1-5 L’articulation des systèmes didactiques dans la construction de la référence en classe. Le cas de l’enseignement en co-responsabilité de l’éducation physique à l’école primaire genevoise

Adrián Cordoba, Docteur, Chargé d’enseignement, DEEP.Ge (Didactique et épistémologie de l’éducation physique à Genève) – GREDIC  (Groupe de recherche en Didactique Comparée), Université de Genève, Suisse

Benoît Lenzen, Maître d’enseignement et de recherche, Didactique et épistémologie de l’éducation physique à Genève (DEEP.Ge), Université de Genève, Suisse

Bernard Poussin, Chargé d’enseignement, Didactique et épistémologie de l’éducation physique à Genève (DEEP.Ge), Université de Genève, Suisse

Hervé Denervaud, Chargé d’enseignement, Didactique et épistémologie de l’éducation physique à Genève (DEEP.Ge), Université de Genève, Suisse

A l’école primaire genevoise, deux instances enseignantes se chargent, en co-responsabilité et en alternance, de l’enseignement de l’éducation physique : un maître spécialiste (MS) et un maître généraliste (MG). Dans cette contribution nous essayons de saisir les effets de cette collaboration sur la référence co-construite en classe (Schubauer-Leoni et al., 2007) et la façon dont le « passage de témoin » entre MS et MG détermine l’avancement du temps didactique. Nous rendons compte, selon une approche clinique/expérimentale (Leutenegger, 2009), du fonctionnement de ces systèmes didactiques. Les résultats mettent en évidence des déterminants institutionnels et personnels de l’action des enseignants et leurs implications dans la mise en place et l’évolution des milieux d’étude : (a) la programmation du MS constitue le « système didactique principal » du cycle. Cependant, si les MG suivent la programmation des MS, ils s’autorisent à agencer des tâches « originales ». La correspondance ou la rupture de celles-ci avec le projet des spécialistes dépend de leur épistémologie pratique (connaissance de l’objet d’enseignement) et des compétences des MS à guider leur travail ; (b) l’institution scolaire institutionnalise le « passage de témoin » mais le rôle de « méthodologue » attribué au MS ne s’accompagne d’aucune formation. Le spécialiste expérimente donc « sur le tas » un double contrat didactique : s’adresser aux élèves et au MG qui observe/participe à ses leçons ; (c) l’articulation des systèmes didactiques reste de « surface » (reprise par les MG des conditions de réalisation). On observe une faible densité des savoirs mis à l’étude par les MS et les MG et de ce fait une très faible « connexité didactique ».

Références bibliographiques

  • Chevallard, Y. (1992). Concepts fondamentaux de la didactique : perspective apportées par une approche anthropologique. Recherches en didactique des mathématiques, 12(1), 73-112.
  • Leutenegger, F. (2009). Le temps d’instruire : approche clinique et expérimentale du didactique ordinaire en mathématique. Berne : Peter Lang.
  • Schubauer-Leoni, M. L., Leutenegger, F., Ligozat, F. & Flückiger, A. (2007). Un modèle de l’action conjointe professeur-élèves : les phénomènes didactiques qu’il peut/doit traiter. In G. Sensevy & A. Mercier (Eds.) Agir ensemble. L’action didactique conjointe du professeur et des élèves (pp. 51-91). Rennes : Presses Universitaires de Rennes.