces diagnostics que l’on passera aux fouilles en extension.

 

En archéologie minière, les deux premières années ayant permis la prospection et l’inventaire de 28 sites sur la vallée d’Ossau, les recherches de cette première année de PCR se sont consacrées à la vallée d’Aspe.

 

Résultats

Les premiers résultats paléoenvironnementaux concernent les tourbières de Gabarn et de Piet en vallée d’Ossau, et de Saugué et Troumouse en vallée du Gave.

L’enregistrement de Piet remonte aux premiers stades de la déglaciation de la vallée et documente d’une manière fine les étapes successives de la reconstitution végétale depuis le Dryas ancien (14000 BP). Du fait de la compacité du sédiment, il est par contre encore difficile d’y déceler avec précision les dynamiques d’anthropisation. Toutefois, les premières manifestations d’activités agro-pastorales y sont notées discrètement vers 2500 av. J.-C. Elles s’intensifient considérablement durant la période médiévale (vers le  X° s.) où combinées à des incendies importants, elles occasionnent une déforestation importante de la hêtraie sapinière tandis que l’exploitation  de la forêt aux abords de la tourbière semble localement atteindre  son apogée durant les XVI-XVII° siècles.

C’est sans aucun doute la séquence de Gabarn qui, en raison de sa dilatation, livre les informations les plus pertinentes sur les principales étapes de l’anthropisation de la vallée d’Ossau. Si les premières manifestations locales d’activité humaine, enregistrées vers 5800 av. J.-C., méritent des vérifications en raison de leur précocité, la tourbière révèle, selon des rythmes impossibles à détailler ici, une anthropisation de plus en plus nette à partir de 4300 av. J.-C. avec des signaux récurrents d’essartages ou de cultures sur abattis-brûlis. Ces pratiques connaissent une intensification durant le Bronze ancien et le Bronze moyen. Le développement des forêts secondaires post-culturales indique alors un système forestier à jachères longues, qui perdure jusque vers 1100 av. J.-C. Il s’efface durant l’Âge du Fer, mais sans disparition complète des essartages, au profit d’un système à jachères herbeuses voire à prairies permanentes. Après un épisode antique relativement atone, les IV°-V° siècle de notre ère marquent un redémarrage qui se poursuit durant le haut Moyen-Âge et jusqu’aux IX-X° siècles. Dès lors, l’augmentation constante des marqueurs polliniques de l’anthropisation indique une pression agro-pastorale continue et croissante jusqu’au XVI° siècle. A partir du XVII° siècle, les taxons forestier et en particulier le hêtre sont éliminés des environs du plateau. La disparition du signal incendie au même moment indique un arrêt des défrichement dans une espace désormais totalement anthropisé.

 Les enregistrements sédimentaires étudiés en vallée du Gave — Saugué et Troumouse — constitueront, avec les séquences à venir de Bordères, du Col d’Ech, de la Holle  et du lac de Lourdes, le transect paléoécologique le plus pertinent acquis sur la chaîne pyrénéenne.

Saugué et Troumouse ne couvrent pas en continu les mêmes périodes. Le début de Troumouse est daté de 2130 av. J.-C. et seul Saugué documente le Néolithique. Un hiatus de près d’un millénaire interrompt en revanche cette dernière séquence, entre le 5e s. av. J.-C. et le début du 6e s. de notre ère. Les données livrées par ces deux tourbières permettent néanmoins,  sur de longues plages temporelles communes, une lecture étagée des processus d’anthropisation. Elles mettent en évidence l’existence d’une construction progressive des paysages agro-pastoraux démarrant dès l’Âge du bronze par un déboisement et une utilisation avant tout pastorale des zones intermédiaires et par la création des estives d’altitudes. Ce processus s’amplifiera graduellement par paliers successifs jusqu’au IXe siècle, mais cette dynamique est entrecoupée de périodes de replis durant l’Âge du fer et les VII-VIIIe siècles, périodes pour lesquelles les données paléoenvironnementales reflètent des épisodes de ralentissement des activités, d’enfrichement, voire de reforestation, dont les causes pour le plus ancien de ces évènements semblent reposer sur l’installation de conditions climatiques défavorables.

Les résultats des ateliers archéologiques sont présentés dans ce Bilan Scientifique aux communes d’Accous pour l’archéologie minière et de Laruns pour l’archéologie pastorale. Nous y renvoyons le lecteur.

Concernant l’exploitation pastorale de l’estive d’Anéou, les données se concentrent pour l’instant sur les deux périodes du Bronze final et de l’Antiquité tardive. Pour le Bronze final, les trois structures datées, qui participent d’un ensemble visiblement important, s’inscrivent dans un schéma très général d’intensification du pastoralisme à haute altitude, que l’on observe désormais à l’échelle de toutes les Pyrénées ainsi que dans le massif alpin. Le caractère très structuré des occupations de l’Antiquité tardive, qui correspondent toutes deux à des sites de plan complexe, est plus inattendu mais s’accorde au redémarrage précoce des activités agro-pastorales dont témoignent les données polliniques, pour l’instant un peu lointaines toutefois, de la séquence de Gabarn. Au regard de la documentation écrite de la vallée d’Ossau, comme des enregistrements sédimentaires de Piet et de Gabarn, la difficulté à saisir les implantations du plein Moyen Âge est en revanche étonnante, aucun sondage n’ayant pour l’instant documenté cette période. Ce sera l’un des objectifs prioritaires de la dernière campagne de sondages, en  2007, que de tenter de l’appréhender.

Les prospections minières et métallurgiques sur la vallée d’Aspe ont mis en évidence, à partir de la recension de 26 sites et de la documentation précise de 12 d’entre eux, une exploitation  variée (cuivre, argent, plomb, manganèse, fer…), mais sans mines de grande envergure, et qui repose plutôt  sur une kyrielle de recherches et de travaux faiblement développés sur des gisements métallifères peu étendus. Comme pour l’Ossau, les seules phases d’exploitation datables par la prospection et le relevé se concentrent sur les périodes moderne et contemporaine. La nécessité de combiner cette approche qualitative fine des derniers siècles avec une perspective de plus longue durée conduit à s’orienter, en 2007, vers des sondages à visée chronologique sur les sites présentant des indices d’exploitations potentiellement plus anciennes. C’est le cas de Baburet en vallée d’Ossau, où des traces d’ouverture au feu sont associées des ferriers situés à l’écart des cours d’eau, et de Cauziat en vallée d’Aspe, où l’exploitation du 18e s. semble avoir recoupé des travaux antérieurs, ouverts au feu et démarrés à l’affleurement. Ces données pourront être corrélées avec les résultats des mesures géochimiques effectuées sur la tourbière de Gabarn, dans le but d’évaluer, grâce aux concentrations et aux variations des signaux isotopiques de plomb, les paléopollutions atmosphériques liées aux activités minières et/ou métallurgiques.

La deuxième année du PCR permettra d’engager les premières comparaisons entre ces nouvelles données acquises sur la montagne et les données archéologiques et historiques disponibles à l’échelle régionale. Elle devrait aboutir à la mise en place d’ateliers transversaux, centrés sur des corpus documentaires restreints, visant à affiner la question des modèles sociaux et territoriaux envisageables pour chaque période.

Christine Rendu, Didier Galop, Argitxu Beyrie, Carine Calastrenc, Carole Cugny, Eric Kammenthaler, Mélanie Le Couédic.

 

Analyse spatiale, DGPS, Etude documentaire, Fouille archéologique, Multi-méthode, Photographie aérienne, SIG , , , , , , , , , , , , , , ,

Prospection inventaire et sondages – Estive d’Anéou (Vallée d’Ossau – 64)

* Aneou (Commune de Laruns, syndicat pastoral du Bas-Ossau). C. Calastrenc et M. Le Couédic (coordination au sein du PCR : C. Rendu)

 Prenant part au PCR « Dynamiques sociales, spatiales et environnementales dans les Pyrénées centrales », les travaux d’archéologie pastorale entrepris à Anéou depuis 2004 visent à saisir, à partir d’une zone atelier restreinte, l’histoire et les transformations des systèmes d’estivage de la haute vallée d’Ossau dans la longue durée. La prospection exhaustive de ce quartier de pâturage (1256 ha) et la datation par sondage des principaux types de sites observés à partir des relevés de surface, sont les premières étapes d’une recherche qui passera ensuite à des fouilles exhaustives permettant une approche fonctionnelle plus précise. En 2005, les prospections avaient permis de recenser 61 entités ou sites totalisant 187 structures, sur une superficie équivalant à 38% du vallon d’Anéou. Parallèlement, cinq premiers sondages avaient été ouverts, qui avaient documenté notamment trois structures de l’Âge du Bronze. Les travaux 2006 sont partis sur ces bases. Six nouveaux sondages archéologiques ont été effectués en première partie de campagne et 75 nouveaux sites ont été découverts lors des prospections.

Principaux résultats des sondages

 Les six sondages ont été ouverts dans les structures d’habitat de trois entités complexes. Il s’agissait d’obtenir une première image stratigraphique de sites laissant envisager, d’après leurs états de surface, différentes phases d’occupation. Ont ainsi été sondées : à Cabane la Glère,  les structures 61 et 63 de l’Entité 27bis (1899 m), et les structures 84 et 87 de l’entité 32 (1860 m) ; à Tourmont, les structures 347 et 350 de l’Entité 149 (1780 m).

 

 Cabane La Glère

Les structures 61 et 63 de l’Entité 27bis sont accolées aux deux extrémités d’un enclos très effacé. Elles ont toutes deux livré un seul niveau d’occupation. la structure 63 (9m2 intérieurs, murs en double parement très arasés avec blocage interne, un peu de mobilier) relève visiblement d’un habitat ; la structure 61 en revanche (18 m2, élévations en tas de charge et boutisses entrecroisées, conservées sur 3 à 4 assises, sol de cailloutis) s’apparente à un petit enclos, certainement plus récent.

L’Entité 32 présente 11 structures, identifiées d’après les relevés de surface comme 3 enclos jointifs, auxquels est accolé un ensemble de 5 alvéoles semblant former un habitat complexe. S’y ajoutent, 5 m à l’Est un ensemble de deux cabanes formant un tertre plus marqué que les autres structures, très arasées. Le sondage de la structure 84 (l’une des alvéoles) a livré un niveau de fonctionnement assez net, comportant un petit mobilier archéologique qui conforte l’hypothèse d’une cabane de petite taille (6m2 intérieurs). C’est aussi à une cabane que se rapporte la structure 87 (l’une des deux cabanes à l’Est). Elle est caractérisée par un niveau de fonctionnement, une architecture avec un possible parement interne de dalles de chant, du petit mobilier archéologique.

 

Tourmont

L’Entité 149 est également complexe, puisqu’elle se compose de sept structures de conservation identique (micro-reliefs dans la pelouse) dont deux enclos, mitoyens de trois alvéoles, ce qui l’apparente typologiquement à l’Entité 32. La 8e structure (n° 347) est une cabane postérieure encore assez bien conservée. Un sondage y a révélé une puissance stratigraphique de près d’1 m, dans lequel quatre phases ont été reconnues dont trois sont antérieures à la cabane visible en surface. Les phases 2 et 3 ont livré des foyers. Le sondage de la str. 350 (l’une des 3 alvéoles) a livré quant à lui un niveau de sol bien marqué, avec des fragments de céramique non tournée.

 

Le mobilier, extrêmement fragmenté, ne permet aucune datation précise et 9 échantillons de charbons, correspondant aux 9 niveaux d’occupation des différents sondages ont été envoyés pour datation radiocarbone. A part le probable enclos 61, d’époque moderne, l’ensemble des structures fouillées à Cabane La Glère s’avère ancien, puisque les fourchettes sont comprises entre le 2e s. av. J.-C. et le 6e s. ap. J.-C., avec un accent pour l’entité  32 sur l’Antiquité tardive (3e-6e s.). Sur le secteur de Tourmont, les phases 2 et 3 de la structure 347 se situent à l’Epoque Moderne et sont installées sur un niveau daté du Néolithique dont il est difficile de dire pour l’instant s’il est en place ; le sol de la structure 350 est quant à lui daté des 4e-6e s. ap. J.-C.

Ces deux années de sondages auront donc mis au jour une série d’occupations de l’Âge du Bronze centrées sur la Gradillère, une autre de la fin de l’Age du Fer à l’Antiquité tardive centrée sur Cabane La Glère, puis une dernière série du Haut Moyen-Âge à Tourmont. S’il est trop tôt pour en tirer une quelconque conclusion spatiale, on remarque en revanche que le Moyen Âge est pour l’instant absent.

 

Fig. 1 : Synthèse chronologique des résultats des sondages 2005 et 2006 à  Anéou (données calibrées)

 

Principaux résultats des  prospections

 Les prospections, réduites en raison du mauvais temps, ont bénéficié de la mise en place d’un nouveau procédé technique, l’enregistrement des tracés des structures par GPS différentiel. Précédée par une formation délivrée sur le terrain même par Laure Saligny (UMS 2739 Dijon et Réseau ISA) la prospection GPS a permis un gain de temps très appréciable et ouvert de nouvelles perspectives d’analyse. 75 structures supplémentaires ont été relevées, réparties en 10 entités dont certaines très complexes. Cela porte à 60% du territoire la surface prospectée avec un nombre total de 263 structures, réparties en 71 entités ou sites. Un premier traitement statistique des données de cette base par structures et par entités a été amorcé dans un article collectif (Calastrenc et al., 2006). Le travail s’est poursuivi dans le rapport 2006. Il porte sur la discrimination entre structures d’habitat et de parcage, sur le relation entre degré de conservation et identification des structures, sur la dispersion des superficies autour des types les plus caractéristiques (cabanes, enclos, couloirs), enfin sur la lecture superficielle de l’hétérogénéité des sites (simples ou complexes ; mono ou polyphasés). Le traitement de la répartition spatiale des différentes catégories de sites et la mise en relation des typologies avec les résultats des sondages est un travail de fond qui verra son achèvement en 2008, l’année 2007 devant aboutir à la prospection intégrale du pâturage.

Bibliographie :

CALASTRENC C., LE COUEDIC M., RENDU Ch., avec la collaboration de BAL M-Cl, Archéologie pastorale en vallée d’Ossau – Problématiques, méthodes et premiers résultats, Archéologie des Pyrénées Occidentales et des Landes, 2006, t. 25, pp. 11-30

 

 

Analyse spatiale, DGPS, Fouille archéologique, Multi-méthode, prospection, SIG , , , , , , , , , , , , , , , ,

Sondages – Cortal de Lo Pla – Llo (Pyrénées-Orientales – 66)

En 2006, les actions significatives du programme de recherche dirigé par C. Rendu ont
concerné la réalisation d’un sondage (Cortal de Lo Pla,
Llo), et la poursuite des prospections sur la commune
de Llo.
LE SONDAGE
Une exploitation agro-pastorale médiévale à la lisière
des estives (Cortal de Lo Pla, Llo)
Connues depuis une quinzaine d’années, les traces
de bâtiments du site d’el Pla (1800 m d’altitude), à
Llo, ont suscité un nouvel intérêt lorsque les études
historiques menées au sein du PCR ont découvert,
dans les registres notariés de Puigcerdà de la fi n du
XIIIe s., plusieurs mentions de cortals à Llo. L’une
de ces mentions concernait le lieu-dit Lo Pla. Le
site archéologique comprend un ensemble de deux
bâtiments (1 et 2) avec des espaces annexes (zones
3 et 4), enchâssés dans une grande parcelle délimitée
par des talus (fi gure 1). Le sondage effectué en 2005

dans le plus petit des bâtiments (bâtiment 1, à vocation
d’habitat) a livré un niveau d’occupation daté des XIVe-
XVe s. La poursuite de la fouille, en 2006, visait : 1)
à explorer la totalité du bâtiment 1 et à documenter
sur une partie de son extension l’architecture du
bâtiment 2 (a priori un bâtiment d’exploitation) ; 2) à
construire une problématique archéologique propre
permettant d’envisager ce site dans la longue durée
et dans le contexte paysager du versant auquel il
appartient. Associés à la poursuite des fouilles (fi n
du bâtiment 1 et dégagement des murs du bâtiment
2), le relevé topographique précis du plat et de ses
aménagements agraires, ainsi qu’une prospection
non systématique encore visant à explorer les formes
d’occupation agro pastorale des terroirs à l’entour
(entre 1700 et 2000 m), aboutissent aujourd’hui à une
problématique plus étayée. En partant à la fois des
sources écrites et d’une documentation archéologique
élargie, la recherche devrait s’orienter vers un examen
approfondi des relations entre ces exploitation agropastorales
saisonnières d’altitude que sont les cortals

et une forme particulière de construction des pentes,
qui signerait peut-être une opération vigoureuse de
structuration et d’aménagement du versant au Moyen
Âge central. Cette problématique apparaît comme une
nouvelle facette des recherches entreprises à travers
le PCR sur les formes d’occupation d’un espace
montagnard dans la longue durée.
Mobilier céramique
L’ensemble du lot céramique est, à quelques fragments
près, issu de l’intérieur du bâtiment 1. Il se compose
de 337 tessons dont 199 appartenant à la céramique
de l’US 18 et se rattache, sans grandes variations, aux
groupes identifi és l’an dernier par Claude Raynaud
dans son étude du mobilier issu du site :
– Le groupe A1, à pâte dure, granuleuse de couleur
régulière gris foncé, est le mieux représenté puisqu’il
correspond à l’US 18, qui documente la même
forme de bord de marmite à méplat interne que celle
observée l’an dernier. Il s’agit d’un vase de grand
diamètre d’ouverture qui appelle des comparaisons avec l’atelier de Berga, daté des XIIe-XIIIe siècles

(Lopez Mullor, 1994, lam. II, n°5 et 6) ;
– Un sous groupe proche mais à fi n dégraissant
micacé (A2) représenté ici par deux tessons (n°117 de
l’inventaire) ;
– Un groupe à pâte bicolore, coeur brun et épiderme
noir, à dégraissant sableux (groupe B), représenté ici
notamment par un bord.
Datation
Un échantillon de charbon de bois de l’US 25 (Fy2),
envoyé au laboratoire de Poznan a donné un résultat
de 630±30BP soit une date comprise à 95% de
probabilité entre 1280 et 1400 ap. J.-C. (Poz-17558 :
LLO 06 LO PLA US25 no. 66). La date est un peu plus
précoce que celle obtenue hors foyer l’an dernier
(Poz-13710 : 515 ± 35 BP : 1320-1450 ap. J.-C.) et
se rapproche encore des mentions textuelles, mais les
deux mesures sont très similaires.

Site

Fouille archéologique, Non classé , , , , , , , , ,

Prospection pédestre thématique et sondages à chrono-typologie – Estive d’Anéou (vallée d’Ossau – 64)

C’est dans le cadre d’une convention pluripartite entre le Parc National des Pyrénées, le Service Régional de l’Archéologie d’Aquitaine et le laboratoire FRAMESPA (UMR 5136 CNRS – Université Toulouse le Mirail) que s’est déroulé une campagne de prospection pédestre et des sondages archéologiques en haute vallée d’Ossau (Territoire du syndicat pastoral du Bas-Ossau – Territoire administratif de Laruns – Pyrénées-Atlantiques). Cette convention reconduisait les travaux entrepris en 2004 sur ce territoire et prolongeait la série des quatre études qui visaient à mettre en place les bases d’un programme sur l’anthropisation et les dynamiques socio-environnementales des régions couvertes par le Parc National des Pyrénées (Béarn et Bigorre).

Pour la vallée d’Ossau, trois volets ont été abordés : la poursuite des prospections pédestres (entreprises en 2004) sur l’estive d’Anéou (prospection dite fine) ; la réalisation d’une campagne de prospection pédestre destinée à évaluer le potentiel quantitatif et qualitatif du patrimoine pastoral des estives de Bious et de Pombie (prospection dite rapide) ; l’exécution de cinq sondages archéologiques sur des structures pastorales de l’estive d’Anéou.

Cette deuxième campagne d’approche systématique du patrimoine pastoral des hautes estives de la vallée d’Ossau a permis d’enrichir le corpus de 81 structures archéologiques à Anéou (dont 16 cabanes, 32 enclos, 9 couloirs de traite, 5 abris, 5 murs, 2 sépultures et 12 structures indéterminées), de 90 structures archéologiques à Bious (dont 1 abri, 21 cabanes, 11 couloirs de traite, 41 enclos, 1 gouffre aménagé, 1 mur, 1 québe et 13 structures indéterminées) et de 109 structures à Pombie (dont 7 abris, 1 abri à agneau, 17 cabanes, 10 couloirs de traite, 28 enclos, 6 murs, 9 québes, 4 sépultures et 27 structures indéterminées). La richesse pastorale du Haut Ossau a été confirmé et les travaux ont permis de poursuivre la constitution de la base documentaire ; base qui comprend actuellement 387 structures archéologiques.

La mise en place de cette double technique de prospection (prospection fine sur Anéou et prospection rapide sur Bious et Pombie) avait pour objectif d’enrichir, dans un laps de temps court et avec une précision dans la prise d’information permettant le croisement des données, la connaissance sur le patrimoine pastoral du haut Ossau (dans l’ensemble de ces composantes et de ces variétés structurelles, fonctionnelles et techniques) et par la même de passer d’une analyse faite sur un territoire restreint (un quartier d’estive) à de plus grandes superficies. C’est donc le changement d’échelle qui était ici en jeu ; agrandir le regard pour appréhender des espaces plus grands tout en conservant la qualité de l’information recueillie. En 2005, l’augmentation du corpus de parfaire les classements typologiques débutés en 2004 et de réaliser les premiers croisements des données sous Système d’information géographique (Arcgis 9) destinée à faire l’objet d’analyses spatiales (analyses réalisées avec Mélanie Le Couédic – Doctorante à l’Université de Tours – UMR 6173 – CITERES/LAT).

Cinq sondages archéologiques ont également été réalisés sur des structures identifiées en 2004. Les critères de choix des structures sondées repose sur la volonté de couvrir un vaste étagement altitudinal (entre 1800 et 2100 mètres d’altitude) et de prendre en compte un éventail typologique le plus large possible.

Crédits photo : C. Calastrenc

Crédits photo : C. Calastrenc

Des sondages manuels de 2m² ont été effectuer, ainsi que des prélèvements de résidus carbonisés destinés à des analyses anthracologiques (études réalisées par Marie-Claude Bal de l’UMR 5602 – GEODE) et à des datations au radiocarbone par AMS (faites par le Poznań Radiocarbon Laboratory).

Ces sondages ont permis de disposer d’information sur les chronologies et les modes architecturaux des structures pastorales étudiées. Les datations AMS faites sur des charbons provenant des niveaux identifiés comme les niveaux d’occupation de trois structures (la structures n° 8 -US 308-, la structure n° 9 -US 404- et la structure n°14 -US 205-) montrent que ces constructions ont fonctionnées entre la fin de l’Âge du Bronze Moyen et l’Âge du Bronze Final (des XIVe au Xe siècle av. J-C). Ces trois datations ne permettent pas d’affirmer une contemporanéité exacte d’occupation, mais plutôt un fonctionnement durant une même phase chronologique. Quant à la structure n° 40, le seul charbon récupéré durant la fouille a été daté de l’Antiquité Tardive (IIIe – Ve ap. J-C). Au vu de la localisation de la zone de prélèvement de cet élément et de la stratigraphie (notamment des problèmes d’identification du niveau d’occupation), il serait trop hasardeux de dater le fonctionnement de la structure sur cette seule base. En ce qui concerne le dernier sondage (celui de la structure n° 1), il s’est avéré négatif.

Infographie : C. Calastrenc

Infographie : C. Calastrenc

Différents modes d’édification de ces constructions (dans ce qu’ils ont de visibles, c’est-à-dire sur un mètre linéaire) ont également pu être perçu : murs de pierres (calcaire) sèches fait avec deux rangées de blocs et un remplissage intérieur de pierres de plus petites tailles (structures n° 8 et n° 14) ; des dalles posées de chant qui forment les parements interne et externe d’une rangée centrale constituée de gros blocs (structure n° 9) ou bien des blocs de grandes tailles doublés sur la face intérieure de dalles posées de chant (structure n° 40) . Les variations techniques de construction, cumulées aux observations stratigraphiques et aux connaissances acquises sur d’autres terrains de haute montagne, apparaissent comme des indicateurs qui pourraient renvoyer à de possibles fonctionnements différents des structures ou à une hiérarchisation technique et/ou sociale de ces édifices pastoraux.

Quant aux analyses anthracologiques, parce-qu’elles ont révélées (pour les structures n° 8, 9 et 14) des fragments de hêtres (espèce non présente à l’âge du Bronze à de telle altitude) et du pin (pour la structure n° 40), interrogent à la fois sur les pratiques d’approvisionnement en bois, sur l’utilisation de ces matériaux (bois de chauffe, bois de construction ?) et plus largement sur les modes de gestion de l’espace.

Ces cinq sondages, cumulé à la connaissance apportée par les prospections pédestres et les découpages typologiques réalisés, posent donc les premiers jalons d’une chrontypologie des structures pastorales et permettent de disposer des premiers éléments qui pourrait documenter les variations des techniques et des pratiques pastorales du Haut Ossau sur le temps long.

 Carine CALASTRENC

Avec la collaboration de Mélanie LE-COUEDIC et de Christine RENDU

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