Le cap Sounion

Si vous avez suivi sur une carte notre itinéraire, vous vous étonnerez de l’ordre de nos étapes. Pourquoi donc avons-nous fait le périple du Péloponnèse, alors qu’il paraît si simple d’aller de Delphes à Athènes par le canal du détroit de Corinthe ? Nous aurions gagné du temps et complété fort agréablement notre instruction. Mais pour franchir le canal il faut payer, et un grand paquebot comme le nôtre serait mis à contribution d’une somme absurde. Notre fortune modeste ne nous permet pas d’aller à Corinthe… par cette voie, – et la plupart des navires agissent comme nous. D’ailleurs, ils ne mettent pas en balance un gain de quelques heures et les risques du passage dans un chenal resserré !
Nous avons bien d’autres satisfactions et, le ciel aidant, quelques-unes qui n’étaient pas au programme. Le Sénégal est le navire le plus complaisant qu’on puisse imaginer. Pour nous plaire, il change parfois ses habitudes et abandonne la ligne droite. Il se rapproche des points intéressants qui sont aux environs de notre route. Nous allons ainsi rendre visite au fameux promontoire de Sunium, la pointe extrême à l’Orient de la Grèce continentale. Notre hélice tourne lentement pour nous permettre de mieux contempler, sous tous les aspects, la haute colonnade blanche qui se dresse au sommet du cap.

« Le temple du Cap Sunium. 41 ». 1896

Il semble que les Grecs aient partout choisi les plus beaux sites pour les embellir davantage. Platon, assis sur les marches du temple d’Athéna, enseignait à ses disciples les secrets de la philosophie, le culte de la raison et de la sagesse divine ! Il s’inspirait sans doute de toute l’harmonie du monument, de la terre, de la mer et du ciel.