6-5 Entre soi et autrui : pistes d’usages du visionnement du travail en formation

Valérie Lussi Borer, Maître d’enseignement et de recherche, CRAFT (Conception – Recherche – Activités – Formation – Travail), Université de Genève, Suisse

Alain Muller, Chargé d’enseignement, CRAFT (Conception – Recherche – Activités – Formation – Travail), Université de Genève, Suisse

 

Les réflexions et analyses de données présentées dans ce texte se situent dans la continuité de recherches déjà menées sur les processus de formation suscités par le visionnement de films montrant des enseignants au travail (Lussi Borer & Muller, à paraître a). Elles s’appuient sur une perspective développementale prenant, entre autres, sa source dans le pragmatisme de Dewey, perspective selon laquelle les objectifs de formation doivent viser en premier lieu à  libérer l’activité et non pas à la contraindre. Ils doivent ainsi être « dégagés » de l’intérieur de l’activité – c’est-à-dire exprimer ce qui « est en germe » dans celle-ci  – et non pas s’imposer à elle de l’extérieur, bref doivent permettre d’en réaliser les potentialités présentes. Le développement des personnes en formation consiste en la transformation de leurs dispositions à agir, que nous concevons comme des propensions ou des tendances des personnes à agir (ou réagir) d’une certaine manière dans des circonstances déterminées. Cette transformation des dispositions à agir procède, entre autres, de processus de renormalisation (Schwartz & Durrive, 2009) soit d’un travail permanent de renouvellement des règles d’élaboration de l’expérience et des règles à suivre dans l’action. Sur ce soubassement conceptuel, l’hypothèse qui soutient notre recherche est que, soit en relation directe à leur activité dans les cas d’autoconfrontation, soit en relation indirecte à leur activité, c’est-à-dire par expérience mimétique (Durand, 2008) dans les cas d’alloconfrontation, le double travail de visionnement et de commentaire d’une activité d’enseignement permet, une certaine transformation des dispositions à agir des personnes en formation en ce qu’il suscite des processus de renormalisation. C’est sur plus précisément sur les phénomènes de renormalisation que nous souhaitons approfondir en confrontant différents types de visionnement du travail, notamment : Visionner soi-même versus visionner autrui et visionner un autrui inconnu versus visionner des pairs.

références bibliographiques :

  • Durand, M. (2008). Un programme de recherche technologique en formation des adultes. Education et Didactique, 2(2), 69-93.
  • Lussi Borer, V., & Muller, A. (à paraître a). Quel apport/usage du « voir » pour le « faire » en formation des enseignants du secondaire. In M. Altet, R. Etienne, L. Paquay & P. Perrenoud (Eds.), Comment la formation des enseignants prend-elle en compte la réalité du travail enseignant et les prescriptions dont il fait l’objet dans le milieu scolaire ? Bruxelles : De Boeck.
  • Schwartz, Y., & Durrive, L. (Eds.) (2009). L’activité en dialogues. Entretiens sur l’activité humaine (II). Toulouse : Octarès.